Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Jeremy Fox »

Flavia a écrit : 31 mai 24, 15:01
Jeremy Fox a écrit : 31 mai 24, 14:53

J'attendais qu'il arrive sur le replay de TCM (si c'est par le biais de cette chaine que tu as pu le voir) mais ça ne vient pas :(
Je confirme je l'ai vu sur TCM, un peu de patience il va arriver :wink: C'est un super film et je pense qu'il devrait te plaire.
Je n'en doute pas. :wink:
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Flol
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Message par Flol »

Je me fais un dernier film ce soir (qui plus est en salle, avec Memory de Michel Franco), mais je ne vois pas comment ce quinté pourrait être chamboulé.
Et je me répète, mais il y a de fortes pour que le numéro 1 du mois soit mon film numéro 1 de toute l'année. :o

1.
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Memoria (Apichatpong Weerasethakul - 2021)

2.
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Nous nous sommes tant aimés (Ettore Scola - 1974)

3.
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Mirage (Edward Dmytryk - 1965)

4.
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Starlet (Sean Baker - 2012)

5.
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Goodbye & Amen (Damiano Damiani - 1977)
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Message par origan42 »

Jack Carter a écrit : 31 mai 24, 11:56
Yaaba (Idrissa Ouedraogo, 1989)
:D
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Roilo Pintu
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Message par Roilo Pintu »

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Mon top 5 de Mai :

1/ Furiosa : Une saga Mad Max - George Miller (2024)
2/ Rêves - Akira Kurosawa (1990)
3/ Rashômon -Akira Kurosawa (1950)
4/ Mars Express - Jérémie Périn (2023)
5/ La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume - Wes Ball (2024)


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origan42
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Message par origan42 »

FILM DE MAI
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LE CUISINIER, LE VOLEUR, SA FEMME ET SON AMANT (Peter Greenaway, 1989) *****


Le reste du mois, par ordre de préférence :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le disque rouge (Pietro Germi, 1956) ****

Distant Voices (Terence Davies, 1988) ***
Sérénade à trois (Ernst Lubitsch, 1933) ***
Les années de plomb (Margarethe von Trotta, 1981) ***
La cigogne de papier / Osen aux cigognes (Kenji Mizoguchi, 1935) ***
La passion de Dodin Bouffant (Trân Anh Hùng, 2023) ***
Le ravissement (Iris Kaltenbäck, 2023) ***
Comment voler un million de dollars (William Wyler, 1966) ***
Les quatre fils de Katie Elder (Henry Hathaway, 1965) ***
Le dernier sou (André Cayatte, 1946) ***
L’homme au masque de cire (André De Toth, 1953) ***
La femme insecte (Shōhei Imamura, 1963) ***
Le traquenard (Richard Fleischer, 1949) ***
Un mari idéal (Oliver Parker, 1999) ***
Sid & Nancy (Alex Cox, 1986) ***
Le démon des femmes (Robert Aldrich, 1968) ***
Meurtre / Murder (Alfred Hitchcock, 1930) ***
Le père Noël a les yeux bleus (Jean Eustache, 1966, c.m.) ***
Traque à Boston (Peter Berg, 2016) ***
L’adolescente (Jeanne Moreau, 1979) ***
Quand j’étais mort (Ernst Lubitsch, 1916) ***
Dernier été (Robert Guédiguian / Frank Le Wita, 1981) ***
L'argent fait le bonheur (Robert Guédiguian, 1993, TV) ***
Le petit fugitif (Morris Engel / Ruth Orkin / Ray Ashley, 1953) ***
Les survivants de l'infini (Joseph M. Newman, 1955) ***

Le souffle de la tempête (Alan J. Pakula, 1978) **
En route vers le sud (Jack Nicholson, 1978) **
À l'attaque (Robert Guédiguian, 2000) **
Incroyable mais vrai (Quentin Dupieux, 2022) **
La sixième partie du monde (Dziga Vertov, 1926) **
L’île rouge (Robin Campillo, 2023) **
La lune dans le caniveau (Jean-Jacques, Beineix, 1983) **
Le consentement (Vanessa Filho, 2023) **
Montmartre sur Seine (Georges Lacombe, 1941) **
Au bout des doigts (Ludovic Bernard, 2018) **
L’abbé Pierre – une vie de combats (Frédéric Tellier, 2023) **

