Alexandre Angel a écrit : ↑18 juil. 24, 13:13
Sur la référence à Greed, je trouve que tu exagères un tout petit peu.
C'était juste une interrogation (et non pas une affirmation) car je trouve qu'il y a dans le geste de Costner, la même démarche qu'un Von Stroheim lorsqu'il s'attelle à Greed: se lancer dans un projet ambitieux, feuilletonesque, dépassant la durée maximale d'un film de cinéma (plus de 4 heures donc) et hasardeux financièrement. Après, c'est pareil aussi pour Coppola lorsqu'il fait Apocalypse Now ou Megalopolis mais il y a quelque chose quand même d'un peu monstrueux dans l'ampleur du projet qui je trouve dépasse les cas Coppola et Scorsese que tu cites.
Je me demande aussi si Costner ne veut pas donner l'équivalent au médium audiovisuel (et en premier lieu au cinéma) de ce qu'a écrit A.B Guthrie, pour la littérature, avec sa saga La captive aux yeux clairs/La route de l'Ouest/ L'Irrésistible Ascension de Lat Evans/Dans un si beau pays.
Alexandre Angel a écrit : ↑18 juil. 24, 13:13
Sur la référence à Greed, je trouve que tu exagères un tout petit peu.
C'était juste une interrogation (et non pas une affirmation) car je trouve qu'il y a dans le geste de Costner, la même démarche qu'un Von Stroheim lorsqu'il s'attelle à Greed: se lancer dans un projet ambitieux, feuilletonesque, dépassant la durée maximale d'un film de cinéma (plus de 4 heures donc) et hasardeux financièrement. Après, c'est pareil aussi pour Coppola lorsqu'il fait Apocalypse Now ou Megalopolis mais il y a quelque chose quand même d'un peu monstrueux dans l'ampleur du projet qui je trouve dépasse les cas Coppola et Scorsese que tu cites.
Oui mais tu brades la spécificité de Greed, qui est le grand chef d'œuvre sur la cupidité, ce qui induit une thématique vénéneuse, sordide..
Toi, tu parles d'œuvres démesurées en général et là, tu me perds.
Mais j'ai compris ce que tu veux dire, hein!
Par contre je suis totalement d'accord avec ça:
O'Malley a écrit : ↑18 juil. 24, 14:46
Je me demande aussi si Costner ne veut pas donner l'équivalent au médium audiovisuel (et en premier lieu au cinéma) de ce qu'a écrit A.B Guthrie, pour la littérature, avec sa saga La captive aux yeux clairs/La route de l'Ouest/ L'Irrésistible Ascension de Lat Evans/Dans un si beau pays.
On est complétement là dedans et j'ai pas l'impression qu'un seul critique le mentionne.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Alexandre Angel a écrit : ↑18 juil. 24, 13:13malgré les efforts d'un Erick Maurel, et de sa bien connue incarnation forumeuse.
Erick Maurel le magistrat ?
Sinon je partage l'étonnement de ne pas voir plus de classikiens se précipiter en salle.
Je ne me sens pas visé, l'ayant vu et plutôt globalement apprécié même si j'attends au moins la vision du deuxième opus pour en tirer des conclusions. Par contre, tous nos autres forumeurs n'ont peut-être tout simplement pas le temps de voir un film de plus trois heures dans une salle de cinéma. Tout le monde n'a pas également la chance d'aller au cinéma quand il le veut.
hansolo a écrit : ↑18 juil. 24, 11:26
La logique des salles A&E n'est pas la rentabilité en premier lieu, et heureusement sinon on ne pourrait pas découvrir des pépites.
Bien sûr, mais dans mon cas, l’unique cinéma de ma ville n’est pas un A&E, loin de là, et je peux t’assurer qu’il préfèrera diffuser n’importe quelle comédie avec Christian Clavier plutôt qu’un film de 3 heures au rendement incertain (ce qui me vient en tête immédiatement, c’est Oppenheimer qui n’a pas été programmé à cause de sa durée ou encore le West side story de Spielberg diffusé sur 3 jours la semaine de sa sortie en blu-ray).
hansolo a écrit : ↑18 juil. 24, 11:26
La logique des salles A&E n'est pas la rentabilité en premier lieu, et heureusement sinon on ne pourrait pas découvrir des pépites.
