Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Thaddeus
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Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par Thaddeus »

En hommage à Guy Marchand...

La chronique du site.


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Au poste


C’est un filon qu’on connaît bien : la fiction du type "personne ne quittera cette pièce avant que." Avant que la lumière ne soit faite, avant que le jour n’arrive, avant que le rideau ne retombe sur les drames ordinaires d’une humanité cauteleuse. Héritier de la Nouvelle Vague, fils spirituel de Truffaut, Claude Miller s’est pourtant assuré la collaboration de leur ennemi de toujours, Michel Audiard. Alliance de la carpe et du lapin ? Mariage de raison en tout cas, dont le fruit n’a pas pris une ride au fil des ans. Ramassée en une dizaine d’heures et concentrée dans le commissariat-aquarium verdâtre d’une petite ville côtière de l’ouest hexagonal, l’intrigue laisse affleurer une désespérance irrémédiable. Elle retrace un interrogatoire sans merci : d’un côté le flic décidé à confondre l’assassin de deux fillettes violées et étranglées, de l’autre le notaire que les apparences, les hésitations de son comportement, peut-être aussi sa sale gueule de bourgeois amidonné, désignent comme un coupable idéal. L’inspecteur Gallien, proche de la retraite et trois fois divorcé, et maître Martinaud, marié, sans enfants, convoqué en tenue de soirée. Au fil de leur joute s’éclaire peu à peu le sac de nœuds mauriacien d’une existence détruite, d’un couple défait, de la haine qui consume le regard de l’épouse quand elle vient porter le coup de grâce à son mari. Et plus profondément encore, l’amour que celui-ci continue sans doute de cultiver pour cette femme meurtrie qui l’a rejeté. L’un des héros, malgré ses succès apparents, est un homme fini brûlant ses dernières cartouches ; l’autre s’anéantit sans même s’en apercevoir. Leur affrontement est un duel de vaincus qui laisse un goût âcre dans la bouche. Qu’à l’heure blême du petit matin, la découverte presque fortuite d’un troisième meurtre et de son auteur incontestable blanchisse le suspect ondoyant importe finalement assez peu. Car le film raconte moins l’enquête patiente, obstinée et vaine de Gallien qu’une descente aux enfers sous le verni trop lisse de la province. Quand l’aube se lève, il ne reste qu’un peu de cendre amère et quelques cris de naufragé se perdant dans la brume.


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En cette nuit de la Saint-Sylvestre donc, la pluie tombe sur Concarneau. Flotte l’odeur de l’imperméable trempé qui sèche dans un coin. Une comptine enfantine coule tristement d’une orgue de Barbarie. Le sandwich de l’inspecteur Adami sent le saucisson à l’ail, et c’est une carafe de rouge qu’il a posée sur son plateau. Douce France. L’eau est collante et lourde, elle noie, elle enferme, elle poisse aux vitres et déforme la réalité du monde extérieur — ces rues et ces façades photographiées dans des tons de cuivre et de bleu sale. Le film avance tous écrous serrés, chaque rouage semblant avoir été soumis à une sévère pesée. Sens de l’espace, nécessité des cadrages, des oscillations de la caméra d’un personnage à l’autre, rompus par des plans de coupe sur Belmont, l’inspecteur adjoint, assis à son bureau. Passages au gros plan, du visage minéral de Lino Ventura (pas du marbre, une meulière sur laquelle l’érosion a eu prise) à celui, plus mou, apprêté, de Michel Serrault. La réussite du casting, la direction d’acteurs, le souci apporté à la mise en place des seconds rôles (celle de Jabelain, lorsqu’il vient déclarer le vol de sa voiture, ou celle du jeune agent stupéfait d’avoir été là quand Belmont tabasse Martinaud) constituent autant de traits remarquables. La pesanteur de Ventura confrontée à la finesse presque reptilienne de Serrault suscite une arythmie angoissante, rompue par les bouffonneries dérisoires de Guy Marchand. Aux questions de plus en plus précises et gênantes qui lui sont posées, Martinaud ne répond que par des plaisanteries, des faux-fuyants, des sarcasmes. Tour à tour désabusé, narquois, agressif, il a des moues inattendues, des colères d’une seconde, des absences répétées. Il se paye la tête de Belmont qui enregistre sa déposition, et quand Gallien en arrive au double assassinat, il s’accroche à des alibis invérifiables. Singulièrement retors dans son argumentation, il donne en même temps l’impression d’avoir pris son parti des accusations dont il fait l’objet.

