Marie-Antoinette (Sofia Coppola - 2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

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S'ils n'ont plus de pain, qu'ils mangent de la brioche...6
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still a Little Bastard
Doublure lumière
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Message par still a Little Bastard »

Nardiello a écrit :Je crois bien avoir lu quelque part une déclaration de Sofia Coppola disant qu'elle préfère privilégier l'ambiance plutôt que l'intrigue...
Est-ce que tu penses que tu pourrais retrouver la référence de cette déclaration, voire cette déclaration elle-même ? Ce serait vraiment cool...
tronche de cuir
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Message par tronche de cuir »

Art Core a écrit :Elle ne reste qu'une pouf sans intérêt...



:lol: :lol:
still a Little Bastard
Doublure lumière
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Message par still a Little Bastard »

Elle est rigolote celle-ci, en effet...
L'Gé
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Message par L'Gé »

Aprés ce concert de diatribes...

D’abord, Kirsten est MAGNIFIQUE ! (et là, elle fait moins ses habituelles petites grimaces).
Ensuite, il y a la BO, qui est stupéfiante : le bal masqué orchestré par Siouxsie, c’est jubilatoire ! (en tout cas, pour moi)
Je trouve que le film fait vraiment le pont avec « Virgin Suicide » (pas seulement grâce à Kirsten Dunst). Marie-Antoinette, c’est une adolescente qui arrive nue à la cours de France (d’ailleurs même physiquement, le « protocole » lui demandant de tout laisser de son ancien monde). Elle a donc tout perdu et, bonne fille, elle essaye de suivre les conseils ici ou là pour tenter de satisfaire et de se retrouver. C’est terrifiant comme elle est seule (il y a plusieurs scène émouvantes où on la voit trottiner dans les couloirs de Versailles).
Elle essaye de faire bonne figure mais mon dieu que c’est dur!
Alors, comme les ados, elle succombe à ses élans ; elle passe des plaisirs les plus sophistiqués aux joies de la nature avec le même enthousiasme candide.
Alors, bien sûr, il y a quelques effets de style inutiles et, finalement, pas très audacieux : les baskets, les portraits barrés de slogans, la suite de plans rapides sur les sucreries ingurgitées …
Il y a une seule scène avec le peuple révolté, mais elle est très belle. Elle ouvre la porte vers le tragique (hors champ du film).
"Do, or do not. There is no try."
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Zelda Zonk
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Message par Zelda Zonk »

still a Little Bastard a écrit :
Nardiello a écrit :Je crois bien avoir lu quelque part une déclaration de Sofia Coppola disant qu'elle préfère privilégier l'ambiance plutôt que l'intrigue...
Est-ce que tu penses que tu pourrais retrouver la référence de cette déclaration, voire cette déclaration elle-même ? Ce serait vraiment cool...
Ca date de la sortie de Virgin Suicides :wink:
Je me permets de "m'auto-quoter".
Memento a écrit :A la sortie de Virgin Suicides, son premier film, Sofia Coppola annonçait déjà la couleur : « Ce que je préfère, c'est créer une atmosphère. A mes yeux, l'intrigue est secondaire. » Six ans et deux films plus tard, on peut dire que la cinéaste a suivi à la lettre ce précepte, son dernier opus, Marie-Antoinette, constituant d'une certaine façon le dernier volet d'un triptyque qu'on pourrait intituler « Vertiges, rêveries et désillusions adolescentes ».

Il est des films qui, de par leur nature évanescente, rendent difficile toute analyse rationnelle. Des œuvres ténues, fragiles, aériennes, où flottent des effluves subtiles et insaisissables. Celui qui effleure ces sensations fugaces en ressort alors tantôt étourdi, troublé ou fasciné, tantôt frustré, indifférent ou agacé par tant de désinvolture et de frivolité. Marie-Antoinette fait incontestablement partie de ces œuvres là.

On peut rester sur la touche, à l'orée du château, et observer distraitement les vicissitudes de la Cour, comme on feuillette poliment un beau livre d'images, sans jamais sentir affleurer l'émotion. On peut fustiger les libertés prises avec l'Histoire (avec un grand "H") ou l'absence de ligne directrice et d'enjeu dramatique dans l'histoire (avec un petit "h"), grief déjà entendu il y a 2 ans à propos des déambulations nocturnes "made in Tokyo". On peut aussi plonger dans Versailles et se laisser happer par son atmosphère envoûtante, partager le spleen d'une princesse prisonnière d'une maison de poupées, où les couleurs pastels, les froufrous, le champagne et les orgies de pâtisseries ne sont que les expédients d'une vie codifiée et déjà toute tracée. On peut parcourir avec elle les allées désertes du château, la suivre dans les jardins du Petit Trianon ou l'accompagner à ces fêtes empreintes à la fois de frivolité, de mélancolie et de vacuité. Seule, encore seule, toujours seule...

