Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Mama Grande!
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Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Mama Grande! »

Accueil critique quasi unanime pour cette adaptation du monument littéraire de Balzac.

Surprenant, quand on a lu le livre et que l'on peut se douter des difficultés d'un tel projet: 3 romans en 1, nombreux personnages et intrigues, ambition thématique. Et tout simplement, on sait que les chefs-d'oeuvre littéraires ont rarement donné des chefs-d'oeuvre cinématographiques, car ils questionnent souvent l'essence de leur art. Dans Illusions perdues, Balzac questionne son statut d'écrivain et d'artiste dans la société, le fait d'écrire des romans, et même l'objet livre lui-même à travers le thème de l'imprimerie et sa description quasi industrielle. En bref, au-delà des défis narratifs, peut-on faire du cinéma avec une histoire dont l'essence-même est la littérature? Peut-on rendre compte de l'esprit balzacien, de son sens du bon mot et son ironie cruelle, par des moyens cinématographiques?

Ce n'est en tout cas pas Giannoli qui m'en convaincra, malheureusement.Et si j'étais méchant je me demanderais si les critiques n'ont pas été achetés comme dans le film :mrgreen:
Certes, il ne lésine pas sur les moyens: la direction artistique est classieuse, les acteurs très bons -surtout à mon avis Vincent Lacoste. Certes, il fait l'effort d'un vrai travail d'adaptation: l'intrigue du roman ne pouvait pas tenir sur la durée d'un film, et il la dégraisse allègrement en supprimant des parties complètes et des personnages. On pourra ne pas être d'accord sur certains choix (la suppression du Cénacle notamment), mais après tout il fallait bien faire des choix et il ne pouvait pas contenter tout le monde.
Mais... pour rendre compte de l'analyse sociale balzacienne, qui peut en effet être indispensable pour saisir certains aspects de l'intrigue, il tombe dans un autre piège: la voix off!
Il en use et en abuse, pour faire tenir ce qui ne tenait pas à l'image et aux dialogues. Il a dû se dire "Kubrick l'a fait avec Barry Lyndon, pourquoi pas moi". Sauf que Kubrick l'utilisait avec parcimonie et de manière plutôt discrète. Un peu, ça va. Toutes les 5 minutes, c'est insupportable. Ca a pour effet de ne jamais faire oublier l'essence littéraire, et de nous éloigner des personnages. A aucun moment, je n'ai vibré, car j'avais l'impression qu'on me lisait un résumé du roman. Certaines scènes pourraient par simple tension dramatique être très puissantes,
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comme par exemple l'histoire de Coralie
, mais la voix off qui résume la situation comme elle explique ce que ressentent les protagonistes étouffe toute émotion.

Résultat, malgré le scénario qui s'efforce de faire de la saga littéraire une intrigue cinématographique, on tombe dans l'adaptation terne et inoffensive.
Bref, lisez plutôt le roman :D Même si vous l'avez déjà vu, ça ne vous spoile pas grand chose (la fin diffère pas mal).
Je serais néanmoins curieux de savoir si le film a emballé ceux qui n'ont pas lu le livre :o
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tchi-tcha
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par tchi-tcha »

Mama Grande! a écrit : 24 oct. 21, 12:31 Je serais néanmoins curieux de savoir si le film a emballé ceux qui n'ont pas lu le livre :o
On m'appelle ? :mrgreen:
Réponse la semaine prochaine s'il est encore à l'affiche. Il ne faut pas traîner ces temps-ci, un film qui ne trouve pas tout de suite son public dégage très vite.

Ton avis se concentre sur les questions d'adaptation, de transposition du livre au ciné (et c'est bien normal). Pour qui n'a pas lu le Balzac c'est instructif, mais il faudra bien me passer de cette connaissance, et donc juger sur pièce ce qu'on me propose à l'écran.

Peux-tu me rassurer (ou pas) sur deux points ?

1) Tombe-t-on dans le travers des productions "de prestige" du cinéma français ? Gros budget "ambitieux" pour s'attaquer à un morceau de patrimoine, casting 35 étoiles de Lacoste à Depardieu (en passant par Cécile de France et Xavier Dolan pour taper large), on veut faire grand mais on finit gros. Bref, est-ce digeste ? (2h30 quand même)

2) En voulant prouver que l'oeuvre de Balzac reste pertinente aujourd'hui (pourquoi pas, c'est sans doute vrai), finit-on par faire dire à ce cher Honoré des choses auxquelles il n'aurait jamais pensé ? Ici, une critique des médias, des chaînes d'info en continu, de Twitter, Trump, Zemmour et j'en passe ?

