Bruno Dumont

[Flol]

Begaudeau termine d'ailleurs en taclant gentiment la participation de Dumont à Arrêt sur Images

Forcément, puisque Dumont dit du mal des Gilets Jaunes

[Alibabass]

Forcément, puisque Dumont dit du mal des Gilets Jaunes

... je ne sais pas ... c'est dire du mal de dire que la qualité maussade de France TV signifie une création d'un mouvement ? Après, c'est surement ambiguë ... et au fond, c'est comme le cinéma, il a sa part d'ambiguë et au s'en fout.

[Supfiction]

la qualité maussade de France TV signifie une création d'un mouvement ?

J’ai pas compris.

Begaudeau reproche le « républicain » de Dumont concernant sa vision éducative de la télévision, en gros ce que n’est plus tellement France Télé et qu’est ARTE aujourd’hui (seule chaine à passer les films de Dumont cela dit en passant). Selon lui et sous couvert de discours chrétien, les éduqués devraient apprendre de ceux qui ne savent pas. Ce discours populiste (sûrement un fan du Capitaine Marleau) ne tient pas debout. Il confond bon sens paysan et culture.

[Zelda Zonk]

Mon bilan à ce jour d'un réalisateur intéressant et à part dans le paysage cinématographique français, qu'on l'aime ou le déteste, même si je n'ai pas encore vu toute sa filmo :

La vie de Jésus : 7/10
L'humanité : 7/10

P'tit Quinquin (mini-série) : 6,5/10

Flandres : 6/10
Hadewijch : 6/10

Coincoin et les Z'inhumains (mini-série) : 5,5/10

Ma Loute : 4/10

Twentynine Palms : 2/10

[Supfiction]

Mon TOP :

1- France
2- Ma loute
3- P'tit Quinquin (mini-série)
4- Coincoin et les Z'inhumains (mini-série)
5- L'humanité
6- La vie de Jesus
7- Flandres
8- Jeannette


Pas encore vu Hadewijch.

[Zelda Zonk]

Mon TOP :

1- France
2- Ma loute
3- P'tit Quinquin (mini-série)
4- Coincoin et les Z'inhumains (mini-série)
5- L'humanité
6- La vie de Jesus
7- Flandres
8- Jeannette


Pas encore vu Hadewijch.

Ni Twentynine Palms visiblement

Bon courage

[Les deux sont dispos gratuitement sur Arte]

[Alexandre Angel]

Ni Twentynine Palms visiblement

Je n'avais pas détesté mais

Spoiler (cliquez pour afficher)

la fin m'a fait tellement peur que j'ai peur de le revoir

[Jeremy Fox]

J'adore :

la Vie de Jésus
Flandres

J'aime beaucoup :

L'humanité

J'aime bien :

Twentynine Palms



à partir de Hadewijch j'ai complètement décroché au point de rechigner un peu à voir France malgré Lea Seydoux.

[Zelda Zonk]

Ni Twentynine Palms visiblement

Je n'avais pas détesté mais

Spoiler (cliquez pour afficher)

la fin m'a fait tellement peur que j'ai peur de le revoir

Tout n'est pas à jeter : l'aspect technique notamment, avec l'utilisation du Scope toujours maîtrisée, mais aussi le traitement du son.
C'est pour ça que j'ai mis 2/10

Mais bon, c'est quand même très fort de faire 1h40 d'introduction pour un film de 1h52. Moi je dis chapeau.
Et quelle introduction... : on baise, on s'engueule, on baise, on s'engueule, on... bon j'arrête.

Quant aux dix dernières minutes, c'est pour moi un sommet de mauvais goût et de grand-guignol, complètement grotesque.
L'archétype du film What The Fuck, quoi.

[Supfiction]

on baise

A ce sujet, Dumont offre dans ses films une vision de la sexualité quelque peu miteuse.

[tchi-tcha]

Curieux bonhomme, ce Dumont
Je précise que j'ai lu l'ensemble du topic - parfois en diagonale (faut pas pousser) - avant de me lancer pour éviter d'être redondant. Mais c'est pas gagné.