C’est qu’il y a un peu du Faux Coupable d’Hitchcock dans Garde à Vue. Un même engrenage s’y enclenche, par lequel la machine judiciaire produit chez l’innocent la fascination du pouvoir qu’il a de la mettre en branle, fût-ce contre lui. Qui est donc Jérôme Martinaud ? Un criminel jouant de son prestige social et de sa connaissance du code pour dérouter la justice ou un bouc émissaire particulièrement malchanceux ? Voilà ce que cherche à déterminer Gallien. Suspense classique sur lequel se greffe un mystère plus ténébreux qui a trait non plus à ses agissements réels ou supposés mais à sa personnalité profonde, à cette part d’ombre qu’il dissimule sous sa désinvolture et son cynisme, à ce secret que quelques-unes de ses paroles laissent deviner, et qui n’est pas forcément celui qu’on s’efforce de lui extorquer. Cet homme huileux et insaisissable personnalise une province balzacienne, gangrenée par des passions névrotiques, des mesquineries calomnieuses, des rancunes recuites, une province où les notables se rendent en écharpe blanche au bal de la sous-préfecture, une province qui renvoie au Clouzot du Corbeau ("Les Français aiment bien écrire à la police, que voulez-vous que j’y fasse", constate le commissaire). Souvenir littéraire que ce cloisonnement de la bourgeoisie selon les lois non écrites qui font que le côté impair du quartier Saint-Louis est plus prestigieux (Gallien opine du bonnet) que le côté pair, ou que le fric est avenue de Lattre — qui, dans l’esprit des scénaristes, s’appelait probablement avenue Pétain dans les années 1940-1944. En ce temps-là, le cinéma français était un cinéma de repli, et l’étouffoir provincial l’abrégé d’une société contrainte et malsaine. Que ce microcosme resurgisse au dernier hiver des années Giscard en dit long sur le refoulé, la traque des manifestations de l’inconscient collectif à l’œuvre en cette fin des Trente Glorieuses. D’où la richesse d’un jeu de la vérité en forme de tour de prestidigitation : le coupable réel n’a pas nécessairement le sens de la faute, le fautif est peut-être le coupable apparent et, des deux, le vrai coupable n’est ni l’un ni l’autre.


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Le film fut d’ailleurs envisagé à sa sortie comme symptôme de la résurgence d’un cinéma de haute précision, à la technique fermement établie, taillé dans la vieille couture de la Qualité Française. Pourtant la modernité s’y empare avec succès des formules traditionnelles. Plastiquement d’abord : l’image de Bruno Nuytten, bleutée et barrée de néon, démarque le contraste d’un local policier contemporain avec une verrière intérieure d’allure plus ancienne. La solide armature du décor abrite un huis-clos qui demeure réaliste malgré un imperceptible dérèglement des couleurs. Le travail de Miller freine et contient le dialogue jusqu’à une certaine intériorisation, l’oblige à s’abstraire dans la vérité des personnages. "Il est normal que les assassins nous signalent le crime, après tout ils sont les premiers informés" : cette phrase pourrait n’être que la réplique facile et claironnante d’un polar de série. Ici elle bute sur l’expression fermée de Martinaud qui, dans le jeu de ping-pong qui l’oppose au flic, renvoie aussitôt une balle très sèche. Presque tel qu’il est, le film pourrait être porté à la scène. Un découpage en actes apparaît à l’œil nu. "Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j’aimerais assez la garde à vue", dit Gallien tandis qu’un fondu au noir prend la fonction d’un baisser de rideau. Le réalisateur filme ce précis d’incertitude avec une grande attention graphique. "Surcroît de théâtralité", préconisait Bazin à propos du théâtre filmé. Mais plutôt que de reproduire comme Wyler l’espace en insistant sur la profondeur de champ, Miller en investit tous les angles au gré des inflexions psychologiques, des nuances de la situation, dans un harcèlement qui rend subtiles certaines ficelles. Pas d’aération sinon quelques flashes (le phare, les cadavres des victimes) accréditant les étapes du raisonnement de l’inspecteur et faisant soudain jaillir l’imaginaire.

