Les vedettes féminines des films musicaux

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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wood

Message par Music Man »

La diffusion cet après-midi sur M6 d’un téléfilm sur la vie de Natalie Wood, basé sur une biographie récente m’amène aujourd’hui à parler de cette grande star d’Hollywood, dont la participation à des films musicaux ne fut qu’occasionnelle, bien qu’elle était la vedette d’un des films musicaux les plus célèbres de tous les temps « West Side Story ».
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Née en 1938 dans une famille russe très pauvre, la petite Natacha est poussée par sa mère dans le monde du cinéma. Sévère et ambitieuse, la maman ne recule devant aucun stratagème pour essayer d’imposer sa fille, dans l’espoir d’en faire une nouvelle Margaret O’Brien.
Engagée par la Fox, on décèle chez l’enfant, comme chez la petite Margaret un don particulier pour les scènes lacrymales (il faut dire que la maman n’hésitait pas à arracher les ailes d’un papillon devant la gamine juste avant un tournage pour qu’elle pleure de façon convaincante).
Sans atteindre le statut de star enfant de Miss O’Brien, la petite Natalie va jouer dans de nombreux films. Lors du tournage de « the green promise »1949, elle se casse accidentellement le poignet. De peur que sa fille ne perde le rôle, sa maman cachera l’état de sa fille et ne la soignera pas : il en résultera une déformation du poignet que toute sa vie Natalie va cacher avec un gros bracelet.
Adolescente, on retrouve Natalie dans un musical insipide « just for you »1952 avec Bing Crosby, la toute jeune fille tombe amoureuse de Nicholas Ray (A la grande fureur de sa mère qui le considère comme un réalisateur de série B) et obtient le rôle principal féminin de la fureur du vivre qui en fera une star. Ce film mythique sur une jeunesse désorientée marquera toute une génération. Désorientée, c’est malheureusement l’adjectif qui convient à la pauvre Natalie, toujours manipulée par sa mère possessive qui se mêle de près à sa vie professionnelle et privée. A 16 ans elle est violée par un célèbre acteur marié, rencontré suite à une entrevue organisée par sa mère. C’est également sa maman et la Warner Bros qui vont organiser la rencontre de la comédienne et de son futur mari l’acteur Robert Wagner. Compte tenu du succès croissant de la carrière de Natalie (la prisonnière du désert) et la déconfiture de celle de Wagner, le mariage se soldera par un divorce.
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Après avoir été extraordinaire dans le magnifique film d’Elia Kazan « la fièvre dans le sang »1961(un des plus beaux que j’ai vu), Natalie est engagée pour l’adaptation au cinéma de l’opérette West Side story, qui fait un carton à Broadway depuis 5 ans. A son grand désespoir, les essais chantés par Natalie ne satisferont pas Robert Wise et elle sera doublée pour le chant par Marni Nixon. Malgré tout, la performance de Natalie dans ce rôle est très réussie (je pense notamment à la scène finale) et George Chakiris déclara lui-même qu’en dépit de tous les talents musicaux réunis dans le film (à commencer par le chorégraphe Jerome Robbins, la pétulante Rita Moreno), c’est elle qui assure l’unité et la force du film.
Inutile d’insister sur le triomphe que connaîtra cette version filmée, qui restera à l’affiche à Paris pendant des années et dont les successives reprises seront de gros succès.
En 1962, Natalie est la vedette d’un autre musical « Gypsy », un autre gros succès aux USA (beaucoup moins chez nous).Cette adaptation d’un autre musical de Broadway (dans lequel avait triomphé Ethel Merman), basé sur la vie de la strip-teaseuse Gypsy Rose Lee ne m’a pas franchement emballée quand je l’ai vu, il y a quelques années. Si Rosalind Russell et Natalie (en fille timide qui devient strip-teaseuse) ont beaucoup de talent, j’ai trouvé qu’il manquait quelque chose à ce film, un peu de magie peut être.
Par la suite, on a beaucoup vu Natalie Wood dans des comédies un peu laborieuses. Elle a progressivement quitté l’écran suite à son remariage avec Robert Wagner. Il semble qu’à la fin de sa vie, elle voulait renouer avec une activité artistique (tournées théâtrales, rôle dans Brainstorm). Hélas, elle mourra noyée en 1981, à l’âge de 43 ans, dans des circonstances toujours pas vraiment élucidées.
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Grâce à la force incroyable de son interprétation dans la fièvre dans le sang, à la mythique « fureur de vivre », et à ce merveilleux musical qu’est West Side story, elle garde une place privilégiée au firmament des stars.

