Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Message par Jeremy Fox »

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Jeremy Fox a écrit : 3 juin 09, 09:19 Jusqu'à présent, j'aimais beaucoup le film mais hier soir j'ai pris une belle claque et l'ai sacrément réévalué au point de le considérer désormais comme un chef d'oeuvre et l'inclure dans mon top 100

Est-il encore besoin aujourd’hui de présenter ce monument du 7ème art, ce succès légendaire dont les qualités cinématographiques sont au moins aussi nombreuses que les cartouches d’encre qu’il a fait couler depuis sa sortie. Effectivement, on ne compte plus les lignes d’écriture que cette fastueuse adaptation du pavé de Margaret Mitchell a engendrée. On a longuement évoqué la pré-production, l’opération publicitaire organisée par Selznick pour trouver sa Scarlett, le casting des autres personnages, la succession des réalisateurs, les conditions de tournage, etc. On aurait pu craindre que la montagne ait accouché d’une souris ; il n’en est rien et le somptueux résultat final est là pour nous le prouver ayant conquis à juste titre de nombreuses générations successives et n’ayant depuis 70 ans pas pris une seule ride.

Que ceux qui ne l’auraient pas encore vu pensant avoir à faire à un film à l’eau de rose (il s’en colporte de drôles d’idées !) aillent immédiatement vérifier qu’ils se trompent sur toute la ligne. Car s’il s’agit bien d’un mélodrame échevelé qui fera certainement verser des torrents de larmes, ces derniers ne découleront pas d’un trop plein de mièvrerie et de guimauve mais bien d’une force émotionnelle rare due à des personnages complexes formidablement écrits et interprétés, à un scénario d’une étonnante richesse dramatique et à une mise en scène ‘monstrueuse’ qui, par son souci de perfection esthétique et rythmique (un étonnant sens de l'ellipse), fait atteindre un ‘climax’ à quasiment chaque séquence toutes ainsi difficilement oubliables. Un fleuve cinématographique tumultueux charriant avec force, vigueur et passion son lot de drames, les remous de l’Histoire venant s’entrechoquer avec le parcours de gens du Sud pris dans la tourmente de la Guerre de Sécession et de la misère qui en découlera.

Le film, comme le roman auparavant, se place en effet du côté de cette civilisation sudiste qui vit son monde ‘emporté par le vent’ de l’histoire et qui n’est désormais plus qu’un souvenir comme l’annonce le générique. Il narre (en très gros) les aventures de Scarlett O’Hara, jeune fille frivole, capricieuse et fortement égocentriste, amoureuse d’un homme dont elle n’arrivera jamais à se faire épouser mais aimé en retour de Rhett Butler, un aventurier peu scrupuleux. Les relations agitées entre ces deux personnages tour à tour haïssables et attachants (nous sommes très loin des protagonistes romantiques et monolithiques souvent mis en avant) constituent l’épine dorsale de ce chef-d’œuvre qui n’est pas avare d’autres personnages tout aussi inoubliables tels l’honorable Hashley Wilkes (Leslie Howard) ou encore l’ange de douceur, de gentillesse et de compréhension que représente la Mélanie d’Olivia de Havilland. D’innombrables autres seconds rôles plus ou moins pittoresques entourent ce couple anti-manichéen constitué à la perfection par Clark Gable (certainement son plus beau rôle) et l’étonnante actrice anglais qui a eu la chance de se voir offrir un rôle féminin aussi riche, Vivien Leigh à la vitalité jamais prise en défaut.

Dialogues à l’ironie constante et non dénués d'humour, perfection des équipes techniques du studio, Technicolor éblouissant, composition inspirée et exaltée d’un Max Steiner n’en faisant pourtant jamais trop, gigantisme et baroquisme d’une mise en scène qui laissera son lot d’images fortes collées sur les rétines ; une œuvre ample portée par un fougueux élan lyrique et dont les éventuelles boursouflures participent de sa force et de sa modernité. On ne se lassera jamais de ce classique, véritable modèle du film de studio hollywoodien porté à la perfection par toute une équipe visant des sommets et étant arrivé à les atteindre ! Merci monsieur Selznick.
Revu hier soir et je dois dire être en tout points raccord avec cet avis retrouvé datant de 2009. :mrgreen:
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Flol
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Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Message par Flol »

Jeremy Fox a écrit : 5 oct. 23, 06:20 Revu hier soir
Pendant que toi et d'autres le revoient...pour ma part, c'est toujours pas vu. :D
(peut-être d'ici la fin de l'année ?)
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Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Message par gnome »

Flol a écrit : 5 oct. 23, 11:36
Jeremy Fox a écrit : 5 oct. 23, 06:20 Revu hier soir
Pendant que toi et d'autres le revoient...pour ma part, c'est toujours pas vu. :D
(peut-être d'ici la fin de l'année ?)
Ca serait une bonne idée, oui...
Je crois que c'est le prochain film que je vais essayer de montrer à ma fille. Faut juste trouver le temps...
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Supfiction
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Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Message par Supfiction »

Je lis depuis quelques semaines le roman de Margaret Mitchell dans sa dernière traduction. J'en suis à l'incendie d'Atlanta.