La onzième année (Dziga Vertov, 1928) *
Marie-Line et son juge (Jean-Pierre Améris, 2023) *
Le dernier voyage du Demeter (André Øvredal, 2023) *


RE-VISIONS
Leonera (Pablo Trapero, 2008) **** →
La chasse du comte Zaroff (Ernest B. Schoedsack / Irving Pichel, 1932) **** →

INTERPRÉTATION FÉMININE DU MOIS : SACHIKO HIDARI Tome Matsuki dans La Femme insecte
INTERPRÉTATION MASCULINE DU MOIS : MICHAEL GAMBON Albert Spica dans Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant
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Lohmann
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Message par Lohmann »

Mai 2024

1. Baxter, Vera Baxter (Marguerite Duras, 1977)
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2. Miséricorde (Alain Guiraudie, 2024)
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3. Bled Number One (Rabah Ameur-Zaïmeche, 2006)
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4. Bayan Ko (Lino Brocka, 1984)
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5. Week-end à Sochaux (Bruno Muel, 1972)
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Tom Peeping
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Message par Tom Peeping »

J'ai vu en mai

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*** excellent / ** bon / * moyen / 0 mauvais / NSP ne sait pas

Identikit / The driver's seat (Giuseppe Patroni Griffi, 1974 **)
Descendue à Rome, une expat américaine cherche l'homme parfait pour la mission qu'elle s'est fixée. Un film plus qu'étrange de la période colorée et WTF d'Elizabeth Taylor. Elle y est d'ailleurs fascinante dans le rôle d'une grande névrosée hystérique aux prises avec quatre mâles, dont Andy Warhol ! Mais derrière le côté indubitablement camp, la fin révèle une noirceur terrible et donne envie de le revoir tout de suite. La narration non chronologique ajoute à la désorientation générale. A redécouvrir. BR UK

Yannick (Quentin Dupieux, 2023) ***
Ennuyé par la pièce qu'il est venu voir, un spectateur prend les comédiens et le public à partie et en otage. Ayant tout détesté dans "Au poste !", je m'étais juré de ne jamais revoir un autre Dupieux. Mais là, le sujet et le casting étaient trop tentants. Et je découvre un film extraordinaire - au sens propre - où l'idée, l'humour, le malaise et l'émotion forment un cocktail à l'équilibre parfait. Le présence et la prestation de Raphaël Quenard y sont pour beaucoup. Dieu soit loué pour ce type. BR FR

Le train des épouvantes / Dr. Terror's House of Horrors (Freddie Francis, 1965) *
Les cinq passagers de la cabine d'un train se font tirer le tarot et prédire le futur par un inquiétant sixième homme. Un loup-garou, une plante vivante, un dieu vaudou, une main coupée et une vampire : ce sont les malfaisants de ce "portmanteau film" britannique qui offre de beaux moments d'atmosphère et la présence de Peter Cushing, Christopher Lee et Donald Sutherland. Mais le concept-même du film à sketchs n'est pas ma tasse de thé même si les cinq histoires ici sont plutôt bonnes. BR UK

Simple comme Sylvain (Monia Chokri, 2023) **
Une prof de philo de Montréal et l'ouvrier qui rénove son chalet forestier ont un coup de foudre. Un rejeton de Lady Chatterley et des mélos de Douglas Sirk qui emprunte des chemins connus mais trouve sa propre voix - en québécois - avec le charisme sexy de Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal et les sourires francs qui se figent peu à peu. Si la charge contre les bobos woke est balourde, elle mène naturellement à la résolution de ce film d'amour qui laisse une boule dans la gorge. BR FR

L'enfer des anges (Christian-Jacque, 1939/1941) ***
A Saint-Ouen, une jeune fille échappée d'une maison de redressement et un garçon laissé pour mort par maltraitance s'intègrent à la tribu des adolescents de la zone. Tourné en partie dans les terribles bidonvilles qui entouraient Paris, un film socialement engagé qui demandait l'action du gouvernement face au scandale des mineurs en perdition et à la prédation des salopards. Le casting est épatant - mention au jeune Jean Claudio, Jean Tissier, Lucien Gallas, Dorville et Fréhel - et la réalisation admirable. BR FR (Prévue pour septembre 1939, la sortie du film fut reportée avec la guerre puis Vichy en exigea une fin positive, qui fut tournée et adoucit malheureusement le propos original).

