Si certains pactes domestiques m'ont contraint à moins regarder de films qu'à mon habitude, j'ai tout de même vu quelques jolies perles ce mois-ci, et mon palmarès de ce "petit mois" (juste 27 films) est le suivant :
01.
Tonnerres lointains (Satyajit Ray, 1973)
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D'une troublante actualité, ce récit d'une grande famine en Inde, due à la guerre lointaine et à son impact sur le cout du riz, est saisissant par sa justesse, sa précision dans l'exploration d'une société dont les codes se délitent au fur et à mesure que la faim et la menace grandissent. Remarquablement bien joué, sensible mais pas émotif, mis en scène avec sobriété et élégance, un grand film, qui me remonte en tête depuis que je l'ai vu, chaque fois que je lis que l'accord sur les céréales pour l'Afrique pourrait être remis en question.
02.
Close, de Lukas Dhont (2022)
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Difficile de parler d'un film qui évoque, justement, cet age auquel on n'a pas les mots, pas les codes, et où la maturité oblige progressivement à définir les choses, à prendre des partis. Une amitié forte est-elle un amour ? Faut-il choisir ? Un rejet est-il cruel ? Qu'il est difficile de gérer ce trop plein d'émotions et de ressentis... Le film est subtil, magnifique formellement, très bien joué, et je ne saurais trop le recommander.
Girl m'avait bien plu, mais ici on est un cran au dessus. Lukas Dhont a désormais toute mon attention.
02.
Images du vieux monde, de Dusan Hanak (1972)
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Sorte de documentaire sur un monde en cours de disparition. Le jeune Dusan Hanak a conscience de ce qu'on vécu les vieux dans les villages profonds de son pays, eux qui sont nés dans un empire, et mourront dans une république soviétique. Beauté de la photographie, poids de la mémoire et des souvenir, discrétion d'un regard qui laisse les gens s'exprimer, ce film est un passionnant témoignage sur le passage du temps, de la culture, alors pourtant que ces paysans de la campagne sont ceux qui ont été le plus éloignés des bouleversements du monde... Très riche.
03.
Mysterious Skin, de Greg Arraki (2004)
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Assez malaisant, ce film d'Arraki a le mérite de gratter là où ça fait mal, et d'aborder de façon très frontale des thèmes rudes et déplaisants (notamment la pédophilie). Si le visionnage du film est rude, ce dernier parvient néanmoins à s'appuyer sur des personnages justes et bien construits, traités avec bienveillance par le réalisateur, ce qui aboutit à un film poignant et saisissant à la fois, de ceux qu'on n'oublie pas facilement. Fortement recommandé.
04.
Julia, de Fred Zinnemann (1977)
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Pour ce film tardif, le réalisateur hollywoodien reprend l'autobiographie de la scénariste Lilian Hellman, familière aux cinéphiles de dvdclassik (
La rumeur,
rue sans issue,
the westerner...) et longtemps épouse de Dashiell Hammett. J'ignorais tout de son vécu européen, et de cette histoire survenue juste avant que n'éclate la seconde guerre mondiale. Fort de 11 nominations au oscars, (Jane Fonda, Jason Robards...), d'une magnifique BO de Georges Delerue, Julia est un de ces grands films hollywoodiens, classiques dans sa forme et riche par son fond. Je m'étonne de l'avoir découvert aussi tardivement, mais j'en suis finalement enchanté.
05.
Flee, de Jonas Poher Rasmussen (2021)
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Rasmussen utilise l'animation pour un récit à la première personne, contée par un réfugié afghan, et homosexuel, qui retrace à la fois un parcours et l'histoire de son pays comme de sa famille. La forme est riche elle transcende le fond et l'élève à une certaine universalité, et ce beau film devient celui de tout une quantité de gens condamnés à fuir leur pays pour survivre... Là encore, un film qui prend au tripes.
Au final, de chouettes images en vrac : un sauvetage de bébés barré, un cobra royal intenable, un zillion d'apparitions aux cotés des Muppets, la beauté de Tilda Swinton se découvrant femme, et la grande embrouille au restaurant, hilarante, dans le premier film très réussi, de Sean Baker. Un mois bien sympa, en somme...