Natalie Wood dans Gypsy :
Dernière modification par Music Man le 22 avr. 08, 21:58, modifié 1 fois.
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

Merci pour avoir parlé de Nathalie Wood, qui me semble parfois un peu délaissée. :) :)
Pour moi, et malgré ses prestations dans des films plus ou moins musicaux, elle restera pour toujours
la petite fille espiègle de Gene Tierney dans L'aventure de Mme Muir
la belle captive recherchée par John Wayne dans La prisonnière du désert

Et surtout la sensible jeune fille étouffée par le puritanisme de cette petite ville américaine des années 20, de La fièvre dans le sang
et la jeune femme qui rêve d'autre chose dans Propriété interdite


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Max Schreck
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Message par Max Schreck »

J'en profite pour demander : ça vaut quoi Bob & Carol & Ted & Alice ?
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Message par francesco »

Pour moi ce qui plombe Gypsy c'est le cabotinage réellement épuisant de Russell (que pourtant j'adore d'habitude) et la qualité relativement médiocre de la partition. Laquelle est d'ailleurs souvent massacrée par des contre performances déprimantes au niveau du chant. Russell beugle il n'y a pas d'autre mot et les seules qui fassent plus de bruit qu'elle sont les trois "beautés" du numéro "Gimmick". (Dans la réalité elles se retrouveraient toutes aphones)
Le film est d'autre part trop long et manque de rythme.
Il y a de jolis choses du point de vue visuel, recréation d'une athmosphère, d'une ambiance et volonté manifeste de la part du réalisateur (Leroy) d'en mettre plein la vue, mais il manque comme le dit Music Man "quelque chose" ... de l'inspiration peut-être ?
Très fine et fraiche interprétation de Natalie Wood par contre.
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Message par Jordan White »

Merci Music Man pour ce beau portrait de Nathalie Wood, facilement une de mes trois actrices américaines préférées des années 50-60, que je préfère de très loin à Audrey Hepburn qui m'a toujours tapé sur les nerfs.

Son rôle dans West Side Story que certains ont critiqué parce qu'ils ne trouvaient pas l'accent espagnol crédible m'a mis à terre, et la scène finale est une des plus émouvantes que j'ai pu voir. A la rigueur, si elle n'avait fait que ce film, ça me suffirait tant je trouve qu'elle y rayonne de toute sa beauté, en plus d'être à la hauteur niveau dramaturgie. Ce film comme son actrice principale me retournent le coeur. J'en sors ébloui. Sur un nuage.

Pour moi elle incarnait une sorte de grâce, et je ne sais pas comment je pourrais parler d'elle autrement qu'en termes mélioratifs. Je l'adore. :D
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Sailor G.Kelly
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Re: wood

Message par Sailor G.Kelly »

Music Man a écrit :Lors du tournage de « the green promise »1949, elle se casse accidentellement le poignet. De peur que sa fille ne perde le rôle, sa maman cachera l’état de sa fille et ne la soignera pas : il en résultera une déformation du poignet que toute sa vie Natalie va cacher avec un gros bracelet.
Je n'avais jamais remarque. Pourtant on peut le voir sur les deux premieres photos que tu as poste.
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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Si ce n'est qu'une fois, elle en porte un au poignet gauche, et l'autre fois au poignet droit. :lol:
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Music Man
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Message par Music Man »