Juliette des esprits / Giulietta degli spiriti (Federico Fellini, 1965) ***
Soupçonnant son mari de la tromper, une petite bourgeoise timorée est entraînée dans l'imaginaire de ses névroses. Perdue entre ses rêves, ses fantasmes et sa réalité, le personnage incarné superbement par Giulietta Massina traverse des séquences d'un baroque en Technicolor échevelé peuplé de créatures féminines outrancières. C'est qu'elle se débat avec son Complexe-Mère, dans ce film mésestimé et pourtant passionnant de Fellini, alors plongé lui-même dans une analyse jungienne. BR US

Paris top secret (Pierre Roustang, 1969) 0
Un night-club dénudé de Pigalle, un sculpteur qui moule les parties intimes de ses modèles féminins, une soirée organisée où des gens esseulés se lancent de la nourriture, un club zoophile, une jeune femme abusée par prédateur au masque de loup... Autant le "Paris secret" de 1965 était étonnant, autant sa suite de 1969 - rendue obsolète par le passage de Mai 68 - est minable, par la vulgarité mysogine des séquences et le commentaire gras et en-dessous de tout de Philippe Bouvard. BR FR

Vermines (Sébastien Vaniček, 2023) ***
A Noisy-le-Grand, un "jeune" passionné d'entomologie rapporte chez lui une araignée mortelle qui s'échappe et se reproduit. Un formidable film d'horreur qui prouve l'irruption réussie du cinéma français dans le genre. Au-delà des bestioles de cauchemar, c'est le contexte de la cité, avec ses décors, ses codes, et son langage, qui apporte l'originalité et le propos : la méfiance panique face à "la racaille". Le casting est parfait - Théo Christine crève l'écran - et la tension malaisante imparable. DVD Z2 FR

L'homme qui a surpris tout le monde / Chelovek, kotoryy udivil vsekh (Natasha Merkulova & Aleksey Chupov, 2018) ***
Dans l'extrême-orient russe, un homme condamné par un cancer rencontre une chamane qui lui raconte une fable inspirante. Il l'adapte à son cas, provoquant l'incompréhension puis l'hostilité de sa femme et de ses voisins. Physiquement et psychologiquement cruelle, une histoire de croyance, d'audace et de force de vie dans le décor inhabituel d'un village forestier perdu où le réel et l'invisible s'affrontent autour d'un malade aux abois. Un film marquant, d'une rare puissance émotionnelle. DVD Z2 FR

La fiancée des ténèbres (Serge de Poligny, 1945) **
A Carcassonne, une jeune femme qui descend des Cathares et hantée par la mort est courtisée par un homme marié. L'un des films fantastiques - un genre des plus rares en France - produit pendant l'Occupation distille une poésie morbide qui s'appuie sur l'atmosphère, les décors, la photo en clair-obscur et le jeu somnambulique de Jany Holt. Et derrière la romance noire, de multiples interprétations sont possibles : j'y ai vu pour ma part une métaphore de la dépression. BR FR

Paris secret (Edouard Logereau, 1965) **
Bizarres les gens et choses qu'on peut trouver dans les recoins du Paris de 1964 ! Un documentaire mis en scène à la mode du mondo pour provoquer l'étonnement, l'hilarité et le dégoût des spectateurs. Des putes et des catcheurs, des roms qui mangent des chauves-souris et des hérissons, des travelos, un goûter à la Freaks... Tout cela vu d'aujourd'hui est complètement incorrect, porté par les commentaires graveleux et phobiques et l'incroyable misogynie. Inutile de dire que c'est fascinant. BR FR

