Ce n'est pas une œuvre majeure, nous sommes tous d'accord, mais ce n'est pas un ratage non plus.
C'est un film totalement eastwoodien dans tous les cas, dans les thématiques, dans le ton proposé, dans ses cadrages, son rythme, sa musique. Un film au scénario inégal (certaines parties sont quand même un peu barbantes), mais quand même solidement charpenté pour un cinéaste nonagénaire. Eastwood n'oublie pas de raconter une histoire avec son lot d'ambiguïtés, de faux-semblants et de réflexion sur les institutions.
Dommage que quelques personnages soient sacrifiés, mais je pense que le cinéaste a voulu aller à l'essentiel et le résultat est loin d'être déshonorant.
Surtout le fait de souligner que le personnage principal est plutôt à l'opposé des héros Eastwoodien des derniers opus de Clint et se retrouve face à un système qui (au départ) semble impitoyable et juste.
J'ai bien apprécié dans l'ensemble, j'aurais juste souhaité que le personnage de Kiefer Sutherland ai plus de temps de présence.
Son personnage d'avocat est le seul qui peut servir de miroir direct au personnage principal et j'aurais aimé que leurs échanges permettent de mettre le personnage face à ses dilemmes, là on a l'impression que ses changements moraux s'opèrent par à coups, les journées du procès passants. Même si la confrontation a lieu (mais toujours dans l'ambiguité) avec son épouse et Toni Collette
Dernière modification par Nazario9 le 7 nov. 24, 11:35, modifié 1 fois.
Oui, je suis d'accord pour dire qu'il est dommage que deux personnages soient sacrifiés assez rapidement :
- l'avocat campé par Kiefer Sutherland (effectivement le plus à même de mettre Justin Kemp face à ses dilemmes moraux) ; or ses scènes sont trop courtes, limite bâclées
- l'ex-flic campé par J.K Simmons, qui lui aussi sort rapidement de l'histoire ; sur le plan scénaristique, je ne l'explique que d'une façon : Eastwood veut "transférer" l'enquête d'un point de vue policier à un point de vue judiciaire, et passer le relais à la femme procureur (Toni Collette), d'où l'échange entre les deux personnages à la sortie du tribunal. N'empêche, c'est dommage de voir ce super acteur sortir si vite du scénario.
Quel plaisir de retrouver la photo et la mise en scene du pere Clint : pas de gras, fluide, clair, tendu, limpide.
Le film est pas toujours 300% vraisemblable mais on s’en fout. Eastwood veut parler de culpabilité, de présomption d’innocence, de rédemptions impossibles, de choix cornélien, …
J’ai pensé en sortant qu’Eastwood fait des films comme les maîtres classiques des années 30 ou 40. On a un propos, on se fixe un cadre, on deroule une histoire édifiante, presque un conte, avec juste ce qui faut pour tenir son propos.
Le film n’est pas un grand film mais il est prenant et porté par une Toni Collete tres bien (comment souvent voire toujours).
On a tous bien aimé.
Et, tu remet ca quand tu veux Clint !
Heureusement qu'il n'a jamais daigné faire un Marvel avec du multiverse, il casserait sa pipe avant la fin du tournage !
L'élite de ce pays permet de faire et défaire les modes, suivant la maxime qui proclame : « Je pense, donc tu suis. » Pierre Desproges Ma Collection - Mon Planning Achats
Tout comme il existe la « comfort food », il existe également les « comfort movies ». Eh bien ce dernier opus Eastwoodien fait clairement partie de cette seconde catégorie, tant il m'a projeté le temps de moins de 2 heures au coeur d'un cinéma qui semble ne plus exister aujourd'hui : un sujet fort (qui rappelle forcément 12 Angry Men, mais aussi et surtout Le Septième Juré...Clint serait-il fan de Georges Lautner ?), mis en scène de façon parfaitement classique (ce qui n'est absolument pas un défaut, en l'occurrence), claire et posée.
Le tout au service d'un récit centré sur la justice, la vérité, la culpabilité, les remords...que de grands mots pour un film a priori mineur de la part de son auteur, alors que c'est sans doute son plus techniquement abouti depuis longtemps : superbe photo aux tons ocres de Yves Bélanger, musique discrète mais efficace de Mark Mancina (ça change des 3 notes de piano un peu nulles quand c'est Clint lui-même qui s'y colle).
Un film à voir avec des chaussons et un plaid. Et c'est exactement ce que j'ai fait.
