NINJA 2 : ULTIME VIOLENCE
Au début des années ’80, les films d’arts martiaux redeviennent populaires auprès des Américains et les vidéoclubs popularisent le kung-fu et ses stars asiatiques comme Jackie Chan ou Hwang Jang Lee. Désireux de varier les plaisirs, Menahem Golan s’intéresse pour sa part à l’organisation japonaise secrète des Ninjas, alors quasiment inconnue du grand public. La Cannon produit ainsi un honnête IMPLACABLE NINJA, filmé aux Philippines, qui donne la vedette à l’ex-star du western Franco Nero. A ses côtés, le film laisse le quasi débutant Sho Kosugi incarner le méchant « ninja noir » mais aussi doubler un Nero peu à l’aise dans le costume sombre. Impressionné, Golan propose à Kosugi de devenir la vedette d’une pseudo-séquelle délocalisée aux Etats-Unis, NINJA 2 : ULTIME VIOLENCE (aka REVENGE OF THE NINJA). Rapidement, le projet oublie tout lien avec L’IMPLACABLE NINJA, excepté la présence de Sho Kosugi, lequel campe ici Cho, chassé du Japon après le massacre de sa famille. Réfugié aux USA en compagnie de son jeune fils, Cho ignore que son magasin de poupées sert de couverture à une importante exportation de drogues. Lorsqu’il le découvre, Cho se dresse contre les trafiquants mais ceux-ci possèdent une arme redoutable : un guerrier ninja surentrainé. Cho doit donc réendosser le costume noir et suivre à nouveau la voie du ninjustu pour faire triompher la justice !
Très populaire à sa sortie, NINJA 2 : ULTIME VIOLENCE fut un incontournable des vidéoclubs et lança véritablement la folie « ninja » initiée par le premier métrage. Durant cinq ans, les guerriers en combinaisons noires dominèrent le marché de la série B martiale. Innombrables, ces petites productions souvent lamentables (on pense aux bricolages de Godfrey Ho) furent pourtant immensément populaires avant de laisser la place à la mode du kickboxing suite au triomphe de BLOODSPORT à la fin des années 80. Durant toute cette époque, Sho Kosugi devint, pour beaucoup, synonyme de ninja puisqu’on le retrouve dans NINJA 3 : LA DOMINATION puis AMERICAN NINJA (alias NINE DEATHS OF THE NINJA) et PRIERE POUR UN TUEUR. Toutefois, la Cannon finit par le délaisser et lui préférer le plus occidental Michael Dudikoff qui le remplace dans le cœur des fans avec la saga AMERICAN NINJA / AMERICAN WARRIOR. Kosugi doit donc se résoudre à retrouver des seconds rôles de méchants combattants dans L’ARME ABSOLUE (où il défie Van Damme) et VENGEANCE AVEUGLE (face à Rutger Hauer) avant de se retirer des écrans au début des années ’90. Récemment, James McTeigue, sans doute par clin d’œil, lui offrit toutefois une apparition dans le décevant NINJA ASSASSIN.
Emballé par le spécialiste Sam Firstenberg (il tourna quatre autres « ninjaterie » puis DELTA FORCE 3) qui multiplie approximations et faux raccords, NINJA 2 : ULTIME VIOLENCE demeure cependant divertissant et un peu plus professionnellement dirigé que la majorité des séries Z similaires tournées par la suite. Son intrigue, basique, se tient à peu près (et évite le complet n’importe quoi des NINJA TERMINATOR et autre CLASH OF THE NINJAS) et propose le lot de gadgets débiles attendus (dont une boucle de ceinture équipée de shurikens) sans verser dans le complet n’importe quoi.
Si les personnages, réduits à l’état de silhouette, sont évidemment de complets clichés, les combats et cascades restent amusants et parviennent à faire illusion pour les plus indulgents. Bien sûr, depuis la découverte de Donnie Yen ou Tony Jaa, les chorégraphies de NINJA 2 : ULTIME VIOLENCE s’apparentent plus à des démonstrations de patronage qu’à des affrontements épiques mais le style « ninja » se révèle dans toute sa splendeur durant l’interminable duel final. Sur le toit d’un immeuble, Sho Kosugi affronte longuement le méchant, lequel peut apparemment se changer en mannequin pour rendre plus palpitante la partie de cache-cache géante entre les deux adversaires qui, peu sportifs, usent également de fumigènes. Le combat n’en finit pas mais donnera le sourire aux inconditionnels de bastons « ninja ».
Quelques méchants caricaturaux (dont un redoutable Indien), une blondasse vulgaire abonnée au plan « petite culotte » (Ashley Ferrare, revue dans le CYCLONE de Fred Olen Ray…et c’est tout), les fistons de Kosugi (Kane, ensuite vedette du NINJA 2 d’Isaac Florentine et Shane en figurant), une bonne dose de violence saignante (souvent largement censurée dans les copies disponibles)…bref la totale du cinéma d’exploitation destiné à remplir les étagères des vidéoclubs d’antan.
Si tout ça accuse le poids des années, NINJA 2 : ULTIME VIOLENCE n’en reste pas moins plaisamment sympathique et suffisamment rythmé pour éviter au spectateur tout sentiment d’ennui. L’équilibre délicat entre « film d’action sérieux » et « nanar déjanté » fonctionne moyennement (le second aspect l’emportant largement) mais le tout demeure un divertissement très acceptable et surtout mieux ficelé que la majorité des productions concurrentes. 80 minutes de fun sans prise de tête, cela ne se refuse pas !