Sidney Lumet (1924-2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Colqhoun
Qui a tué flanby ?
Messages : 34105
Inscription : 9 oct. 03, 21:39
Localisation : Helvetica
Contact :

Message par Colqhoun »

cinephage a écrit :Bon, on remplace All the President's Men (de Pakula, en fait)
Je confond sans arrête Pakula et Lumet.
"I said no food. I didn't say there was nothing to eat."
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24390
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Message par cinephage »

White Snake a écrit : Je serais de cet avis s'il s'agissait d'une bande vidéo que l'on nous avait projetée. Seulement, les "marques de cigarette" soulignaient bien une projection classique.
Cela n'enlève rien au fait que ses films soient absolument bluffant et qu'il dirige à merveille ses acteurs. Il a juste un (ou des) preneur(s) son très récalcitrant. :mrgreen:
J'aurais tendance à mettre ça sur sa façon de tourner, qui privilégie le jeu des comédiens sur toute chose, ce qui tend à limiter les répétitions techniques d'une part, pour ne pas épuiser ce jeu, et, d'autre part, à leur laisser une véritable marge de manoeuvre jusque dans leurs déplacements pendant les prises. Ces deux éléments font d'une prise un tour de force pour le perchman, qui suit de son mieux les comédiens, mais ne peut qu'estimer les limites du cadre...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Grimmy
Régisseur
Messages : 3202
Inscription : 1 févr. 04, 11:25

Message par Grimmy »

Pour "Un après-midi de chien", l'édition zone 1 propose 2 versions:
face A, le film en 1.33 4:3
face B, le film en 1.85 16:9e
la version 1.33 est un open mate du second et non une version passée au pan and scan.
Cela expliquerait les nombreux passages de micros dans ses films. Cependant, de mémoire, on ne voit pas de micros dans la version open matte de "Un après-midi de chien".
White Snake
Assistant(e) machine à café
Messages : 131
Inscription : 10 juil. 04, 22:38
Localisation : Paname

Message par White Snake »

cinephage a écrit :
White Snake a écrit : Je serais de cet avis s'il s'agissait d'une bande vidéo que l'on nous avait projetée. Seulement, les "marques de cigarette" soulignaient bien une projection classique.
Cela n'enlève rien au fait que ses films soient absolument bluffant et qu'il dirige à merveille ses acteurs. Il a juste un (ou des) preneur(s) son très récalcitrant. :mrgreen:
J'aurais tendance à mettre ça sur sa façon de tourner, qui privilégie le jeu des comédiens sur toute chose, ce qui tend à limiter les répétitions techniques d'une part, pour ne pas épuiser ce jeu, et, d'autre part, à leur laisser une véritable marge de manoeuvre jusque dans leurs déplacements pendant les prises. Ces deux éléments font d'une prise un tour de force pour le perchman, qui suit de son mieux les comédiens, mais ne peut qu'estimer les limites du cadre...
Je pensais que c'était peut-être du au fait que ces tournages devaient se faire dans la précipitation, mais ton explication est bien plus logique. Peut-être serait-il bon de poser la question dimanche, mais je ne voudrais pas qu'il prenne ceci pour une critique. :mrgreen:

Sinon, hier soir, j'ai pu voir Le verdict. Film admirable où pour une fois le procès importe moins que ce qu'il génère sur ces acteurs et symbolise ("symbole", le mot est d'ailleurs employé dans le plaidoyer final de Newman) quant à l'idée d'égalité des chances.
Ou comment en dépit du pouvoir, des manœuvres les plus basses, du mensonge, la justice finit parfois pas l'emporter. Ce qui ajoute à la portée de l'oeuvre de Lumet dont parfois le scepticisme s'avère parfois trop insistant. On remarque aussi la subtilité du réalisateur dans de nombreuses ellipses qui évitent tout le côté sensationnel au profit de l'intelligence du propos (et dire qu'il réalisera par la suite Jugez moi coupable plaisant mais tellement vain).

La scène culte : Le plan final sur le téléphone qui sonne et Newman qui ne répond... tout est dit.
ImageImageImageImageImage
Max Schreck
David O. Selznick
Messages : 14811
Inscription : 13 août 03, 12:52
Localisation : Hong Kong, California
Contact :

Message par Max Schreck »

Un petit compte-rendu de la master class d'hier ?

Je n'ai pas pu rentrer faute de place, mais j'ai réussi à croiser Lumet, accueilli par Rauger, Toubiana et Costa-Gavras. Je m'attendais à voir un croûlant de 83 ans mais Lumet donne l'impression d'en avoir facilement 20 de moins, super souriant, en jeans et casquette ! Respect.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
Mes extrospections...
Mon Top 100...
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24390
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Message par cinephage »

Max Schreck a écrit :Un petit compte-rendu de la master class d'hier ?

