Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
John Constantine
Un Justicier dans la Cuisine
Messages : 10337
Inscription : 4 juin 03, 20:30
Localisation : Bolivie

Message par John Constantine »

Jack Griffin a écrit :Lola, une femme allemandeOn veut bien croire Schukert quand il nous sort que Barbara Sukowa est la plus belle femme du coin. Beauté, pas froide, mais un peu retrait avec laquelle on a un peu de mal à s'y faire. Fassbinder ne lui colle pas aux basques comme il le fait avec Shygulla et Lola garde une part de mystère et d'ambiguité qui se rappelle encore à nous dans les dernières minutes...

Ce n'est pas déplaisant mais ça rend le film moins franc que le premier de la trilogie. J'ai eu l'impression qu'on y perdait peut être aussi en ampleur, en complexité et aussi en émotion.
Marrant mais à mesure qu'on avance dans les 3 films, les héroïnes se déincarnent progressivement, ce qui peut rendre problématique l'identification à l'héroïne de mélo. C'est encore plus flagrant dans Veronika Voss, où la stylisation et la lumière font que Veronika n'est jamais la même physiquement dans tel ou tel plan (et ironiquement, elle est incarnée par Rosel Zech, qui jouait déjà dans Lola, et que j'ai eu du mal à reconnaître). J'ai l'impression que RWF devait avoir conscience de la redite de Lola par rapport aux thèmes de Maria Braun - émancipation, normalisation, acceptation par la société - et s'est un peu plus penché sur la forme, même si celle ci colle au fond : c'est les couleurs de Minelli et Sirk - faudrait que je retrouve la liste complète des films visionnés par RWF et son chef op pour Lola - ramenées au trivial, aux chiottes. Une distance ironique entre la flamboyance et la parfaite vulgarité. Le reproche que je fais à Lola et Veronika est d'avoir des scripts bof ou du moins pas très impliquants, des héroïnes marionnettes mais en phase avec le côté manip', oppression des femmes cher au gars. La forme y est vraiment l'héroïne et elle est belle. :o
Puissant, corrompu et menteur
Image
You two do make a charming couple though, you're both, what's the expression, damaged goods.
Bob Harris

Message par Bob Harris »

Tous les autres s'appellent Ali

Magnifique relecture de Tout ce que le ciel permet avec la Fafa's touch. Sublime de bout en bout. Le couple si improbable devient tout à fait évident.

Le Café

Je croyais voir un film, j'ai vu du théâtre filmé. Un décor tout vide avec que des chaises, avec la troupe de l'AntiTeater qui récite mollement des dialogues qui deviennent incompréhensibles quand on n'arrive plus à se concentrer au bout de vingt minutes. C'est tellement bavard et chiant que je me suis cassé au bout d'une heure. Faut dire que la projection, c'était n'importe quoi, on aurait cru une VHS usagée qui doit dater de 20 ans.

Rio Das Mortes

Amusante oeuvre de jeunesse qui rappelle un peu les premiers Godard. Pas génial mais ça reste intéressant...


D'ailleurs, je me rends compte que les Fassbinder qui m'ont le plus enthousiasmé jusqu'ici sont ceux qui sont sortis en DVD ou qui font partie de la rétro Carlotta (qui sortiront d'ailleurs en DVD à l'automne).
John Constantine
Un Justicier dans la Cuisine
Messages : 10337
Inscription : 4 juin 03, 20:30
Localisation : Bolivie

Message par John Constantine »

Querelle

Le Suspiria du film gay et lesbien me laisse partagé. D'un côté, un Brest de théâtre de pacotille sublime filmé dans une autre dimension, avec des piliers en forme de bite et des GI affublés d'impers de la Gestapo. Un monde foutument irréaliste, une utopie selon RWF. Un scénar intrigant, fantastique où en guise de dernier film, RWF aborde frontalement des thèmes religieux - croix, dolorisme - sans la distance du Voyage à Niklashausen. Maintenant, l'apparente éducation catho de RWF, lui si matéraliste-faits-de-société, ouvre une lecture intéressante de ses films, notamment dans sa peinture systématiques des victimes et boucs émissaires. Pour le reste, jeu rituel des acteurs [Brad Davis en croisement de Joe Don Baker jeune et Mark Walhberg], résumé des tics de RWF : cabaret, éclairages à la Lola, sexe ruisselant filmé comme dans Maria Braun... et un retour à l'irréalisme des premiers films, irréalisme friqué-très-friqué couplé à ses essais fauchés de théâtre filmé.

