addendum à l'histoire de la musique

[Alex Blackwell]

Alors qu'il est de bon ton de présenter la musique classique comme défunte depuis bien longtemps, l'esprit logique se révolte et ne peut se satisfaire d'un pareil non-sens: la planète en panne de génie, précisément à l'époque où l'on vit, voilà un postulat bien étrange. Les lois universelles présidant depuis toujours à la création auraient-elles cesser d'agir? Certes non et pour cause: Volker David Kirchner, compositeur allemeand né en 1942, a composé coup sur coup (en 1988 et 1992) un Requiem "Missa di Pace" et une "Missa Moguntina". Difficile de trouver plus de trois lignes de biographie auprès des sources habituelles. La critique elle, sans doute aussi ignare que paresseuse, ne participera pas davantage à notre éveil qui ne pourra que provenir d'une illumination individuelle.
Ces deux oeuvres n'auront nul besoin des fameuses cinquante années de purgatoire avant d'intégrer l'Histoire et pareil délai ne serait qu'excuse frileuse devant cette évidence: il y a là des monuments, fiers et insondables, de l'histoire de l'art.
Aucune génaration sppontanée n'est à leur origine et Kirchner n'hésite pas à affirmer son ascendance. Ainsi dans sa Missa di pace, au lacrymosa succède une délicate supplique pour voies aigues, aussi frêles qu'une vague lueur se détachant au loin du crépuscule. S'insatalle rapidement une procession orchestrale qui laisse entendre à l'identique le thème de l'arioso "Ach Golgotta" de la Passion selon saint Matthieu. Hommage d'un grand au plus grand, la musique contemporaine a donc retrouvé son chemin, ce qui est rassurant.
En outre le compositeur ne cherche pas dans les difficultés confinant à l'abscons. Son langage est direct voire lapidaire, aussi bien dans la déploration que dans l'exaltation. Par exemple le crucifixus de la Misa Moguntina: les glissements stridents des cordes, aussi révoltées qu'elles pouvaient l'être dans la Grande fugue beethovénienne, alternent avec le choeur d'hommes, qui ne se lamenent pas mais narrent la passion avec un recul qui n'appartient pas véritablement à ce monde. Par trois fois nous sera dit que l'homme a été crucifié avant d'expirer et d'être enseveli sous Ponce Pilate. Une telle élévation chorale n'est pas inédite dans l'histoire de la musique mais il faut véritablement brasser les siècles afin de trouver des prétendants: de la messe à quatre voix de William Byrd avec son Agnus Dei de l'au-delà aux Requiem de Dvorak ou Verdi en passant par la Messe en si, celle en ut, la Missa solemnis, la Nelson Messe et quelques autres. Ici le donna nobis pacem nous remet dans cet élément de détachement total permettant d'instaurer un climat de confiance après toutes les angoisses et les effrois suscitées par la puissance divine.
Réjouissons-nous! Mozart est toujours parmi nous.

[Troma]

Je ne connais pas ce compositeur, pas plus que l'oeuvre dont tu parles (bien en tout cas ), mais le fait de composer à la fin des années 80 un requiem, avec tout ce que cela implique (terminologie latine, emphase religieuse etc) est aussi une manière de rendre hommage à cette musique classique moribonde aujourd'hui, qui n'existe pratiquement que par l'incessante imitation des chefs d'orchestre en activité. Ce compositeur, hormis les deux oeuvres que tu cites, laisse t'il des oeuvres qu'on peut toutes associer au répertoire classique, ou bien est il plus contemporain (et donc plus duraille à écouter...) ?

tu pourras dire de ma part à l'esprit logique qui se révolte devant la panne de génie en musique classique qu'il y a une grande probabilité que les dits-génies se sont mis pour la plupart au jazz .

[Alex Blackwell]

tu pourras dire de ma part à l'esprit logique qui se révolte devant la panne de génie en musique classique qu'il y a une grande probabilité que les dits-génies se sont mis pour la plupart au jazz .

L'esprit logique est perplexe:la matrice originelle n'est-elle pas assez féconde pour distribuer sa manne à tous ses enfants? Les quelques enfants prodigues sauront renouer avec leurs origines et le public, plus curieux et sensible, ne s'y trompera pas.

Le jazz? Je m'y essaie régulièrement mais sans succès notable à ce jour. Ayant lu que A love supreme de John Coltrane dépassait encore en spiritualité la neuvième de Bruckner, j'ai acheté le sacd mais je suis perplexe. Je repasserai.

[Troma]

Je parlais de grande probabilité....

Et ma question ?

[Nimrod]

tu pourras dire de ma part à l'esprit logique qui se révolte devant la panne de génie en musique classique qu'il y a une grande probabilité que les dits-génies se sont mis pour la plupart au jazz .

L'esprit logique est perplexe:la matrice originelle n'est-elle pas assez féconde pour distribuer sa manne à tous ses enfants? Les quelques enfants prodigues sauront renouer avec leurs origines et le public, plus curieux et sensible, ne s'y trompera pas.

Le jazz? Je m'y essaie régulièrement mais sans succès notable à ce jour. Ayant lu que A love supreme de John Coltrane dépassait encore en spiritualité la neuvième de Bruckner, j'ai acheté le sacd mais je suis perplexe. Je repasserai.

Essaie aussi A Love Supreme, aussi. (et les Africa/Brass sessions, pas ce qu'il a fait de plus connu. J'en avais déjà parlé mais ma critique ayant été torpillée lors du changement de serveur )

[Alex Blackwell]

Et ma question ?

La réponse est: non...

connaître deux oeuvres cela n'est déjà pas si mal: elles appartiennent d'ores et déjà au répertoire de la musique classique de mon point de vue. L'étrangeté du monde sonore est par ailleurs à mon sens un critère insuffisant pour opérer une césure entre ce qui est classique et le reste.

[Vazymollo]

tu pourras dire de ma part à l'esprit logique qui se révolte devant la panne de génie en musique classique qu'il y a une grande probabilité que les dits-génies se sont mis pour la plupart au jazz .

L'esprit logique est perplexe:la matrice originelle n'est-elle pas assez féconde pour distribuer sa manne à tous ses enfants? Les quelques enfants prodigues sauront renouer avec leurs origines et le public, plus curieux et sensible, ne s'y trompera pas.

Le jazz? Je m'y essaie régulièrement mais sans succès notable à ce jour. Ayant lu que A love supreme de John Coltrane dépassait encore en spiritualité la neuvième de Bruckner, j'ai acheté le sacd mais je suis perplexe. Je repasserai.

Bon, je ne dirai rien sur Kirchner que je ne connais pas (si je trouve, j'écouterais ), par contre j'aimerais intervenir sur le jazz, la plus grand invention du XXème siècle, pour moi

Pour faire apprécier cette musique, il faut souvent passer par des chemins détournés, dans ton cas le classique . Dans cette optique je te conseille le dernier album des frères Belmondo, Hymne au Soleil, magnifiques arrangements de mélodies de Lili Boulanger ou Duruflé. Mais aussi les différentes adaptations de Bach par Loussier, ou les 4 saisons par le big band de Raymond Fol, ou bien encore Uri Caine, dont les projets sur Mahler, Wagner ou Bach sont étonnants.