11·25 Jiketsu no hi: Mishima Yukio to Wakamono-tachi

C'est le dernier film de monsieur Wakamatsu qui était visible à Cannes pour ceux que ça intéresse et qui s'intéresse à l'un des plus grands auteurs de sa génération, le grand Mishima.
Ici le réalisateur s'intéresse à l'aspect politique de la vie de Yukio Mishima en dépeignant les derniers jours de sa vie avant qu'il ne se suicide. L'oeuvre est intrigante car quand on connaît les penchants politiques de Wakamatsu qui sont totalement opposé à ceux de Mishima, on pouvait se demander comment justement il aborderait le sujet et si il ne sombrerait pas dans une opposition facile et pouvant prêter à discuter sur la sincérité de l'oeuvre au final. Il n'en est rien et Wakamatsu comme à sa grande habitude arrive à nous surprendre en parlant d'un sujet connue et qui pourtant prête toujours à confusion et à débat entre historien. Pour faire simple et ceux qui ne connaissent pas, Mishima était un nationaliste ayant fondé un groupe qui soutenait l'Empereur et qui voulait changer de régime (on connaît les raisons et l'état du pays après l'an 0,) et l'un de leur coup de force sera de prendre en otage le ministre en charge des forces du défense du pays (pas l'armée vu qu'il n'y en a pas après le conflit.) Ici l'oeuvre traite de cela et le façon assez proche des autres oeuvres politique du réalisateur.
Comme je l'ai dit, l'oeuvre ici ne traite pas de la vie privée de l'écrivain mais de sa vision politique, et donc c'est par cet aspect que le réalisateur va rythmé son oeuvre et il le fait bien car les dialogues sont vraiment intéressants et surtout ambiguë, notamment avec ses étudiants. En effet on ne sait jamais si ceux partagent totalement ses ambitions et si certains au final se retrouvent pas au final dans cet endroit et lié à ces évènements à leur dépend même s'ils tentent de faire croire le contraire, c'est ambiguë clairement et cela passe très bien car les échanges entre eux sont l'une des forces du récit.
L'oeuvre est philosophique car ici on ressent aussi la perception de Wakamatsu sur les évènements qui furent important (nous étions dans les années 70.) Après on peut critiquer le fait que ce soit par moment vraiment trop ambiguë et je trouve au contraire que c'est limpide, c'est peut être limpide du fait qu'on connaît les événements et donc que comme l'auteur on a une perception différente de l'auteur.
Mishima était contre la gauche ou l'extrême gauche alors que Wakamatsu est proche de cela et on sait qu'ils n'étaient pas nostalgique de la révolution de 1936, de la tentative en tout cas de révolution et ici donc on ressent une certaine ironie de la part du réalisateur vis à vis de cette nostalgie de la part de Mishima. L'oeuvre est d'ailleurs très forte au niveau de la nostalgie, bien que Wakamatsu soit opposé aux dites idées, on voit quand même une certaine nostalgie de la part du réalisateur vu qu'à l'époque tout était plus simple en apparence, en apparence seulement bien entendu.
Les personnages sont vraiment dépend via des des archétypes que l'on connait, mais ça fonctionne car on a pas vraiment besoin d'en savoir plus vu que tout passe à travers leurs propos et ce qu'ils feront dans le film, pas besoin de savoir qui ils sont réellement même si le réalisateur n'hésite pas à travers par exemple la scène du sauna à nous présenter des facettes plus douces de ses personnages en quête d'un idéal différent. J'aime beaucoup les scènes aussi qui font entrer des femmes dans le récit comme les scènes de campagne, c'est un décalage claire et pourtant dans les deux cas c'est la même chose, le même aura et surtout une envie de revenir dans ce qui fait en quelque sorte le passé (il ne faut pas confondre avec du nationalisme justement, c'est la toute l'ambiguité de l'oeuvre que nous propose le réalisateur.