Ce qu'on ressent alors appartient à l'indicible, au mystère, à l'ivresse, et peut difficilement être partagé avec des mots. Que Sofia Coppola parvienne à restituer cette essence délicate tient du miracle.

5/6
Nardiello
Stagiaire
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Message par Nardiello »

Memento a écrit :
still a Little Bastard a écrit : Est-ce que tu penses que tu pourrais retrouver la référence de cette déclaration, voire cette déclaration elle-même ? Ce serait vraiment cool...
Ca date de la sortie de Virgin Suicides :wink:
Je me permets de "m'auto-quoter".
Memento a écrit :A la sortie de Virgin Suicides, son premier film, Sofia Coppola annonçait déjà la couleur : « Ce que je préfère, c'est créer une atmosphère. A mes yeux, l'intrigue est secondaire. » Six ans et deux films plus tard, on peut dire que la cinéaste a suivi à la lettre ce précepte, son dernier opus, Marie-Antoinette, constituant d'une certaine façon le dernier volet d'un triptyque qu'on pourrait intituler « Vertiges, rêveries et désillusions adolescentes ».

Il est des films qui, de par leur nature évanescente, rendent difficile toute analyse rationnelle. Des œuvres ténues, fragiles, aériennes, où flottent des effluves subtiles et insaisissables. Celui qui effleure ces sensations fugaces en ressort alors tantôt étourdi, troublé ou fasciné, tantôt frustré, indifférent ou agacé par tant de désinvolture et de frivolité. Marie-Antoinette fait incontestablement partie de ces œuvres là.

On peut rester sur la touche, à l'orée du château, et observer distraitement les vicissitudes de la Cour, comme on feuillette poliment un beau livre d'images, sans jamais sentir affleurer l'émotion. On peut fustiger les libertés prises avec l'Histoire (avec un grand "H") ou l'absence de ligne directrice et d'enjeu dramatique dans l'histoire (avec un petit "h"), grief déjà entendu il y a 2 ans à propos des déambulations nocturnes "made in Tokyo". On peut aussi plonger dans Versailles et se laisser happer par son atmosphère envoûtante, partager le spleen d'une princesse prisonnière d'une maison de poupées, où les couleurs pastels, les froufrous, le champagne et les orgies de pâtisseries ne sont que les expédients d'une vie codifiée et déjà toute tracée. On peut parcourir avec elle les allées désertes du château, la suivre dans les jardins du Petit Trianon ou l'accompagner à ces fêtes empreintes à la fois de frivolité, de mélancolie et de vacuité. Seule, encore seule, toujours seule...

Ce qu'on ressent alors appartient à l'indicible, au mystère, à l'ivresse, et peut difficilement être partagé avec des mots. Que Sofia Coppola parvienne à restituer cette essence délicate tient du miracle.

5/6
Merci d'avoir répondu pour moi ;)

Je ne trouve pas grand chose à redire à tout ceci, mais puisque je suis resté sur la touche alors que je ne demandais pas mieux que d'entrer dans la ronde, je me permets modestement d'aller quand même vers l'analyse rationnelle... Histoire de comprendre et de ne pas me contenter de dire "j'aime pas, point barre".

Il y a je crois un certain nombre de films dans lesquels il faut parvenir à plonger pour en apprécier aussi bien l'ensemble que les nuances, mais on y trouve alors généralement une progression palpable, une évolution, voire des rebondissements, ou même un simple enjeu. Ici, tout cela m'a manqué...

Mais enfin, je suppose que je ne suis pas très sensible à ce fameux spleen d'adolescente, je n'aime Virgin Suicides que par passages, et Lost In Translation m'a plu principalement grâce à Bill Murray (et puis aussi grâce à Scarlett Johansson, que je préfère personnellement à Kirsten Dunst, mais bon, ça... :roll: ).
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Eusebio Cafarelli
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Message par Eusebio Cafarelli »

"Marie-Antoinette" reçoit le prix de l'Education nationale (sic)
Le Prix de l'Education nationale a été décerné dimanche à
"Marie-Antoinette" par un jury de dix membres de la communauté éducative et
professionnelle, présidé par l'écrivain et réalisateur Frédéric Mitterrand".
"Le film a été choisi pour son intérêt cinématographique et pédagogique et
ses qualités artistiques", (re-sic) précise le jury dans un communiqué. Afin
d'être utilisé en classe, ce film "donnera lieu à la création d'un dvd-rom
pédagogique qui en facilitera l'approche et invitera à l'analyse et au débat
avec les élèves".
Les précédents lauréats de ce prix ont été
"Cinéma, aspirines et vautours" de Marcelo Gomes (2005),
"La vie est un miracle" d'Emir Kusturica (2004)
et "Elephant" de Gus Van Sant (2003).
still a Little Bastard
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Message par still a Little Bastard »

Memento a écrit :A la sortie de Virgin Suicides, son premier film, Sofia Coppola annonçait déjà la couleur : « Ce que je préfère, c'est créer une atmosphère. A mes yeux, l'intrigue est secondaire. »
Merci de tes lumières, Memento. :D
De fait, cette déclaration rend caduc tout reproche fait à la cinéaste concernant la narration quelquefois singulière de ses films. C'est un peu comme si on reprochait à Debussy de ne pas écrire en contrepoint, ou à Paul Eluard de délaisser l'hexamètre dactylique: ça n'aurait pas de sens...

