Je viens de mater les huit premiers épisodes et ce qui m’a frappé immédiatement, c’est l’aspect sombre de l’univers décrit. Bien plus sombre que Cowboy Bebop qui s’inscrivait dans un univers SF délirant mâtiné de référence au western et au film noir. La plupart des épisodes de CB laissaient une impression de mélancolie diffuse, les héros remplis de larmes qui naviguaient sur des mélopées jazz et blues ne renvoyaient à aucune réalité sociale particulière. Ca se présentait plus comme une superbe ballade référentiel musical et cinématographique.
Ici, on évolue dans une période de l’histoire du Japon bien précise, l’ère Edo, une période ou la force domine, sans pouvoir centralisé fédérateur, laissant les régions aux mains de seigneurs locaux, et dont l’organisation sociale se segmente en catégories verrouillées et moralement inamovible. L’âpreté est palpable et la rudesse de l’époque s’impose dès les premiers épisodes. L’humour, se teinte toujours d’une violence peu reluisante même tartinée de samples hip-hop. La faim (qui anime au sens propre les persos - point commun de CB et SC), la torture, les humiliations, les inégalités, l’injustice, toute une gamme de perversions diverses sont le lot de tous.
Cet aspect sombre est renforcé par le style graphique de Nakazawa, dont les traits anguleux, et le coup de pinceau durcissent les expressions en assombrissant les drames qui se jouent. On pense aux Zatoïchi et aux Jidai geki en général, genre dont la série détourne les codes en un remix (un champloo) foutraque et irrévérencieux. Ca reste très drôle en même temps, notamment grâce à Fuu, qui apporte une légèreté et une douceur qui contrebalance avec la noirceur générale de l’anime. C’est rempli de petits détails anachroniques rigolos (le beat box qui accompagne un personnage, les lunettes Oakley-style du chef Yakuza) et le regard sur sa propre culture est chargé d’ironie.
C’est vif, pleins de surprises, pour l’instant, je me régale.
