Tu négliges l'hypothèse inverse, le fanboyisme de l'extrême aveuglant, qui est plus proche d'être la bonne.

Rigolade à part, comme avec tous les Ghibli post-Chihiro, quelques voix incrédules s'élèvent au milieu de la ferveur religieuse, et tant mieux, vive la division. Miyazaki ne rend plus de comptes qu'à ses visions, ses névroses, son désir d'un nouveau monde et aux dieux du cinéma ; et sans doute plus du tout à son producteur Suzuki, et plus qu'accessoirement à un public constitué. De là les deux reproches lus au vol ici : il tomberait dans la redite (dans les critiques positives, on parle de "récapitulation"), ou abandonnerait au contraire ce qui fait son charme (les Kiki et autres personnages attachants). A mon avis, c'est faire du petit bois avec les branchettes pour s'épargner de se chauffer au feu trop brûlant, à la nouveauté radicale de ce film. Miyazaki vient de reprendre vingt ans d'avance sur ses contemporains. A ce stade, il est un monstre, un type qui avec Ghibli, a une sorte d'empire hollywoodien asservi à sa seule liberté créatrice d'archi-auteur... le fantasme de tant de cinéastes contraints, et presque une contradiction dans les termes. Le nouveau film embrasse cette monstruosité, c'est un film sans aucun équivalent, et qui a l'effronterie délirante de prôner, serti de tout son luxe de maîtrise, l'abandon de toute de maîtrise au profit de la liberté des expériences.