(tu peux spoiler à volonté, ça ne me gêne pas du tout, merci)
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Mama Grande!
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Mama Grande! »

tchi-tcha a écrit : 24 oct. 21, 19:30
Mama Grande! a écrit : 24 oct. 21, 12:31 Je serais néanmoins curieux de savoir si le film a emballé ceux qui n'ont pas lu le livre :o
On m'appelle ? :mrgreen:
Réponse la semaine prochaine s'il est encore à l'affiche. Il ne faut pas traîner ces temps-ci, un film qui ne trouve pas tout de suite son public dégage très vite.

Ton avis se concentre sur les questions d'adaptation, de transposition du livre au ciné (et c'est bien normal). Pour qui n'a pas lu le Balzac c'est instructif, mais il faudra bien me passer de cette connaissance, et donc juger sur pièce ce qu'on me propose à l'écran.

Peux-tu me rassurer (ou pas) sur deux points ?

1) Tombe-t-on dans le travers des productions "de prestige" du cinéma français ? Gros budget "ambitieux" pour s'attaquer à un morceau de patrimoine, casting 35 étoiles de Lacoste à Depardieu (en passant par Cécile de France et Xavier Dolan pour taper large), on veut faire grand mais on finit gros. Bref, est-ce digeste ? (2h30 quand même)

2) En voulant prouver que l'oeuvre de Balzac reste pertinente aujourd'hui (pourquoi pas, c'est sans doute vrai), finit-on par faire dire à ce cher Honoré des choses auxquelles il n'aurait jamais pensé ? Ici, une critique des médias, des chaînes d'info en continu, de Twitter, Trump, Zemmour et j'en passe ?

(tu peux spoiler à volonté, ça ne me gêne pas du tout, merci)
La salle était presque pleine donc je pense que le film n'aura pas de problème à trouver son public.
Pour répondre à tes questions:
1) C'est clairement une production prestige, mais à la rigueur cet aspect-là n'est pas désagréable. Les 2h30 ne paraissent pas interminables.

2) J'ai lu le roman il y a quelques années et je ne me souviens pas de tous ses aspects. Mais s'il y a une chose dont je me souviens, c'est qu'il n'a pas besoin d'être actualisé pour paraître actuel. La dénonciation de la presse et du système médiatique naissant y est extrêmement virulente, encore plus que dans le film. A tel point où je me suis demandé si les traits d'esprit venaient de Giannoli ou étaient repris texto du roman (en fait je me disais au début que c'était repris texto, puis j'ai pensé que c'était peut-être ma mémoire qui me jouait des tours :mrgreen: )

Je précise que je ne cherche pas à juger si c'est une "bonne" ou "mauvaise" adaptation. Mes critiques concernent la forme du film, que je trouve très plate et ennuyeuse, et l'utilisation de la voix off qui enferme le récit dans son origine littéraire et donc, sur écran, l'empêche de prendre son envol :wink:
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par tchi-tcha »

Merci pour les réponses :)
Parce que ton post inaugural se terminait quand même sur un "lisez plutôt le bouquin" pas super motivant :mrgreen:
Mama Grande! a écrit : 24 oct. 21, 20:32 (...) la forme du film, que je trouve très plate et ennuyeuse (...)
Argh, c'est pas gagné :uhuh:

C'est surtout par le prisme de la critique de la presse (d'après ce que la bande-annonce veut bien montrer) que je me demandais si le résultat était pertinent ou hors-sujet. Tu m'auras évité une lecture biaisée du film, merci beaucoup.
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Mama Grande! »

tchi-tcha a écrit : 24 oct. 21, 20:54 Merci pour les réponses :)
Parce que ton post inaugural se terminait quand même sur un "lisez plutôt le bouquin" pas super motivant :mrgreen:
Disons que le roman est un authentique chef-d’œuvre et qu’il est en plus très accessible.
Quand bien même on passerait une bonne soirée avec le film, il est loin d’être une œuvre aussi puissante.
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Supfiction »

Avec Eugénie Grandet, cela fait deux adaptations de Balzac le même mois. Surprenante coïncidence.
Je devais voir le film aujourd’hui mais mon téléphone est tombé en panne de batterie alors que j’arrivais devant le cinéma (avec mon passe sanitaire et mon billet dedans .. vive la modernité comme dirait le Commissaire). Bref, ce sera pour demain en principe.