Il est vraiment bien ton texte, by the way.

Juste pour pinailler: elle est tirée d'où cette citation ?
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Xavier
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Message par Xavier »

still a Little Bastard a écrit :
Memento a écrit :A la sortie de Virgin Suicides, son premier film, Sofia Coppola annonçait déjà la couleur : « Ce que je préfère, c'est créer une atmosphère. A mes yeux, l'intrigue est secondaire. »
Merci de tes lumières, Memento. :D
De fait, cette déclaration rend caduc tout reproche fait à la cinéaste concernant la narration quelquefois singulière de ses films.
Le problème c'est que l'atmosphère qu'elle s'attache à créer est la même de film en film...
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Message par still a Little Bastard »

Xavier a écrit :Le problème c'est que l'atmosphère qu'elle s'attache à créer est la même de film en film...
Malgré des similarités évidentes entre les trois premiers films de la cinéaste (Sofia Coppola elle-même parle volontiers de trilogie), il me semble que ses films (en partie à travers leurs atmosphères respectives, justement) sont assez différents. Cependant le contraire serait-il vraiment une tare ? Doit-on reprocher à David Lynch de recréer certaines mêmes atmosphères dans plusieurs de ses films ?
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Message par Alex Blackwell »

still a Little Bastard a écrit :
Xavier a écrit :Le problème c'est que l'atmosphère qu'elle s'attache à créer est la même de film en film...
Malgré des similarités évidentes entre les trois premiers films de la cinéaste (Sofia Coppola elle-même parle volontiers de trilogie), il me semble que ses films (en partie à travers leurs atmosphères respectives, justement) sont assez différents. Cependant le contraire serait-il vraiment une tare ? Doit-on reprocher à David Lynch de recréer certaines mêmes atmosphères dans plusieurs de ses films ?
tout dépend de la force du propos. perso Virgin suicides m'a indifféré sans me déranger plus que cela, Lost in translation est peut-être le film le plus mièvre que j'ai jamais vu, il est évident que je ne me déplacerai pas pour voir ce dernier opus.

Mais sinon, je suis tout à fait d'accord avec la règle énoncée: l'intrigue est secondaire dans un film
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still a Little Bastard
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Message par still a Little Bastard »

Alex Blackwell a écrit :tout dépend de la force du propos. perso Virgin suicides m'a indifféré sans me déranger plus que cela, Lost in translation est peut-être le film le plus mièvre que j'ai jamais vu, il est évident que je ne me déplacerai pas pour voir ce dernier opus.

Mais sinon, je suis tout à fait d'accord avec la règle énoncée: l'intrigue est secondaire dans un film
Donc tu es aussi d'accord sur la question de la répétition: ce que tu mets en cause, ce n'est pas la récurrence de certaines atmosphères à travers les films de la cinéaste, mais la nature de ces atmosphères...
Alex Blackwell
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Message par Alex Blackwell »

still a Little Bastard a écrit :Donc tu es aussi d'accord sur la question de la répétition: ce que tu mets en cause, ce n'est pas la récurrence de certaines atmosphères à travers les films de la cinéaste, mais la nature de ces atmosphères...
absolument, il y a atmosphère et atmosphère
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Message par AlexRow »

Eusebio Cafarelli a écrit :"Marie-Antoinette" reçoit le prix de l'Education nationale (sic)
Drôle de choix. Ce n'est pas du tout le propos du film.

"Cinéma, aspirines et vautours" de Marcelo Gomes (2005),
"La vie est un miracle" d'Emir Kusturica (2004)
et "Elephant" de Gus Van Sant (2003).
Je ne connais que les deux derniers. Je les trouve beaucoup plus appropriés pour un usage en clase.
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Message par Nardiello »

Il est facile d'admettre que la récurrence des atmosphères n'est pas un problème quand on a le génie de David Lynch (chez qui d'ailleurs l'intrigue n'est pas secondaire pour autant... cette "règle" me paraît totalement absurde). Certes la répétition n'est pas une difficulté en elle-même, mais elle peut quand même rapidement devenir un motif d'exaspération important dès lors que l'on a du mal à adhérer à ce qui est proposé. Une oeuvre un peu fragile peut marcher une fois, peut-être pas deux, et encore moins trois.
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