Mission: Impossible - Dead et Final Reckoning (Christopher McQuarrie - 2023/2025)

[EliWallou]

Noter 5.5 un film qu'on a aimé c'est sévère.
Moins de 6.5 ça m'incite pas à voir un film en tout cas.

[tchi-tcha]

Ah non, on ne va pas importer ici aussi l'éternel débat sur le barème de notation des uns et des autres

Le 4/10 de l'un équivaut au 6/10 d'un autre, on le sait. La différence entre un topic dédié et celui des avis chiffrés, c'est qu'ici on peut développer en longueur.


Mitigé, mannhunter hésite entre un 4/10 et un 4/10




Pour Dunn : euh... le marine qui attaque Ethan parce qu'il est un disciple de l'Entité, tu n'avais pas capté non plus ? Une seule solution : retourner le voir en salles
Chose que je faisais d'ailleurs d'habitude - une première séance pour découvrir et une seconde pour profiter, mais pas cette fois tant la durée et le sérieux messianique sont un repoussoir.

[Kiké]

Vu hier, et malheureusement bien d'accord avec tous les reproches adressés ici et là.

Dans la lignée du précédent, j'aime l'idée de mettre une intelligence artificielle en antagoniste, et d'y opposer un cinéma d'action où les humains sont au centre, avec des combats entre des corps, des matières. Et même des décors ou objets un peu "démodés", un vieux sous-marin ou des avions qu'on pourrait croire sortis d'un album de Tintin. Ces deux scènes sont très réussies, comme tout le monde l'a bien noté.

A part ça, effectivement c'est très long, effectivement je ne vois pas l'intérêt de tous ces flashbacks et de tracer des liens avec tous les films de la saga parce que tout est lié. Comme s'ils avaient voulu s'inspirer de Spectre Ils parviennent presque à gâcher une bonne idée de MI3, la patte de lapin comme hommage au mcguffin hitchcockien, qui n'en était finalement pas un...

Et oui, même si je trouve ça moins choquant que dans Top Gun Maverick, l'égotrip Tom Cruise est un peu trop voyant, ajoutons à cela la propagande militariste, ça fait beaucoup. Même en faisant abstraction de la personnalité publique Cruise, cela affaiblit le film en réduisant l'apport des autres membres de l'équipe. Dans les meilleurs épisodes, de mémoire, chaque personnage a son importance, ici ils sont bien plus éclipsés. Personnellement, Benji était sans doute mon préféré par la touche de légèreté qu'il pouvait amener, ici, j'ai peut-être oublié, mais je pense qu'il n'a pas une seule réplique ou situation drôle, il sert juste à expliquer le plan et puis à avoir son arc "opération" censé être émouvant.

Bref, bref, ce n'est pas fou. Reste à voir désormais si Inarritu est capable de sauver notre Tom

[tchi-tcha]

Dans les meilleurs épisodes, de mémoire, chaque personnage a son importance, ici ils sont bien plus éclipsés.

Dans le John Woo, il n'y avait de lumière que pour lui... Dans le troisième, J.J. Abrams avait paraît-il été choisi pour sa capacité à faire vivre une équipe dans la délicieuse série Alias, mais à l'arrivée ça ressemblait surtout à un épisode télé de luxe avec Tom Cruise en vedette... Parce qu'il avait un poil trop de charisme dans Ghost Protocol, Jeremy Renner s'est retrouvé dans un placard pour Rogue Nation...

L'esprit d'équipe n'a jamais été le point fort de la série * (cf. tous les partenaires décimés dès les quinze premières minutes du volet inaugural de Brian De Palma), mais l'équipe avait au moins le mérite d'exister et d'être là pour appuyer le patron. Dans Final Reckoning, c'est ce que je reproche à la séquence sous-marine : elle n'a rien à faire dans un M:I. Outre son aspect anxiogène me semble-t-il assez unique dans la saga (le seul moment à l'être réellement dans un film qui parle pourtant d'apocalypse), c'est un instant que Tom Cruise vit seul. Parce qu'il est l'Élu, et en tant qu'Élu il doit accomplir certaines choses seul. Certes, il donne rendez-vous à ses discip... à son équipe sur la banquise pour le réchauffer, mais le reste du temps l'Élu porte ce poids sur ses épaules absolument seul.



