
Douche froide pour le très attendu The Green Knight, lecture moderne désaffectée et démystificatrice d’une légende Arthurienne, et qui, après quelques semaines, se périme déjà en mémoire pour ne laisser qu’efforts de distinction, embarras devant une imagerie glacée, et expression réitérée d’une angoisse, incarnée par Dev Patel, très moyen, en Gauvain pleutre.
De ce conte arthurien transformé en quasi odyssée Kubrickienne, allant jusqu’à en reprendre certains procédés, de l’ambiance anxiogène à la musique atonale, en passant par le jeu de symétrie, tension érotique, et le final ironique, aucun regard autre qu’emprunt, ne semble sous tendre ce quasi pastiche de « et si Kubrick avait réalisé un conte médiéval ». La quête miniature se réduit
à une suite de déconvenues, dans des paysages désolés, sorte de voyage vers la mort d’où les rares rencontres, entre humiliation et caractère funeste, s’efforcent de travailler l’intériorité de notre héros.
Refus de l’épique et de la dramatisation, image singeant l’ornementation du livre, désir de complication, héros ravalé en figure angoissée et quête à celle d’une suite de visions hallucinatoires, ne trouve écho qu’en une talentueuse mais vaine imitation de la manière kubrickienne, quelque part entre les procédés de 2001 et la dimension intérieure de l’odyssée de Eyes Wide Shut, plus qu’à un dialogue avec la lettre même d’un texte perdue. Même l’ajout et la reprise du coup de la tentation vaguement christique du héros à la Kazantzákis sonne faux, procédé déjà observé dans Ghost Story, car il accuse le manque de consistance dans la construction même de la figure héroïque, qui est le sens même de l’aventure initiatique.
A l’approche de la vraie mise à mort par le chevalier vert, Gauvain lâche prise, enfin, renonce à sa ceinture verte protectrice, et se trouve gracié par son bourreau joueur. Par ce changement opéré du chevalier vert en fée morgane, sorte de deus ex machina, procédé ô combien kubrickien, le film essaie de nouer ironie et initiation dans une même scène, conférant à l’aventure ultra sérieuse une dimension amusée et ludique. Note finale et ouverte de ce voyage très premier degré en contresens, parcours sans but ayant oublier l’effective transformation du héros à l’issue de l’aventure. Reste donc que le piège de ce sentiment angoissant d’où rien ne sort.
Un coup d’enluminure pour rien.