Re: Et vous, qu'allez-vous regarder ce soir ?
Publié : 1 avr. 22, 19:20
Hier soir, j'ai d'abord regardé le documentaire Gainsbourg, Toute Une Vie sur France 3 avec une amie et j'ai glissé assez tardivement le BR de La Soif Du Mal (reconstructed version, sous les bons conseils de Watkinssien) lorsqu'elle est partie. Je pensais dur comme fer que j'allais paisiblement m'endormir devant, mais que nenni !
Pourtant, ce film aurait pu être un véritable désastre. Entre un Heston grimé en Mexicain, une Dietrich en cartomancienne attifée d'une perruque visiblement empruntée à sa copine Elizabeth Taylor et un Welles aussi méconnaissable que répugnant, ce n'était pas forcément gagné pour que ça fonctionne. Mais tout cela était sans compter sur l'immense professionnalisme de ce beau monde et sur le génie de Welles qui ont permis d'enfanter (du moins à mon avis) un chef-d'œuvre absolu du 7ème Art doublé du chant du cygne du film noir des années 1940/50 (car difficile de faire mieux après ça). Du légendaire plan-séquence introductif à la finalité (auto ?) destructrice, il n'y a pas une seule seconde d'ennui, pas un seul plan raté, pas une seule scène de trop. Tout est parfaitement agencé, ciselé, peaufiné, sculpté et sublimé alors que l'atmosphère où nous sommes plongés est foncièrement haïssable, infâme et écœurante de par la corruption sans foi ni loi d'un seul homme, un parfait salaud névrosé et alcoolique mais néanmoins attachant car profondément traumatisé par le meurtre de sa femme. Dans cette inhumanité qui pourrait paraître sans frontière, l'humain y est cependant omniprésent et c'est certainement la plus grande force du métrage, au-delà de la performance et des expérimentations techniques, mais aussi de ses ingénieuses idées qui préfigurent largement celles de Psycho (le motel, son employé bien perché et sa seule et unique cliente incarnée (déjà) par l'excellente Janet Leigh), The Damned de Losey (les jeunes voyous ultra violents, filles incluses), mais aussi tout l'univers des thrillers américains qui suivront sous la houlette de Friedkin, De Palma et bien d'autres... Après Citizen Kane, je pense qu'Orson Welles a une nouvelle fois modernisé le cinéma en lui influant, toujours un peu plus, une âme viscéralement humaine, aussi dégueulasse que sublime. Une authenticité que les Américains ont certainement eu du mal à accepter en 1958.
9.5/10
Ce soir, je vais découvrir Le Procès, dernier film de Welles que je possède dans ma collection (il faut absolument que j'achète les BR de Macbeth, Othello et Dossier Secret prochainement).
Pourtant, ce film aurait pu être un véritable désastre. Entre un Heston grimé en Mexicain, une Dietrich en cartomancienne attifée d'une perruque visiblement empruntée à sa copine Elizabeth Taylor et un Welles aussi méconnaissable que répugnant, ce n'était pas forcément gagné pour que ça fonctionne. Mais tout cela était sans compter sur l'immense professionnalisme de ce beau monde et sur le génie de Welles qui ont permis d'enfanter (du moins à mon avis) un chef-d'œuvre absolu du 7ème Art doublé du chant du cygne du film noir des années 1940/50 (car difficile de faire mieux après ça). Du légendaire plan-séquence introductif à la finalité (auto ?) destructrice, il n'y a pas une seule seconde d'ennui, pas un seul plan raté, pas une seule scène de trop. Tout est parfaitement agencé, ciselé, peaufiné, sculpté et sublimé alors que l'atmosphère où nous sommes plongés est foncièrement haïssable, infâme et écœurante de par la corruption sans foi ni loi d'un seul homme, un parfait salaud névrosé et alcoolique mais néanmoins attachant car profondément traumatisé par le meurtre de sa femme. Dans cette inhumanité qui pourrait paraître sans frontière, l'humain y est cependant omniprésent et c'est certainement la plus grande force du métrage, au-delà de la performance et des expérimentations techniques, mais aussi de ses ingénieuses idées qui préfigurent largement celles de Psycho (le motel, son employé bien perché et sa seule et unique cliente incarnée (déjà) par l'excellente Janet Leigh), The Damned de Losey (les jeunes voyous ultra violents, filles incluses), mais aussi tout l'univers des thrillers américains qui suivront sous la houlette de Friedkin, De Palma et bien d'autres... Après Citizen Kane, je pense qu'Orson Welles a une nouvelle fois modernisé le cinéma en lui influant, toujours un peu plus, une âme viscéralement humaine, aussi dégueulasse que sublime. Une authenticité que les Américains ont certainement eu du mal à accepter en 1958.
9.5/10
Ce soir, je vais découvrir Le Procès, dernier film de Welles que je possède dans ma collection (il faut absolument que j'achète les BR de Macbeth, Othello et Dossier Secret prochainement).