Je n'ai pas pu rentrer faute de place, mais j'ai réussi à croiser Lumet, accueilli par Rauger, Toubiana et Costa-Gavras. Je m'attendais à voir un croûlant de 83 ans mais Lumet donne l'impression d'en avoir facilement 20 de moins, super souriant, en jeans et casquette ! Respect.
Raté pour ma part, je craignais la foule... Et puis, paradoxalement, je trouve souvent les discours des cinéastes sur leurs oeuvres

Mais j'y serai ce soir pour de modestes films (de bonne réputation, cela dit : Daniel, et Q & A)... :wink:
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Avatar de l’utilisateur
ed
Le Cary de l'hypoténuse
Messages : 24677
Inscription : 19 janv. 06, 15:33
Localisation : Californie, années 50

Message par ed »

cinephage a écrit :Raté pour ma part, je craignais la foule... Et puis, paradoxalement, je trouve souvent les discours des cinéastes sur leurs oeuvres
et là tu l'as pas trouvé ?
Me, I don't talk much... I just cut the hair
Image
White Snake
Assistant(e) machine à café
Messages : 131
Inscription : 10 juil. 04, 22:38
Localisation : Paname

Message par White Snake »

Max Schreck a écrit :Un petit compte-rendu de la master class d'hier ?

Je n'ai pas pu rentrer faute de place, mais j'ai réussi à croiser Lumet, accueilli par Rauger, Toubiana et Costa-Gavras. Je m'attendais à voir un croûlant de 83 ans mais Lumet donne l'impression d'en avoir facilement 20 de moins, super souriant, en jeans et casquette ! Respect.
Très sympathique en effet, ce Sidney Lumet. La plupart des questions étaient classiques (rapport à NY, confrontation d'un homme seul vis-à-vis de la justice, etc.)... rien de très pertinent.

Néanmoins, le cinéaste est revenu sur le fait qu'il laissait peu la place à l'improvisation et préféré tout réglé lors des répétions, qu'il considère Brando et Hofman parmi les meilleurs acteurs avec lesquels il ait travaillé (mais on s'en doutait)...

A noter une formidable question d'un des deux intervenants sur son rapport au père. Hélas, désamorcée par Lumet lui-même qui pensait n'avoir concentré ses efforts qu'une fois sur la figure du père...
CE QUI EST FAUX... les pères de 12 hommes en colère, dans A bout de course, dans Daniel, Dans l'ombre de Manathan, Equus, Le prince de NY, contre-enquête, et même son dernier film, en attestent. La plupart de ses personnages sont mus par le désir de combler ou comprendre leur père.

Autrement son dernier film est très énergique et plutôt réussi, mais on est loin d'une grande oeuvre. Le film est surtout plombé par un montage navrant cherchant à jouer sur la déconstruction narrative si chère à Hollywood depuis quelques années.
ImageImageImageImageImage
piano
Stagiaire
Messages : 7
Inscription : 1 sept. 07, 12:34

Message par piano »

Néanmoins, le cinéaste est revenu sur le fait qu'il laissait peu la place à l'improvisation et préféré tout réglé lors des répétions, qu'il considère Brando et Hofman parmi les meilleurs acteurs avec lesquels il ait travaillé (mais on s'en doutait)...
Petite precision, la question etait : quel acteur considerez vous le plus naturellement doué , et quel autre serait le plus cérébral ? d'où respectivement Brando et Hoffman .
White Snake
Assistant(e) machine à café
Messages : 131
Inscription : 10 juil. 04, 22:38
Localisation : Paname

Message par White Snake »

piano a écrit :
Néanmoins, le cinéaste est revenu sur le fait qu'il laissait peu la place à l'improvisation et préféré tout réglé lors des répétions, qu'il considère Brando et Hofman parmi les meilleurs acteurs avec lesquels il ait travaillé (mais on s'en doutait)...
Petite precision, la question etait : quel acteur considerez vous le plus naturellement doué , et quel autre serait le plus cérébral ? d'où respectivement Brando et Hoffman .
Tout à fait alors que toute la salle murmurait (espérait ?) "Al Pacino" comme réponse :uhuh:
Mais bon, vu qu'après il a aussi encensé Fonda comme l'acteur de la vérité... je trouvais la question un peu vaine, non ? qu'il les considèrent parmi les meilleurs. Lequel est le plus ceci ou cela... c'est tellement aléatoire et subjectif.
ImageImageImageImageImage
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24390
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Message par cinephage »

