Stanley Kubrick (1928-1999)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 102484
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
- Zelda Zonk
- Amnésique antérograde
- Messages : 15853
- Inscription : 30 mai 03, 10:55
- Localisation : Au 7e ciel du 7e art
Je pense que le penchant politique de certains cinéastes peut transparaître dans leur oeuvre, et c'est pour moi le cas chez Kubrick, sans que cela soit le moins du monde une critique d'ailleurs (je ne cherche pas non plus à intellectualiser ses films). Quoi de plus normal pour un cinéaste que de transposer sa vision personnelle et ses idées dans son oeuvre ? Il existe donc bien un lien avec le cinéma, même s'il convient de le relativiser.Jordan White a écrit :Un cinéaste de "droite" ?
Et Patrice Leconte un cinéaste de gauche alors ? Quel est le sens de ses étiquettes qui n'ont rien à voir avec le cinéma.
Kubrick n'a jamais d'ailleurs caché ses opinions politiques conservatrices.
-
- Monteur
- Messages : 4696
- Inscription : 20 mai 03, 16:41
ok Kubrick a une vision conservatrice de l'homme... pour autant, il me semble que son cinéma a une part critique (même si cette critique ne remet pas en question) que l'on ne peut qualifé son cinéma de droite ou de gauche...Memento a écrit :Je pense que le penchant politique de certains cinéastes peut transparaître dans leur oeuvre, et c'est pour moi le cas chez Kubrick, sans que cela soit le moins du monde une critique d'ailleurs (je ne cherche pas non plus à intellectualiser ses films). Quoi de plus normal pour un cinéaste que de transposer sa vision personnelle et ses idées dans son oeuvre ? Il existe donc bien un lien avec le cinéma, même s'il convient de le relativiser.Jordan White a écrit :Un cinéaste de "droite" ?
Et Patrice Leconte un cinéaste de gauche alors ? Quel est le sens de ses étiquettes qui n'ont rien à voir avec le cinéma.
Kubrick n'a jamais d'ailleurs caché ses opinions politiques conservatrices.
bel exemple avec Orange mécanique: l'homme a été, est et sera tjs un loup pour l'homme... pour autant, doit-on laisser l'Etat le museler, l'annhiler?... Non, répond Kubrick: la violence individuelle sera tjs préférable à la violence de l'Etat... pas trop Bushien ou Sarkosiste comme raisonnement non?

- Billy Budd
- Bordeaux Chesnel
- Messages : 26841
- Inscription : 13 avr. 03, 13:59
Bush et Sarkozy ne cherchent pas à guérir le délinquant, juste à le punir. Orange mécanique démonte la volonté de guérir donc aucun point de vue n'est définitif en l'espèceO'Malley a écrit : ok Kubrick a une vision conservatrice de l'homme... pour autant, il me semble que son cinéma a une part critique (même si cette critique ne remet pas en question) que l'on ne peut qualifé son cinéma de droite ou de gauche...
bel exemple avec Orange mécanique: l'homme a été, est et sera tjs un loup pour l'homme... pour autant, doit-on laisser l'Etat le museler, l'annhiler?... Non, répond Kubrick: la violence individuelle sera tjs préférable à la violence de l'Etat... pas trop Bushien ou Sarkosiste comme raisonnement non?
Everybody's clever nowadays
-
- Monteur
- Messages : 4696
- Inscription : 20 mai 03, 16:41
oui c'est vrai...Nikita a écrit :Bush et Sarkozy ne cherchent pas à guérir le délinquant, juste à le punir. Orange mécanique démonte la volonté de guérir donc aucun point de vue n'est définitif en l'espèceO'Malley a écrit : ok Kubrick a une vision conservatrice de l'homme... pour autant, il me semble que son cinéma a une part critique (même si cette critique ne remet pas en question) que l'on ne peut qualifé son cinéma de droite ou de gauche...
bel exemple avec Orange mécanique: l'homme a été, est et sera tjs un loup pour l'homme... pour autant, doit-on laisser l'Etat le museler, l'annhiler?... Non, répond Kubrick: la violence individuelle sera tjs préférable à la violence de l'Etat... pas trop Bushien ou Sarkosiste comme raisonnement non?

