Grimmy a écrit :Et encore une fois je pose la question : est-il possible de voir le film dans son nouveau montage en vo sous titrée dans une quelconque édition ?
Oui : le DVD américain du
director's cut édité par Warner possède des sous-titres français :
http://www.amazon.com/Revolution-Revisi ... ion+pacino
Personnellement, je ne suis pas convaincu de la pertinence de ce remontage. L'idée de coller sur l'ensemble du film une narration en voix off aussi envahissante que descriptive (alors qu'elle était utilisée avec une extrême parcimonie dans la version 1985) me semble une très mauvaise idée : Hudson a expliqué à de nombreuses reprises que grâce à elle, on accéde enfin à l'intériorité du personnage de Pacino alors que ses motivations et sa vision du monde m'ont toujours parues extrêmement claires dans le montage original. La voix off détruit même une des plus jolies scènes du film, à savoir les retrouvailles entre Tom et Daisy à Valley Forge. Dans la version 1985, ils échangent quelques platitudes maladroites alors qu'ils brûlent de s'avouer leur amour sans savoir comment s'y prendre, et tout repose sur les échanges de regards et les silences gênés. Dans le
director's cut, il faut se fader une insupportable narration à la première personne qui croit nécessaire de décrire ce qui crève les yeux avec une emphase qui frôle le grotesque ("Qui est cette femme ? Pourquoi ces sentiments que j'éprouve pour elle ?" Et pourquoi pas dans quel état j'erre tant qu'on y est...).
Hudson a également eu tort de couper le long plan-séquence dans le port de New York à la fin du film, qui apporte pourtant un regard important sur ce qu'il adviendra de l'Amérique après la fin du récit. Et quoi qu'on puisse penser du
deus ex machina de la réapparition miraculeuse de Daisy (laquelle disparaît après Valley Forge dans le
director's cut), ses retrouvailles avec Tom restent quand même une belle scène. Ajoutons également que Hudson a revu l'étalonnage de son film et qu'il a tout basculé sur des teintes plus chaudes pour faire contemporain, ce qui casse la froideur délibérée de la photographie de Bernard Lutic, laquelle apportait beaucoup à l'atmosphère du film. Pour fonctionner, le récit a besoin d'une Amérique rude et inhospitalière où il fait un froid de loup, ce qui permet de contourner l'imagerie et les chromos du roman national américain.
Pour moi,
Revolution est une oeuvre qu'il faut vraiment visionner dans son montage originel de 1985 : pour l'avoir vu et revu une bonne demi-douzaine de fois depuis sa sortie en 1985, c'est un beau film et je ne lui trouve pas de longueurs ou de défauts de structure notables qui justifient le passage à la moulinette
a posteriori que lui a infligé son metteur en scène. Je ne suis pas non plus d'accord avec les remarques lui reprochant son académisme : comme dans les
Chariots de feu (que j'aime également, mais un peu moins que
Revolution), Hudson aborde la fresque historique avec un état d'esprit très britannique qui lui fait préférer une certaine distance dans le regard au lyrisme qu'on peut attendre dans ce genre d'exercice. Ce que j'aime dans le film, c'est la manière dont il va chercher l'intime derrière les bouleversements de l'Histoire, un peu comme
Chariots of Fire éludait la dramaturgie de l'exploit sportif pour se concentrer sur l'intériorité des personnages et aller fouiller ce qui les fait - littéralement - courir. C'est un parti-pris, je le trouve intéressant, mais il est clair qu'il ne satisfera pas les amateurs de spectaculaire et de fresques épiques (même si le film ne manque pas de souffle : je suis quand même étonné que personne n'ait mentionné la première bataille contre l'armée britannique et la déroute de la milice continentale)
Puisque quelqu'un en parlait plus haut, je trouve que
The Patriot est en comparaison un film beaucoup plus académique, ne serait-ce que parce qu'il est réalisé par un faiseur qui ne comprend au fond pas grand-chose à l'épopée et qui confond souffle épique et balourdise (en plus d'être un plagiaire qui bouffe de manière éhontée aux rateliers de metteurs en scène plus doués que lui).