Le sang à la tête (Gilles Grangier, 1956) ***
A La Rochelle, un ex-ouvrier du port qui en est devenu le propriétaire est cocufié par sa femme avec un margoulin. D'après Simenon, une subtile étude de moeurs et de personnalités où la bourgeoisie et la plèbe se rejoignent dans la jalousie et la moquerie envers celui des leurs qui a réussi. Filmée en grande partie dans les décors naturels de la ville, dialoguée par Audiard, l'histoire se déroule sans effets de manche jusqu'à son dénouement digne et émouvant. Jean Gabin est immense. BR FR

El fantasma del convento / The Phantom of the monastery (Fernando de Fuentes, 1934) **
Un couple et leur ami se retrouvent à passer une nuit dans un monastère isolé et - presque - désert. Evidemment inspiré par les Horrors Universal, britanniques et allemandes de l'époque, un film fantastique mexicain à l'atmosphère d'inquiétude réussie grâce aux décors, à la photo expressionniste et au travail sur le son. L'acteur principal n'est pas terrible du tout mais on le suit quand même avec intérêt dans son exploration des corridors et des cryptes aux secrets plutôt morbides. BR UK

Mon petit renne / Baby Reindeer (Weronika Tofilska & Josephine Bornebusch, 2024) *** Mon film du mois
Harcelé par une femme déséquilibrée (Jessica Gunning, déstabilisante), un comédien-barman en galère subit le délitement de sa vie. D'après une histoire arrivée à son auteur et acteur principal (Richard Gadd, habité par lui-même), une mini-série exceptionnelle qui retourne les clichés du thriller à la "Misery" ou "Fatal Attraction" pour s'ouvrir sur les ravages du trauma, de la mésestime de soi et de la folie à deux. Le sujet et son traitement sont fascinants, les seconds rôles aussi. Une réussite totale. Netflix
... and Barbara Stanwyck feels the same way !

Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
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Alexandre Angel
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Message par Alexandre Angel »

PODIUM DU MOIS DE MAI

1- Image

Un des grands sommets d'une œuvre qui constitue, en tant que telle, un chef d'œuvre universel, comme celle d'un Molière ou d'un Tchékhov.
Un des tous meilleurs films américains de l'époque, une comédie définitive, équilibrée, souriante, sereine (ça ne durera pas) et un merveilleux documentaire sur le New York baroque et bourgeois dont raffole Woody, même que c'est son droit le plus strict.

2- Image
Je suis un aventurier (1954)

Rien qu'avec ce film-ci, Anthony Mann a fait du western le plus beau genre du monde : pureté, intelligence du scénario, gestion de l'espace magistrale, beauté des décors naturels comme expression de la psyché des personnages, utilisation sommitale de la profondeur de champ.. Bref, c'est le moment où Anthony Mann était génial.

3- Image

Même chose pour Winchester 73 (1950), avec une dimension plus tendue, plus dure, héritée du film noir.
On a jamais assez dit que Mann est probablement le cinéaste d'action qui a, en son temps, le mieux rendu la matérialité balistique des gunfights. On pourrait presque parler d'un sound design.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Magnifique tiercé Alexandre !
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Message par Jack Carter »

Mmouais….
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Jack Carter a écrit : 1 juin 24, 16:06 Mmouais….
:mrgreen:
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Papus
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Message par Papus »