Ce qui me gêne plus, c'est que le film porte la patte d'un gars parfaitement conscient de ses effets, de son aura. C'est pas un blockbuster mais ressemble à un truc calculé pour faire chauffer les cerveaux, masturber le critique, avec une triple distanciation : Franco Nero causant à son magnéto Sony, narrateur voix-off appuyant tout, "revenons sur ce qui s'est passé" et cartons blancs à citations intellos sur l'art, ce genre de trucs. Houlà. Il me faut revenir au bouquin de Genet pour faire la part entre l'apport de RWF et le texte de Genet - le film se présentant comme "étant à propos du Querelle de Brest de JG" -, mais RWF semble avoir voulu foutre trop de choses alors qu'on l'a connu plus économe. Une citation en exergue d'un film chez lui avant Querelle ouvrait des tas d'espaces. Là, RWF se prête à la pose, surligne, dessine des bites à la craie sur des bites en pierre. Visuellement, et dans certains aspects de l'intrigue - le thème du double -, c'est souvent fascinant mais un peu lourd. A revoir avec le Genet en tête.

Bonus de la projo : interview de Jeanne Moreau avec un blouson syntéthique moche et en mode diva au journal télé de 82 et le contraste piquant entre la dernière interview de RWF avant sa mort - pathétique en Orson Welles pas réveillé-camé - et des images de tournage de Querelle, où il est pro, concentré et fait servir de la noix de coco à son équipe.
Puissant, corrompu et menteur
Image
You two do make a charming couple though, you're both, what's the expression, damaged goods.
Bob Harris

Message par Bob Harris »

Le Monde sur un fil

Long, trop long... Mais content de l'avoir vu. J'aime bien la première heure, qui fonctionne comme un film noir à la Chandler, puis ça s'étire pas mal dans ses répétitions thématiques sur la virtualité (comme si on n'avait pas encore compris, mais à l'époque, ça devait être vachement impressionnant...) On est beaucoup plus proche de l'essai philosophique (la caverne de Platon, les projections mentales de nous-mêmes, etc...) plutôt que du film de SF, ce qu'il n'est pas vraiment. Heureusement, la dernière partie, tout à fait inattendue par sa touche romantique, est magnifique.

Meilleur moment du film : la cascade de Klaus Lowitch qui sort de la maison cinq secondes avant son explosion.
Bob Harris

Message par Bob Harris »

Et puis ça vaut pas la trilogie Matrix. :o
Bob Harris

Message par Bob Harris »

John Constantine a écrit :Querelle.
Vu il y a longtemps, je n'avais pas vraiment accroché, je me disais que mon avis allait peut-être changer maintenant, mais tu ne me rassures pas vraiment... :? (de plus, j'avais aussi vu Le Droit du plus fort la même année, et j'avais adoré...)
Avatar de l’utilisateur
Jack Griffin
Goinfrard
Messages : 12390
Inscription : 17 févr. 05, 19:45

Message par Jack Griffin »

John Constantine a écrit :Querelle
ça suinte, c'est assez irréaliste, fermé, pesant et RWF colle donc bien à l'esprit ce que j'ai pu lire de Genet (le journal du voleur) et la rencontre entre les deux hommes apparaissait comme une évidence...Pourtant l'adaptation ciné a de quoi rebuter et comme le dit John, le film reste finalement peu confortable tellement toute l'entreprise est phagocytée par un aspect très littéraire (à la manière d'Eiffi Briest) fait de carton, de voix off etc...On ne se centre sur rien et on contemple ce Brest reconstitué de loin ,sans qu'on nous permette de créer une réelle attache. L'oeuvre est difficile, belle de loin. Peut être tout cela manque t il de réels moments de magie comme Fassbinder peut nous y habituer..De cette première vision je retiens surtout un décor, des couleurs, une atmosphère...mais j'y reviendrai surement plus tard pour y trouver quelque chose d'édifiant.
Bob Harris