Quand on écoute les premiers enregistrements de la chanteuse danoise Gitte Haenning au milieu des années 50, on a ne donne pas cher de son avenir, tant la gamine de 8 ans semblait disposer d’une voix tout à fait quelconque. Pourtant, elle allait faire une belle carrière dans la variété en Scandinavie et en Allemagne dans les années 60. Une popularité que défie les années, car Gitte remplit toujours les salles de concert, 50 ans après.
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Née en 1946, fille d’un chef d’orchestre de jazz, la petite blonde, boulotte et pas vraiment jolie, baigne depuis toujours dans le monde de la musique. Après des débuts fort peu remarquables, la petite danoise, au contact des musiciens de jazz, progresse de 45 T en 45 T. Ses adaptations de grands morceaux de jazz sont particulièrement bien senties. Pourtant ce sont ses versions des succès du moment (Souvenirs Souvenirs de Bill Ramsey qu’elle enregistre avant Johnny Hallyday, une version réussie du I’m sorry de Brenda Lee) qui lui vaudront un joli succès dans son pays, et très vite, elle s’attaque aux marchés étrangers, en adaptant ses tubes en suédois, hollandais et allemand.
On la retrouve au cinéma dans plusieurs comédies danoises (dont certaines sont sorties en DVD au Danemark), où elle tient des rôles d’adolescentes. Logiquement, il s’agit souvent de comédies musicales à petit budget, dans lesquelles, elle lance ses nouvelles chansons (comme Princesse pour un jour 1961). Han Hun, Dirch og Dario (1962) ressorti en DVD au Danemark est une plaisante comédie dans laquelle Gitte est touchante et convaincante dans son rôle de nymphète amoureuse d'un chanteur d'opéra qui n'a d'yeux que pour une femme mariée. Sa voix puissante ne sera pas toujours aussi bien mise en valeur par la suite.
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En 1963, Gitte remporte le festival de la chanson en Allemagne avec une rengaine de cow-boy qui connaîtra un gros succès là-bas. Le prix lui est remis par la grande Marlène Dietrich, tout sourire. On ne sait ce qu’a réellement pensé Marlène de cette chanson très yéyé à l’opposé de son répertoire. On peut, quant à nous, regretter que la jeune chanteuse, malgré ses capacités, se soit du coup galvaudée pendant tant d’années dans un répertoire yéyé des plus légers et des plus basiques.
Alors qu’elle est déjà apparue dans quelques schhlagerfilms teutons en guest stars, Gitte se retrouve catapultée vedette. Les films sont plutôt médiocres, mais en général, elle y fait bonne impression, en jeune fille délurée et incontrôlable. Déguisée en gamine pour mieux séduire Peter Weck (1963) dans Liebesgruesse aus Tyrol, jeune comtesse qui fait tourner en bourrique son professeur dans au lit mesdemoiselles (1964), elle révèle un don certain pour la comédie.
En 1964, elle enregistre une série de duos avec le chanteur yéyé Rex Gildo, et se prête volontiers à une romance publicitaire complètement bidon avec le chanteur qui cherche par tous les moyens à dissimuler son homosexualité. Leur plus gros succès ensemble « Jetzt dreht die welt »donne lieu à un film du même nom, bourré de chansons.
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Toujours plus délurée à l’écran, Gitte joue en 1966 dans un film coquin et déshabillé au titre ambigu « les pipes » de Vojtech JASNY qui aura l’honneur d’être présenté au festival de Cannes.
Il est probable, que le film danois de Gabriel Axel « La mante rouge 1967 » qu’elle a tourné l’année suivante est de bien meilleure qualité. En tous les cas, cette version de Roméo et Juliette située à l’époque des vikings semblait avoir tous les ingrédients romantiques pour séduire : combats de loups dans la nuit, photographie superbe, histoire d’amour violente. Si la revue Cinéma 67 n’est guère clémente avec ce film, « qui tente maladroitement de dupliquer l’atmosphère des films de Bergman », j’ai vu sur le net que certains cinéphiles en conservent un excellent souvenir. Quelqu’un sait il si une sortie en DVD est prévue ?
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Par la suite, Gitte va se consacrer uniquement à sa carrière de chanteuse, en Allemagne essentiellement. Alors que la plupart des vedettes de schlagers des années 60 tombent aux oubliettes et que la chanson en langue allemande disparaît des hit parades germaniques, Gitte fait figure de rescapée et parvient à garder son succès dans les années 80(notamment avec la version allemande de Woman in love de Streisand) en élargissant son répertoire du jazz à la chanson à texte. Depuis 2001, elle triomphe en tournée avec deux autres chanteuses scandinaves des sixties Siw Malmkvist et Wenche Myhre. En 2006, le succès surprise d’une réédition en coffret CD de ses premiers disques danois a relancé sa carrière dans son pays natal.
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Retrouvailles entre Gitte et Rex Gildo , peu avant le suicide du chanteur.

