ballantrae a écrit :Je ne suis pas sûr que le discours de pseudo tolérance où tout est légitime, où toute hiérarchie semble suspecte respecte tant que cela et le spectateur et le cinéma: on aboutit à un flux dénué de sens où la présence d'images est un bien en soi où chacun vient consommer sans discernement.
Je suis d'accord avec toi sur la qualité objective (quand je lis M Pokora qui pleure que sa musique ne soit pas reconnue par la critique, c'est quand même à mourir de rire), je dis juste qu'il ne faut pas tomber dans l'opposé extrême en ne sortant jamais des classiques consacrés. Et puis, comment faisait-on à l'époque où ils n'étaient pas encore consacrés ?
Perso, il n'y a rien de pire pour moi que de passer à côté d'une perle, c'est pour ça que je teste énormément de choses, juste au cas où. Alors certes, tout est loin d'être des chefs d'oeuvre, mais je pense que le manque de curiosité (ou de tentative d'aventures, au moins) est ce qui fait défaut à la majeure partie du grand public, donc il faut trouver le juste équilibre.
ballantrae a écrit :On aboutit à un flux dénué de sens où la présence d'images est un bien en soi où chacun vient consommer sans discernement.
Et on fait comment pour discerner le bon grain de l'ivraie quand on ne voit que des bons films ? Comment dire qu'ils sont bons sans savoir ce qui est mauvais ? Un bon film n'existe aussi que parce qu'on est capable de jauger les choses à leur juste valeur. Sinon, on risque de dire que Vivre dans la peur, c'est de la merde parce que Yojimbo et Les 7 samourais, ça, c'est du chef d'oeuvre.
Ce n'est pas rendre service au discernement du grand public que de simplement couper la partie basse de son échelle de valeur. Au mieux, c'est le deresponsabiliser.
Parce qu'au final, le discernement doit venir du spectateur lui-même, pas du flux. Là, on espère simplement que tout le monde est capable de faire le tri entre les belles bouses et les chefs d'oeuvre, mais si c'était le cas, on aurait pas chaque année ces BO Français où la moitié des films sont nazes.
Il faut aussi accepter que tout le monde n'est pas capable de faire le distinguo, et que le critique est là pour les guider, pas pour les forcer, encore moins les restreindre.
C'est ça qui me gêne là dedans : ce n'est que de la restreinte alors que moi, je suis pour la curiosité la plus complète. Oui, ça implique que j'aurais pu regarder Mr McCabe & Mrs Miller au lieu de Mean Guns hier après midi, mais la curiosité, la construction d'une échelle de valeur pleine et entière, et surtout la compréhension complète de ses goûts personnels, c'est aussi ça.
Parce que bon, Mean Guns, c'est quand même bien pourri.