Je fais un copié-collé de mon avis sur La Bataille d'Alger de Pontecorvo dans le topic dédié (étant le premier à naviguer bien plus dans la section classiques d'aujourd'hui que naphtalinés, je fais un peu de pub pour celles et ceux n'y mettant que rarement la souris), vu avant hier et qui m'a complètement retourné.
Dans l'espoir de donner envie de le découvrir, et de relancer la discussion autour d'un film majeur dont le résultat cinématographique est fascinant, autant que les questions philosophiques politiques et sociales qu'il tracte sont d'une brûlante et triste actualité.
Attention, pavé.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Papus a écrit : 31 mai 24, 19:46 Vu hier et j'ai pris une énorme baffe.
Je rejoins entièrement le premier avis de Tom Peeping (il y a... 23 ans) et Colqhoun met beaucoup de mots qui me parlent sur ce que j'en ai pensé.
Un peu plus nuancé concernant celui de VicVega, qui en dit aussi des choses intéressantes.
Vic Vega d'il y a 20 ans a écrit : 21 nov. 04, 14:45 (...) J'ai par contre été agaçé par l'usage de musique dramatique lors de scènes d'attentat qui n'avaient pas besoin de ce surcroit de pathos pour etre ressenties dans toute leur horreur (...)
La bande son orchestrée par Morricone participe au rappel que l'on regarde une représentation, un objet de cinéma.
La vraie question que soulève ton inconvenance quant à l'utilisation de la musique dramatique lors des scènes d'attentat, c'est celle de l'ambiguïté dans le fait de se servir d'un matériau historique, sur le mode de la reconstitution (chronologie, lieux de tournage, figurants, les évènements s'étant déroulés seulement 9 ans auparavant et en ayant pris comme point de départ les mémoires d'emprisonnement de Yacef Saadi, un des chefs du FLN pour écrire son scénario,merci Wiki) tout en mettant en scène ce matériau, en lui donnant vie par les images à la manière d'un film de guerre qui sonne "on ne peut plus vrai", à coups de caméra à l'épaule, de travellings, de zooms.
La question du fond et de la forme.
Il y a à mon sens certes du plaisir de réalisateur, mais fort heureusement surtout la volonté de faire du bon boulot, de livrer un grand film sur le plan cinématographique, et plus encore d'être au service de son sujet, de la libération du tabou qui l'enveloppe et d'en faire pour les générations futures l'objet d'une réflexion, d'une analyse, aussi bien pour ceux qui veulent s'instruire pour faire du bon cinéma que pour ceux qui veulent tenter d'apporter du sens sur des évènements malheureusement si communs, et encore actuels, de l'histoire Humaine.
Du moins c'est ce que j'ai choisi de croire, non sans quelque subconsciente culpabilité, celle-ci s'étant fait laminer par mon plaisir cinéphile. Je crois que Gillo Pontecorvo n'est pas Jack Gyllenhall dans Night Call, (déjà parceque Gillo fait de magnifiques plans fixes en n&b. :mrgreen:). Il fut journaliste inscrit au Parti Communiste Italien et s'était saisi, précédant La Bataille d'Alger, d'un sujet proche, celui des camps de concentration avec Kapo (que je n'ai pas vu), puis s'attaque de nouveau au colonialisme avec celui lui succédant, Queimada.
Au delà de ce que je crois pour me donner bonne conscience, La Bataille d'Alger est resté censuré à la télé en France jusqu'en 2004, et malgré ce qu'on pourrait lui reprocher de caractère voyeur ou taxer d'égocentrisme, reste que ce film a fait peur (à nos dirigeants, mais pas que).

C'est une question en tout cas qui reste, fondamentalement, fascinante et plutôt casse tête, que l'on peut étendre à tous les médiums artistiques, jouant avec la moralité de chacun au moyen d'une mise en abîme vertigineuse et ô combien récurrente, fiction et réalité.
Sur le sujet, et il est quand même très intéressant d'en avoir connaissance (je dois avoir 10 onglets ouverts autour de tout ça à l'heure où j'écris cette bafouille, et les ami-e-s, je mange du pop-corn), il y eu justement autour de Kapo et plus particulièrement autour d'un fameux travelling, une polémique concernant l'éthique de la forme lorsque le fond d'une oeuvre de cinéma se fait la traduction d'un épisode de notre Histoire chargé d'atrocités réelles.
Jacques Rivette fut l'auteur d'un texte à l'encontre de Pontecorvo et de son Kapo titré : "De l'abjection".

Extrait :
«Voyez cependant, dans Kapò, le plan où [Emmanuelle] Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés; l'homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d'inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n'a droit qu'au plus profond mépris.» partant d'une citation de Luc Moullet (ce bon vieux Luc) : «La morale est affaire de travellings», axiome renversé par Godard pour donner : "le travelling est affaire de morale".
Alain Resnais rajoutera en réponse à Rivette : «Je m’en sens proche. Je ne l’ai pas lu à l’époque, mais après, expliquait-il dans un entretien publié en 2000 par Les Cahiers du cinéma. Je vois très bien le mouvement de caméra de Kapò sur la main d’Emmanuelle Riva. On ne peut pas faire de mise en scène avec ces images. On ne peut pas non plus en faire des reconstitutions par la fiction. Des films romanesques sur les camps de concentration, cela me paraît consternant.»
Voilà pour l'aparté.