Sinon, je connais surtout la suite (Splendeurs et misères des courtisanes) que j’avais en partie lu et surtout vu en série TV avec Georges Géret.
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Strum »

Le roman est un des plus grands jamais écrits, prodigieux de bout en bout.

Je parle notamment des différences entre le livre et le film dans ma critique ci-dessous. J'ai trouvé que le film était réussi, avec un découpage vif, sans être certes à la hauteur du roman :

Faîte de la Comédie Humaine, roman prodigieux et foisonnant, où Balzac raconte l’innocence foudroyée aussi bien que le talent dévoyé, récit aux intrigues parallèles divisées en trois parties, où la descente aux enfers du beau et vaniteux Lucien de Rubempré à Paris est l’écho inversé des tribulations in fine heureuses du fidèle et valeureux David Séchard à Angoulême, cadre du retour du machiavélique Vautrin sous le déguisement imprévu d’un mystérieux chanoine espagnol, Illusions Perdues est un livre inadaptable au cinéma dans sa globalité. Trop de personnages, de considérations morales et sociologiques, de descriptions des mécanismes économiques du secteur de la presse pendant la Restauration, de difficultés structurelles surtout pour l’adaptateur ambitieux qui gravit les versants de cette montagne de la littérature mondiale. Aussi Xavier Giannoli a-t-il eu raison, dans son adaptation réussie du grand oeuvre de Balzac, de se rendre à cette évidence qu’il fallait choisir entre Lucien et David, Paris et Angoulême, et admettre, qu’à moins de vouloir tourner plus tard la suite du récit, Splendeurs et Misères des courtisanes, il ne restait pas de place pour faire apparaître Vautrin.

Giannoli n’adapte donc, pour l’essentiel (car le prologue du film emprunte certains événements à sa première partie « Les Deux Poètes »), que la deuxième partie du roman, « Un Grand Homme de Province à Paris » ; titre ironique quand on sait quel homme faible et imprudent va se révéler être l’inconstant Lucien, trop dépourvu « de reins et d’épaules » pour vaincre Paris. Mais que l’on ne s’y trompe pas : chez Balzac, l’ironie reste cantonnée au titre. Il a trop de générosités en lui, trop de génie qui déborde, trop d’amour et de compréhension pour son héros pour se moquer de lui, et il y a un océan de tendresse entre Balzac et Thackeray, qui raconta lui aussi une histoire d’ascension sociale et de chute dans Barry Lyndon, mais avec des accents ironiques rendant le personnage souvent ridicule. Certes, comme dans Barry Lyndon de Kubrick, Giannoli a recours dans son film à une voix off qui décrit la société où va entrer Lucien et nous annonce par avance « sa fatale semaine », tandis que les éclairages du début font parfois penser à ceux du film de Kubrick. Cela a suscité certaines comparaisons avec ce dernier, mais ce qui distingue les deux films est en réalité beaucoup plus significatif que ce qui les rapproche. Car la voix off chez Giannoli est exempte de cette froide ironie qui caractérise Barry Lyndon et les choix de mise en scène du réalisateur français, qui accompagne ses personnages par des travellings et des échelles de plan rapprochées, sont fort éloignés des dézooms que Kubrick érige en système. On ne s’en plaindra pas.

Dans Illusions Perdues, les choix d’adaptation, l’indulgence du ton, le respect de l’esprit de joute des dialogues balzaciens assuré à travers la vivacité du découpage, et le soin avec lequel Giannoli et son équipe technique filment décors et costumes se conjuguent donc pour produire cette chose rare : un beau film qui est en même temps une belle adaptation, un film français contemporain aussi soucieux de reconstitution historique et de mise en scène (Marguerite du même Giannoli ayant servi de terrain d’apprentissage dans ce domaine) que de ses personnages. Le Lucien de Giannoli reste celui de Balzac : un ambitieux qui a pour lui sa belle plume, sa beauté, mais qui ne peut offrir un caractère égal à son talent et qui, poussé par l’esprit diabolique de la vanité, va justifier à ses propres yeux « les choses les plus contraires à ses principes », trahissant ses amis et se livrant démuni à ses ennemis. « Le repentir périodique est une grande hypocrisie« , écrit Balzac. Le cheminement de l’intrigue du film reflète également celui du livre : Lucien abandonné par Mme de Bargeton et éprouvant les affres de la pauvreté, initié par Etienne Lousteau aux absences de scrupules des journalistes comme aux relations avec les comédiennes des Théâtres de Boulevard, aimé d’un amour pur par Coralie, piégé successivement par le camp royaliste et ultra, et en particulier la Marquise d’Espard (Jeanne Balibar), et le camp républicain et romantique où il avait fait ses premières armes et qui se venge de l’inconstant journaliste. Plusieurs épisodes sont modernisés par Giannoli qui parle à travers son film de l’influence des réseaux sociaux (les pigeons faisant allusion à twitter), des masques et de la versatilité de certains critiques, avec une férocité revendiquée, mais pas moins que celle de Balzac dont le livre était une charge terrible contre le milieu journalistique et littéraire qu’il a bien connu, dont la publication fut accueillie par des cris d’orfraie, certaines critiques rageuse lui déniant tout « talent » avec une mauvaise foi caractéristique.

