
All Of Us Are Dead (saison 1) - Cheon Seong-il - Netflix - 2022
À vrai dire, la bande-annonce ne me motivait pas plus que ça. D'autant plus que j'avais beaucoup apprécié le webtoon édité l'été dernier et que les premières images de cette adaptation sous forme de série débordant de scènes d'action ne m'avaient guère convaincue. Et puis hier soir, après mon visionnage quotidien d'une œuvre extraite de la filmographie de François Truffaut (je découvre actuellement l'intégrale du cinéaste dans l'ordre chronologique), j'ai testé le 1er épisode de All of Us are Dead, encore troublée par la finalité de La Sirène du Mississipi…
Changement de style, d'époque et de ton.
Me voilà à présent en train d'effectuer un magistral bond de deux années en arrière pour revenir au lycée et je tombe des nues tellement que tout sonne juste et que c'est admirablement bien écrit. Je me pose même la question à savoir si, à l'instar de la série anglaise Skins, des lycéens n'auraient pas participé à la structure psychologique des personnages. Toutes les attitudes adolescentes que je vois défiler sur mon écran, je les ai vécues, je les ai vues ou j'en ai au moins entendu parler. Que l'on vive en Corée du Sud ou au fin fond de la province française, les amours, les amitiés, les jeux, les moqueries, les humiliations ou les blocages adolescents du XXIème siècle sont exactement les mêmes. Du coup, que serait-il advenu si mon ancien lycée avait été envahi par une horde d'infectés prête à nous zigouiller au moindre mouvement ? Quel aurait été mon attitude face à ce chaos ? Et ma posture face à ma meilleure amie brusquement infectée et qui voudrait se nourrir de ma carotide ?...
Moi qui pensais tomber sur un énième avatar de The Walking Dead à la sauce sud-coréenne, voire sur un remake en mode Netflix du Dernier Train pour Busan, me voilà face à des réactions humaines dignes de La Nuit des Morts Vivants, 1er du nom. Chaque épisode durant 1h et prenant ainsi son temps à nous exposer la personnalité de chacun : des adolescents désemparés face à une situation ultra chaotique et que l'on ne nous présente absolument pas comme des héros, mais comme de véritables êtres humains. Enfin !
Des défauts, il y en a car rien n'est jamais parfait. De quelques cliffhangers à 2 centimes à d'improbables CGI pas toujours réussis, surtout lors du premier épisode, il va sans dire que l'action n'est pas la préoccupation première des scénaristes (bien qu'il y en ait énormément). Visiblement, l'important ici est de faire un constat sur l'humain en général face à l'imprévu et sur la jeunesse en particulier en démontrant combien la juvénilité de cette dernière est désormais sacrifiée. Le roman Battle Royale et son adaptation cinématographique ou en mode manga n'est pas loin. Le tout servi par un excellent casting de jeunes doués pour la comédie, donc forcément crédibles et ultra attachants.
Là, je viens à l'instant d'achever le 4ème épisode et je pense que je vais faire un petit break avec l'univers de Truffaut pour rester un moment au lycée assiégé de Hyosan. Comme quoi, il ne faut pas toujours s'arrêter à une bande-annonce.
* Le score de la série, subtilement composé au grès des scènes, n'a d'ailleurs rien à voir avec le bruyant dubstep de la B.A.