En hommage à Major Tom.
La 7e et ultime saison de Veep vient de s'achever de manière absolument splendide (
article assez fouillé de Vulture sur le tournage du final). C'est d'autant plus fou que c'est une énième saison avec la Team Meyer qui enchaîne les conneries, Mike qui ne comprend rien et Jonah en roue libre complète, plus un paquet de caméos plus ou moins glorifiés habituels (Bader, Oswalt, MacNicol, Hadary) (plus Fichtner), mais tous les personnages semblent complètement fluides dans leurs rôles : Marjorie échange avec Gary, Amy passe d'une campagne à l'autre, Richard prend un peu de poids dans le show mais pas vraiment (quoique), Leon et Kent font double emploi mais en fait non, etc (et Calhoun, toujours aussi bonne poire
), ce qui offre à la saison aussi une fluidité imparable. Le casting est d'ailleurs toujours aussi impeccable à tous les niveaux (je ne sais pas combien d'Emmy le show va récolter, mais ça pourrait être une belle brouette).
Au-delà d'une saison sans aucune once de pitié, c'est évidemment ce series finale qui compresse tout le sel de la série en 45 minutes (voire, plus précisément encore, en 25 minutes) ultra cohérentes. Si le speech final de Selina à la convention est un peu trop explicite, elle aura effectivement sacrifié énormément (de monde
) pour arriver à un mandat semble-t'il un peu moisi, où elle aura vendu "ce pays anciennement connu comme le Tibet" après l'avoir brièvement libéré et où elle aura bien moins brièvement banni le mariage gay.
A côté ?
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- Elle aura jeté Gary sous le bus (terrible arrière plan de lui sur la scène de la convention), Kent part faute de supporter Jonah, Amy part chez Jonah, Ben semble à la retraite (forcée je suppose), Dan s'est fait virer, et Mike s'est (enfin, et sérieusement il semble) trouvé un taf. Marjorie et Catherine font même péter les margharitas. Tout ça pour récupérer Keith le vendu et Michelle, et Jonah, donc. Et se faire éclipser en 30 secondes... par la mort de Tom Hanks, imaginée par Mike dans le tout premier épisode du show.
Ce n'est plus du sacrifice, c'est carrément un très mauvais pari.
Mais si c'est précisément là où le show est sans pitié, il est aussi, je trouve, en partie sans pitié avec les personnages qui acceptent de subir cela, comme s'ils étaient conscients, presque, d'être ces personnages un peu caricaturaux.
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- Comment peut-on imaginer sinon le retour de Gary ? Ou que Furlong soit (je ne vois que ça) cet espèce de vieux couple avec Will ? ("I love jizz !" "Oh shit, he ain't what he used to be" )
Non seulement le show tabasse à coups de rangers tout ce monde, mais il semble aussi rappeler qu'au-delà des coups bas, des manœuvres foireuses, de l'absence totale de considération d'autrui, d'acceptation de ses erreurs, de prise de responsabilité et de décision (le debriefing d'Amy bazardé par Selina en 30 secondes), tous ces gens semblent d'accord pour subir cela. Jusqu'à un certain point certes (mais on peut se demander : sans la fin de la série, combien d'années auraient-ils pu continuer de subir de la sorte ?), mais quand même.
Finalement, le seul vague rayon de lumière est Richard, cette blanche colombe intouchable par la bave du crapaud, mais à peu près uniquement parce qu'elle plane à 20 000. Il est peut-être là, ce proxy un peu moral du spectateur, dont l'arc cette saison est probablement le slow-burner en arrière plan le plus discrètement hilarant depuis le site web à la con de Jonah (saison 3, de mémoire). Même si on pourra arguer que c'est un proxy particulièrement couillon.
Il y aurait aussi beaucoup de choses à dire sur les éléments plus politiques amenés dans cette saison, et notamment l'évident parallèle entre la posture politique de Jonah et les discours de Trump sur des sujets similaires, mais le show fait aussi le choix de reprendre ces positions sans jamais faire référence au réel occupant actuel de la maison blanche. C'est donc à la fois évident, tout en étant volontairement mis de côté, mais il est difficile de ne pas projeter les turpitudes actuelles des représentants politiques depuis l'ascension de Trump dans les décisions particulièrement brutales prises par Selina dans cette saison, et tout particulièrement dans cet ultime épisode.
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