Comment ça les cuistres ? J'ai regardé la vidéo et je trouve que c'est un bel hommage.
David Lynch (1946-2025)
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Re: David Lynch (1946-2025)
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Re: David Lynch (1946-2025)
Sur la quasi intégralité des sujets qu’il aborde dans ses vidéos ou messages postés sur les réseaux, Monsieur Goya est un authentique cuistre. Un gourou régnant sur une armée d’imbéciles qu’il méprise et “châtie” en se faisant passer pour un intellectuel citant le seul livre qu’il n’a jamais lu et compris : “Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra”. Je passe sur ses délires maoïstes et godardiens pris au premier degré.
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Re: David Lynch (1946-2025)
Donc, pour Bibi, back to Twin Peaks:The Return. J'en suis au 11ème épisode.
Je précise d'emblée que je ne suis pas un fan transis de la série originelle d'il y a 35 ans. Bien sûr, je l'aime bien.
La découverte de la saison 3 en 2018 fut pour moi un grand choc, une expérience de spectateur incroyable, tant je fus stupéfait par l'extraordinaire créativité qui en émanait. J'éprouvais toutes sortes d'impressions qui ne s'étaient jamais, dans toute ma vie, entremêlées de la sorte. J'ai revu, à l'époque, les 18 épisodes à peine un mois après la découverte. Ce qui ne m'était jamais arrivé avec une série, et qui ne m'arrivera plus de sitôt.
C'est dire que je nourrissais, avant de me relancer dans l'actuelle re vision, quelque appréhension. Allais je resuccomber? La même magie irradierait elle encore de mon écran TV?
Cette appréhension ne s'est pas dissipée de suite et de fait, déjà bien loin pourtant, des deux ou trois assez expérimentaux premiers épisodes et de la mise en place inhérente, lorsque Dougie épluche, en faisant des gribouillis, les rapports d'enquête de sa compagnie d'assurance, sur fond d'un beau et mélancolique thème jazzy d'Angelo Badalamenti, l'envoûtement, très puissant pendant ces scènes là en 2018, fut moins ressenti, comme si le parfum musqué du moment de la découverte était éventé.
Voilà, voilà..
Sauf que tout va très bien, madame la Marquise. C'est juste que ce n'est plus une découverte parce que pour le reste, je continue, et persiste, à ne pas en revenir de l'exceptionnelle et prodigieuse qualité de ce chef d'œuvre absolu de la télévision. Et le régal prend encore de l'ampleur tellement je (re)découvre des détails, des idées qui pullulent TOUT AU LONG des 18 épisodes. C'est tout bonnement incroyable. Il n'y a pas une scène qui soit anodine, pas une. Ah si, lorsque Caleb Landry Jones ne fait virer d'un entretien d'embauche par un employeur potentiel qui le traite de petit con, on se croirait, là, pendant une petite minute, dans une série lambda, même de qualité. C'est dire que Twin Peaks:The Return n'est évidemment pas une série comme une autre, puisque la notion de twist est ici inexistante. Des rebondissements, il y a en a en veux-tu, en voilà, mais il sont factuels, jamais addictifs en tant que tels. Ce qui est addictif ici l'est de manière naturelle, sans artefacts de substitution, juste parce que nous nous trouvons devant une prise en main d'une telle qualité d'invention que le seul suspense qui nous propulse d'un épisode à l'autre peut se résumer ainsi : "Comment cette élégance de tous les instants, comment une telle créativité va-t-elle être maintenue pendant 18 épisodes?". "Comment Lynch va-t-il s'y prendre?"
Alors comment il s'y prend, je n'en sais fichtre rien. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il le fait.
Je précise d'emblée que je ne suis pas un fan transis de la série originelle d'il y a 35 ans. Bien sûr, je l'aime bien.
La découverte de la saison 3 en 2018 fut pour moi un grand choc, une expérience de spectateur incroyable, tant je fus stupéfait par l'extraordinaire créativité qui en émanait. J'éprouvais toutes sortes d'impressions qui ne s'étaient jamais, dans toute ma vie, entremêlées de la sorte. J'ai revu, à l'époque, les 18 épisodes à peine un mois après la découverte. Ce qui ne m'était jamais arrivé avec une série, et qui ne m'arrivera plus de sitôt.
C'est dire que je nourrissais, avant de me relancer dans l'actuelle re vision, quelque appréhension. Allais je resuccomber? La même magie irradierait elle encore de mon écran TV?
Cette appréhension ne s'est pas dissipée de suite et de fait, déjà bien loin pourtant, des deux ou trois assez expérimentaux premiers épisodes et de la mise en place inhérente, lorsque Dougie épluche, en faisant des gribouillis, les rapports d'enquête de sa compagnie d'assurance, sur fond d'un beau et mélancolique thème jazzy d'Angelo Badalamenti, l'envoûtement, très puissant pendant ces scènes là en 2018, fut moins ressenti, comme si le parfum musqué du moment de la découverte était éventé.