Bien sûr, mais dans mon cas, l’unique cinéma de ma ville n’est pas un A&E, loin de là, et je peux t’assurer qu’il préfèrera diffuser n’importe quelle comédie avec Christian Clavier plutôt qu’un film de 3 heures au rendement incertain (ce qui me vient en tête immédiatement, c’est Oppenheimer qui n’a pas été programmé à cause de sa durée ou encore le West side story de Spielberg diffusé sur 3 jours la semaine de sa sortie en blu-ray).
Assez etrange pour Oppy qui a été un des plus gros succès France de 2023 (au niveau d'Asterix). Il a fait mieux en France que les 2 volets The Dark Knight (seul Inception l'a surclassé dans la filmo de Nolan).
Si la durée est un critère rédhibitoire pour cet exploitant, c'est même étrange qu'il ait envisagé de diffuser le chapitre 1 d'Horizon ...
Dernière modification par hansolo le 18 juil. 24, 18:34, modifié 1 fois.
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.
Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)
Spongebob a écrit : ↑18 juil. 24, 14:17
Erick Maurel le magistrat ?
Sinon je partage l'étonnement de ne pas voir plus de classikiens se précipiter en salle.
Je ne me sens pas visé, l'ayant vu et plutôt globalement apprécié même si j'attends au moins la vision du deuxième opus pour en tirer des conclusions. Par contre, tous nos autres forumeurs n'ont peut-être tout simplement pas le temps de voir un film de plus trois heures dans une salle de cinéma. Tout le monde n'a pas également la chance d'aller au cinéma quand il le veut.
Oui j'en comprends bien les raisons mais je me dis que si le public à priori le plus réceptif à ce film ne peut (veut) pas se déplacer, il n'avait aucune chance de s'en sortir au box-office et financièrement (du moins en France mais je pense que nous pouvons généraliser aux USA et en Europe). Je pense aussi que si le film était sorti il y a 20 ans, il aurait peut-être eu un destin plus heureux. Mais les temps ont changé , le public jeune qui va au cinéma ne s'intéresse pas à ce type de film, le public plus âge a d'autres préoccupations. Bref, sale temps au cinéma (même si on le savait déjà depuis une quinzaine d'années) pour les oeuvres adultes et ambitieuses à Hollywood, bref les films qui joignent le geste artistique à l'exigence commerciale. Et même si Costner a voulu jouer la carte du film à franchise, à sa manière atypique, cela n'a pas suffit.
Dernière modification par O'Malley le 19 juil. 24, 10:46, modifié 1 fois.
O'Malley a écrit : ↑19 juil. 24, 10:26
Je pense aussi que si le film était sorti il y a 20 ans, il aurait peut-être eu un destin plus heureux. Mais les temps ont changé , le public jeune qui va au cinéma ne s'intéresse pas à ce type de film, le public plus âge a d'autres préoccupations. Bref, sale temps au cinéma (même si on le savait déjà depuis une quinzaine d'années) pour les oeuvres adultes et ambitieuses à Hollywood, bref les films qui joignent le geste artistique à l'exigence commerciale. Et même si Costner a voulu jouer la carte du film à franchise, à sa manière atypique, cela n'a pas suffit.
Et pour le coup, j'en remets une couche par rapport à la critique de Positif signée Emmanuel Raspiengeas, qui est une pauvre et négative petite notule.
Je n'en fais pas des caisses par rapport à ce film qui m'a plu mais pas bouleversé, n'exagérons rien, mais quand même, je trouve ça un peu inquiétant et je ne suis pas sûr que Feu Michael eût approuvé cela.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Mais je parlais de Michael Cyment, en la faisant façon Jérôme Garcin.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Alexandre Angel a écrit : ↑19 juil. 24, 11:00
Et pour le coup, j'en remets une couche par rapport à la critique de Positif signée Emmanuel Raspiengeas, qui est une pauvre et négative petite notule.
J'irais y jeter un coup d'oeil pour savoir de quoi il en retourne.
Hop, je rejoins le clan des défenseurs du film.