Flol a écrit : ↑6 déc. 24, 23:49
Tout comme il existe la « comfort food », il existe également les « comfort movies ». Eh bien ce dernier opus Eastwoodien fait clairement partie de cette seconde catégorie, tant il m'a projeté le temps de moins de 2 heures au coeur d'un cinéma qui semble ne plus exister aujourd'hui : un sujet fort (qui rappelle forcément 12 Angry Men, mais aussi et surtout Le Septième Juré...Clint serait-il fan de Georges Lautner ?), mis en scène de façon parfaitement classique (ce qui n'est absolument pas un défaut, en l'occurrence), claire et posée.
Le tout au service d'un récit centré sur la justice, la vérité, la culpabilité, les remords...que de grands mots pour un film a priori mineur de la part de son auteur, alors que c'est sans doute son plus techniquement abouti depuis longtemps : superbe photo aux tons ocres de Yves Bélanger, musique discrète mais efficace de Mark Mancina (ça change des 3 notes de piano un peu nulles quand c'est Clint lui-même qui s'y colle).
Un film à voir avec des chaussons et un plaid. Et c'est exactement ce que j'ai fait.
Il y a de ça. Un film appliqué et (relativement) impliqué, une facture classique, une durée bien gérée... J'ai été déçu par la direction que prend le film à un moment, je trouvais qu'il y avait matière à aller beaucoup plus loin dans le traitement de la culpabilité, un peu à la manière du cinéma de l'anxiété morale polonais... La crise existentielle ne va peut-être pas assez loin.
Ça reste malgré tout de bon niveau, en deçà du voisin Richard Jewell qui reste à mes yeux son meilleur film de ces 15 dernières années.
L'intervenant interprète la fin de Juré #2 comme une réécriture de la fin d'un autre film réalisé par Eastwood. Il précise seulement qu'il s'agit d'un champ / contre-champ entre deux personnages. J'ai un peu honte, mais j'ai du mal à voir de quel film il s'agit
Kiké a écrit : ↑12 déc. 24, 23:51
L'intervenant interprète la fin de Juré #2 comme une réécriture de la fin d'un autre film réalisé par Eastwood. Il précise seulement qu'il s'agit d'un champ / contre-champ entre deux personnages. J'ai un peu honte, mais j'ai du mal à voir de quel film il s'agit
Je me souviens très mal de la fin d'American Sniper.
Ça pourrait être la fin de Mystic River. Il y a aussi un champ/contrechamp muet (mais sans culpabilité) à la fin de Jugé coupable.
Kiké a écrit : ↑12 déc. 24, 23:51
L'intervenant interprète la fin de Juré #2 comme une réécriture de la fin d'un autre film réalisé par Eastwood. Il précise seulement qu'il s'agit d'un champ / contre-champ entre deux personnages. J'ai un peu honte, mais j'ai du mal à voir de quel film il s'agit
Je me souviens très mal de la fin d'American Sniper.
Ça pourrait être la fin de Mystic River.
ça doit être ça sauf que c'est bien plus réussi dans Mystic River.
Le perso de Toni Colette est quand même une absurdité. Déjà imaginer qu'une procureure se mette à enquêter contre son camp pendant que les jurés délibèrent c'est totalement lunaire. C'est d'autant plus dommage que tout ce qui touche aux problèmes de conscience du personnage principal est finement écrit
Mystic River se termine en effet par des champs / contre-champs muets entre plusieurs personnages, mais cela se passe au milieu de la foule pendant une parade.
Mais la réponse a été confirmée par Critikat dans les commentaires de la vidéo : American Sniper, avant le générique et les images d'archive, propose un champ / contre-champ qui me semble plus proche du Juré #2 parce qu'il se passe également sur le seuil de la maison, avec la porte d'entrée entrouverte, entre le couple. La femme regarde le mari s'éloigner avec un autre homme, on insiste sur son visage, elle se demande sans doute ce qu'il va lui arriver, un peu comme on se demande ce que Toni Colette va décider par rapport au juré/suspect.
Mystic River se termine en effet par des champs / contre-champs muets entre plusieurs personnages, mais cela se passe au milieu de la foule pendant une parade.
Mais la réponse a été confirmée par Critikat dans les commentaires de la vidéo : American Sniper, avant le générique et les images d'archive, propose un champ / contre-champ qui me semble plus proche du Juré #2 parce qu'il se passe également sur le seuil de la maison, avec la porte d'entrée entrouverte, entre le couple. La femme regarde le mari s'éloigner avec un autre homme, on insiste sur son visage, elle se demande sans doute ce qu'il va lui arriver, un peu comme on se demande ce que Toni Colette va décider par rapport au juré/suspect.
Tu trouves qu'il y a une ambiguïté sur la fin de Juror n°2 ?