Un bon mois de janvier pour moi, avec quelques jolies surprises, notamment polonaises.
01.
La dernière étape/
Ostatni etap, de Wanda Jakubowska (1948), disponible sur Mubi et fortement recommandé.

J'ignorais totalement qu'un film polonais sur Auschwitz avait été tourné, à peine 3 ans après la guerre, et par une cinéaste, qui plus est. Ce qui rend son film, situé dans le quartier des prisonnières, particulièrement véridique et intense. Certes, il y a bien un sous-texte de propagande communiste, mais utilisé de façon judicieuse et pertinente, qui ne dessert jamais le film. Gros coup de coeur pour moi, et film du mois.
02.
Le Diable n'existe pas /
Sheytan vojud nadarad, de Mohammad Rasoulof (2020)

Je découvre tardivement ce film, dans lequel Mohammad Rasoulof interroge en quatre récits la peine de mort, et la responsabilité individuelle de ceux qui font avec... Comment s'étonner, devant la charge qu'est le film, de l'interdiction du film et de l'emprisonnement du cinéaste ? Ce qui est plus étonnant, en revanche, c'est que le film s'élève au delà de son ici et maintenant pour aborder ces questions de manière puissante, large, et universelle, avec une mise en scène dont chaque plan est réfléchi.
03.
Tiger Bay, de Jack Lee Thompson (1959)

Polar britannique sur fonds social, ce film me surprend par sa subtilité, une douceur dans le traitement des personnages à laquelle Thompson ne m'avait pas habitué. Un tueur, un témoin de 12 ans, un chassé croisé avec des policiers et une fuite en avant, on se régale de bout en bout.
04.
Unicorn Wars, d'Alberto Vasquez (2022)

Nourri de Full Metal Jacket et des Bisounours, Vasquez détourne les codes narratifs de ses sources pour raconter une fable écologique mortifère et nourrie d'un profond pessimisme. Remarquable et déconcenançant par moments.
05.
L"homme de marbre /
Czlowiek z marmuru, d'Andrzej Wajda (1977)

Sorte de Citizen Kane dans la Pologne des années 70, où une cinéaste recherche un ancien héros du peuple, désormais oublié de tous, pour comprendre ce qui s'est passé. A la fois dense, passionnant et imprégné d'une profonde tristesse. Du grand Wajda.
En vrac derrière, j'évoquerais
Nostalgia, de Mario Martone, sorte de récit de course en avant mortifère poignant,
The incident, les débuts ahurissants de Martin Sheen au cinéma,
The Banshees of Inisherin, de Martin McDonagh, film sur le désamour ou fable sur les guerres fratricides, tourné dans la magnifique Inishmoor,
Pearl, sorte de construction d'un personnage destructeur en une expérience formelle enthousiasmant,
Babylon, de Damien Chazelle, dont on discute pas mal sur ce forum,
Becoming Father, de Tetsuya Mariko, un redoutable "coming of age" qui finit par quelques séquences marquantes, ou
The day of the Triffid, de la BBC (1981), qui m'a frappé par son intuition des thèmes à venir, alors que
The Last of Us se présente comme une série révolutionnaire...
Un bon mois, en tout cas.