Le sujet de Garde à Vue gagne en effet le plein régime de ses forces obscures. Irrésolution des faits, ambiguïté des mots, fragilité des aveux… Autant de notions que la mise en scène, toute en ruptures de rythme et glissements sinueux, éclaire d’une lumière dubitative. Ayant souvent adapté Simenon, Audiard conduit cette histoire vers les chemins à la fois dénudés et obscurs de l’auteur de La Mort de Belle. Ici comme chez l’écrivain, le suspect investit la culpabilité qu’on lui propose ; il la soupçonnait en lui et il commence à s’y mouvoir dans une alternance d’hébétude, de confort et d’horreur. Car si Martinaud n’a pas tué les fillettes, il n’a pas oublié le désir que lui inspirait autrefois la petite Camille. L’a-t-il exaucé ? Et le coup de théâtre final qui l’innocente désigne-t-il le vrai coupable ? Dès le départ et comme à son insu, le notaire se livre à une théâtralisation perverse du dispositif qui devient le moteur même du récit. Miller reproduit le rituel de l’humiliation que subit un être saisi, surpris et caricaturé dans sa bizarrerie sexuelle, fasciné par le miroir grossissant que lui tend le regard de l’autre. Sarcastique puis rêveur, passif mais révolté, histrionique et digne, Michel Serrault dessine génialement la silhouette de cet homme torve et ironique à qui de brusques violences, des précautions d’eunuque, une certaine façon de tenir la cigarette, une complaisance masochiste confèrent sa stature de désespoir. Face à lui, Lino Ventura est un roc de neutralité, une forteresse aux lézardes cachées, un thérapeute de hasard, perspicace, sensible à sa manière, qui écoute son interlocuteur se mettre à nu. La rouerie de l’un rebondit sur la sûreté de l’autre. Et c’est un pertinent contre-emploi que d’utiliser Romy Schneider, championne des émotions à fleur de peau, dans un rôle de femme glaciale, dure et hiératique. Avant qu’il ne devienne un superlatif creux et galvaudé, le terme "chef-d’œuvre" désignait l’ouvrage prouvant la maîtrise professionnelle de son auteur. Cinéaste des sentiments en pente douce, du doute, de l’indécision, Miller est l’impeccable ordonnateur d’une élaboration collective, d’une heureuse convergence de talents d’où émane un vrai supplément d’âme. Son film fait triompher un cinéma passant par le respect du métier pour laisser s’épanouir son invention. Voici les artisans de retour d’exil : avec Garde à Vue, les orfèvres sont à quai.


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Watkinssien
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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par Watkinssien »

Bravo une nouvelle fois, Thaddeus, pour ce texte inspiré! :D

Dans le registre et l'exercice du (quasi) huis-clos, je considère Garde à Vue comme un chef-d'oeuvre aussi important que 12 Angry Men. Maîtrise absolue de la mise en scène par un Claude Miller au sommet de son art, scénario superbement écrit et adapté de Wainwright, acteurs géniaux qui ne font aucune fausse note, s'appropriant parfaitement des personnages superbement construits sur leurs caractérisations.

Une atmosphère discrètement sourde, anxiogène sans que cela soit une seule fois appuyée lourdement, envoûte son spectateur pour se retrouver constamment captivé, aux aguets d'une nuance expressive d'un visage, d'un langage corporel, d'un ton de voix. Garde à Vue est une oeuvre qui joue sur la frustration, de manière évidente et subtile, sur l'amertume de l'humanité de ses êtres qui se complètent, se détachent, se haïssent et qui se respectent.

Superbe!
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ex-beldvd man
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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par ex-beldvd man »

Très beau texte pour un de mes films préférés, merci. Et dire qu’après cet excellent huis-clos, Claude Miller va réaliser son opposé: un road movie avec Mortelle Randonnée (un autre de mes films de chevet, même si, tellement habitué à la version courte que la version sortie en bluray m’a paru manquer de rythme).
Pour en revenir à Garde à vue, j’avoue que même après tant de visionnage, je ne comprends toujours pas la scène avec Camille… D’après les dire du personnage de Romy (de mémoire: « il n’avait pas le droit de la faire rire comme ça »), je comprends plus cela comme de la jalousie de la part de Romy (jalousie de voir la complicité, la douceur de Serrault alors qu’elle est froide) que comme un désir malsain de la part de Serrault. Oui un désir de Serrault, mais un désir de paternité… Paternité qu’elle lui refuse…
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Alexandre Angel
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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par Alexandre Angel »

ex-beldvd man a écrit : 17 déc. 23, 09:33 Pour en revenir à Garde à vue, j’avoue que même après tant de visionnage, je ne comprends toujours pas la scène avec Camille… D’après les dire du personnage de Romy (de mémoire: « il n’avait pas le droit de la faire rire comme ça »), je comprends plus cela comme de la jalousie de la part de Romy (jalousie de voir la complicité, la douceur de Serrault alors qu’elle est froide) que comme un désir malsain de la part de Serrault. Oui un désir de Serrault, mais un désir de paternité… Paternité qu’elle lui refuse…
Merci pour cet éclairage car j'avoue que je n'avais pas bien intégré la psychologie du personnage dans ce film que j'ai revu (pour la première fois depuis très longtemps) récemment sur Arte.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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AtCloseRange
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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par AtCloseRange »