* La série au cinéma, pas la série télévisée.

[Kiké]

Merci pour ces précisions. C'était peut-être seulement dans le quatrième que j'avais souvenir d'une équipe incarnée avec de la place pour chaque membre. Et peut-être le cinquième au moins pour la scène où ils "capturent" le méchant dans une cage de verre. Quand au premier, il y a bien sûr un jeu sur la disparition/résurrection de l'équipe, mais quand même, ne serait-ce que pour la scène à Langley. Ils sont seulement quatre, mais chacun a sa fonction, et ils sont tous dans le même bâtiment travaillant sur la même opération. Bien différent du dernier où Tom-tom doit sautiller tout seul entre deux avions alors que les autres sont dans un autre espace, à devoir attendre son exploit pour apporter leur petite pierre à l'édifice.

[Kikunosuke]

c'est ce que je reproche à la séquence sous-marine : elle n'a rien à faire dans un M:I. Outre son aspect anxiogène me semble-t-il assez unique dans la saga (le seul moment à l'être réellement dans un film qui parle pourtant d'apocalypse), c'est un instant que Tom Cruise vit seul. Parce qu'il est l'Élu, et en tant qu'Élu il doit accomplir certaines choses seul. Certes, il donne rendez-vous à ses discip... à son équipe sur la banquise pour le réchauffer, mais le reste du temps l'Élu porte ce poids sur ses épaules absolument seul.



*

D’ailleurs, ça me fait penser que la descente vers le sous marin est presque une séquence messianique, C’est un enchaînement de longs fondus où le noir des profondeurs est percé par la petite lueur de Tom Cruise dans les ténèbres. Et puis la musique se tait pour l’une des seules fois du film, ça sépare cette partie du reste, ça la rend presque onirique.

[tchi-tcha]

Voilà. Même à Langley, si c'est Tom Cruise qui brille avec ses acrobaties, toute l'équipe a un rôle à jouer et tout le monde repart ensemble du siège de la CIA. Dans Final Reckoning, le gros morceau de la séquence sous-marine est un grand moment de solitude dont tous les autres sont exclus, réduits au rôle d'apôtres, de témoins des prodiges de l'Élu.

Que celle qui l'attend sur la banquise soit justement Grace, à laquelle Tom avait bien spécifié de se tenir loin de la glace, ce n'est qu'un détail. Dans un film qui s'achève sur un émouvant discours de Ving Rhames nous disant que chacun écrit son propre destin alors que le film t'a rabâché pendant trois plombes que tout était écrit et que tout était lié... bah ce n'est pas bien grave. Les autres épisodes arrivaient à structurer leurs intrigues autour des morceaux de bravoure, ici ce n'est plus le cas.


En passant, McQuarrie s'est pris un vilain coup de vieux entre Rogue Nation et les suites, alors que Tom Cruise pas du tout

Rogue Nation (2015) : 46 ans



Dead Reckoning formerly known as Part Ouane (2023) : 54 ans






(pourquoi ça marche pas, Postimages ? je vais faire comment avec les noms rigolos pour mes captures au quiz ? )

[Quentin Tarantino]

Même à Langley, si c'est Tom Cruise qui brille avec ses acrobaties, toute l'équipe a un rôle à jouer et tout le monde repart ensemble du siège de la CIA. Dans Final Reckoning, le gros morceau de la séquence sous-marine est un grand moment de solitude dont tous les autres sont exclus, réduits au rôle d'apôtres, de témoins des prodiges de l'Élu.

Ce n'est pourtant pas la 1ère fois qu'il opère ainsi en solo, sur la façade du Burj Khalifa, il était aussi inexorablement "seul" non ?