Message par Bob Harris »

Jack Griffin a écrit :fagocitée
phagocytée.
Avatar de l’utilisateur
Ouf Je Respire
Charles Foster Kane
Messages : 25966
Inscription : 15 avr. 03, 14:22
Localisation : Forêt d'Orléans

Message par Ouf Je Respire »

Bob Harris a écrit :
Jack Griffin a écrit :fagocitée
phagocytée.
Fagot six thés?
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
« Toutes choses sont dites déjà ; mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer. » André Gide
John Constantine
Un Justicier dans la Cuisine
Messages : 10337
Inscription : 4 juin 03, 20:30
Localisation : Bolivie

Message par John Constantine »

L'ombre des anges - D. Schmid

L'un des 2 ou 3 films que je ne voulais pas rater durant cette rétro. RWF demande à son ami Schmid de réaliser en 76 l'adaptation de sa pièce L'ordure, la ville, la mort qui lui avait valu quelques problèmes : accusations d'antisémitisme par le truchement d'une réplique "j'aurais voulu que le Juif riche soit gazé pendant la guerre, qu'il suffoque" et la figure du personnage du Juif riche, qui est riche, circoncis, spécule et s'en tire. Fassbinder interdira que la pièce soit jouée de son vivant et le film - descendu par Lanzmann et défendu par Deleuze - ne résoudra rien. La patte de RWF y est bien sûr grosse - scénar mais aussi interprétation et présence de sa troupe.

Alors, ça donne quoi? Un film froid, abstrait, bien sûr théâtral, avec une réplique sentencieuse toutes les minutes, tellement sentencieuse qu'on les oublie sauf un joli le monde est trop petit et toutes les pensées du monde menacent de le déséquiliber et que ça menace de virer à la caricature de film teuton-intello. Ingrid Caven - idéale, forcément - est une pute exploitée par son mari bi [Fassbinder]. Elle a une mère handicapée, un père travelo et a pour client le Juif riche, qui la paie plus pour l'écouter parler qu'autre chose. Le scénar s'acharne à peindre un monde plombé, où la Ville est accusée de tous les maux, de phagocyter ses habitants. Il n'y a aucun réalisme - notre Jean-Claude Dreyfus national est censé incarné un nabot - mais comme toujours chez RWF, c'est censé nous ramener à notre, où plutôt le monde conçu par RWF en 1976 : exploitation, SM, l'amour perçu comme faiblesse, tentation facho, en fait toutes les obsessions de RWF mais ici empilées comme à la décharge, avec une violence incroyable, brouillonne, sans faire de cadeaux et parfois maladroitement. Coins à tapin, appartements vides, chat noyé, atmosphère de fin du monde, le film est souvent fascinant par sa sécheresse. RWF rajoute une couche religieuse avec une drôle de pietà où RWF fait Jésus, un travesti incarne Marie et pas loin, Ingrid Caven-Marie-Madeleine. Il faudra juste accepter le jeu théâtral de tout le monde, l'antipathie générale, l'impossibilité d'identification.

