manuma a écrit : ↑16 janv. 25, 21:36
Film magnifique,
Une histoire vraie. Je pense d'ailleurs régulièrement à cette bouleversante dernière scène.
Le seul que je n'ai pas vu, c'est son dernier
Inland Empire...
Une histoire vraie (1999) est un film inattendu et précieux. Lynch y met son humanité, son être. C'est un film modeste et humble, mais aussi "inspiré" (dans tous les sens du terme) qui va à sept kilomètres à l'heure mais c'est d'une sérénité élégiaque incroyable. Un papy sur une tondeuse à gazon qui traverse le pays par ce moyen pour aller voir son frère, il fallait le faire (le film est basé sur une histoire vraie, comme le suggère le titre). Il y a un côté
Lonely are the Brave (Seuls sont les indomptés, le titre français bien connu...). Sur la vieillesse, sur la sagesse (sans que ça soit dogmatique), sur la lenteur et le silence, voilà un film qui fait un bien fou. Richard Farnsworth et Sissy Spacek (cette dernière interprète la fille du premier) sont beaux et leur jeu est tout en sobriété. Les autres acteurs aussi (la rencontre avec la jeune fille qui a fugué). Richard Farnsworth, souvenez-vous, c'était le shériff du conté dans
Misery (de Rob Reiner, le film était sorti en 1991). Certains l'auront vu aussi dans un film canadien, un western atypique projeté en salle en 1982 et récemment édité par Carlotta,
The Grey Fox (de Philip Borsos), film assez surprenant mais peut-être pas aussi inoubliable que ça... A voir toutefois. Mais
Une histoire vraie tout récemment réédité (en 2022) par studiocanal (en Blu-ray et déjà en rupture de stock, tu m'étonnes !) est une pépite absolue. Et comme tu dis, le final est bouleversant. C'est un film qui amène à réfléchir et à aimer la vie, à reconsidérer ce qu'elle est, en tout cas, pour aller à l'essentiel. Car ce film de Lynch, c'est ça pour moi : une attention à l'essentiel, aux antipodes de la bêtise et de la bestialité. Mais aussi un poème philosophique à nulle autre pareille. On pourrait même dire un conte philosophique. Photographie superbe. Plans séquences de toute beauté. Une mise en scène juste et sacrément intelligente.
Par contre, j'ai nettement moins d'affection pour
Inland Empire (2006). Lynch avait semble-t-il voulu renouer avec le succès de
Mulholland Drive (2001) mais n'y est arrivé que partiellement à mon avis. La métaphore d'Héraclite explique sans doute cet échec commercial et artistique. Il a voulu trop en dire, trop en mettre. Tout donner aussi. En tout cas, le film existe et c'est très bien. Lynch a voulu repousser les limites du cinéma, quitte à caricaturer son propos. D'où le fait que
Inland Empire, malgré quelques scènes très réussies, peut paraître insurmontable à l'entendement, à nos sens, à la raison, voire carrément rédhibitoire étant donné que le visionnage fut pour moi le plus éprouvant de tous les films de Lynch (durée : 3 heures, quand même). Une première fois vu au cinéma (voyage pour les yeux avant toute chose), une deuxième fois vu en DVD puis une troisième en Blu-ray. J'avoue que pour cette deuxième et troisième fois, je n'ai pu aller au-delà de la première heure, et parfois je me suis autorisé à sauter quelques chapitres. Ce n'est donc pas un film que je recommanderai, comme ça. Juste à réserver aux fans (mais même ceux là risquent d'être déçus et plus que désorientés...). Dépressifs : s'abstenir.