[Watkinssien]

Même à Langley, si c'est Tom Cruise qui brille avec ses acrobaties, toute l'équipe a un rôle à jouer et tout le monde repart ensemble du siège de la CIA. Dans Final Reckoning, le gros morceau de la séquence sous-marine est un grand moment de solitude dont tous les autres sont exclus, réduits au rôle d'apôtres, de témoins des prodiges de l'Élu.

Ce n'est pourtant pas la 1ère fois qu'il opère ainsi en solo, sur la façade du Burj Khalifa, il était aussi inexorablement "seul" non ?

Oui et non, car pendant qu'il escalade la tour, son équipe est en train de piéger sur plusieurs niveaux une tueuse impitoyable et ses sbires.

[Quentin Tarantino]

Ce n'est pourtant pas la 1ère fois qu'il opère ainsi en solo, sur la façade du Burj Khalifa, il était aussi inexorablement "seul" non ?

Oui et non, car pendant qu'il escalade la tour, son équipe est en train de piéger sur plusieurs niveaux une tueuse impitoyable et ses sbires.

Oui exact !!

[tchi-tcha]

Qui plus est, à Dubaï il restait en contact radio constant avec son équipe pendant son escalade. Ici, ils ne sont guère mieux que des sous-traitants, envoyés chercher des coordonnées et chargés de lui apporter une couverture chauffante lorsqu'il aura accompli son exploit.

Et à propos de solitude, il est où, McQuarrie, en dehors des deux blocs spectaculaires ? Ce n'est pas un grand baroque à la De Palma, il n'a pas l'inventivité de Brad Bird, il ne cherche pas à rivaliser avec eux de toute façon, mais il a néanmoins du style, un sens de l'efficacité racée. Dans Final Reckoning, quand il ne filme pas des bastons sans punch ou des fusillades brouillonnes, quand il n'aligne pas des plans de porte-avions dignes d'un Michael Bay tout fier de faire la promo des joujoux que ses potes militaires lui ont prêté pour un Transformers, quand il ne nous sort pas des visions d'apocalypse thermo-nuclaires ringardisées depuis les Terminator (pas possible que ce soit son travail, c'est forcément une seconde équipe ou une IA)... ben il est où ? Lui aussi en est réduit à la fonction d'apôtre, de témoin de l'accomplissement de l'Élu, en retrait comme tout le monde. Il ne retrouve ses moyens que lorsque son patron se tait enfin.

(et encore, il y aurait à redire sur la séquence aérienne, parasitée par ses plans sur le rictus imbécile du grand méchant et quelques autres scories)

(...) après avoir revu le "Part One" juste avant la séance de Ciné du "Final", j'ai été très surpris de constater que Pom aka "Paris" Klementieff était vivante.

Bel exemple de Born-Again Cruisian, cette tueuse ricanante du précédent volet. Elle y prenait son pied en tuant tout ce qui bougeait, c'était une grande sadique qui adorait foncer sur des gens avec sa grosse voiture. Mais depuis qu'elle a été épargnée par Ethan, elle s'est mise à douter, à questionner ses croyances. Pourquoi n'a-t-elle pas été tuée par notre héros ? Pourquoi a-t-elle survécu à ses blessures (et accessoirement à un gros accident de train) ? Quel est le sens de sa vie ? En lui proposant de rejoindre ses disciples, Tom Cruise lui apporte la réponse et la métamorphose. C'est beau.

B*rdel, Tom, qu'as-tu fait de cette série que j'aimais tant ?