Au moment de leur sortie, La Vie de Jésus et L'Humanité avaient été de sacrées grosses claques. Comment un type pareil pouvait-il d'un coup surgir dans le paysage cinématographique français ? Une brutalité (sa recherche de "vérité" par le rejet des acteurs professionnels) pas ressentie depuis Pialat, même si la forme était différente.
La forme, justement, radicale et ambitieuse, mais qui a parfaitement les moyens de sa radicalité et de son ambition. Ce Dumont ne vient pas de nulle part, Bresson ou Jean Epstein (davantage celui de L'Or des Mers que celui de La Glace à Trois Faces) ont clairement imprimé sa rétine à un moment, mais c'est quand même un choc de le voir filmer le Nord comme John Ford filmait Monument Valley dans La Prisonnière du Désert. La différence avec Ford, c'est que quand on voit une vache dans un champ chez Dumont, on sent instinctivement que le réalisateur prof de philo moralisateur va nous asséner une leçon de morale bien plombante (parce que la vie c'est pas fait pour rigoler). Et ça ne loupe pas, ça tombe.

Et c'est peut-être ce côté donneur de leçon sévère qui m'a progressivement lassé, éloigné. Non, pas progressivement, assez rapidement en fait, à partir de Twentynine Palms (un sous-Zabriskie Point dans mon lointain souvenir, mais il faudrait que je le revoie parce que cette formule ressemble trop à un piège) et Flandres (celui-là aussi il faudrait que je le revoie, je me souviens l'avoir apprécié mais suis incapable de me rappeler pourquoi). A la rigueur je m'en fous que son cinéma ne soit pas aimable (si le cinéma "aimable" c'est l'adaptation ciné de Boule et Bill, au secours), mais s'il devient rebutant... bah tant pis ce sera sans moi, merci.

Et puis il y a eu la surprise P'tit Quinquin, du Bruno Dumont pur jus certes, mais en mode complètement déjanté. J'y ai retrouvé tout ce qui me l'avait fait aimer au début, avec en plus un humour frappadingue (dont je suis assez client), le mélange donnant un cocktaik sidérant. Quand je me dis "P*tain c'est quoi ça " c'est généralement bon signe.

Malheureusement, cet objet visuel improbable n'aura été qu'une parenthèse, et ce n'est pas France qui va me rabibocher avec le monsieur. Entre le coup du micro ouvert par Blanche Gardin ou la balade en voiture de papa Biolay avec son fiston, si on prend ça au premier degré c'est juste pas possible. Et si on prend ça au deuxième, troisième degré ou au quinzième sous-sol, ça ne passe toujours pas non plus, le message réussit à être à la fois lourdement explicite et lourdement confus (bref lourd). Qu'on ne me parle pas d'un film fou ou de la beauté (réelle) des montagnes et du visage de Léa Seydoux, j'entends les arguments des thuriféraires mais non, désolé ça ne passe pas.

A l'arrivée, aujourd'hui Dumont est un cinéaste stimulant que je prends beaucoup de plaisir à lire/écouter en interview, avec ses avis tranchés, sa conception du monde et de la morale, ses vérités bien senties et ses énormités balancées avec une assurance pince-sans-rire (le vidéo-club de Kombini posté plus haut est un grand moment), mais dont je ne prends plus beaucoup de plaisir à regarder les films.


(pas de top, trop de titres à voir ou à revoir, pas envie)

[Zelda Zonk]

Merci tchi-tcha pour ta contribution. Je me retrouve assez dans ta perception de Dumont, avec grosso modo les mêmes satisfactions et les mêmes griefs. Même si je n'ai pas vu France, j'avoue, pour l'instant, préférer ses premières oeuvres, plus minérales, plus organiques, brutes de décoffrage. Depuis, son style s'est quelque peu dévoyé je trouve, sa patte s'est lissée et surtout, son message s'est alourdi, devenant trop explicite. Et je le trouve beaucoup plus à l'aise et convaincant avec des acteurs non professionnels, je pense que ça lui convenait mieux (souvenir pénible des prestations embarrassantes de Binoche et Luchini dans Ma Loute, par exemple).