ed a écrit :
cinephage a écrit :Raté pour ma part, je craignais la foule... Et puis, paradoxalement, je trouve souvent les discours des cinéastes sur leurs oeuvres
et là tu l'as pas trouvé ?
:oops:
Pris en plein délit d'auto-effacement, la faute à une erreur de manip, je vais donc conclure ce sur quoi j'avais décidé de revenir, pour éviter le hors-sujet..
Pour en avoir croisé certains, je trouve que bien souvent, les discours des cinéastes sur leur oeuvre sont 'biaisés'. Ils masquent certains éléments essentiels (comme, apparemment, Lumet ici qui nie s'interesser aux relations père-fils, alors qu'il est impossible qu'il aie autant traité ce sujet sans un minimum s'interroger sur ce qu'il en dit), parlent "dans un relatif calcul" (ne pas se brouiller avec un-tel, ou le contraire, souligner tel élément, masquer tel autre) et ne sont pas les meilleurs analystes de leur travail, par manque de recul (ça a été évoqué dans un autre topic). On voit dans les commentaires audio les limites de cet exercice, certes intéressant, mais pas le plus intéressant (je préfère mille fois le discours des exégètes passionnés).

Bref. Pour revenir au sujet, vu hier soir Contre-enquête, formidable polar qui entrelace politique, mafia et police avec une splendide efficacité. Loin d'un effet de suspense, on est plutôt exposé à un systême dont les failles sont nombreuses, peut-être malgré tout le moins pire de tous (un enseignement dont le héros fait les frais, puisque cela implique le deuil de certaines illusions).

Et Daniel, drame humain bouleversant, dont aucun compte-rendu ne saurait rendre la puissance. Le film pourrait former un dyptique avec A bout de course, dont il offrirait le versant dramatique. Disons juste que je l'ai vu en tant que parent, et que le film pose sérieusement la question (parmi d'autres) des conséquences des actes/prises de positions/engagements des parents sur la vie de leurs enfants.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 18207
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Message par Watkinssien »

cinephage a écrit :
ed a écrit :et là tu l'as pas trouvé ?
:oops:
Pris en plein délit d'auto-effacement, la faute à une erreur de manip, je vais donc conclure ce sur quoi j'avais décidé de revenir, pour éviter le hors-sujet..
Pour en avoir croisé certains, je trouve que bien souvent, les discours des cinéastes sur leur oeuvre sont 'biaisés'. Ils masquent certains éléments essentiels (comme, apparemment, Lumet ici qui nie s'interesser aux relations père-fils, alors qu'il est impossible qu'il aie autant traité ce sujet sans un minimum s'interroger sur ce qu'il en dit), parlent "dans un relatif calcul" (ne pas se brouiller avec un-tel, ou le contraire, souligner tel élément, masquer tel autre) et ne sont pas les meilleurs analystes de leur travail, par manque de recul (ça a été évoqué dans un autre topic). On voit dans les commentaires audio les limites de cet exercice, certes intéressant, mais pas le plus intéressant (je préfère mille fois le discours des exégètes passionnés).
Et si les réalisateurs parlaient très précisément de leur cinéma, en analysant eux-même les différents thèmes de leurs films, on les prendrait pour de "sales prétentieux" !
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24390
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Message par cinephage »

Watkinssien a écrit : Et si les réalisateurs parlaient très précisément de leur cinéma, en analysant eux-même les différents thèmes de leurs films, on les prendrait pour de "sales prétentieux" !
Encore une raison de plus pour eux de faire attention à ce qu'ils disent de leur oeuvre... Un fan qui dit "ce plan est génial", c'est entousiasmant. Que le réalisateur, content de lui-même, dise la même chose, et il parait effectivement prétentieux (sauf s'il parle à son cadreur, chef opérateur ou à son monteur)...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Message par Strum »

J'ai découvert deux Lumet cet été : le superbe Serpico, dont j'ai trouvé formidable le mélange de réalisme bureaucratique et d'éclairs lyrique disant l'abîme séparant l'idéalisme de Pacino et la vie réelle, et Un après-midi de chien, qui m'a un peu moins plu malgré ses qualités d'agencement, de découpage et d'interprétation (il faut dire que je n'ai jamais été grand amateur de huis-clos).
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24390
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Message par cinephage »

Strum a écrit :J'ai découvert deux Lumet cet été : le superbe Serpico, dont j'ai trouvé formidable le mélange de réalisme bureaucratique et d'éclairs lyrique disant l'abîme séparant l'idéalisme de Pacino et la vie réelle
Il est fort possible que tu apprécies également, dans ce cas, le verdict, Network, ainsi que Le prince de New York, trois films qui jouent aussi sur ce décalage (Contre-enquête également, mais le film joue aussi la carte du thriller)...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Répondre