J'ai trouvé ça globalement formidable malgré quelques réserves déjà pointées : un côté téléfilm de luxe, musique parfois envahissante, quelques dialogues surlignant et superflus, 2-3 personnages un brin caricaturaux, la partie "wagon trail" mal équilibrée par rapport au reste du récit. Cela dit, je n'ai jamais été perturbé ou décontenancé par sa structure narrative, peut-être parce que dès les premières scènes, il y a un sens des ellipses et une écriture qui annoncent cette fragmentation, avec ces premiers colons qui disparaissent rapidement du récit. Ca esquisse quelque choses de beaucoup plus larges... et de réellement ambitieux.
C'est vraiment cette approche qui m'a plu. Costner ne tombe pas dans la nostalgie ou l'académisme, par plus qu'il ne cherche à verser dans le crépusculaire démythifiant ou la réécriture selon les critères/sensibilités actuelles. J'ai aussi aimé le rythme qu'il donne, jamais précipité, jamais contemplatif ; chaque scène suit sa propre respiration (qui peuvent être d'ailleurs plus ou moins courtes) et les 3h sont passées sans la moindre longueur pour moi. De manière générale, il n'appuie ni ses effets ni son microcosme (on croise des cowboys noirs ou une communauté chinoise sans qu'on s'y attarde ou que ce soit explicité) de même qu'il ne juge pas ses personnages et leurs comportements. J'aime bien le traitement de la prostituée à ce titre, son métier est accepté par tout le monde (à part les concurrentes) ni remis en cause car il fait partie intégrante des mœurs et des pratiques de l'époque, comme les discriminations envers les asiatiques. Même le personnage de Kevin Costner ne se positionne pas au dessus d'un point de vue morale ou sage.
De la même manière, j'aime bien comment la perception de certains seconds rôles évoluent en quelques touches : les 2 personnes qui apparaissaient comme sympathiques et solidaires en réparant un charriot deviennent plus menaçant quand on essaie de leur faire comprendre certaines convenances sociales tandis que le couple de dandies qui étaient agaçants par leur déconnection deviennent d'un coup réellement humain, pour ne pas dire touchant, quand leur complicité et leur amour se matérialisent par des gestes simples. De plus, ça peut donner une narration assez percutante dans la présentation de certains protagonistes (l'épouse tirant sur son mari). J'espère vraiment que les films à venir vont réussir à tenir cette justesse dans la petite/grande histoire en train de s'écrire, et où le manichéisme n'aurait pas trop sa place quand les différentes trames vont se regrouper.
J'ai donc vu une sorte d'honnêteté et d'intégrité vraiment salutaire, même si cette approche joue sans doute en sa défaveur pour beaucoup de spectateurs.
Niveau réalisation, il y a quelques moments marquants en effet (la grosse attaque du début ; la progression vers la maison isolée) mais il y a d'autres moments tout aussi réussi et ne manquant pas d'intensité à mon goût comme la scène dans le relai avec l'indien et son fils au milieu d'une milice ou toute la mise en place du raid contre le camp indien. A l'inverse il m'a fait presque venir les larmes aux yeux avec les corps qu'on identifie par les bottes et les fleurs en tissus (très fordienne il est vrai, y compris dans son dialogues redondant). Dans l'ensemble, le casting est excellent d'ailleurs il faut reconnaître.
Voilà, autant dire que je suis plus que frustré de savoir que la seconde partie ne sortira pas en septembre.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan a écrit : ↑19 juil. 24, 12:21
Hop, je rejoins le clan des défenseurs du film.
J'ai trouvé ça globalement formidable malgré quelques réserves déjà pointées : un côté téléfilm de luxe, musique parfois envahissante, quelques dialogues surlignant et superflus, 2-3 personnages un brin caricaturaux, la partie "wagon trail" mal équilibrée par rapport au reste du récit. Cela dit, je n'ai jamais été perturbé ou décontenancé par sa structure narrative, peut-être parce que dès les premières scènes, il y a un sens des ellipses et une écriture qui annoncent cette fragmentation, avec ces premiers colons qui disparaissent rapidement du récit. Ca esquisse quelque choses de beaucoup plus larges... et de réellement ambitieux.
Je comprends ton ressenti.
Perso c'est le coté inachevé qui m'a perturbé
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.
Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)