ex-beldvd man a écrit : 17 déc. 23, 09:33 Très beau texte pour un de mes films préférés, merci. Et dire qu’après cet excellent huis-clos, Claude Miller va réaliser son opposé: un road movie avec Mortelle Randonnée (un autre de mes films de chevet, même si, tellement habitué à la version courte que la version sortie en bluray m’a paru manquer de rythme).
Pour en revenir à Garde à vue, j’avoue que même après tant de visionnage, je ne comprends toujours pas la scène avec Camille… D’après les dire du personnage de Romy (de mémoire: « il n’avait pas le droit de la faire rire comme ça »), je comprends plus cela comme de la jalousie de la part de Romy (jalousie de voir la complicité, la douceur de Serrault alors qu’elle est froide) que comme un désir malsain de la part de Serrault. Oui un désir de Serrault, mais un désir de paternité… Paternité qu’elle lui refuse…
ça va un peu plus loin que ça. Elle dit qu'elle l'entend lui parler comme à une adulte (même si le flashback ne permet pas d'entendre les paroles de Serrault).
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Alexandre Angel
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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par Alexandre Angel »

AtCloseRange a écrit : 17 déc. 23, 09:54 ça va un peu plus loin que ça. Elle dit qu'elle l'entend lui parler comme à une adulte (même si le flashback ne permet pas d'entendre les paroles de Serrault).
Oui, c'est vrai.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par innaperfekt_ »

Inédit pour moi, il n'est pas difficile de reconnaitre, effectivement, probablement l'un des plus grands films du cinéma français. Très beau texte de Thaddeus, oui.
Je rajouterai qu'au prime abord, l'aspect revendicateur et politique du film ne m'avait pas saisi tout de suite, mais que j'ai tout de même l'impression de voir là-dedans, à demi-mot, une critique sévère d'un système et d'une procédure pénale avec laquelle un pays fait depuis tant d'années, aveuglement, mais sur laquelle il y aurait tellement à redire d'un point de vue judiciaire et libertaire. Le titre du film n'étant sans doute pas qu'un objet de contextualisation.

C'était mon premier Miller, en réalité. J'ai un retard honteux sur ce cinéaste mais une chance incroyable de le découvrir aujourd'hui aussi.
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Jeremy Fox
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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par Jeremy Fox »

Vois son premier et meilleur film, pour ma part.
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Alexandre Angel
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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit : 27 janv. 24, 10:17 Vois son premier et meilleur film, pour ma part.
C'est vrai que la toute première fois que je l'ai vu, j'avais été impressionné par le postulat et le côté inquiétant de Patrick Dewaere était audacieusement exploité, trois ans avant Série Noire.
Ii me paraît évident que si l'acteur avait pu vieillir normalement, il aurait eu de plus en plus de rôles de sociopathe :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Flol
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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par Flol »

Jeremy Fox a écrit : 27 janv. 24, 10:17 Vois son premier et meilleur film, pour ma part.
Et aussi Dites-lui que je l'aime, dont j'avais fait mon film du mois en novembre 2022 (ça filoche).
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ex-beldvd man
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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par ex-beldvd man »

Réveillon de fin d’année”oblige” (et nouvelle sortie en 4k) j’ai revu avec toujours autant de plaisir ce film. Et j’ajouterais un point qui me semble important : tout comme certains acteurs habitués aux rôles “excentriques” montrent une autre facette de leur talent avec un rôle tout en retenue, je trouve que Audiard, loin de ses “bons mots” ou de son sens habituel des formules qui “claquent”, livre ici des dialogues tout aussi incisifs et percutants (le fameux couloir qui sépare un couple ou le questionnement ignoble de Ventura quand Serrault lui dit que sa femme et lui n’ont pas d’enfants).
Par contre je ne suis toujours pas plus éclairé sur la relation du notaire et de sa nièce.
Pour l’anecdote, j’ai demandé à ChatGPT et sa réponse démontre que l’AI produit encore des aberrations (en gras/souligné de ma part):
1ere réponse :
Dans le film Garde à vue (1981), réalisé par Claude Miller et adapté du roman Brainwash de John Wainwright, la relation entre le notaire Jérôme Martinaud (interprété par Michel Serrault) et Camille, sa femme (jouée par Romy Schneider), est complexe et constitue un élément clé pour comprendre les thèmes du film.

et après rephrasage de ma question :
Dans le film Garde à vue, la relation entre Jérôme Martinaud, le notaire, et la petite Camille est centrale pour l’intrigue et le suspense. La petite Camille est l’une des deux jeunes victimes des meurtres qui font l’objet de l’enquête, et son nom revient de manière récurrente dans les interrogatoires menés par les inspecteurs Gallien (Lino Ventura) et Belmont (Guy Marchand).