en tout cas, il me semble que le message profond d'Orange mécanique est tout de même libéral...
-
- Electro
- Messages : 907
- Inscription : 14 avr. 03, 12:29
- Localisation : La Ville Lumière
Je constate que mes propos ne sont peut-être pas suffisamment clairs.
Si je trouve la vision du monde de Kubrick totalitaire, je ne pense pas en revanche qu'il prône effectivement ce type de gouvernement.
Cependant, son penchant radicalement pessimiste lui fait renoncer à toute alternative : il voit à mon sens le totalitarisme comme l'horizon inéluctable de l'Humanité.
Cela dit, je ne remets pas en cause sa virtuosité absolument exceptionnelle - qui dépasse la simple maîtrise d'un discours publicitaire puisqu'il est capable de solliciter l'intelligence du spectateur sur des durées exceptionnelles.
Et si je donne l'impression d'avoir compris 2001, c'est que ce film m'a fait réfléchir de longues heures... pour constater, comme Solal, que ce qu'il exprime est finalement peu complexe dans le sens qu'aucune véritable richesse d'interprétation n'est proposée - tout le contraire d'un Lynch par exemple.
Car ce qui intéresse Kubrick n'est pas l'humain - qui EST complexe par nature - mais plutôt la constellation des vérités immuables dans le ciel des idées. D'où la limite de son cinéma qui serait un espace-temps métaphysique.
C'est lorsque l'humain persiste malgré tout - l'opacité de Barry Lindon dans le film éponyme - que ses films prennent une dimension vraiment intéressante.
En revanche, je trouve plus qu'il utilise la musique à ses propres fins (allant même jusqu'à distordre une des plus belles symphonies de Beethoven
) qu'il ne porte son cinéma vers une limite musicale (sauf peut-être dans 2001 et Barry Lindon?...).

Si je trouve la vision du monde de Kubrick totalitaire, je ne pense pas en revanche qu'il prône effectivement ce type de gouvernement.

Cependant, son penchant radicalement pessimiste lui fait renoncer à toute alternative : il voit à mon sens le totalitarisme comme l'horizon inéluctable de l'Humanité.
Cela dit, je ne remets pas en cause sa virtuosité absolument exceptionnelle - qui dépasse la simple maîtrise d'un discours publicitaire puisqu'il est capable de solliciter l'intelligence du spectateur sur des durées exceptionnelles.
Et si je donne l'impression d'avoir compris 2001, c'est que ce film m'a fait réfléchir de longues heures... pour constater, comme Solal, que ce qu'il exprime est finalement peu complexe dans le sens qu'aucune véritable richesse d'interprétation n'est proposée - tout le contraire d'un Lynch par exemple.
Car ce qui intéresse Kubrick n'est pas l'humain - qui EST complexe par nature - mais plutôt la constellation des vérités immuables dans le ciel des idées. D'où la limite de son cinéma qui serait un espace-temps métaphysique.
C'est lorsque l'humain persiste malgré tout - l'opacité de Barry Lindon dans le film éponyme - que ses films prennent une dimension vraiment intéressante.
En revanche, je trouve plus qu'il utilise la musique à ses propres fins (allant même jusqu'à distordre une des plus belles symphonies de Beethoven

"There is Paramount Paris and Metro Paris, and of course the real Paris. Paramount's is the most Parisian of all."
Mon top 20
Mon top 20
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 102484
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Qui aime bien chatie bien. J'adore la neuvième mais sa 'distorsion' par Wendy Carlos me fait bien marrer (ou plutôt me renforce dans l'impression de malaise que dégage pour moi le film). Bref, ça ne me dérange pas dans ce contexte.David Locke a écrit : En revanche, je trouve plus qu'il utilise la musique à ses propres fins (allant même jusqu'à distordre une des plus belles symphonies de Beethoven)
-
- King of (lolli)pop
- Messages : 15433
- Inscription : 14 avr. 03, 15:14
Le fait que de nombreuses thèses et des interprétations très différentes les unes des autres se soient exprimées au sujet de 2001 prouve au contraire qu'il n'y a pas qu'UNE façon d'envisager le film, mais des dizaines, voir des centaines. Les interrogations suscitées par le Monolithe Noir n'ont pas finies d'être posées, c'est un film d'une richesse inouïe, qui se prête à la philosophie, à la littérature, à la métaphysique, et à d'autres domaines.
Je le vois surtout comme une gigantesque oeuvre cinématographique, un véritable voyage.
Je le vois surtout comme une gigantesque oeuvre cinématographique, un véritable voyage.
Je vote pour Victoria Romanova
- Zelda Zonk
- Amnésique antérograde
- Messages : 15853
- Inscription : 30 mai 03, 10:55
- Localisation : Au 7e ciel du 7e art
En l'occurrence, je trouve les choix musicaux de 2001 et Barry Lindon très pertinents.David Locke a écrit : En revanche, je trouve plus qu'il utilise la musique à ses propres fins (allant même jusqu'à distordre une des plus belles symphonies de Beethoven) qu'il ne porte son cinéma vers une limite musicale (sauf peut-être dans 2001 et Barry Lindon?...).
J'ajouterais également Shining avec Bartok, il me semble (?).
J'avoue que j'ai plus de mal avec Eyes Wide Shut, mais cela tient sans doute à ma sensibilité musicale.