Voilà, voilà..
Sauf que tout va très bien, madame la Marquise. C'est juste que ce n'est plus une découverte parce que pour le reste, je continue, et persiste, à ne pas en revenir de l'exceptionnelle et prodigieuse qualité de ce chef d'œuvre absolu de la télévision. Et le régal prend encore de l'ampleur tellement je (re)découvre des détails, des idées qui pullulent TOUT AU LONG des 18 épisodes. C'est tout bonnement incroyable. Il n'y a pas une scène qui soit anodine, pas une. Ah si, lorsque Caleb Landry Jones ne fait virer d'un entretien d'embauche par un employeur potentiel qui le traite de petit con, on se croirait, là, pendant une petite minute, dans une série lambda, même de qualité. C'est dire que Twin Peaks:The Return n'est évidemment pas une série comme une autre, puisque la notion de twist est ici inexistante. Des rebondissements, il y a en a en veux-tu, en voilà, mais il sont factuels, jamais addictifs en tant que tels. Ce qui est addictif ici l'est de manière naturelle, sans artefacts de substitution, juste parce que nous nous trouvons devant une prise en main d'une telle qualité d'invention que le seul suspense qui nous propulse d'un épisode à l'autre peut se résumer ainsi : "Comment cette élégance de tous les instants, comment une telle créativité va-t-elle être maintenue pendant 18 épisodes?". "Comment Lynch va-t-il s'y prendre?"
Alors comment il s'y prend, je n'en sais fichtre rien. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il le fait.
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Re: David Lynch (1946-2025)
C'est rare quand ça arrive mais c'est ici une évidence. Je ne comprendrai jamais comment Thaddeus peut passer à côté d'un morceau pareil : voir 1 épisode et se dire "c'est bon, je sais où ça va et c'est plus pour moi". Pour l'année 2017, aucune autre création audiovisuelle ne lui arrive à la cheville.
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Re: David Lynch (1946-2025)
Parce que Thaddeus a décrété dans son exégèse du cinéma lynchien post 2007, que ce qui suivait était l'ingestion de la noirceur programmatique d'Inland Empire. Period. Le pauvre Dougie (TP S3) semi végétatif, dont le monde tente d'accepter sa terrible fragilité pour en faire l'un des actes les plus mélancoliques et touchant de l'univers lynchien ne pourra malheureusement rien y changer. Il n'y plus que de la désolation made in Lynch.Mosin-Nagant a écrit : ↑26 janv. 25, 13:13C'est rare quand ça arrive mais c'est ici une évidence. Je ne comprendrai jamais comment Thaddeus peut passer à côté d'un morceau pareil : voir 1 épisode et se dire "c'est bon, je sais où ça va et c'est plus pour moi". Pour l'année 2017, aucune autre création audiovisuelle ne lui arrive à la cheville.
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Re: David Lynch (1946-2025)
J'irais beaucoup beaucoup plus loinMosin-Nagant a écrit : ↑26 janv. 25, 13:13Pour l'année 2017, aucune autre création audiovisuelle ne lui arrive à la cheville.

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Re: David Lynch (1946-2025)
Oui, on pourrait clairement viser la décennie toute entière.
Dernière modification par Mosin-Nagant le 26 janv. 25, 14:09, modifié 1 fois.
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Re: David Lynch (1946-2025)
2010 à 2019. Pour faire simple.
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Re: David Lynch (1946-2025)
Le diptyque "Breaking Bad"/"Better Call Saul", même s'il n'a pas la même esthétique marquante, reste thématiquement pour moi le meilleur témoin de la période...

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Re: David Lynch (1946-2025)
Et dire que je ne l'ai toujours pas vu...
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Re: David Lynch (1946-2025)
Je ne mâcherai pas mes mots, en assumant totalement ce qui, de façon tout à fait compréhensible, pourrait paraitre exagéré, à savoir que cette saison 3 me semble être quelque chose d'énorme au delà de la décennie.
La difficulté étant que je peux difficilement parler de série (c'en est une mais ça déborde tellement du cadre), de film (ce n'est pas un film), ni de téléfilm (c'en est un pourtant, d'une certaine manière). C'est du jamais vu, en fait, de l'inédit total.. Ces à-plats graphiques, à la Lynch/Bacon, venus tout droit d'une exposition d'art moderne, s'incarnant à l'écran en d'extraordinaires effets spéciaux primitifs; ce retour au feuilletonesque le plus "naïf", ces bouffées d'effroi pas possibles, cet humour omniprésent (qu'est ce qu'on peut se marrer là-dedans), ces moments de gravité, cet émerveillement lunaire distillé par tout ce qui touche à Dougie. My God
J'ajoute, parce que j'avais un peu oublié ça, que le coffret Blu Ray est le plus bel objet de ce genre que j'ai en ma possession, génialement conçu, avec cette co représentation, découverte par un boitier cranté/denté des trois avatars de l'agent Cooper : lui-même, Mr C et Dougie.