Sur youtube, une parodie de "Je t'aime moi non plus" par Gitte :
Dernière modification par Music Man le 22 avr. 08, 21:59, modifié 1 fois.
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

Quelle culture, Music Man ! :o Je suis vraiment très impressionnée, et puis tu rends intéressante même de la série Y (pour ne pas dire Z), et on a finalement envie de voir l'un de ces films que tu cites.

A propos, est-ce que Sonja Henje est prévue au programme ? La "Pavlova sur glace", elle aussi originaire de Scandinavie (mais elle, de Norvège), après avoir décroché une médaille d'or en patinage artistisque aux J.O. successifs de 1928, 1932 et 1936, entama une carrière de courte durée à Hollywood.

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julien
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Message par julien »

Je ne connais pas l'actrice mais j'adore déjà :P

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Pour l'instant pas de sortie dvd de prévue pour ce film. Bon... Il faut que je trouve ça !!!
Music Man
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Message par Music Man »

Julien, si un jour tu trouves La mante rouge , préviens moi! J'ai déjà fait de longues et vaines recherches sur divers sites européens pour le trouver!

Lylah Clare, merci pour tes compliments. Tu fais bien de faire penser à la patineuse Sonja Henie. J'avais vu un très bon documentaire sur cette femme de fer, aussi douée pour les affaires que pour les patins. Par contre, honnêtement, même si à l'époque, ses tourbillons sur la glace paraissaient magiques, je sois avouer qu'on a fait beaucoup de progrés dans le domaine, et que les allemands sont meilleurs que les américains pour les films sur glace (je pense à Rêve blanc de Geza Von Cziffra, ou aux films avec le couple Hans Jurgen Baumler/Marika Kilius). Mais OK, Sonja aura son portrait un jour ou l'autre.
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

Music Man a écrit : je sois avouer qu'on a fait beaucoup de progrés dans le domaine, et que les allemands sont meilleurs que les américains pour les films sur glace (je pense à Rêve blanc de Geza Von Cziffra, ou aux films avec le couple Hans Jurgen Baumler/Marika Kilius). Mais OK, Sonja aura son portrait un jour ou l'autre.
J'en salive d'avance :) :)
Music Man
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Message par Music Man »

