Supfiction a écrit :entre histoire d'amour et chronique pré-apocalyptique au sous-texte politique restant volontairement flou (c'est ce qui en fait sa force aussi). Sur ce dernier point, je n'ai pas trouvé d'approfondissement ou même d'avis tranché.
Je ne vois absolument pas de "chronique pré-apocalyptique" ni de sous-texte politique dans ce film. Tu pourrais développer un peu ?
Le personnage d'Adèle se prépare physiquement pour survivre à une guerre civile ou une insurrection il me semble. Elle est intimement convaincue que celle-ci va arriver et qu'il faut se préparer à survivre en milieu hostile (pouvoir se nourrir de n'importe quoi) et surtout savoir se battre.
Mais on n'en sait pas plus à priori (attaque ou accident nucléaire ? guerre civile ? on ne saura pas). Il y a un repas au cours duquel il effleurent le sujet, lorsqu'il la présente à sa mère et son frère si je me souviens bien. Le frère ainé se moque de ses idées qu'il considère loufoques.
Demi-Lune a écrit :
Je ne vois absolument pas de "chronique pré-apocalyptique" ni de sous-texte politique dans ce film. Tu pourrais développer un peu ?
Le personnage d'Adèle se prépare physiquement pour survivre à une guerre civile ou une insurrection il me semble. Elle est intimement convaincue que celle-ci va arriver.
Mais on n'en sait pas plus à priori. Il y a un repas au cours duquel il effleurent le sujet, lorsqu'il la présente à sa mère et son frère si je me souviens bien.
Mais ça me semble plus relever de la bizarrerie de ce personnage un peu space qu'est Madeleine, bourrin et buté, ne sachant au final pas très bien ce qu'elle veut, aime ou va, que d'un véritable sous-texte intentionnel (qui ne déboucherait pas sur grand-chose d'ailleurs, comme tu le dis). Son idée fixe de vouloir s'entraîner pour survivre, c'est un peu comme lorsqu'elle se laisse traîner en discothèque (et s'y emmerde) ou dit qu'elle aime les chiens, on a l'impression qu'elle essaie de se convaincre elle-même qu'elle a ainsi une forme d'ouverture sur le monde. Elle croit (se) prouver quelque chose en étant rude et en voulant intégrer la branche la plus physique de l'armée, mais sa marotte d'être capable de survivre, c'est une espèce de substitut qui lui permet d'éluder les vraies questions sur elle-même. D'où la partie initiatique à la Stand by me, à la fin.
Supfiction a écrit :
Le personnage d'Adèle se prépare physiquement pour survivre à une guerre civile ou une insurrection il me semble. Elle est intimement convaincue que celle-ci va arriver.
Mais on n'en sait pas plus à priori. Il y a un repas au cours duquel il effleurent le sujet, lorsqu'il la présente à sa mère et son frère si je me souviens bien.
Mais ça me semble plus relever de la bizarrerie de ce personnage un peu space qu'est Madeleine, bourrin et buté, ne sachant au final pas très bien ce qu'elle veut, aime ou va, que d'un véritable sous-texte intentionnel (qui ne déboucherait pas sur grand-chose d'ailleurs, comme tu le dis). Son idée fixe de vouloir s'entraîner pour survivre, c'est un peu comme lorsqu'elle se laisse traîner en discothèque (et s'y emmerde) ou dit qu'elle aime les chiens, on a l'impression qu'elle essaie de se convaincre elle-même qu'elle a ainsi une forme d'ouverture sur le monde. Elle croit (se) prouver quelque chose en étant rude et en voulant intégrer la branche la plus physique de l'armée, mais sa marotte d'être capable de survivre, c'est une espèce de substitut qui lui permet d'éluder les vraies questions sur elle-même. D'où la partie initiatique à la Stand by me, à la fin.
J'ai du mal à me dire qu'il ne s'agit que d'une "bizarrerie" du personnage de Madeleine. Peut-être que je me fais des films mais j'y vois une évocation d'idées dans l'air du temps, la peur et le pessimisme de la jeunesse (mais pas que) face à un monde de plus en plus violent, le manque d'espoir dans l'évolution de la société et de l'environnement, la tentation de vivre en autarcie, etc.
Je l'ai surtout vu comme une sorte de survivaliste décalée de la réalité
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
Supfiction a écrit :Adèle Haenel : “Dire 'Allez vous faire foutre !', c'est un peu mon moteur”
Et elle vient de le prouver.
Accessoirement, sa côte de « popularité » vient de faire un bon de géant. Je crois bien que la plupart des gens (à l’exception des cinéphiles « bobos ») viennent de découvrir son existence. Pas la meilleure façon de devenir une actrice populaire mais je me doute bien qu’elle s’en moque et que ce n’est pas son public.
Je recommande la chaîne de Guim Focus en passant. Un défenseur du cinéma français à la Antoine Goya mais qui ne parlerait que de cinéma (d'autant qu'il bosse sur des plateaux, parfois de gros films).
Une femme digne pour un parti pris digne.
Il y a la compagnie des Chiens de Navarre avec Jean-Christophe Meurisse, qui, comme Pasolini, déconstruit l'expérience du théâtre vers le cinéma.
Et il y a Adèle Haenel qui a voulu déconstruire l'image du cinéma et qui a fini par ne plus respirer dans ce système hypocrite et bourgeois. L'un avec l'autre, il y a une cohérence. C'est dommage pour nous, mais c'est la vie. Si un jour elle fait la rencontre avec Apichatpong Weerasethakul ; Tsai Ming-liang ou Julian Rosefeldt, peux-être qu'on la retrouvera pour du tiers-cinéma, pirate libre et conscient.
Ce même système immonde, "bourgeois et hypocrite" qui a pourtant produit la plupart des films d'auteur encensés par les cinéphiles de Classik dont Alibabass ?
Tsai Min Liang, un rebelle du système et du paradigme bourgeois capitaliste ? Le même qui a été financé/soutenu pour l'essentiel de sa vie par le Kuomintang ?
Le plus grand succès au théâtre comme au cinéma reste la tartufferie, assurément.