Bonus : Pom Klementieff dans sa vie d'avant


Une vie de débauche et d'excès


Aussi irresponsable que Vincent Lindon au volant

...et même en couple un moment avec Nicolas Bedos

[tenia]

C'est effectivement toute la différence entre la séquence a Dubaï et la séquence sous-marine du 8e film : dans le 8e film, le reste de l'équipe est totalement ailleurs. Dans le 4, non : elle est à portée d'oreillette, et même à portée de vanne. Dans le 8, non : Cruise dit "allez là", l'équipe va là; il dit à Grace "fais-moi confiance, tu me retrouveras ici à telle heure", et il peut plonger (2 fois) seul et avoir confiance en la prévisibilité de ses congénères (ça, pour le coup, l'Entite ne le calcule bizarrement pas). Cruise plonge seul, puis repart seul, dans une séquence pas seulement muette mais quasi silencieuse. L'équippe ne lui servira qu'au point d'extraction, pour le récupérer, loin de là.

Il en est un peu de même pour le final aérien, poussant un cran plus loin la structure du final de Fallout : l'équipe est en stand-by, attendant que Cruise/Hunt réussisse l'impossible, dans une confiance aveugle envers ses competences. Ce que Fallout masquait dans le bruit et la fureur (village peuplé, baston finale, hélicoptères), Final Reckoning l'épure avec 2 avions à hélice pilotables en solo, dans un montage alterné dans lequel le suspense, l'action côté équipe est déjà achevée dans cette partie de l'intrigue.

Quant à Paris, elle survit par une simple astuce eculée : elle est blessée mais se contente de s'évanouir. Ouf, elle pourra donc revenir. L'Entité a vu qu'elle allait trahir Gabriel, il la trahit donc en 1er dans une prophétie auto-réalisatrice gentiment flinguée, dans laquelle elle découvre sa loyauté mal placée et l'exploitation dans laquelle elle était conservée. Un chemin alternatif plus positif lui est ouvert par Hunt : pourquoi pas après tout. Le souci, c'est que son personnage ne sert à rien dans ce 8e film, réduit à redire en Français ce quu vient d'être dit en Anglais, ou à faire parler Tom Cruise avec son plus beau franglish (il lui dit un truc en fin de film, je n'ai rien compris, Paris lui répond "D'accord" avec les yeux écarquillés, je me demande encore si diégétiquement, le perso a compris la phrase ou non). Elle a trop peu de temps d'écran pour exister, et ce temps d'écran est très mal utilisé. Mais je ne pense pas que la faire changer de camp soit le problème.

[tenia]

Un autre truc auquel je repense et qui là aussi est assez symptomatique d'un problème de fond dans le film :

Spoiler (cliquez pour afficher)

La scène où la présidente doit choisir une ville US à sacrifier, et où le film est infoutu de concrétiser le sacrifice en nous montrant la liste des villes retenues... et même le nom de la ville finale. Ce qui est assez fou, car cela continue de renforcer l'absence de menace concrète : même pas foutu de donner une ville au hasard, genre "allez ok, on va vaporiser San Diego". Non, même ça, le film n'est pas capable de l'exprimer concrètement.

[hansolo]

Je trouve, au contraire, que nommer une ou plusieurs villes candidates aurait considérablement amoindri la puissance évocatrice de cette scène.
En refusant de désigner explicitement une cible, le film laisse chaque spectateur combler ce vide avec ses propres projections.

[Supfiction]

Un autre truc auquel je repense et qui là aussi est assez symptomatique d'un problème de fond dans le film :

Spoiler (cliquez pour afficher)

La scène où la présidente doit choisir une ville US à sacrifier, et où le film est infoutu de concrétiser le sacrifice en nous montrant la liste des villes retenues... et même le nom de la ville finale. Ce qui est assez fou, car cela continue de renforcer l'absence de menace concrète : même pas foutu de donner une ville au hasard, genre "allez ok, on va vaporiser San Diego". Non, même ça, le film n'est pas capable de l'exprimer concrètement.

Tout est comme ça maintenant dans les films des studios. Il ne faut surtout pas se priver d’un quelconque marché ou risquer une polémique. Par conséquent tout est hors sol. Comme dans Top Gun 2 où l’ennemi n’a ni nom ni nationalité. Ou comme dans tous les James bond post The living daylights.