
Déstockage de notes :
- Pathaan (Siddharth Anand) 7/10
(Petite déception, j'attendais sans doute trop du grand retour aux affaires de Shahrukh Khan. Le film est beaucoup plus malin et nuancé que ce que son argument patriotique initial laisserait croire (le Pakistan veut lancer des attaques terroristes pour punir l'Inde après sa reprise en main du Cachemire), ce qui n'a pas manqué de hérisser l'extrême-droite indienne au passage. Hélas, il se montre nettement moins malin dans son croisement entre Mission : Impossible et James Bond (L'espion qui m'aimait et surtout le cycle Daniel Craig y sont allègrement pompés), au point de trop souvent ressembler à une photocopie tiers-mondiste des blockos US, bridant son délire et ses inventions. Mais c'est emballé avec une telle générosité sans limite, dont l'unique but est de faire bondir et hurler de joie les spectateurs dans la salle, qu'il est difficile d'y résister. Là où les Fast & Furious sont débiles et beaufs, Pathaan est naïf et sincère. Alors tant pis si la photocopie et le numérique desservent le spectacle, ne vous arrêtez pas à ma note sévère. Même si la construction en flash-back qui durait jusqu'à l'entracte me semblait étirée, même si ça manquait de chansons à mon goût, encore une fois c'est en Inde qu'on trouvera ces blockubusters ultra-généreux qu'Hollywood ne sait plus faire.)
- Ant-Man et la Guêpe : Quantumania (Peyton Reed) 6/10
(On reproche à ce troisième épisode de manquer d'humour par rapport aux deux premiers, pour moi c'est plutôt une bonne chose. On lui reproche d'être une introduction en demi-teinte à la phase 5 du MCU, ça m'arrange aussi (je préfère les Marvel qui vivent leur histoire de façon autonome, entretenant l'illusion de regarder un vrai film et pas simplement une nouvelle pièce du grand plan global dont on ne verra jamais le bout). C'est un space opera familial de série b, qui séduit justement par sa modestie. Contrairement à James Cameron, ici le tout numérique n'efface pas les visages et les yeux (en particulier ceux de Michelle Pfeiffer - qui vieillit mieux et moins qu'une Evangeline Lilly réduite à de la quasi-figuration), alors même s'il se conclut par une banale histoire de rébellion au message simpliste (la morale de la fifille du héros : il n'est jamais trop tard pour ne plus être un gland), même si le redoutable MODOK est redoutablement raté, même si la première scène post-générique vient raccrocher aux wagons du MCU en faisant de Kang le futur grand méchant (Jonathan Majors avait su rester sobre pendant deux heures, mais là je crains le pire pour la suite)... bah j'ai trouvé ça plutôt sympathique alors que je m'attendais à souffrir.)
- Missing : Disparition Inquiétante (Will Merrick & Nicholas D. Johnson) 3,5/10
(Les deux co-auteurs semblent avoir peur de leur concept. Puisque tout se passe derrière des écrans d'ordinateur ou de smartphone, il craignent que le spectateur fasse la même chose que devant sa tablette : qu'il zappe au bout de dix secondes. Alors tous les artifices sont bons, rien ne doit rester hors champ, le montage appuie ce qui était déjà surligné, et surtout on enchaîne les twists au-delà de l'overdose (une nouvelle piste incroyable n'est lancée que pour être abandonnée deux minutes plus tard au profit de la suivante, encore plus renversante). N'attendez aucune réflexion sur notre monde hyper connecté (la jeune héroïne n'a qu'à cliquer sur Google pour enquêter plus vite que le FBI sur la disparition de sa mère en Colombie,
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- The Fabelmans (le gars qui fait des films commerciaux) 7/10
(Ce qui touche à la chronique familiale m'a rarement ému, à commencer par le jeu de Michelle Williams. Attendre la mort de ses parents pour enfin se décider à raconter cette histoire de famille qui se disloque, c'est un peu léger. Par contre, tout ce qui touche à l'apprentissage de la puissance du cinéma (ce qui n'est pas la même chose qu'une déclaration d'amour au 7e art - si déclaration d'amour il y a Spielberg la fait à sa mère), alors là oui : les deux temps du film de vacances (le montage puis la projection - avec un côté De Palma troublant), les réactions du public lors du bal de fin d'année, la leçon de cinéma par le vieux maître, c'était passionnant. Vendu comme le film le plus autobiographique du réalisateur ("semi" autobiographique, prend-il le soin de préciser), c'est certainement son autoportrait le plus direct : Spielberg est cet entertainer surdoué qui touche le public avec ses récits lisses et familiaux, mais sous la surface et dans sa tête c'est tout un monde qui bouillonne, un monde fait d'ambivalences, d'antagonismes, de doutes et d'angoisses. Pas son film le plus virtuose, ni son plus enthousiasmant, ni le plus solide ou le mieux écrit, mais les moments où il fend l'armure suffisent à le rendre essentiel.)
Bonus : le générique de fin de Pathaan
(je vous préviens c'est pas terrible, et Deepika Padukone vaut beaucoup mieux dans le film)
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* Ranafout' J'ai trouvé ce Missing tout pourri alors je spoile comme un sagouin, m'en fiche.