Si le film est très proche du roman, j'ai noté pour le moment quelques différences notables, outre le développement du passé de Gerald O'Hara, la plus importante est la disparition des enfants de Scarlett (Wade Hampton Hamilton, fils de son premier mari, Charles Hamilton et Ella Lorena Kennedy, fille de son deuxième mari, Frank Kennedy).
Probablement une bonne idée de les avoir fait disparaitre (sur ordre de Selznick je suppose) car cela rend le personnage de Scarlett encore plus antipathique (elle ne s'en occupe jamais et s'en moque totalement). Peut-être était-ce également pour ne pas choquer le public et préserver une héroïne "pure" (aucune mention de la nuit de noces dans le film).
Idem pour Rhett Butler encore plus cynique et antipatriotique dans le roman, forceur de blocus uniquement à son profit pour le marché noir (il me semble que tout cela reste flou et tout juste suggéré dans le film).


Autre chose : page 465 un dialogue qui fera tilter nombre d'entre vous, rappelant obligatoirement un autre film culte :
- Scarlett, vous m'aimez bien, n'est-ce pas ?
- Eh bien, parfois. Quand vous ne vous conduisez pas comme un vaurien.
- Je crois que vous m'aimez bien parce que je suis un vaurien.
- Ce n'est pas vrai! J'aime les hommes charmants, les hommes sur lesquels on peut compter pour qu'ils se comportent comme des gentlemen.
Le rapprochement avec un autre célèbre bootlegger ne m'avait jamais paru aussi flagrant.

Dans le film, il me semble que ce dialogue n'est pas repris mais le mot vaurien ("varmint") est utilisé dans cette scène :

Dernière modification par Supfiction le 31 mars 25, 20:30, modifié 2 fois.
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Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Message par hansolo »

Bien vu Supfiction.
Mais concernant l Empire contre attaque, le terme "vaurien" est une invention lumineuse des traducteurs français.

La scène originale est mille fois moins inspirée :
Han Solo: You like me because I'm a scoundrel. There aren't enough scoundrels in your life.
Leia: I happen to like nice men.
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Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Message par shubby »

Le 4K à venir sera écourté des 15mn posant problème, liés au monde d'avant. Ça m'arrange, comme je n'ai toujours pas vu ce film, ça me fera gagner du temps :)
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Supfiction
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Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Message par Supfiction »

shubby a écrit : 1 avr. 25, 10:05 Le 4K à venir sera écourté des 15mn posant problème, liés au monde d'avant. Ça m'arrange, comme je n'ai toujours pas vu ce film, ça me fera gagner du temps :)
C'est bien la peine de se taper Trump. Même pas foutu d'arrêter ça en 24h!
Dernière modification par Supfiction le 1 avr. 25, 11:38, modifié 1 fois.
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Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Message par Supfiction »

hansolo a écrit : 31 mars 25, 19:57 Bien vu Supfiction.
Mais concernant l Empire contre attaque, le terme "vaurien" est une invention lumineuse des traducteurs français.

La scène originale est mille fois moins inspirée :
Han Solo: You like me because I'm a scoundrel. There aren't enough scoundrels in your life.
Leia: I happen to like nice men.
Han Solo: I'm a nice man.
En français, un tout petit mot d’écart qui fait effectivement toute la différence :

Han : Je vous plaît parce que je suis un vaurien, et qu’il n’y a pas de vaurien dans votre vie.
Leia : J’aime les hommes gentils c’est vrai.
Han : Je suis un gentil vaurien.

Etonnant quand même cette ressemblance entre les dialogues français des deux films. On ne peut pas exclure un clin d'oeil des dialoguistes et traducteurs français.
Sinon, scoundrel et varmint sont, il me semble, synonymes.

Scoundrel days..
Dernière modification par Supfiction le 1 avr. 25, 11:29, modifié 1 fois.
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Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Message par gnome »

shubby a écrit : 1 avr. 25, 10:05 Le 4K à venir sera écourté des 15mn posant problème, liés au monde d'avant. Ça m'arrange, comme je n'ai toujours pas vu ce film, ça me fera gagner du temps :)
Sacrilège !
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Re: Autant en emporte le vent (Victor Fleming - 1939)

Message par Marcus »

shubby a écrit : 1 avr. 25, 10:05 Le 4K à venir sera écourté des 15mn posant problème, liés au monde d'avant. Ça m'arrange, comme je n'ai toujours pas vu ce film, ça me fera gagner du temps :)
Vu la date de ton message, j'ai comme un doute. En même temps (comme dirait quelqu'un), on voit tellement de choses de plus aberrantes que je n'en serais même pas étonné si c'était vrai.
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
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