Dernière modification par Alexandre Angel le 26 janv. 25, 14:57, modifié 1 fois.
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Re: David Lynch (1946-2025)
Brillantes séries, on est d'accord (c'est probablement les deux meilleures, avec Succession). Malgré une mécanique d'écriture virtuose, le travail de Vince Gilligan (et de toute son équipe) peine à sortir du cadre télévisuel : in fine, ça reste une création feuilletonnante qui enchaîne les récits en restant fidèle à son genre sans vraiment brouiller les frontières avec le Cinéma. Twin Peaks: Season 3, en revanche, agit de sorte qu'on ne sait jamais à quoi on a affaire (la surprise est constante). C'est en cela que j'y vois un démarquage plus fort que le reste...Barry Egan a écrit : ↑26 janv. 25, 14:13Le diptyque "Breaking Bad"/"Better Call Saul", même s'il n'a pas la même esthétique marquante, reste thématiquement pour moi le meilleur témoin de la période...
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Re: David Lynch (1946-2025)
Oui c'est en sorte un OTNI ; en tout cas vous donnez vachement envie. Pourvu que ça soit réédité.
Elever des enfants c'est comme ranger sa collection de films : c'est pas comme on voudrait mais c'est bien quand même.
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Re: David Lynch (1946-2025)
Je suis d'accord avec tout ce qui a été dit sur Twin Peaks saison 3. Je plains et j'envie ceux qu'ils ne l'ont pas encore vue.
C'est une œuvre d'une générosité désarmante, où Lynch arrive à produire de l’inattendu à chaque instant, à revisiter sa série originelle sans jamais la dénaturer. J'avais regardé la dizaines d'heures de bonus comprise dans le bluray, c'est fascinant de voir avec quelle minutie il suit un récit réfléchi et construit tout en se laissant toujours une marge de manœuvre. On lui reproche reproche souvent, à tort, d'être un réalisateur bordélique, dont les créations métaphoriques ou oniriques seraient le prétexte idéal à du grand n'importe quoi sans queue ni tête. Je pense au contraire que c'était quelqu'un de structuré, parfaitement discipliné dans son approche du travail et de l'art en général. Pourtant c'est un grand intuitif, ce qui n'est pas paradoxal pour qui s'est déjà essayé à la création.
La saison 3 c'est l'aboutissement de tout ça. C'est une œuvre exigeante, cryptique, mais d'une richesse sans égal. On la croirait écrite par un groupe de scénaristes tellement elle est chorale. Comme souvent avec Lynch, elle ne prend pas par la main et nous transporte malgré tout. C'est cette formidable justesse de proposition qu'il m'éblouit à chaque fois. Sans concession et pourtant accessible, dense et pourtant digeste. Et contrairement à Mulholland Drive, qui peut se revoir presque indéfiniment avec son principe fondateur qui appelle à l’interprétation, il n'y a aucune astuce dans cette prouesse, que du travail. Dans 50 ans ce sera encore une référence, j'en suis certain.
(j'avais écrit "c'est quelqu'un de structuré", c'est dur de l'écrire au passé)
C'est une œuvre d'une générosité désarmante, où Lynch arrive à produire de l’inattendu à chaque instant, à revisiter sa série originelle sans jamais la dénaturer. J'avais regardé la dizaines d'heures de bonus comprise dans le bluray, c'est fascinant de voir avec quelle minutie il suit un récit réfléchi et construit tout en se laissant toujours une marge de manœuvre. On lui reproche reproche souvent, à tort, d'être un réalisateur bordélique, dont les créations métaphoriques ou oniriques seraient le prétexte idéal à du grand n'importe quoi sans queue ni tête. Je pense au contraire que c'était quelqu'un de structuré, parfaitement discipliné dans son approche du travail et de l'art en général. Pourtant c'est un grand intuitif, ce qui n'est pas paradoxal pour qui s'est déjà essayé à la création.
La saison 3 c'est l'aboutissement de tout ça. C'est une œuvre exigeante, cryptique, mais d'une richesse sans égal. On la croirait écrite par un groupe de scénaristes tellement elle est chorale. Comme souvent avec Lynch, elle ne prend pas par la main et nous transporte malgré tout. C'est cette formidable justesse de proposition qu'il m'éblouit à chaque fois. Sans concession et pourtant accessible, dense et pourtant digeste. Et contrairement à Mulholland Drive, qui peut se revoir presque indéfiniment avec son principe fondateur qui appelle à l’interprétation, il n'y a aucune astuce dans cette prouesse, que du travail. Dans 50 ans ce sera encore une référence, j'en suis certain.
(j'avais écrit "c'est quelqu'un de structuré", c'est dur de l'écrire au passé)