Posté par Profondo Rosso
David et Bethsabée de Henry King (1951)
Un peplum biblique assez surprenant car jouant plus la carte du drame intimiste et de la psychologie que de la fresque spectaculaire et épique. Ainsi l'action se situe volontairement au milieu du règne de David en évitant les épisodes spectaculaire qui font la persistance du mythe, ainsi le passage le légendaire affrontement avec Goliath n'intervient que très tard, en flashback à un instant clé du film à des fins purement dramaturgique.
On suis les tourments du Roi David, ésseulé, craint et respecté pour son statut et son pouvoir qu'il porte comme une croix car l'éloignant des rapports humains ordinaire, en amour comme en amitié. Gregory Peck livre une prestation de haut vol, sombre et torturé, manquant de confiance en soi (il est plusieur fois suggeré qu'il est illégitime au pouvoir pour certain du fait de ces origines modeste) et parvient parfaitement à traduire les tourments et les interrogations de son personnage. L'ouverture qui nous évoque son passé de guerrier pour ensuite le plonger dans la torpeur et l'ennui des palais est particulièrement parlante à ce sujet. La scène où avec Bethsabée ils se sondent l'un l'autre avant de se déclarer leurs flamme est ainsiparticulièrement réussi et poignante.
Pour un film biblique, le rapport à la religion s'avère très ambigu tout au long du film. Celle ci s'avère essentiellement un symbole d'oppression (la menace de lapidation comme femme adultère pesant sur Bethsabé d'après les lois) et de mort (l'arche de l'Alliance qui tue quiconque ose la toucher) tandis que les personnages censé la representer évoquent des fous de dieu fanatiques (le prophète Nathan très inquiétant incarné par Raymond Massey) ou des suiveurs aveugle et dénué de volonté propre (le mari Urie désinteréssés de sa femme mais prêt à la tuer si elle transgresse la loi). Globalement la religion apparait comme un dogme faisant fi des sentiments pour appliquer ses règles. D'un autre côté le final où David fait la paix avec lui même peut aussi suggerer que toute cette imagerie venait de son point de vu oppresssé et rongé par la culpabilité.
Le film datant d'avant l'explosion des grands peplums hollywoodien en scope, l'esthétique apparait plutot sobre : Jerusalem n'est pas bien imposante, le palais de David parait avoir 3 pièces, on est loin de la démesure et du luxe des années à venir ce quiest tout aussi bien puisque l'on s'attacche au plus près des personnages
et que les moments les plus outranciers n'en paraissent que plus fort (le final avec Goliath). Mise en scène grandiose de Henry King qui capte à merveille les errements de ses personnages avec quelques idées brillante comme la colère de Dieu représentée avec la destinée d'un père et d'un fils berger subisssant la foudre des éléments suite aux péchés de David ou encore les dix dernières minutes d'une puissance et d'une intensité bien scotchante. 5/6