Flol a écrit : ↑21 août 24, 10:03
...ne serait-il pas plus judicieux de lui consacrer un topic dédié ?
Mais bon sang, puisqu'on vous dit que ce topic existe déjà
depuis vingt ans.
Enfin vu ce
Romulus, et j'ai envie d'être indulgent. Le soin apporté à l'esthétique a toujours été une des marques de fabrique de la série, c'est encore le cas ici avec des décors et des effets en dur qui sont un vrai plaisir à regarder. Je n'ai pas tellement été gêné par le fan-service (pour du Disney Doudou, on reste loin de
Wish ou de
Deadpool & Wolverine), et le jeune âge des comédiens milleniaux m'a simplement rappelé que je suis vieux (les soldats de
Aliens étaient plus musclés parce qu'ils étaient entraînés au combat, mais ils devaient être dans la même tranche d'âge qu'eux, non ?). Forcément, quand ça devient un pur film de monstre dans des couloirs où nos héros passent leur temps à faire demi-tour pour sauver un pote (alors que ça va péter dans 20 secondes et que c'est infesté de créatures baveuses)
Romulus perd de son intérêt, mais ça fait partie des passages obligés du genre.
Non, vraiment, je ne comprends pas le rejet de certains ici, c'est un
Alien joliment emballé dans la pure tradition et ça se suit sans déplaisir...
... j'aurai juste une ou deux toutes petites réserves
ATTENTION ÇA VA SPOILER COMME UN NAZI, MAIS SI VOUS AVEZ DÉJÀ VU "ALIEN" ET "ALIENS" ÇA VA RIEN SPOILER DU TOUT EN FAIT
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Sur l'esthétique générale de Romulus
Alien ressemblait à un film du réalisateur des
Duellistes,
Aliens ressemblait à un film du réalisateur de
Terminator,
Alien 3 ressemblait à un film du réalisateur de
Seven, etc...
Romulus s'intercale chronologiquement entre le Scott et le Cameron, il s'intègre dans un univers déjà en place, c'est un film "d'époque" auquel on ne va pas reprocher de reproduire les décors et les costumes d'époque. Le résultat est très réussi (en dépit d'un budget parait-il plus réduit que d'habitude) et c'est régulièrement spectaculaire. On pense fatalement à
Blade Runner lors du prologue (on pense surtout à toutes les publicités qui vantaient la vie sur les colonies avec leur promesse d'un nouveau départ), et c'est un régal de promener ses yeux entre les coursives et les laboratoires du vaisseau. Rien à redire donc, sauf si on essaye de reprendre la première phrase de ce paragraphe pour la compléter :
"Alien" ressemblait à un film du réalisateur des "Duellistes", "Aliens" ressemblait à un film du réalisateur de "Terminator", "Romulus" ressemble à... "Alien" et "Aliens". Zut, pour la personnalité de Fede Alvarez c'est raté.
(ce qui s'appelle du mauvais usage du fan-service)
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Sur le fan-service
Le premier plan sur les baskets ne m'a pas spécialement perturbé, mais au quinzième ça devenait insistant, au bout d'une heure de film ça commençait à être un peu lourd. Et si reproduire l'esthétique de l'époque est une chose, reproduire des scènes à l'identique en est une autre (surtout quand on pompe aussi du côté de
Prometheus et ses ingénieurs pour la créature finale, ça devient une bouillie mégamix d'épisodes).
Quant à la réplique culte, ce "Get away from her, you bitch" est tellement mal amené qu'on aurait dû couper le son au montage pour ne garder que l'image. La scène est déjà un poil ridicule en elle-même, pour fonctionner elle doit être prise au premier degré dans le feu de l'action, cette punchline sortie de nulle part casse tout. Il y a des dialogues dont on croit à l'écriture qu'ils fonctionneront, dont on croit lors des répétitions qu'on trouvera comment les faire fonctionner au tournage, mais dont on aurait dû se rendre compte sur la table de montage que ça ne fonctionne pas du tout (ce qui s'appelle du mauvais usage du fan-service).
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Sur le jeune âge des comédiens
Le problème n'est pas tant qu'ils aient tous entre 20 et 25 ans, le problème est davantage qu'ils ont les têtes de leur rôle : des jeunes cons crétins qui vont se faire trancher les uns après les autres. Quand on sert la main d'un cadre ou d'un ouvrier en usine ce n'est pas la même chose. Or ici ces jeunes gens n'ont pas l'air spécialement usés par le boulot qu'on leur impose au quotidien, Cailee Spaeny a davantage des mains d'instagrameuse que d'ouvrière.
