Demi-Lune a écrit :Entièrement d'accord avec cela (...) chapeautés par David Fincher ?
Pour moi, le cas de Armie Hammer dans
The Social Network est moins problématique car, bien que dédoublé, l'acteur est "réel" : sa (double) prestation est la sienne. C'est lui qui imprime à l'écran ce qu'il veut faire passer, sans passer par un filtrage ou une remodélisation numérique. Et puis entre nous, Cronenberg et Jeremy Irons le faisaient déjà, avec le même brio éblouissant, il y a plus de vingt ans.
Encore une fois, le plus grand problème à mes yeux demeure la transformation de l'humain en être virtuel, a forceriori lorsque cette transformation vise justement à ne pas être perçue, à un remplacement du modèle réel. Je le répète, mais c'est ce qu'annonce ni plus ni moins un film comme
Avatar, où le sujet-même (le héros "réel" choisit d'abandonner son enveloppe charnelle au profit de son double, son doppleganger virtuel) agit comme sous-texte quasi explicite à ce qu'opère le film : l'humain est en train de disparaître, les acteurs vont être remplacés par des doublures virtuelles. Il y a un discours que je trouve très ambigu dans ce film, dans cette apologie de l'abandon du réel au profit d'une fuite dans un virtuel qui serait porteur des promesses les plus séduisantes, les plus folles. Cameron n'en est pas encore à brouiller complètement les repères (il prend le soin de faire de ses créatures des êtres bleus de trois mètres de haut, et coupe ainsi court à la substitution complète), mais bientôt, on verra des êtres virtuels que l'on prendra pour des acteurs réels.
Or, et tu me rejoindras peut-être là-dessus, l'émotion que je prend face à la texture tactile de la peau, à la force d'un sourire, à l'expressivité des traits, des regards, des larmes, au charisme d'un personnage, au rayonnement d'un acteur... tout cela tient en grande partie au rapport de confiance qui me lie au film et à l'acteur. En d'autres termes, je suis ému parce que je sais que derrière, il y a un acteur qui met ses tripes, qui s'implique, qui s'abandonne à la caméra. Si on me fout ça par terre, je

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EDIT par rapport au message de Strum
Tout mon propos ne s'applique pas du tout à la notion de doublure (cascadeurs, etc), qui est complètement autre chose. Je n'ai aucun problème avec le fait de faire croire au spectateur (et encore, seulement dans la logique du
suspension of disbielief qu'implique tout visionnage de film) qu'un acteur exécute des choses impossibles. Et c'est bien pour ça qu'ici, le dossier Portman ne me fait ni chaud ni froid. L'objet de mon inquiétude est tout autre.
C'est lorsque l'on vise à remplacer l'acteur/l'humain/le réel, dans son usage le plus intime, le plus domestique, le plus intime, par un virtuel qui se fait passer pour lui, que ça commence à me poser probème.