Jusque dans le grain choisi, l'ambiguïté persiste. Il aurait pu tourner en couleur. Mais non, on a droit à un grain photo reportage, un grain journaliste. Pas pour faire "comme si on y était", mais à mon sens plus pour nous dire "c'est maintenant", pour interroger son spectateur du temps présent et l'amener insidieusement à choisir son camp, comme il prendrait parti dans un film de pure fiction, et lorsque celui ci est pris, la mission de Pontecorvo est accomplie.
Nous nous sommes fait politiser.
C'est un pur film politique, jusque dans sa déclinaison qui prendra forme autour des débats de spectateurs que susciteront ces 121min de Casbah à la sortie des salles de cinéma en 1971.
Vic Vega d'il y a 20 ans a écrit : 21 nov. 04, 14:45Et il y a certes bien plus manichéen, bien moins subtil qu'un tel film mais je ne le qualifierai pas d'objectif.
Il y a bien sûr un parti pris pour le camps des opprimés. Mais dans sa démonstration neutre, que tu soulignes en disant :
Vic Vega d'il y a 20 ans a écrit : 21 nov. 04, 14:45 Certes, chaque camp est montré avec ses motivations et n'est pas idéalisé.
Pontecorvo réalise l'exploit d'avoir mis en scène sans avoir habillé. C'est un art qui dévoile.
Les attentats mènent bien au soulèvement populaire. "Est ce que c'est ce qu'il a voulu dire ?". Non, c'est ce qu'il s'est chronologiquement et factuellement passé.
Colqhoun d'il y a 11 ans a écrit : 11 mars 13, 12:12 Car Pontecorvo a compris que les terroristes des uns sont les résistants des autres et que chaque camp mérite une représentation morale similaire. Il n'y a ici ni héros, ni monstre. Mais des hommes qui s'acquittent de tâches, parfois nobles, mais bien souvent monstrueuses. Des attentats dans des lieux paisibles, des mises à morts préférées à la honte de l'arrestation, des attaques lâches ou dans des rapports de force inégaux.
Je pense qu'il part en effet d'un première intention humaniste. "Mais" dans la finalité, l'Algérie a obtenu son indépendance, sa reconnaissance, son droit d'être. Dur de ne pas y voir la triste conclusion qu'en dernier recours, poussé dans son ultime retranchement, celui d'un dernier coup de pied pour émerger de l'eau avant la noyade, l'Homme n'a pas trouvé autre chose que la violence pour s'en sortir. Et de nous laisser avec les sempiternelles questions : Est ce que la fin légitime les moyens ? Quelles sont les limites éthiques d'une guerre d'indépendance ?

Ambiguïté en qualité d'outil encore dans l'écriture du personnage du Lieutenant Colonel Mathieu Philippe joué par Jean Martin, acteur étant passé entre les mains de... Rivette et Resnais. Signataire du manifeste des 121, déclaration sur le "droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie". Personnage fictif s'inspirant du Colonel Bigeard ("le vrai" colonel) que Pontecorvo utilise pour personnifier les voix d'un gouvernement Français et en profite pour questionner au passage la figure du soldat. Jean Martin offre une interprétation exceptionnelle en campant un leader para rompu aux stratégies de guérilla, venant démanteler la fourmilière tel un désinsectiseur commandité par la sainte hiérarchie dont il est le placide exécutant, avec un côté guerrier dans le sens noble : Mathieu Philippe a été résistant en 39-45, et il respecte son adversaire. Mais c'est avant tout un soldat qui fait son devoir, bushido/sun-tzu/ray-ban style.
C'est un commandant armé intellectuel, qui éduque ses troupes, qui comprend les stratégies ennemies, et qui mesure les portées politiques de ce qui se joue. Son discours avec les journalistes est édifiant sur le rôle primordial de ces derniers, sur le contrôle que le gouvernement peut avoir sur eux, et sur le fait qu'une guerre engage bien des nations et leurs citoyens, si t'en est qu'ils en soient informés.
Le reste du casting, aux frontières là encore à cheval entre interprétation et psychanalyse, est tout aussi excellent, il y a à l'arrivée plus une photographie de personnes ayant pris part à cette lutte que d'acteurs-trices. C'est vous dire les acteurs-trices.