Au Panthéon, des grandes gloires du film musical hollywoodien, outre de brillantes chanteuses, de magnifiques danseuses et quelques fantaisistes, figurent une nageuse (Esther Williams) et une championne de patinage artistique, la norvégienne Sonja Henie.
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Née en 1912, la petite Sonja se passionne dès son plus jeune âge, comme beaucoup d’autres fillettes norvégiennes, pour le patinage. Très douée, elle participe à de nombreuses compétitions. En 1924, elle chute sur la glace lors des jeux olympiques de Chamonix. Cruellement déçue, elle demande à son père (un riche vendeur de fourrures) à bénéficier d’un entraînement intensif auprès d’éminents professeurs de patinage. Sa rage de vaincre sera payante : elle décroche la médaille d ‘or aux jeux olympiques de 1928, 1932 et 1936. A Berlin, Hitler, émerveillé par sa prestation la salue fort chaleureusement.
Extrêmement déterminée, Sonja décide alors de gagner les Etats-Unis pour entamer une carrière au cinéma. Elle convoque Darryl Zanuck, le patron de la 20th century Fox, et d’autres personnalités du monde du cinéma dans une patinoire afin d’y donner un grand spectacle. Ebloui par sa prestation, et intéressé par la popularité de la jeune championne, Zanuck lui propose alors d’apparaître en guest star dans un musical. Sonja refuse : elle exige un rôle principal dans un film entièrement bâti autour d’elle. Dubitatif, Zanuck lui propose un salaire de 10 000 dollars pour le film. Finalement, devant les exigences de la sportive, il topera pour
75 000 dollars !
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One in a million (1936) sera un succès commercial. Sonja Henie joue (?) avec autant d’émotions qu’une souriante poupée de bois. Avec le look de fillette que lui a concocté la Fox (en raison de son manque total de sex-appeal ?), et ses frisettes, elle ressemble à Shirley Temple. Cependant, elle patine remarquablement et excelle dans les pirouettes qu’elle exécute avec une telle rapidité, qu’on dirait vraiment un « tourbillon blanc » pour reprendre le titre français du film. Ne connaissant rien dans le domaine du patinage, je me fourvoie peut être, mais il me semble que même si les prestations de Sonja ont du paraître extraordinaires à l’époque, elles doivent être très dépassées maintenant. La sportive me semble très rigide dans ses mouvements… Avis aux spécialistes !
Dans Prince X (1937) et l’étoile du nord (1938), elle partage la vedette avec Tyrone Power, la nouvelle coqueluche d’Hollywood. Si la presse parle beaucoup d’une idylle entre Sonja et le nouveau play-boy de l’écran, ce dernier épousera finalement la vedette française Annabella.
Le succès des deux films lui vaut de paraître trois années de suite dans le top ten des stars du box office.
Parallèlement à sa carrière cinématographique, Sonja se produit dans des revues sur glace aux USA et en Europe, lance différents produits dérivés (patins, poupées, gants portant son nom) et même des écoles de patinage. C’est extrêmement rentable, et Sonja n’a pas son pareil pour faire fructifier la fortune qu’elle amasse.
Compte tenu de son jeu plus que limité, Les cinéastes ont néanmoins du mal à lui concocter des films et surtout à y insérer par ci par là des scènes de patinoire !
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Au début de la seconde guerre mondiale, Sonja acquiert la nationalité américaine. On lui reprochera par la suite d’avoir attendu pas mal de temps avant de soutenir les alliés. Un excellent documentaire diffusé sur ARTE, raconte également que Sonja craignait que les nazis n’envahissent et ne saccagent sa superbe propriété d’Oslo. Elle avait laissé à l’entrée de sa maison norvégienne, une photo dédicacée d’Hitler. Une idée efficace, mais qui lui vaudra quelques ressentiments de la part des norvégiens à la fin du conflit (on lui a également reproché son fameux salut à Hitler lors des jeux olympiques de Berlin).
En 1941, Sonja joue dans son meilleur film, Tu seras mon mari, un musical des plus agréables, bénéficiant surtout de magnifiques mélodies d’Harry Warren et de l’orchestre de Glenn Miller, au sommet de son art (on y entend même l’ultra célèbre « in the mood », succès intemporel, qui fera un malheur en France à la libération – tu seras mon mari sera le 1er film américain diffusé chez nous après l’occupation) : en fait, même sans Sonja Henie, le film aurait été un succès. Mais comme en plus, pour une fois, elle joue plutôt correctement son rôle de jeune réfugiée, et que son charme naïf colle vraiment avec le personnage, sa présence est un atout supplémentaire. Le film se termine sur une grande scène de revue sur glace, avec de la glace teinte en noire, ce qui donne un aspect particulièrement élégant au numéro. Le contrat de Sonja prévoyait que tout jour supplémentaire de tournage serait facturé à un prix exorbitant. Devant l’appât du gain, Sonja fit exprès de chuter sur la glace juste avant la fin du film, lors du dernier tour de manivelle. Couverte de glace noire, elle demanda un jour supplémentaire pour filmer correctement la scène finale. Furieux, Zanuck refusa de recommencer la séquence et de s’exposer à des frais supplémentaires : il fit couper la scène de la chute, et le numéro sur glace finit donc en queue de poisson avec des images d’archives de Sonja et John Payne skiant pour clore le film !
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Suite aux résultats décevants de ses deux films suivants, son contrat à la Fox ne sera pas renouvelé. L’échec de la fée blanche (à la RKO en 1945) et de la Comtesse de Monte Cristo (Universal 1948), son premier film en couleurs, vont clore sa carrière à l’écran. De toute façon, les exigences salariales de Sonja n’étaient plus à la hauteur de son succès dans les salles obscures. Elle se tourne alors plus que jamais vers les revues sur glace dont les célèbres « Holidays on ice », et des tournées dans le monde entier. Hélas, avec les années et l’alcool, les mariages ratés et les illusions perdues (son coup de foudre pour Clark Gable ne débouche sur rien de durable), ses talents s’amenuisent, ses sauts périlleux ne décollent quasiment plus du sol… et elle finit, à sa grande honte, pas s’étaler sur la patinoire lors d’un spectacle au Brésil.
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Après un petit film tourné à Londres en 1958, Sonja quitte complètement le show business. Multi millionnaire, elle est à l’abri du souci et consacre son temps à l’achat et la collection d’œuvres d’art moderne pour lesquelles elle a un goût très sûr.
Elle meurt en 1969 de la leucémie. Peu avant son décès, elle avait offert à la ville D’Oslo un musée d’art moderne, avec les nombreuses toiles qu’elle avait amassées par le passé.
Malgré quelques tentatives, Hollywood ne parviendra pas à lancer durablement d’autres patineuses à l’écran : Belita (décédée en France en 2005) tournera un peu dans les années 40, Vera Ralston se tournera rapidement vers les westerns.
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La patineuse Belita finira sa vie en France. Elle tient un tout petit rôle dans la belle de Moscou (sans patins)
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Il serait plus opportun d’aborder la carrière de Vera Ralston, la femme du patron de la Républic, dans le topic sur les actrices de western car l'ex- collègue de Sonja a rapidement abandonné les films sur glace.

