C'est sur cette phrase que je me permettrais d'insister parce que pour ce qui l'entoure, en lien avec ce que tu me quotes, on dit peu ou prou les mêmes choses.
Ce que j'appelle "fraîcheur" n'est pas la marque de fabrique de son cinéma. Je pense que tu confonds "perfection artisanale" avec "fraîcheur". La "fraîcheur", dans ce cas pour moi, c'est cette perfection doublée d'un délié sobre, précis dans ces effets. Une netteté de trait dont seule l'expérience, et là je suis obligé de brandir le demi-siècle de pratique du réalisateur au sein des studios, permet le surgissement. J'ai aimé The Fabelmans parce qu'il fait montre d'une aisance, d'un naturel, d'un concentré d' absence d'épate que je ne trouve pas si éclatants dans la filmographie antérieure.
Flol, quelque part plus haut, a dit un truc qui m'a interpellé : il a enfin trouvé rien à redire à la photo de Kaminski. J'abonde dans ce sens : l'image du film m'a parue là encore d'une netteté, d'une douceur en termes de colorimétrie extrêmement séduisantes, riches, jamais dégoulinantes. L'œil est à la fois stimulé et reposé. La séduction ne se contente pas de la surface de l'écran, elle s'immisce plus en profondeur, scintille, presque cristalline. C'est le regard d'un cinéaste qui se pose, et le point de vue est celui du temps qui passe, de la vieillesse naissante. C'est assez émouvant à voir.
Et, pour en revenir aux caïds, je persiste et signe. Pour un peu toutes ces raisons, les clichés vus mille fois des mecs qui cherchent les crosses en tapant sur les armoires métalliques des vestiaires me paraissent rafraîchis par la manière apaisée et en même temps pleine d'assurance de Spielberg.