Puis après avoir notifié à plusieurs reprises les erreurs (entre temps Camille est devenue dans sa réponse une fillette croisée un soir de pluie), on arrive enfin à une réponse qui a plus de sens (il faut dire que les fillettes ne sont ni mentionnées au générique, ni nommées dans les résumés)

Merci pour la précision. Vous avez tout à fait raison : Camille est une petite fille présente lors d’une réception chez les Martinaud, et cette information joue un rôle crucial dans l’intrigue du film Garde à vue. Je vais reformuler la réponse en tenant compte de ce contexte.

Le rapport entre Jérôme Martinaud et la petite Camille :
  1. Camille, une enfant invitée chez les Martinaud :
    Camille est une petite fille qui a assisté à une réception organisée par Jérôme Martinaud et son épouse. Cet événement est mentionné lors de l’interrogatoire, car la présence de cette enfant dans un cadre privé est utilisée par les enquêteurs pour interroger les comportements de Martinaud. La manière dont il parle de cette réception et de Camille devient un élément important dans la construction des soupçons.
  2. Un moment pivot dans l’enquête :
    Lorsque les enquêteurs évoquent Camille, ils cherchent à savoir si Martinaud a eu des comportements déplacés envers cette enfant ou si des témoins auraient remarqué quelque chose d’inhabituel. Le fait qu’elle ait été chez lui donne un prétexte pour explorer son attitude envers les enfants en général, dans le contexte des crimes dont il est suspecté.
  3. Un révélateur des ambiguïtés de Martinaud :
    Martinaud parle de Camille avec une légèreté qui peut paraître normale ou troublante, selon l’interprétation. Ce détail alimente l’ambiguïté du personnage :
    • S’il est innocent, cette anecdote montre à quel point ses actions les plus banales peuvent être réinterprétées pour l’incriminer.
    • S’il est coupable, cela pourrait révéler un certain comportement de prédateur, masqué sous une apparente normalité.
  4. Le rôle de Camille comme catalyseur du doute :
    Camille, bien qu’elle ne soit pas une victime des meurtres, est utilisée par les enquêteurs comme une “porte d’entrée” pour explorer la personnalité de Martinaud et tester ses réactions. Ce passage de l’interrogatoire contribue à brouiller davantage la perception du spectateur sur sa culpabilité ou son innocence.
  5. Un reflet de la façade sociale :
    La réception où Camille était présente est symbolique de la double vie de Martinaud : celle d’un notaire respecté, organisant des événements mondains, et celle d’un homme soupçonné de crimes abjects. Camille, par sa simple présence, incarne cette tension entre l’apparence sociale et la réalité intime du personnage.

    Conclusion :
    Le rapport entre Jérôme Martinaud et la petite Camille est essentiel pour comprendre les mécanismes de doute et de manipulation dans le film. Camille n’est pas une victime, mais elle joue un rôle clé dans l’enquête en tant que figure symbolique, représentant à la fois l’innocence et les ambiguïtés morales qui entourent Martinaud. Sa mention sert à mettre en lumière les comportements du notaire et à renforcer l’ambiguïté fondamentale sur sa culpabilité.
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Quentin Tarantino
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Re: Garde à Vue (Claude Miller - 1981)

Message par Quentin Tarantino »

A confirmer mais dans le livre, il semblerait que le personnage de Martinaud se retrouve pris en flag par sa femme lors de cette fameuse soirée mais le pantalon baissé face à la petite Camille.
Ce qui, dans ce cas, ne semble montrer aucun doute quant à la perversité de Martinaud.

A mon sens, Miller et Audiard ont préféré adopter une vision moins dégradante du personnage joué par Serraut et, effectivement, utiliser cette scène ambigüe comme élément exclusif de doute.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Doute effacé lors de l'épilogue.
“Le monde qui nous entoure est dégueulasse et sordide. Je ne cherche pas à le maquiller comme 99 % des films hollywoodiens.”
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