Koji Wakamatsu reproduit ce qui faisait la force d'une de ses oeuvres précédentes, le chef d'oeuvre United Red Army, avec le côté documentaire tout aussi intéressant car il donne au film un cachet authentique et renforce la violence de ce mouvement, il n'y a qu'à voir ce qui est arrivé au ministre au moment du discours, la scène est en quelque sorte surréaliste et on se croirait dans un film, il n'y a qu'à voir la réaction du public d'ailleurs, et on retrouve cette authenthiticité dans le côté fictif de l'oeuvre comme souvent chez le réalisateur, c'est peut être un peut moins percutant que l'oeuvre que je cite avant car plus proche de l'histoire du Japon que ne l'était l'histoire de la Red Army qui trouvait des échos dans d'autres pays. Je ne suis pas une experte de l'histoire de France bien que je l'étudie depuis que je suis dans votre pays, mais je ne vois pas d'évènement récent (je parle dans les 50 dernières années) aussi proche de ce qu'à fait Mishima et c'est peut être de cela que pourra venir votre réticence à l'oeuvre.
Après c'est tout aussi intéressant bien qu'anecdotique contrairement aux deux oeuvres précedentes faute au moyen mis dans le film par la production, en effet ici il y a un côté old school proche de ses oeuvres à l'époque par exemple du Roman Porno mais avec une patte comme vous dites récente, en effet la photographie bien que classique en soit donne un cachet authentique mais décalé en quelque sorte, elle donne un côté un peu plus vieux à l'oeuvre alors que c'est récent pourtant. La réalisation est très bonne encore une fois, les scènes de réunion ont un cachet documentaire accrue, on a l'impression d'être dans un coin de la pièce et d'écouter les discours hypnotique du millitant. Les acteurs y sont pour beaucoup, le casting est très bon (Arata Iura, Shinobu Terajima, Hideo Nakaizumi...) et ils donnent vraiment vie aux personnages!
L'oeuvre n'est pas aussi aboutie que ses oeuvres précédentes car il se focalise sur un seul aspect du personnage et pourtant selon moi c'est une oeuvre remarquable car intéressante de bout en bout jusqu'à son dénouement et au générique qui rend hommage à l'artiste. Sincèrement je vous recommande ce film qui ne mérite pas moins qu'un
9/10.
Caterpillar

Le film dont le postulat était très intéressant m'a bluffée, la filmographie de Wakamatsu se compose de chef d'oeuvre et de très bons films, je fus rarement déçue par son cinéma et cette fois encore ce fut très bien, comme à son habitude Wakamatsu nous dépeint la société Japonaise d'une époque, celle du conflit du Pacifique cette fois en nous montrant encore une fois l'opposition homme/femme dans cette société. Ici le rôle de la femme est encore central dans l'histoire comme ce fut le cas de nombreux autres films du maître, la femme en question c'est le personnage incarnée par l'excellente Shinobu Terajima qu'on a vue dans de nombreux chef d'oeuvre comme Tokyo Tower, Vibrator ou bien Happy Flight pour prendre les plus connue. Son personnage est typique du cinéma de Wakamatsu, elle est à la fois une femme aux multiples émotions, considérer comme faible par beaucoup et qui pourtant ne l'est pas, elle est à la fois aimante et haineuse envers l'homme qui lui est revenue du conflit dans un état terrifiant.
Le personnage exprime ses sentiments par le dialogue, rarement par une expression faciale comme il est de coutume et ma fois on comprend vraiment ce qu'elle ressent, l'intonation des mots y étant pour beaucoup! Les autres personnages qui gravitent autour d'elle, notamment son mari sont eux aussi ambigu. Le soldat Dieu en question ne l'est que par son titre, on pourrait le comparer à un enfant qui a besoin de sa mère, ici de sa femme pour exister. Les instincts les plus primaires commandant ses actes (du sexe, de la nourriture) et c'est tel un enfant qu'elle le traite, l'homme blessé est un trophée pour la société Japonaise, symbole d'une guerre terrifiante et surtout d'un conflit touchant toute la société comme le montre si bien les messages radios ou on parle des femmes ou bien les images d'archive qu'utilise Wakamatsu pour son long métrage. L'oeuvre nous montre un système à l'agonie qui suite à la guerre et l'implantation américaine changera considérablement, les dernières images sont terribles et typique du cinéma du maître, la guerre se termine comme le film et pourtant ce n'est qu'officiel car officieusement une lutte continue et surtout une histoire.
