Vicki (1953)
Titre français : Le crime était signé
Réalisation : Harry Horner
Scénario : Dwight Taylor, Leo Townsend
Photographie : Milton R. Krasner
Avec : Jeanne Crain (Jill Lynn), Jean Peters (Vicki Lynn), Elliott Reid (Steve Christopher), Richard Boone (Lieutenant Ed Cornell), Aaron Spelling (Harry Williams)
Vicki est le remake du film réalisé par H. Bruce Humberstone en 1941,
I Wake Up Screaming, souvent plus connu sous son titre original
Hot Spot changé parce qu'il induisait les spectateurs en erreur (beaucoup pensant aller voir une comédie musicale avec Betty Grable). Victor Mature, Laird Cregar et Carole Landis complétaient le casting.
S'il n'est pas impossible que le scénario de
Laura de Preminger ai été inspiré par celui de
I Wake Up Screaming, en découvrant
Vicki aujourd'hui on pense néanmoins immédiatement à
Laura, tant dans la forme que pour le scénario.
C'est on ne peut plus flagrant dès le générique puisque le film s'ouvre sur quelques posters de Vicki immédiatement suivi d'une civière transportant un cadavre recouvert. Apparaissent alors les noms de Jeanne Crain et Jean Peters sur l'image du portrait encadré de Vicki (Jean Peters), exactement comme le générique de Laura.
Vicki Lynn est une serveuse qui est transformée en mannequin de mode par l'attaché de presse Steve Christopher (Elliott Reid) qui la découvre par hasard un soir en rentrant dans un restaurant. Elle lui affirme être parfaitement heureuse dans son travail et ne pas aspiré à davantage. Mais lorsqu'il lui donne sa carte, il ne faut pas 24h pour qu'elle le rappelle. Le film étant dès le départ construit en flashback comme Laura, tout commence lorsque le détective Ed Cornell (Richard Boone), parti se reposer quelques jours, tombe sur la une des journaux annonçant la mort d'une pin-up. Il exige immédiatement à son supérieur d'être chargé de l'affaire. Son enquête est expéditive et dès qu'il voit la photo de l'attaché de presse Steve Christopher, il voit en lui le coupable tout désigné et le soumet à interrogatoire muscler pour tenter de lui imputer le crime. Sommé de raconter sa rencontre avec Vicki, le suspect raconte alors sa version des faits. Le flashback commence alors..
Disons le tout de suite, à la première vision, ce remake s'est avéré une petite déception par rapport à l'excellent souvenir que j'avais de l'original,
I Wake Up Screaming.
Pourtant, il bénéficie de deux atouts de poids : le malsain et brutal Richard Boone qui rode durant tout le film tel un serpent autour de sa proie et l'excellente Jeanne Crain qui fait montre de beaucoup de subtilité (n'ouvrant son cœur que progressivement) et de douceur dans le rôle de la sœur de Vicki, Jill, avec qui Christopher va partir à la recherche du vrai tueur et tenter de s'innocenter.
Jean Peters, parfaitement glamour, ne démérite pas non plus et réussie à incarner une jeune femme ambitieuse sans jamais être réellement antipathique. Les deux actrices sont parfaitement complémentaires et semblent très complices. Leur intimité et leur situation sociale modeste sont parfaitement rendus par dans la scène se déroulant dans leur appartement.
A noter également la présence au casting du jeune Aaron Spelling, futur producteur légendaire de télévision, qui se défend plutôt bien dans un rôle de malade pour lequel il aurait été facile d'en faire trop.
En revanche, Elliott Reid semble un peu effacé alors qu'il tient plus ou moins le premier rôle de Steve Christopher (on retrouvera d'ailleurs deux ans plus tard l'acteur en faire-valoir sans charisme de Marilyn Monroe dans
Les hommes préfèrent les blondes).
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En fait le film souffre d'un scénario qui manque par moments de subtilité et qui en outre patine un peu au milieu de l'intrigue. Quelques scènes semblent peu crédibles. Par exemple, la scène finale dans l'appartement du tueur couvert de portraits bien encadrés de Vicki m'a semblé un peu ridicule. Il y a quelque-chose qui ne fonctionne pas dans la combinaison de ce décor, de l'acteur et de son personnage. Il faut tout le talent de l'acteur pour faire oublier ce décalage et l'aspect caricatural de la situation. L'excellent Clifton Webb dans
Laura collait beaucoup mieux à ce type de personnage un peu dérangé et collait parfaitement à l'aspect psychanalytique du film de Preminger.
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- Disons le plus simplement en spoiler : Richard Boone en adorateur de Vicki Lynn rentrant chez lui avec des fleurs à la main, ça ne marche pas du tout. Et comment croire une seconde qu'il vit dans cet appartement au milieu d'affiches de Vicki ?
Néanmoins, je dois dire qu'une seconde vision m'a permis de passer outre ces défauts et de simplement apprécier le jeu savoureux des trois principaux acteurs. D'autant plus que la réalisation est soignée. Un noir à recommander donc malgré tout.
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