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Publié : 4 juin 06, 14:58
par Gounou
AlexRow a écrit :Sur ces scènes particulièrement, le décalage ne m'a pas paru judicieux : elles ne jouent pas dans le registre de l'intime mais dans celui de l'éclat. Une musique baroque aurait été bien plus indiquée. Et d'un point de vue purement musical, ces morceaux m'ont paru être les plus faibles et les plus "datés" par les sonorités choisies. Pour les autres passages, j'ai plutôt été ravi.
Je suis assez d'accord pour le morceau de The Cure, lors de la descente des marches succédant au couronnement, mais elle s'enchaîne assez bien avec Ceremony de New Order, utilisée pour illustrer l'ivresse des soirées royales...
Par contre, je trouve le morceau de The Radio Dept. (I Don't Like It Like This) tellement bon que j'aurais bien du mal à dire s'il colle ou non avec l'arrivée à Versailles. :)

Publié : 4 juin 06, 15:13
par Ous
J'en reviens il a quelque jours d'avec mon très cher ami Gounou, le temps d'un peu de gestation, quelques mots :

Oeuvre brillante à mes yeux. 5 / 6 pour le sondage. Surement un 6 / 6 pour son dernier volet, si l'on prend la triologie sur la jeune femme adolescente dans son entier.

Marie Antoinette, Reine hors de son temps. Cocoonée de tout côté. Prise entre responsabilité monarchique et insouscience permanente. Là est tout le jeu du film. Comment le personnage de la reine disparait sous les traits d'une jeune fille qui ne pense qu'à faire la fête. Le talent de Coppola est d'arriver en seulement qq minutes à faire disparaitre tout aspect souverain. Comment faire ? Entrer dans l'intimité. Faire du Kubrick. S'affranchir des barrières conventionnelle en nous exposant un corps de jeune fille nue. Evidement une fois cette barrière tombée, l'attachement au personnage est instantanné. Fille ? Amante ? Dégout ? Identification ? Tant de sentiment qui sont différents suivant le spectateur. Mais qui permette de faire table rase de tout le reste, et construire un personnage en décalage.

En décallage evidement c'est là toute la texture du film. A l'image de cette musique, de tous ces personnages qui sont tellement dans l'air de notre temps, à l'image des couleurs limite pop. De tout ce que Marie Antoinette Créé autour d'elle.

Car il s'agit bien de cela. Son regard malin dès le premier plan. Regardez. Venez voir. L'invitation de Marie Antoinette à voir son univers, bien evidement on le comprend très vite, celui de l'adolescence. Tout ce qui l'environne est à sa couleur. Elle tisse petit à petit son jeu, ses envies, son côté chipie. Qui a des teintes de Virgin Suicides... Il fallait que je le case. Mais cet univers projeté sur les murs ca me rappelle un certain WkW... Hitckock ? Welles ?... Amusant alors de se constater comme son personnage est perdu dans les couloirs ( du temps ? ) lorsqu'elle est rappellée à la réalité de Reine.... Vous savez ? Quand elle court d'un pas maladroit vers on ne sait pas quoi.... Un flou dominant... Voir aussi la fin seule dans son chateau ou encore l'excellent dernier plan !


Le temps dans le film... Comme il est brillament gérée... au travers de ces courses qui chapitrent le film oui.... Au travers de l'utilisation des Jump Cut. Discret mais répartis dans tout le film. Mais aussi au travers de ces magnifiques tableaux vivants. Tout le film joue sur la confrontation Moderne / Classique. Alors que nous évoluons dans un univers fictionnel, univers que la petite Marie Antoinette frivole se complet à vivre, elle est soudainement ramenée à ses devoirs de Reine par un tableau vivant. Je trouve ca d'une intelligence rare. Peinture témoignage d'un temps figé, à la manière d'une photographie. J'adore... Voir aussi la séquence musicale d'accrochage et décrochage des tableaux, où la mort du troisième enfant est suggéré. On retourne progressivement vers l'histoire...
Le film en son entier est clairement éliptique, mais avec une telle maitrise. Bravo.

Un petit mot aussi sur le montage brillant de la séquence de petite soirée entre jeunes sous la tente. Ou chacun doit trouver qu'il est sur son front. Les questions sont juxtaposés. On retrouve les questionnements premier d'adolescence et ceux de tous les films de Coppola, ceux de l'idéntité.

Bravo encore pour cette oeuvre résolument moderne. La maitrise en est parfaite. Je suis conquis, et il était temps, ca faisait longtemps que je ne m'étais pas autant régalé devant un film au cinéma... Depuis Three Times surement... ( hum les intérieurs exterieur.... y a de ça )

N'hésitez pas à pointer ce que vous avez vu pour que l'on puisse faire avancer la reflexion ! Merci à vous :)

A bientôt

Ous

Publié : 4 juin 06, 15:57
par Gounou
Fan Rita a écrit :(.......................)La seule chose, le film n'aurait pas dû s'appeler MA, cela aurait évité quelques déceptions.
Je viens juste de lire "tout ça" et, hum, excuse-moi mais... calée sur le sujet comme tu sembles l'être, qu'es-tu allé chercher dans ce film, exactement?... en fait, es-tu seulement allé voir un film de Cinéma? ... :mrgreen: :|

Publié : 4 juin 06, 22:06
par AlexRow
Ous a écrit :Tout le film joue sur la confrontation Moderne / Classique.
Je ne le vois pas comme une confrontation mais plutôt comme une connivence. Au-delà de l'étiquette de cour et de la pompe cérémonielle, la réalisatrice nous invite à découvrir des humeurs et des émotions humaines et hors du temps. Elle abolit la distance au lieu de la creuser.

