Attention, éventuels spoilers.
Alors, avant toute chose, et que ce soit bien clair pour tout le monde: nous avons ici affaire à un véritable chef-d’œuvre iconoclaste (j'insiste sur le terme
iconoclaste)
Vu samedi après-midi en VO à l'UGC des Halles, dans une salle bondée et véritablement acquise au et conquise par le film.
Ainsi un spectateur visiblement enthousiaste aura lâché à propos du personnage de Hihn, le chien espion de Suliman, cette phrase révélatrice à plus d'un titre:
"ce chien est vraiment très bon !!!" Comme s'il s'agissait d'un véritable acteur fait de chair et d'os.
Ce film est une pure merveille, j'en suis encore tout retourné !!!
Miyazaki s'est véritablement lâché pour son premier film ouvertement pornographique (il était temps !!!), assumant en effet pour la première fois une véritable histoire d'amour.
Une animation à tombée (aussi bien les scènes de foules, les personnages, mais aussi et surtout cet incroyable Château fait de bric et de broc), des personnages attachants magnifiquement croqués, une inventivité rare (une idée par plan), de l'émotion à revendre, un humour décapant (à l'image du roman dont il est justement tiré) contrastant avec la dureté de la réalité du monde tel que dépeint dans le film. Un récit en apparence bordélique susceptible de semer la confusion, mais parfaitement maîtrisé, s'achevant sur le très controversé "happy end", sonnant comme un magnifique pied de nez comme on en voit rarement au cinéma et qui en désarçonnera plus d'un.
Sans oublier les innombrables clins d’œil à ses précédentes œuvres et ce, tout en faisant montre d'une fraîcheur et d'une originalité propre, confirmant ainsi le caractère de "film-somme" que représente ainsi Le Château Ambulant.
La musique, qui depuis me trotte sans cesse dans ma cabosse, n'est certes pas des plus originales (pour du Hisaishi j'entends), mais sert une fois de plus, voire plus que jamais, à merveille le récit et l'image.
Et comme prévu avec un film aussi surprenant d'un réalisateur plus qu'attendu au tournant, de nombreuses questions se font jour. Voire, chose inédite avec un film de Miyazaki, provoque une véritable polémique, suscitant chez certains une certaine déception, pour ne pas dire une déception certaine.
Je vous avouerais que, moi-même, après avoir déjà vu les huit précédentes réalisations du sieur Miyazaki, je ne m'attendais absolument à ce qu'il réussisse le tour de force de me surprendre comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Le tout en m'offrant une énième gifle de deux heures pleines, me laissant tout bonnement sur le cul.
Je n'avais qu'une envie au sortir de la salle, le revoir afin de mieux le saisir, lever certaines interrogations et confirmer d'autres impressions.
Aussi et là je m'adresse clairement à
ceux qui ont déjà vu le film et qui souhaiteraient lever certaines interrogations, sur les points épineux du film (certains revenant fréquemment comme "pourquoi Sophie sort Calcifer du château pour y revenir aussitôt, pourquoi ce faux "happy end"), je ne saurais que trop vous recommander la lecture de l'excellent dossier proposé par l'équipe de Buta-connection:
http://www.buta-connection.net/films/ch ... uction.htm
A lire aussi une interview forte intéressante et éclairante du réalisateur sur sa dernière oeuvre:

Interview que j'estime plus que salutaire pour faire taire les éventuelles mauvaises langues.
Bref, Miyazaki mérite définitivement son statut de génie du cinéma en générale et de l'animation en particulier en signant ici ce qui est probablement son oeuvre la plus aboutie de toute sa carrière.
Ce qui veut tout dire tant la demi-mesure et le médiocrité n'auront jamais fait partie de son vocabulaire.
Il va sans dire que j'attends avec grande impatience de le revoir encore et encore.