THE RAID
Réalisation : Hugo Fregonese-1954
Scénario : Sydney Boehm (d'après "Affair at St Albans" by Herbert Ravenal Sass)
Photographie : Lucien Ballard
Musique : Lionel Newman, Roy Webb
Production : Robert L.Jacks (Panoramic)
Technicolor-85'
Un bandeau nous apprend qu'il s'agit d'une histoire vraie.
Elle commence la nuit du 26 Septembre 1864 dans une prison de l'Union à Plattsburgh dans l'Etat de New York, non loin de la frontière canadienne.
Après une évasion mouvementée, un groupe de sudistes envisage de brûler et piller l'or d'une bourgade nordiste, St Albans, située à environ 1000km du front.
L'objectif est de disperser les troupes nordistes et de récolter le maximum d'or afin d'alimenter les caisses du Général Lee et de son armée.
Au cours de cette mission l'officier sudiste (Van Hefflin) devra à la fois tempérer l'ardeur vindicative de ses troupes et réprimer les scrupules qui le font s'attacher aux membres de la famille Bishop qui l'accueille à St Albans...
THE RAID est un western rare autant par ses qualités intrinsèques que par sa quasi invisibilité sur les grilles de programmation.
Hugo Fregonese (1908_1987), jouit d'une notoriété prestigieuse auprès d'un cercle restreint de cinéphiles.
Ceux là même qui ont eu la chance de voir la presque intégralité de sa filmographie à l'occasion de la rétrospective organisée par la Cinémathèque en 2003 (dont certains heureux classikiens) savent bien qu'il ne s'agit nullement d'une estime usurpée comme souvent à propos de la filmographie d'un réalisateur dont les oeuvres demeurent invisibles au plus grand nombre.
S'il faut en croire Tavernier et Coursodon, Olivier Gamble ou encore Jacques Lourcelles, ses premiers films font autorité dans leur genre respectif :
Saddle Tramp et
Apache drums pour le Western,
One Way Street pour le film noir.
Même lorsqu'il s'empare d'un matériau existant pour se l'approprier, Fregonese développe un univers très personnel où l'on devine à travers certaines touches subtiles et insidieuses, le goût atavique des argentins pour le fantastique.
C'est le cas notamment de sa version de Jack l'éventreur,
Man in the Attic avec cette photo contrastée en noir et blanc renvoyant aux atmosphères inquiétantes chères à Jacques Tourneur.
Sydney Boehm, scénariste aux talents multiples, (
SIDE STREET d'Anthony Mann,
THE BIG HEAT de Fritz Lang,
VIOLENT SATURDAY de Richard Fleischer, etc...), un an avant
VIOLENT SATURDAY, plante déjà le cadre de son action au coeur d'une petite bourgade tranquille.
A travers cette opposition paix /violence, population pacifique/ bande agressive et vindicative, scrupules/ devoirs, Fregonese et Boehm décrivent de façon singulière les tourments de l'âme, cette dualité sans age qui anime l'âme humaine dont la moralité, ici incarnée, d'une certaine manière par Anne Bancroft, donne du fil à retordre aux agresseurs les plus déterminés.
Néanmoins, en temps de guerre, les scrupules et les hésitations n'ont pas chapitre.
Et même si l'officier sudiste, incarné avec justesse et sobriété par Van Heflin, donne le sentiment jusqu'au bout qu'un échappatoire à la violence est envisageable, dans le feu de l'action, et surtout dés lors que la mission débute, il n'y a plus d'ambigüité.
On verra Van Heflin renoncer à ses sentiments à l'égard d'Anne Bancroft sans qu'on sache vraiment, si cette histoire qu'il laisse derrière lui, ne va pas le hanter jusqu'à la fin de sa vie...
En celà, il y a beaucoup de dignité dans ce film au propos original.