Flol a écrit : ↑23 févr. 23, 12:10
Violons tout le long, sirupeux, sucré, success-story...non vraiment, je crois qu'on n'a pas vu le même film (attention G.T.O. ! le "on" ici est utilisé en tant que pronom de la troisième personne du singulier).
Et je rebondis sur mon propre message pour ajouter que, tout comme El Dadal, j'ai trouvé
The Fabelmans au contraire bien loin de ce que l'on pouvait attendre de la part de Spielberg, qui peut parfois avoir la main lourde lorsqu'il s'agit de tirer sur la corde sensible (oh ! un Spielbergzouze qui dit du mal de son idole

).
Alors que, comme l'a souligné Jeremy Fox, son film s'avère finalement à l'image du score de Williams : sans effusion, discret, tout en retenue. Un côté force tranquille, maître de son art et de son sujet, qui met ses personnages au centre du projet, tandis que la mise en scène se fait subtile, sans effets ostentatoires ni lumière éclatante (ça faisait longtemps que je n'avais pas vu une photo de Kaminski qui a aussi peu l'air "kaminskienne"...et ça fait un peu de bien).
Et sans pour autant avoir versé des torrents de larmes (je dirais même que le film ne s'y prête pas vraiment, puisqu'il ne tombe jamais dans l'écueil du tire-larmes), il est difficile pour moi de ne pas être ému par ces rapports filiaux et cette volonté d'utiliser le 7ème Art pour accepter l'inacceptable (superbe séquence de découverte d'infidélité, qui m'a instantanément fait penser à De Palma en général et à
Blow Out en particulier), mais aussi sur le pouvoir des images (la figure de héros construite par son film de plage).
Le tout sans niaiserie, ni naïveté ni regard béat (alors que l'affiche ratée pouvait laisser croire le contraire), mais avec justesse et délicatesse. On est loin du trip egocentrique complaisant, le regard tourné vers le passé plein de gros sabots et symbolismes lourdauds. Et le portrait qu'il fait de ses parents est magnifique (faut dire qu'ils sont sacrément bien servis par Paul Dano et Michelle Williams, absolument parfaits - cf. la scène du placard).
Le film a un aspect presque "évident", simple, tout semble couler de source, c'est extrêmement vif, enlevé et très souvent drôle (à ce titre, l'avant-dernière scène est un petit sketch comique à elle toute seule, et ce dès l'entrée dans le champ de Lynch sur un son de scratch qui stoppe la musique).
À un tel point que je crois n'avoir jamais vu 150 minutes passées aussi vite - surtout comparées aux 166 vécues la veille avec
Pacifiction. C'est rarissime mais lorsque le générique de fin est apparu, je me suis vraiment dit
"Attends...déjà ??". Comme quoi, Einstein avait raison : le temps, c'est relatif.
Quant au tout dernier plan, en plus de proposer une idée visuelle assez géniale, j'ai été obligé de remarquer ce qui m'a paru être un écho direct à l'une de ses œuvres majeures à venir, et ce via la musique de Williams qui, en quelques notes évoquent l'un des thèmes de
Jaws (la ressemblance est beaucoup trop frappante pour que ce ne soit que coïncidence). Je ne sais pas ce que ça signifie, je ne sais même pas si c'est avéré, mais je trouve que ça conclut joliment ce magnifique film.