Et tiens... Cailee Spaeny, justement. Elle est très bien en frêle Priscilla Presley chez Sofia Coppola, elle est très bien en journaliste débutante dans
ce gros ratage de Civil War, mais elle n'a clairement pas la morphologie de Sigourney Weaver lorsqu'elle se balade dans les coursives et les ascenseurs avec son gros flingue. Bref, ce qui s'appelle du mauvais usage du fan-service.
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Sur les effets numériques
Les petits facehuggers grouillants dans les laboratoires ressemblent à une nuée de crabes numériques sur la plage, l'ultime créature est complètement bancale (ça sent la mauvaise vinaigrette entre effets en dur et retouches numériques), mais les xénomorphes font globalement plaisir à voir, il faut le souligner.
Par contre, l'éléphant au milieu du magasin de porcelaine, la grosse couille poilue dans le potage, c'est le retour de
Ian Holm, idée à la con ultime s'il en est devant laquelle on pase son temps à se demander pourquoi, pourquoi ? pourquoi ils ont fait ça ? pourquoi ils ont fait ça c'est complètement con ??!!???
Soit vous avez déjà vu
Alien, auquel cas vous allez tiquer parce que le deepfake a ce je-ne-sais-quoi qui sonne faux (les yeux, mais pas seulement) et vous vous direz que c'est crétin de faire revenir ce personnage identifié comme le méchant androïde inaugural pour lui faire bêtement jouer la même chose en moins bien et en fake. Soit vous n'avez pas vu
Alien. Dans ce cas bravo à Fede Alvarez, il vous aura bien spoilé le fait que
Ian Holm est un androïde lorsque vous découvrirez le film de Ridley Scott. Dans un cas comme dans l'autre, c'est ce qui s'appelle du mauvais usage du fan-service.
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Sur mon ressenti global
Je crois que j'aurais beaucoup plus apprécié
Romulus si c'était un simple sous-
Alien, un rip-off qui ne s'appellerait pas
Alien. Or là on a ce projet débile de le caser entre les deux monuments inauguraux de la saga. Un tel choix est la meilleure façon d'aller droit dans le mur, Alvarez s'en sort esthétiquement avec les honneurs mais ne fait pas de miracle non plus (en était-il capable ? le bonhomme étant co-scénariste de la chose, j'en doute).
On connaît l'histoire :
Covenant a été mal accueilli, Disney a racheté la franchise entre temps et décidé d'arrêter les frais avec les élucubrations préquello-mystiques de Ridley Scott. Sauf qu'on ne va pas jeter la poule aux œufs d'or avec l'eau du bain. Donc la question est : comment relancer la franchise ? Et la réponse est toute trouvée : on efface les deux derniers Scott et on revient à ce qu'attendent les fans d'
Alien, des films d'horreur dans l'espace avec des mecs qui se font courser par des xénomorphes dans des vaisseaux. Disney est une firme doudou qui veut que le consommateur se sente bien dans ses films doudou, dans une petite bulle bien identifiée dans laquelle il se retrouve confortablement et se reconnaît (et dans laquelle on espère bien le garder captif). Alors plutôt que de trancher entre remake et reboot, on va coller un épisode stand-alone entre les deux premiers piliers pour bien signifier qu'
Alien est de retour sur des bons rails. Choix hautement judicieux, puisqu'en reproduisant une formule qui a fait ses preuves on ne risque pas de se planter aurpès d'un nouveau public (à l'opposé de Ridley Scott qui voulait faire du neuf), et en dosant comme il faut les clins d'œil on fera plaisir aux fans qui assureront le bouche à oreille. C'est imparable, CQFD.
Et on a vu le résultat avec ce
Romulus, parfaite illustration du mauvais usage du fan-service. Parmi les critiques émises sur Classik et ailleurs, j'entends souvent que ce film sera oublié d'ici une semaine. Je n'en suis pas sûr. Je pense que c'est plus compliqué, qu'on gardera en mémoire certaines scènes, mais qu'on aura juste du mal à se rappeler de quel épisode elles proviennent.