En Allemagne, plusieurs films sur glace triompheront sur les écrans. Si techniquement, ceux ci sont moins bien filmés qu’aux USA (pour les films d’Henie, des caméras pivotantes avaient été fixées au milieu de la patinoire pour mieux suivre ses mouvements), les numéros dansés sur glace sont curieusement mis en scène avec plus d’imagination : notamment dans le rêve blanc 1943(un des plus gros succès du cinéma de l’époque nazie avec Wolf Albach Retty le père de Romy Schneider), rêve de jeune fille (1958) avec la championne Ina Bauer (peut être encore plus mauvaise actrice que Sonja, mais brillante patineuse) et le skieur Toni Sailer, puis dans les années 60, les films du couple Hans Jürgen Baumler et Marika Kilius (enfin, pour les passages sur glace, le reste n’étant que comédie insignifiante).
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Sonja Henie en 1942 :
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Miss Nobody
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Message par Miss Nobody »

Je suis en retard, mais je voulais te remercier pour ton article sur Natalie Wood! :P

Je me suis résoluement décidée à ne pas acheter "gypsy".
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

Merci encore, Music man, pour toutes ces infos sur des personnages devenus dans certains cas un peu inconnus aujourd'hui ! J'apprends ainsi que Sonja Henie était une redoutable femme d'affaires, domaine dans lequel elle était peut-être encore plus spécialiste que dans le patin à glace ! :o :o
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