Antisémite? RWF applique son absence d'angélisme à toutes les victimes, exclus de la société : homos, immigrés, vieux, prolos et juifs. Ce n'est pas le judaïsme du personnage qui importe ici, c'est le fait qu'il soit riche, un capitaliste. Chez RWF, le monde est tellement déprimant, violent qu'il transforme les victimes en bourreaux et est entretenu par ceux-ci [le Juif riche fait de l'immobilier, donc il entretient ce monde déprimant]. Il y a probablement une maladresse de sa part d'avoir donné un nom à tous ses personnages, sauf au Juif riche, qui dès lors, a l'air d'un archétype malsain genre Süss. Mais d'un archétype surtout pour les personnages proto ou ancien/toujours fachos qui infestent le film et semblent se délecter à répéter juif riche à peu près tout le temps. A bien des égards, L'ombre des Anges est le brouillon de L'année des treize lunes - la pute, le sacrifice, le juif spéculateur - mais sans la grâce de ce dernier. On retient de belles séquences : le monologue flippant du nazi sur un lit - incluant la réplique tant décriée plus haut - sur fond de zique parasite de Peer Raben, comme une ébauche de La Troisième Génération et Ingrid Caven traversant une ruelle encadrée par ses collègues péripatéticiennes : tous les trois pas, elle tombe sur les mêmes, effet de déjà-vu fantastique doublé d'un choeur accusateur de théâtre, les putes lui rappelant inlassablement qu'elle a commis une faute, qu'elle ne fait plus partie de leur monde. Ah! La solidarité des marginaux. :o
Puissant, corrompu et menteur
Image
You two do make a charming couple though, you're both, what's the expression, damaged goods.
Max Schreck
David O. Selznick
Messages : 14811
Inscription : 13 août 03, 12:52
Localisation : Hong Kong, California
Contact :

Message par Max Schreck »

John Constantine a écrit :L'ombre des anges - D. Schmidt

L'un des 2 ou 3 films que je ne voulais pas rater durant cette rétro. RWF demande à son ami Schmidt de réaliser en 76 l'adaptation de sa pièce L'ordure, la ville, la mort qui lui avait valu quelques problèmes : accusations d'antisémitisme par le truchement d'une réplique "j'aurais voulu que le Juif riche soit gazé pendant la guerre, qu'il suffoque" et la figure du personnage du Juif riche, qui est riche, circoncis, spécule et s'en tire. Fassbinder interdira que la pièce soit jouée de son vivant et le film - descendu par Lanzmann et défendu par Deleuze - ne résoudra rien.
Ah ouais, c'est cette pièce là ? J'avais vu un doc qui montrait des images des réactions du public à l'époque, et c'était en effet assez violent, limite une affaire nationale. Du coup, c'est clair que ça vaut la peine de voir cette adaptation.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Avatar de l’utilisateur
vic
viking
Messages : 3671
Inscription : 26 avr. 03, 18:37
Localisation : IHTFP

Message par vic »

C'est clair que L'Ombre des Anges est un grand moment. Rien que pour voir Dreyfus se faire traiter de gnome difforme toutes les 5 mns ça valait le déplacement. Dommage que j'étais trop crevé pour lire tous les sous-titres, les dialogues étant souvent d'un croquignolesque achevé... RWF me fait pas dans la dentelle et assène sans répit méchanceté (presque) gratuite, verbiage sentencieux, questionnement existenciel, détails scabreux (on parle bcp de la taille de la bite du fameux Juif Riche) et injures à foison. La séquence d'intro donne le ton : sous un pont, des prostituées et leur clients philosophent amérement sur la nature humaine et Ingrid Caven (vraiment sublime dans ce film) y est décrite comme "tranchante comme le verre" par un client qui a peur de s'y couper. Coté mise en scène, Schmid (qui signera la décennie suivante les très bons Hécate et Hors-saison) se montre plus fassbinderien que Fafa lui-même avec de longs plans dépouillés de tout effet, montage au hachoir et décors (usines en ruine,...) quasiment vides. Le meilleur moment étant le travelling hallucinant (déjà cité par le sieur Constantine) qui voit Caven accablée de tous les maux par ses ex-collègues : je ne pouvais m'empêcher d'imaginer les actrices courant derrière la caméra pour venir se replacer dans le champs. :lol:
Et RWF, en tenue d'aviateur et rangers (quand il n'est pas pieds nus !), révèle, une fois de plus, sa finesse d'interprétation.
Donc chaudement recommandé. (Ca repasse samedi 21 mai à 14h30.)
Image
Unité Ogami Ittô

Withdrawing in disgust is not the same thing as apathy.