Il est une chose cependant qui manque au film de Giannoli pour en faire un grand film totalement fidèle à Balzac, je crois, ce surplus de générosité balzacienne et de grandeur morale que l’on trouve dans le Cénacle de la rue des Quatre-Vents, qui est absent du film. Dans le livre, Balzac met en perspective les compromissions et la déchéance de Lucien avec la patience de caractère et la noblesse de coeur et d’esprit de David Séchard à Angoulême et des membres du Cénacle à Paris, qui « portent au front le sceau d’un génie spécial » et qui accueillent Lucien en leur sein et en font l’un des leurs : d’Arthez, Michel Chrestien, Bianchon, Louis Lambert, tous ces noms dont le souvenir emplit de joie et d’un sentiment d’élévation le coeur du lecteur balzacien. Ils ont tous disparu du film et ce n’est pas sans conséquence. Car Illusions perdues de Balzac n’est pas seulement le portrait d’une époque et d’un milieu, impitoyable et enlevé, pas seulement l’histoire d’un provincial happé par Paris et sa « monstrueuse nudité », c’est aussi l’histoire d’une conscience ballotée entre plusieurs rivages, d’un « enfant perdu » orphelin qui veut recouvrer le nom de sa mère pour appartenir à un groupe, à une famille, mais qui prend sa vanité pour une fidélité. Le « l’un des leurs » balzacien annonce ici le « l’un des nôtres » du Conrad de Lord Jim. « Le talent est une créature morale qui a, comme tous les êtres, une enfance sujette à des maladies », écrit Balzac, dont le réalisme était sentimental, et qui fut tout autant qu’un peintre de la société de son temps un peintre universel et intemporel des sentiments.

Pour compenser cette disparition du Cénacle et de la sublime grandeur d’âme de d’Arthez et Bianchon, qui jamais ne renient Lucien, Giannoli a l’idée d’insuffler une noblesse morale supplémentaire à son narrateur Nathan (Xavier Dolan) – qui reçoit un peu des idéaux de d’Arthez – et à Mme Bargeton (Cécile de France), qui en sont dépourvus dans le livre où ils deviennent des « ennemis » de Lucien, idée bienvenue, celle-là, qui lui permet d’équilibrer quelque peu le cynisme apparent de son récit – de même que sa morale finale, car une fois passée le « désenchantement » qu’éprouve tout grand héros balzacien, il faut bien trouver en soi un germe qui permettra de continuer à vivre. Et puis, cette attention portée par Giannoli aux imposteurs qui vivent avec un masque, où se pose la question de savoir s’ils croient eux mêmes en leurs mensonges, lui permet de faire sien le récit sans trahir Balzac, de continuer le sillon creusé par sa filmographie, où Marguerite et L’Apparition notamment, qui abordent ces thèmes de la croyance et du masque, précédent Illusions perdues. Les acteurs et actrices du film concourent tous à la réussite de l’ensemble et s’avèrent très bien choisis pour les personnages qu’ils incarnent, Benjamin Voisin et Vincent Lacoste en tête, qui sont excellents en Lucien et Lousteau, mais les seconds rôles (Depardieu, Balibar, le regretté Jean-François Stévenin) ne sont pas en reste.

https://newstrum.com/2021/10/23/illusio ... caractere/
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Message par Mama Grande! »

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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Alexandre Angel »

Strum a écrit : 25 oct. 21, 13:21 Il est une chose cependant qui manque au film de Giannoli pour en faire un grand film totalement fidèle à Balzac, je crois, ce surplus de générosité balzacienne et de grandeur morale que l’on trouve dans le Cénacle de la rue des Quatre-Vents, qui est absent du film.
J'ai déjà dit ça mais, pour l'instant, le film que j'ai trouvé le plus fidèle à l'univers balzacien est Ne touchez pas la hache, de Jacques Rivette (ce sens du poids sociétal, ce romanesque ourdi de complots, ces discussions de salon, le panache écorché du personnage principal).
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Strum »