Que dire sur la forme. Précurseur, assurément. Salut salut Les Fils de l'homme, American Sniper, même.... Covenant ?? Les rejetons sont d'une multiplicité indéchiffrable, et pour beaucoup d'entre eux, Rivette de là où il est doit probablement leur réserver un pamphlet. Et c'est intéressant de constater que si ce film aura déclenché une polémique autour de l'esthétique/éthique du "cinéma du réel", depuis combien de temps ces questionnements sont ils tombés dans l'oubli du critique ?

Pour le reste, bah on s'ennuie pas une seconde, c'est d'un modernisme complètement fou, on a de la caméra à l'épaule maîtrisée, de la perspective aux profondeurs intelligentes dans des espaces relativement clos, labyrinthiques, tout un vocabulaire de mouvements au service de la narration (comme le fait remarquer Colqhoun: "La succession d'événements dramatiques est, sur la durée, terrifiante, nauséeuse."), des effets bien sentis qui sont toujours en accords avec le ton et la musique.

D'ailleurs je ne connaissais pas cette incroyable BO du maître :oops: et son travail sur le son l'est tout autant. L'utilisation du bruit de chevaux au léger galop lors des scènes de tension pour rappeler celui d'un battement de coeur qui s'emballe, génial, tout comme les mantras de prières psalmodiés par les femmes lors de l'arrestation d'Ali la pointe, rappelant un bourdonnement d'insectes affolés, de mouches venant s'hystériser autour d'un cadavre, pour appuyer parfaitement la mise en scène de cette séquence à l'atmosphère dure d'appréhension. Ca m'a donné l'impression d'une allégorie, relativiste voir panthéiste, que les Hommes dans leurs moments de drame humain à échelle de masse ressemble d'en haut à des fourmis se livrant bataille.

Bref, c'est une oeuvre monumentale à tous les égards, un vrai sujet d'étude, de cinéma et d'héritage national, Français, Algérien, humain.
Colqhoun d'il y a 11 ans a écrit : 11 mars 13, 12:12 La Bataille d'Alger, s'il est déjà un grand film sur le seul plan cinématographique, de par sa réalisation exemplaire, son montage et son travail de reconstitution, est aussi un film nécessaire, pour les questions toujours actuelles et problématiques qu'il pose. On peut donc décemment parler de film indispensable, car dépassant le seul cadre du 7ème art.
+1

Sinon... seulement 5 pages pour ce film ?
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MJ
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par MJ »

Lohmann a écrit : 31 mai 24, 11:10 Hâte de connaître ton avis !
(The Plains, donc.) Je m'attendais pas à ce que ça se termine au moment où c'est le cas, déjà. L'air de rien, le film est très bien monté. Il y a sinon cette richesse du cadre qu'offre le minimalisme, où le regard se trouve sollicité de tous côtés par ce à quoi il ne prêterait d'ordinaire pas attention. C'est un peu la rencontre des dispositifs de James Benning (qui, généralement sans personnages, arrivent à raconter quelque chose en creux) et de Ten, ou Kiarostami plus largement, mais ça ça pouvait se remarquer avant d'embarquer en se renseignant un peu et ce n'est finalement pas ce qui fait la stricte singularité du film. Plus que dans ce qui est montré, elle se trouverait peut-être dans ce qui est donné à entendre, quelque chose d'élémentaire mais de très peu pris en charge je crois au cinéma : la manière dont la vie de collègues/amis peut rencontrer la nôtre, quand ils évoquent dans la conversation des proches à eux que nous ne rencontrerons jamais (ou vice-versa : que nous évoquons ceux qu'eux ne rencontreront pas). Il y a l'intimité de l'autre, mais aussi comment le monde et l'histoire s'introduisent dans cet habitacle, dans un effet de réel qui opère aussi comme effet miroir (outre de me rappeller les trajets occasionnels avec un collègue auxquels j'adorais être convié et que ça m'a fait manquer, ça donne forcément à rêvasser sur sa propre existence le long du voyage vu les sujets de discussion). De la journée salariée aux personnes retrouvées (ou non, justement) c'est assez fou tout ce que le film charrie en-dehors de son espace de représentation - et de la manière la plus "simple"... mais peu de chose sont moins simples, justement, que d'arriver à cette forme d'évidence.