- Zelda Zonk
- Amnésique antérograde
- Messages : 15853
- Inscription : 30 mai 03, 10:55
- Localisation : Au 7e ciel du 7e art
Je vous trouve tous les deux bien présomptueux. Comme le rappelle Jordan, il existe plusieurs interprétations pour 2001. Kubrick lui-même a affirmé ne pas vouloir orienter la perception du spectateur qui peut voir dans son film une conclusion optimiste ou pessimiste. Le monolithe noir, cela peut être des extraterrestres, une projection de la psyché humaine, Dieu. Et le cinéma de David Lynch est complètement different, Lynch il n'est pas un cinéaste cérébral comme Kubrick. Les interprétations qui peuvent découler de ses films ne sont pas d'ordre analytique ou rationnelle mais de l'ordre de l'inconscient.David Locke a écrit :Et si je donne l'impression d'avoir compris 2001, c'est que ce film m'a fait réfléchir de longues heures... pour constater, comme Solal, que ce qu'il exprime est finalement peu complexe dans le sens qu'aucune véritable richesse d'interprétation n'est proposée - tout le contraire d'un Lynch par exemple.
C'est une jolie phrase mais je ne comprends pas vraiment ce qu'elle veut dire. Et dire que Kubrick n'est pas intéressé par l'humain est sacrément culotté.Car ce qui intéresse Kubrick n'est pas l'humain - qui EST complexe par nature - mais plutôt la constellation des vérités immuables dans le ciel des idées. D'où la limite de son cinéma qui serait un espace-temps métaphysique.
La belle affaire !En revanche, je trouve plus qu'il utilise la musique à ses propres fins (allant même jusqu'à distordre une des plus belles symphonies de Beethoven) qu'il ne porte son cinéma vers une limite musicale (sauf peut-être dans 2001 et Barry Lindon?...).



-
- murder on the dance floor
- Messages : 7287
- Inscription : 13 avr. 03, 18:33
- Localisation : Bonne question...
Pas mieux.Jordan White a écrit :Le fait que de nombreuses thèses et des interprétations très différentes les unes des autres se soient exprimées au sujet de 2001 prouve au contraire qu'il n'y a pas qu'UNE façon d'envisager le film, mais des dizaines, voir des centaines. Les interrogations suscitées par le Monolithe Noir n'ont pas finies d'être posées, c'est un film d'une richesse inouïe, qui se prête à la philosophie, à la littérature, à la métaphysique, et à d'autres domaines.
Je le vois surtout comme une gigantesque oeuvre cinématographique, un véritable voyage.
Mais à force de vouloir tout intellectualiser, on a tendance à oublier que 2001 ne tire pas uniquement sa grandeur de son opacité, mais aussi de son formidable aboutissement formel, sa portée poétique, sa splendeur picturale, qui en font bien plus qu'une simple oeuvre intellectuelle à interprétation, mais un spectacle grandiose comme on nous en a rarement donné, une expérience encore aujourd'hui impressionnante qui donne aux spectateurs(qui accrochent bien sur) un voyage dans les étoiles. Dans une critique(je sais plus du tout laquelle), le journaliste dit que Kubrick a réalisé les rêves de Méliès en faisant un cinéma de pur spectacle dont le but premier est de faire rêverr. J'ai trouvé cette remarque on ne peut plus juste
En ce qui concerne Orange Mécanique, le film s'apparente plus à un conte philosophique. En effet, Kubrick nous présente les faits mais ne donne pas la réponse à la problématique du film ("Quelle forme de violence est la pire?"). Contrairement à par exemple pour un Dogville, c'est au spectateur d'en tirer sa conclusion.
Et pour Dr Folamour, Kubrick présente les visions cauchemardesques d'une époque. Mais malgré sa distanciation qui lui est propre, j'ai trouvé que ces visions de guerre avaient un aspect viscéral, comme si c'était après tout ses cauchemards à lui. C'est peut-être qu'une question de ressenti. Mais je ne vois pourquoi tu compares à Rhapsodie en Aout

- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 102484
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
YeeeeeeessssssssPhilip Marlowe a écrit : Mais à force de vouloir tout intellectualiser, on a tendance à oublier que 2001 ne tire pas uniquement sa grandeur de son opacité, mais aussi de son formidable aboutissement formel, sa portée poétique, sa splendeur picturale, qui en font bien plus qu'une simple oeuvre intellectuelle à interprétation, mais un spectacle grandiose comme on nous en a rarement donné, une expérience encore aujourd'hui impressionnante qui donne aux spectateurs(qui accrochent bien sur) un voyage dans les étoiles.
-
- Décorateur
- Messages : 3918
- Inscription : 12 avr. 03, 19:46
L'étiquette peut parfois interférer avec le cinéma. Tavernier ou Romero sont de gauche et cela se ressent pas mal voire beaucoup dans certains films. Mais pour Kubrick, l'association n'a pas de sens.Jordan White a écrit :Un cinéaste de "droite" ?
Et Patrice Leconte un cinéaste de gauche alors ? Quel est le sens de ses étiquettes qui n'ont rien à voir avec le cinéma.
I don't wanna stay with you, I just wanna play with you