Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Strum »

Supfiction a écrit : 25 oct. 21, 18:04En revanche, à l’instar de la fin néo-feministe et un brin anachronique du film Eugénie Grandet, je regrette un peu un parallèle un peu trop flagrant avec notre époque, comme si dans ces deux adaptations, Balzac n’était qu’un matériau pour parler d’aujourd’hui (Gianolli n’hésite même pas à parler à plusieurs reprises de fake n...de fausses informations et dans plusieurs scènes on a clairement l’impression qu’il est question des chaînes d’information, ou de Twitter effectivement).

Néanmoins c’est une très belle réussite.
L'anachronique Eugénie Grandet de Dugain était une trahison complète de Balzac avec une fin grotesque - Dugain n'a pas compris le féminisme de Balzac qui était un féminisme d'époque. Ce n'est pas le cas d'Illusions Perdues, un film bien supérieur à tous les points de vue où la modernisation de certaines références reste dans l'esprit du livre qui était une charge impitoyable et rageuse contre la duplicité de la presse. Les "canards", les fausses nouvelles, Lucien qui écrit un article sous un nom dans une revue, puis l'article contraire sous une autre nom dans un autre revue, tout cela est déjà dans le livre.
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Supfiction
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Supfiction »

J’ai trouvé que Eugénie Grandet était tout de même une réussite malgré cette fin anachronique et agaçante. Dugain a sûrement compris le féminisme d’époque mais il l’a très probablement jugé insatisfaisant pour un certain public contemporain vers lequel lorgne clairement son adaptation. Il fallait donc que Eugenie s’émancipe totalement du patriarcat, quitte à trahir Balzac mais surtout la réalité des usages de l’époque.

Sinon, j’ai découvert que j’avais le livre dans ma bibliothèque et visiblement je m’étais malheureusement arrêté après 100 pages il y a peut-être 20 ans de cela. Je m’y suis remis maintenant que j’ai les personnages bien en tête. Il y a un passage du livre qui aurait pu être très amusant dans le film, c’est à l’Opera lorsque la marquise (Jeanne Balibar) évoque « cette pauvre duchesse de Langeais qui a disparu comme une étoile filante », sachant que c’est la même Jeanne Balibar qui incarnait la duchesse de Langeais dans le film Ne touchez pas la hache. Malheureusement, et sûrement pour ne pas embrouiller le spectateur avec trop de personnages (Langeais, Rastignac, etc, on y cite quand même Nucingen je crois), il me semble que cette réplique n’est pas dans le film.

C’est vrai, ce roman de Balzac résonne tellement avec notre époque qu’on peut avoir la fausse impression en découvrant le film qu’il a été adapté pour cela alors qu’il n’a même pas été nécessaire de le faire (ou à peine).

Image

Feu Yves Renier dans la même scène de la précédente adaptation.
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Profondo Rosso »

Supfiction a écrit : 26 oct. 21, 22:31 Malheureusement, et sûrement pour ne pas embrouiller le spectateur avec trop de personnages (Langeais, Rastignac, etc, on y cite quand même Nucingen je crois), il me semble que cette réplique n’est pas dans le film.
Il y a une référence bien cachée à la fin quand Lucien devenu pauvre écrit des slogans publicitaire pour une marque d'huile dont le commerce est un des enjeux du livre La Cousine Bette.
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