Mama Grande! a écrit : 25 oct. 21, 15:53 Je me sens bien seul :mrgreen:
Il n'y a pas de raison. J'ai aimé le film mais je comprends les reproches qui peuvent lui être faits.
Alexandre Angel a écrit :J'ai déjà dit ça mais, pour l'instant, le film que j'ai trouvé le plus fidèle à l'univers balzacien est Ne touchez pas la hache, de Jacques Rivette (ce sens du poids sociétal, ce romanesque ourdi de complots, ces discussions de salon, le panache écorché du personnage principal).
J'ai lu cela plusieurs fois. Hélas, je n'ai pas vu ce film. Mais ce n'est pas l'envie qui manque.
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Alexandre Angel »

...et il y a un segment éminemment balzacien dans la création télévisuelle (difficile d'appeler cela un téléfilm) de Rohmer intitulée Les Jeux de société .
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Supfiction »

Ne touchez pas la hache avait pour lui la puissante interprétation de Guillaume Depardieu et une Jeanne Balibar vénéneuse. En revanche, Illusions perdues a pour lui une réalisation beaucoup plus enlevée (il y a par exemple une scène de montée d’escalier assez impressionnante) et une modernité de ton et de propos sans que le jeu des acteurs n’en soit trop décalé (sauf peut-être Vincent Lacoste néanmoins très amusant, en particulier dans ce qui est peut-être la scène la plus emblématique du film, à savoir celle de la tirade de la critique négative qui amusera d’ailleurs beaucoup les cinéphiles). J’ai beaucoup aimé la sobriété de Xavier Dolan (à défaut de sa coiffure) qui apporte un peu de bienveillance au milieu de temps d’hypocrisies et de rancœurs.
En revanche, à l’instar de la fin néo-feministe et un brin anachronique du film Eugénie Grandet, je regrette un peu un parallèle un peu trop flagrant avec notre époque, comme si dans ces deux adaptations, Balzac n’était qu’un matériau pour parler d’aujourd’hui (Gianolli n’hésite même pas à parler à plusieurs reprises de fake n...de fausses informations et dans plusieurs scènes on a clairement l’impression qu’il est question des chaînes d’information, ou de Twitter effectivement).

Néanmoins c’est une très belle réussite.
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit : 25 oct. 21, 18:04 Ne touchez pas la hache avait pour lui la puissante interprétation de Guillaume Depardieu et une Jeanne Balibar vénéneuse (et au visage naturel). En revanche, Illusions perdues a pour lui une réalisation beaucoup plus enlevée
Oui mais enfin là, c'est une évidence (je n'ai pas vu encore le Giannoli mais j'imagine bien trop même).
Le Rivette n'est pas fait pour paraître enlevé. Comme tous les Rivette, c'est un film un peu austère, exigeant, comme un bloc de granit. Mais j'avais ressenti une telle vérité, une telle connaissance intime de la littérature balzacienne (et c'est pas du tout un gros lecteur qui parle) que j'avais trouvé que c'était un des sommets de la filmographie. Quelque chose vibrait à travers les images (ces réceptions que l'on devine derrière les façades) : ça allait au delà de l'interprétation.
Cela dit, il y a des Rivette enlevés à leur façon : La Bande des Quatre, Va savoir ..
Mais Ne touchez pas la hache était moins une production de prestige qu'une œuvre éminemment personnelle.
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par Supfiction »

Je veux dire qu’il y a un sens du tragique plus marqué dans le Rivette (porté par Depardieu) alors quand dans le film de Giannolli, c’est un peu mis de côté pour privilégier la peinture cynique de la comédie humaine parisienne.
Les deux romans sont différents de toutes façons donc on compare un peu à tort.
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tchi-tcha
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Re: Illusions Perdues (Xavier Giannoli - 2021)

Message par tchi-tcha »

Merci pour vos retours et vos éclairages sur le livre. Pas encore vu, donc j'arriverai en salle avec un meilleur bagage, ça ne peut pas faire de mal.

Vous ne m'avez pas forcément rassuré, en particulier sur cette volonté de faire parler Balzac du présent au forceps (pigeons = twitter ? sérieusement ?), mais vous m'avez donné envie de le voir dès que possible. Disons que vous l'avez fait remonter au classement sur la liste de mes priorités :)

Sinon, à défaut du Rivette, il y a L'Apparition vendredi prochain (29/10) sur France 3. Ce n'est pas Balzac, mais c'est Xavier Giannoli (donc je ne suis pas trop hors sujet).
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