Oh :
Flol a écrit : 1 mai 24, 09:57Lousy Carter (Bob Byington - 2023) : 7/10
Extrêmement drôle, ça...
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Lohmann
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Lohmann »

MJ a écrit : 1 juin 24, 17:25
Lohmann a écrit : 31 mai 24, 11:10 Hâte de connaître ton avis !
(The Plains, donc.) Je m'attendais pas à ce que ça se termine au moment où c'est le cas, déjà. L'air de rien, le film est très bien monté. Il y a sinon cette richesse du cadre qu'offre le minimalisme, où le regard se trouve sollicité de tous côtés par ce à quoi il ne prêterait d'ordinaire pas attention. C'est un peu la rencontre des dispositifs de James Benning (qui, généralement sans personnages, arrivent à raconter quelque chose en creux) et de Ten, ou Kiarostami plus largement, mais ça ça pouvait se remarquer avant d'embarquer en se renseignant un peu et ce n'est finalement pas ce qui fait la stricte singularité du film. Plus que dans ce qui est montré, elle se trouverait peut-être dans ce qui est donné à entendre, quelque chose d'élémentaire mais de très peu pris en charge je crois au cinéma : la manière dont la vie de collègues/amis peut rencontrer la nôtre, quand ils évoquent dans la conversation des proches à eux que nous ne rencontrerons jamais (ou vice-versa : que nous évoquons ceux qu'eux ne rencontreront pas). Il y a l'intimité de l'autre, mais aussi comment le monde et l'histoire s'introduisent dans cet habitacle, dans un effet de réel qui opère aussi comme effet miroir (outre de me rappeller les trajets occasionnels avec un collègue auxquels j'adorais être convié et que ça m'a fait manquer, ça donne forcément à rêvasser sur sa propre existence le long du voyage vu les sujets de discussion). De la journée salariée aux personnes retrouvées (ou non, justement) c'est assez fou tout ce que le film charrie en-dehors de son espace de représentation - et de la manière la plus "simple"... mais peu de chose sont moins simples, justement, que d'arriver à cette forme d'évidence.
Merci pour le retour et pour avoir pris le temps de partager ton avis de manière aussi détaillé, et très heureux que le voyage t'ai plu (enfin, c'est ce que je crois comprendre :mrgreen: ).
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Flol
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Flol »

MJ a écrit : 1 juin 24, 17:25 Oh :
Flol a écrit : 1 mai 24, 09:57Lousy Carter (Bob Byington - 2023) : 7/10
Extrêmement drôle, ça...
J’aime bien Bob Byington et je crois que c’est mon préféré de lui.
Je me contenterais simplement de dire que c'est typiquement ma came : une comédie existentielle pleine d'humour à froid, de visages impassibles (rien de pire que ces films où tout le monde rigole à ses propres bons mots), de situations embarrassantes extrêmement bien jouées (en 2-3 mimiques, David Krumholtz est capable de me faire éclater de rire) et de dialogues malins parfaitement rythmés (registre dans lequel est particulièrement douée la très mimi Luxy Banner).

Puis ça me fait toujours plaisir de croiser quelques gueules bien connues d'un certain ciné indé US que j'apprécie : Martin Starr, Macon Blair, Jocelyn Deboer, Andrew Bujalski, Stephen Root...
Sans oublier un point qui a son importance : que ça fait plaisir de mater des films de moins de 80 minutes !
Et ça m'a également permis de découvrir cet excellent morceau :

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