S'il ya confrontation, elle se place plutôt entre la sphère de la vie publique, à laquelle Marie Antoinette est sacrifiée, et celle de l'intime, finalement proche de nos expériences personnelles.

Publié : 4 juin 06, 22:22
par Ous
Tout a fait AlexRow. Je n'ai pas utilisé le juste mot. Dans confrontation je n'y vois pas une rivalité. Mais le film se joue de deux univers, chacun a sa couleur, sa musique etc... comme dit au dessus :)

Publié : 5 juin 06, 12:08
par still a Little Bastard
Ous a écrit :Alors que nous évoluons dans un univers fictionnel, univers que la petite Marie Antoinette frivole se complet à vivre, elle est soudainement ramenée à ses devoirs de Reine par un tableau vivant. Je trouve ca d'une intelligence rare. Peinture témoignage d'un temps figé, à la manière d'une photographie.
Je trouve cette analyse très pertinente (comme l'ensemble de ton texte, d'ailleurs).

Image

Publié : 5 juin 06, 12:25
par Nancy Allen
c'est l'histoire d'une MÈRE et d'une ÉPOUSE qui fait comme elle peut mais qui assume, et rien que pour ça, c'est une femme formidable

Publié : 5 juin 06, 14:31
par still a Little Bastard
Ous a écrit :Voir aussi la fin seule dans son chateau ou encore l'excellent dernier plan !
Spoilers ahead 1in
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Quel est-il ce dernier plan, déjà ? :oops:
La dernière scène montre le couple royal emmené dans un carrosse, mais le plan final est-il de l'intérieur de ce carrosse, ou des jardins du palais ?

Publié : 5 juin 06, 14:32
par Holly Golightly
still a Little Bastard a écrit :
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Quel est-il ce dernier plan, déjà ? :oops:
La dernière scène montre le couple royal emmené dans un carrosse, mais le plan final est-il de l'intérieur de ce carrosse, ou des jardins du palais ?
Spoiler (cliquez pour afficher)
La chambre de Marie-Antoinette dévastée, non ? :idea:

Publié : 5 juin 06, 14:34
par still a Little Bastard
:oops:

Thanks.

Publié : 5 juin 06, 15:08
par Cosmo Vitelli
Swan a écrit :On rappellera néanmoins qu'un certain Joe d'Amato apparaît au générique de The Host.
Un certain Michel Conche (que les afficionados de Vercingetorix vénèrent) apparaît dans celui de Marie-Antoinette :?

Publié : 5 juin 06, 15:10
par Cathwoman
C'est très très très beau. Les décors et les costumes sont magnifiques. Les acteurs sont excellents (même Louis XVI, qui ne fait pas l'unanimité apparemment, mais que j'ai trouvé au contraire très juste dans l'interprétation de ce roi timide, un peu balourd, mais personnage de devoir et profondément amoureux de son épouse).
Les quelques anacronismes ne m'ont pas trop dérangée. En revanche, j'ai vraiment tiqué sur les tableaux refaits de Mmme Vigée-Lebrun : quelle horreur :shock:

Je suis également restée un peu sur ma faim, l'histoire aurait pu se prolonger après la fuite à Varennes :(

Sinon, je croyais que rien n'était certain quant à la réalité de la liaison de la reine avec Fersen. Sofia Coppola met à bas cette incertitude. On sait d'où elle tient ça ?

Publié : 5 juin 06, 15:13
par Aliocha
Jason Schwarztman dans le rôle de Louis XVI est pour moi l'acteur le plus émouvant. Sinon le film est extrèmement mauvais et c'est un comble quand on a tant de moyens.

Publié : 5 juin 06, 15:20
par Holly Golightly
Cathwoman a écrit :Sinon, je croyais que rien n'était certain quant à la réalité de la liaison de la reine avec Fersen. Sofia Coppola met à bas cette incertitude. On sait d'où elle tient ça ?
Peut-être de la biographie de Antonia Fraser consacrée à Marie-Antoinette, dont Sofia Coppola s'est énormément inspirée. Mais je pense que c'est plus sa vision à elle. A mon sens, pour moi qui adore le film, c'est un des rares moments où elle est à côté de la plaque. C'est vrai qu'on n'a pas la moindre certitude que cette idylle ait été plus que platonique, mais en revanche, on sait, par leur correspondance, par des témoignages, qu'ils se sont aimés, très fort et très tendrement. Pour beaucoup d'historiens, MA a été l'amour de la vie de Fersen, et réciproquement pour MA. Là, dans le film, il n'a presque pas d'importance ; pour parler vulgairement, il n'est qu'un bon coup d'une soirée, et personnellement, j'ai trouvé dommage de traiter cet épisode comme ça.
Après, vu les talents d'acteurs visiblement épouvantables de la gravure de mode qui tient le rôle de Fersen, ce n'est peut-être pas un mal qu'on ne le voye pas plus.

Publié : 5 juin 06, 15:41
par still a Little Bastard
Aliocha a écrit :Sinon le film est extrèmement mauvais et c'est un comble quand on a tant de moyens.
Cette phrase est inepte. Non, le film n'est pas "extrêmement mauvais", et non, il ne suffit pas d'avoir beaucoup de moyens pour faire un bon film.