*Insane Insomniac Team*
John Constantine
Un Justicier dans la Cuisine
Messages : 10337
Inscription : 4 juin 03, 20:30
Localisation : Bolivie

Message par John Constantine »

vic a écrit :C'est clair que je ne pouvais m'empêcher d'imaginer les actrices courant derrière la caméra pour venir se replacer dans le champs. :lol:

Je les soupçonne d'avoir profité des portes contre lesquelles elles sont adossées pour disparaître et reparaître dans le cadre. :o
Puissant, corrompu et menteur
Image
You two do make a charming couple though, you're both, what's the expression, damaged goods.
Avatar de l’utilisateur
vic
viking
Messages : 3671
Inscription : 26 avr. 03, 18:37
Localisation : IHTFP

Message par vic »

(Il a fallu que j'aille repêcher le topic en 2ème page...)

Deux mots sur Les Dieux de la Peste avant que j'oublie le film : de très beaux moments (Hush Hush Sweet Charlotte, un plan magnifique en hélico, le couple en train de danser du générique d'ouverture, etc), Hannah Schygulla poignante (le plan à la grue où elle court est sublime), Harry Baer et sa voix trainante, quelques scènes hilarantes (la roulette, le bagarre.) L'état des lieux est franchement désolé, en quelque sorte on est pas loin d'Allemagne Année Zéro, et une sorte de mélancolie rageuse contamine tout le film. Peut-être le moins convaincant du tryptique film noir mais du Fassbinder pur jus, garanti sans colorants. Et puis je suis comme Constantine : dans un film comme ça, je suis chez moi, je peux mettre les pieds sur la table et boire de la bière pas fraiche.
Image
Unité Ogami Ittô

Withdrawing in disgust is not the same thing as apathy.

*Insane Insomniac Team*
John Constantine
Un Justicier dans la Cuisine
Messages : 10337
Inscription : 4 juin 03, 20:30
Localisation : Bolivie

Message par John Constantine »

Fassbinder et les femmes (Arte)

Le docu de Rosa Von Prauheim (2000) s'ouvre et se referme avec la première femme entrée dans la vie privée et artistique de RWF : pas Hanna, pas Ingrid mais la pincée Irm Hermann qui n'a pas changé d'un pouce mais accuse d'un léger affaissement de la paupière. Le docu ne s'attache pas au film mais à la vie de RWF version déballage [les ménages à 3, 4] avec les survivantes : Hanna, Ingrid au téléphone mais aussi et surtout Barbara Valentin (la Bardot allemande qui tient le bar dans Ali) et Brigitte Mira. Et des survivants comme Peer Raben (orsonwellisé avec une canne) et Michael Ballhaus (et ses bretelles). C'est parfois indécent - comme le bonhomme - quand la réalisatrice veut faire cracher à Harry Baer qu'en fournissant de la coke à RWF, il a précipité sa chute. Et puis le jour de sa mort, la coke était-elle coupée avec de la strychnine? C'est passionnant quand on voit des images rares privées - RWF en perruque, en cuir - et surtout un petit film tourné à la sortie de chez le maire d'Ingrid et RWF à leur mariage, genre je viens de remplir ma feuille d'impôts. Le docu n'a pas l'air de toucher à la filmo mais vaut surtout au travers des déballages par la démonstration de son magnétisme, l'influence de RWF sur son entourage (Valentin et Ballhaus chialent encore face caméra à l'évocation de sa mort). On touche au coeur de son oeuvre. Comment/pourquoi/parce que un réalisateur démontant les mécanismes d'oppression en tout genre dans ses films a-t-il pu martyriser/caresser sa troupe? La réponse est dans la question et dans le ss-titre du docu : les victimes heureuses de RWF. Et dans le ss-titre du film Effi Briest : ou un grand nombre de gens qui ont une idée de leurs propres possibilités ou besoins et qui pourtant admettent par leurs actes le système dominant dans leur tête et ainsi le renforcent et l'entérinent de bout en bout.

Impudique, un peu. Comme RWF.
Puissant, corrompu et menteur
Image
You two do make a charming couple though, you're both, what's the expression, damaged goods.
Répondre