Voici un entretien récent réalisé par Olivier Père pour Arte, où le réalisateur revient sur ses premiers films (durée : 56 minutes) : https://www.arte.tv/fr/videos/105398-00 ... no-dumont/

[Jeremy Fox]

Je me retrouve assez dans ta perception de Dumont, avec grosso modo les mêmes satisfactions et les mêmes griefs.

Moi aussi d'ailleurs.

[tchi-tcha]

j'avoue, pour l'instant, préférer ses premières oeuvres, plus minérales, plus organiques, brutes de décoffrage. Depuis, son style s'est quelque peu dévoyé je trouve, sa patte s'est lissée et surtout, son message s'est alourdi, devenant trop explicite. Et je le trouve beaucoup plus à l'aise et convaincant avec des acteurs non professionnels, je pense que ça lui convenait mieux (souvenir pénible des prestations embarrassantes de Binoche et Luchini dans Ma Loute, par exemple).

Disons que ce qui était au départ une "quête de vérité" (grossièrement : trouver dans le regard d'amateurs l'étincelle qu'un comédien professionnel ne pourrait jamais lui donner) risquait de devenir un simple procédé (avec grossièreté : "Dumont ? Ah oui, le mec qui filme le Nord en scope avec des tarés congénitaux qui baisent comme des animaux"). Il a voulu essayer de nouveaux jouets sans pour autant se remettre en question, avec un résultat pas franchement concluant à mes yeux. En croyant sortir des monstres sacrés de leur zone de confort, en pensant réinventer l'eau tiède, il découvrait simplement le contre-emploi. Et à cause de lui, Juliette Binoche s'est prise pour une actrice comique et est allée faire La Bonne Epouse...

Note importante : je ferai une exception pour Léa Seydoux dans France. Le non-jeu de cette pauv' fille à papa en agace certains, mais ici certains plans sur son visage sont d'une pureté minérale et laissent entrevoir tout ce que le film aurait pu donner s'il n'était pas aussi balourd.

Spoiler (cliquez pour afficher)

Je décline toute responsabilité si Jeremy Fox se sent obligé de voir France à la suite de ce que je viens d'écrire sur sa chérie.

Il y a un mot que je n'ai pas réussi à caser dans ma bafouille, c'est le terme "surplomb". Dumont est clairement au dessus de la mêlée dans le paysage cinématographique français. Il suffit de voir comment il filme sa région en 2:35 et de comparer (au hasard) avec la façon dont Eastwood filme les trains dans Le 15h17 pour Paris. Il suffit de voir ce qu'il obtient de ses comédiens non-professionnels et de comparer avec les héros du Thalys dans Le 15h17 pour Paris (par exemple).
Malheureusement pour nous, Dumont est bien conscient de sa supériorité et ne se prive pas de nous la faire sentir. Pour lui le cinéma est une affaire de morale (ce n'est pas une posture chez lui, c'est viscéral, épidermique, un impératif kantien, ce que vous voudrez...) qui se double d'une lourdeur de plus en plus problématique au fil des ans. Du coup je voulais caser un jeu de mots avec "surplomb" et "plomb", mais j'ai pas réussi

Bref, je ne sais pas comment sa carrière va évoluer (mon intuition serait qu'il voudra se frotter à des acteurs de séries TV pour voir ce qu'il peut en faire). J'espère juste qu'il ne va pas finir comme un Jean-Claude Brisseau, quelqu'un dont je suis content de savoir qu'il existe mais dont je n'ai plus rien à fout** des films.

[Supfiction]

Bon, concernant Lea Seydoux, j’ai l’habitude de laisser pisser, sa filmographie parlera pour elle et fera taire ses détracteurs. Je considère France comme son meilleur travail à ce jour. Reste à la voir enfin dans une comédie pure.

Concernant Juliette Binoche, elle avait déjà fait de la comédie longtemps avant Ma Loute, dans la comédie romantique Décalage horaire par exemple, dans laquelle était très convaincante en esthéticienne peu sûre d’elle. Dans Ma Loute, elle est en totale surjeu c’est vrai et je comprends qu’on puisse trouver ça insupportable. Moi j’adore, surtout Luchini et son jeu très physique et burlesque, à l’opposé de ce qu’il fait d’ordinaire.