Koji Wakamatsu aime dépeindre la société et les membres de cette société sont souvent dépeinte à travers leurs bêtises et leur noirceur, en effet il n'y a qu'à voir le personnage chauve, il est idiot et pourtant il nous est présenté comme un personnage sage en soit alors que c'est le contraire. Le personnage est spéciale vu que par moment on a vraiment l'impression qu'il dit des choses intéressantes, réelles, mais ce n'est pas le cas pourtant, au contraire quand on réfléchit à ce qu'il dit on se rend compte qu'il est vraiment étrange et pourtant selon moi c'est le moins pire du récit. En effet le personnage est assez simplet et c'est l'un des plus humains du récit, en effet c'est lui par exemple qui annonce la fin de la war et on voit dans ce passage un côté plus sympathique, plus comment dire anodin, comme s'il annoncé la fête des cerisiers en fleur. C'est l'un des personnages les plus sympathique du récit, je pense par exemple à a scène du notable qui présente complètement le personnage.
Le Soldat Dieu est lui aussi parfaitement représenté dans le film, sauf que lui est un personnage exécrable, en effet il l'est car bien que tout est fait dans le récit pour qu'il paraisse sympathique, que ce soit un héros, c'est le contraire, c'est un violeur, un tueur, un mari vraiment honteux en soit et qui faisait du mal à son entourage, et qui va continuer à le faire dans le récit au vu de ce qui lui est arrivée. Par exemple la scène avec la médaille est globabelement représentative de ce que je dis. C'est un grand moment et pourtant le personnage étant exécrable, on ne ressent rien auprès de lui, et la scène peut paraître ridicule avec ses membres absents, la scène est en soit grotesque! Le personnage est pourtant représentative d'un Nationalisme omniprésent à l'époque et encore aujourd'hui (toute proportion gardée bien entendu) la scène avec la cicatrice au cou en étant le parfait exemple (elle a la forme de l'archipel.) L'homme a combattue pour son pays, volontairement ou involontairement, peut nous importe dans le récit et cela se voit.
Tout l'oeuvre est pourtant englobé sous un aspect plaisant, du moins la première partie avant de décroître au fur et à mesure pour nous présenter toute l'horreur de la société d'après guerre, ou durant le conflit.
L'épouse ici nous est dépeinte de manière parfaite car une réelle évolution se fait sentir au fur et à mesure du récit. En effet le personnage est une femme soumise au début, et avec le retour de son mari, bien que mutilé, cela continue en quelque sorte, elle est obligé (et veut lui faire plaisir) de coucher avec lui, scène qui pourrait être grotesque en soit mais qui au final est horrible. On voit le personnage encore une fois dominant mais qui finira par se retourner contre lui. En effet notre héroine dans une scène faisant écho à celle-ci va le violer (même si connaissant le personnage au début on voit que ce n'est pas le cas en quelque sorte, c'est un pervers.) Elle le fait souffrir mais ce n'est rien contrairement à l'humiliation permanente qu'elle va lui faire. En effet elle va l'exposer tout au long du récit quand elle sortira de chez eux, les scènes sont ridicules en soit pour lui et c'est plaisant à voir en quelque sorte.
Il y a aussi un côté rédemption apporté en effet, au final, le personnage va se rendre compte de ce qu'il a fait, de l'horreur de sa situation (il n'y a qu'à voir la scène ou le soldat voit l'article, on ne sait pas sa réaction mais on voit celle de sa femme et elle jubile, est il heureux ou non? On ne sait pas mais on devine.) Il finira par se suicider après ce qu'il a fait car il n'a plus sa place dans ce monde. Wakamatsu ici nous montre bien toute l'ambiguïté de l'après guerre et des anciennes valeurs qui n'ont pas lieu d'être en l'année 0 qui commencera à la fin du récit. Le final est d'ailleurs étonnant car c'est une sorte d'happy end, en effet la femme évolue et on sait qu'elle va vraiment évoluer par la suite.
La réalisation de Wakamatsu est comme toujours, elle est vraiment bonne comme toujours, ici on ressent tous les tics habituels du réalisateur, il sait donner de l'ampleur à des scènes intimistes ou au contraire donner un côté intimiste à des scènes nécessitant des cadrages plus ample, plus important, c'est ambigue mais excellent comme la photographie du film qui est parfaite vraiment, sincèrement il y a un apport authentique au récit qui donnerait presque un aspect documentaire fort sympathique, c'est à voir!
C'est un chef d'oeuvre que vous vous devez de voir, il écope donc de la note de
10/10.