Le Western italien

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Re: Le Western italien

Message par Rick Blaine »

Kamoulox !

Blague à part, je vois le western européen et le western américain comme deux genres assez fondamentalement différents, en tous cas sur le fond, donc je ne vois pas de problème à ce qu'un bouquin aborde spécifiquement l'un à l'exclusion de l'autre (sans oublier malgré tout certaines passerelles formelles). Par contre la hiérarchie de valeur, elle me pose sacrément problème. On peut ne pas aimer l'un ou l'autre (car malheureusement on voit aussi beaucoup de gens de notre génération rejeter en bloc le western US), mais écrie « cette production dévastatrice ne brille que par sa nullité et sa malhonnêteté (…) de tristes films, des marchandises frelatées dont l’amateur de western doit particulièrement se défier », ça mérite des claques !
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hellrick
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Re: Le Western italien

Message par hellrick »

Oui tout à fait, il y a aussi des fans de "spagh" qui détestent le western US...c'est dommage également.

Bon, avec tout ça j'ai peu avancé dans mon article (pour l'Ecran) mais je peux donc dire qu'un prochain Vintage abordera le western italien "fantastique" (entre autre). Viva Italia! :-)
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Jeremy Fox
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Re: Le Western italien

Message par Jeremy Fox »

hellrick a écrit : 1 juin 21, 15:39

* - genre: "l'analyse du processus de dégradation continuelle que la problématique de la temporalité, s'interposant comme un écran entre l'homme et l'absolu, a déclenché dans le roman vaut également pour les sur-westerns contemporains" nous dit Bernard Dort...heureusement tout n'est pas de ce style :fiou:
:uhuh:
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Alexandre Angel
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Re: Le Western italien

Message par Alexandre Angel »

Cela a du être discuté quelque part, mais quelqu'un a-t-il un avis éclairé, fouillé et précis :mrgreen: sur l'ouvrage de Jean-François Giré consacré au western européen ?
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Shin Cyberlapinou
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Re: Le Western italien

Message par Shin Cyberlapinou »

Très, très bonne lecture à l'époque, bien bel objet a priori exhaustif sur le sujet.
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ewo
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Re: Le Western italien

Message par ewo »

J'aurais bien aimé le lire. Pour l'instant je suis sur la dernière ligne droite de "10.000 façons de mourir" d'Alex Cox. J'évite de lire ses résumés par contre pour les films que je n'ai pas vu et compte voir. Ou je lis entre les lignes quand je sens que le spoil' est proche.


Édit du 28 mai : j'ai pris mon temps mais j'ai terminé le pavé.
J'ai bien sûr adoré l'ensemble, et passé quelques commandes en parallèle. Mais je suis sous le choc.

Trois lignes sur Keoma. Je m'en remets pas.

Première fois de ma vie que j'ai failli ragequit la lecture d'un ouvrage aussi intéressant. :cry:
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Re: Le Western italien

Message par ewo »

Alexandre Angel a écrit : 3 mai 22, 10:37 Cela a du être discuté quelque part, mais quelqu'un a-t-il un avis éclairé, fouillé et précis :mrgreen: sur l'ouvrage de Jean-François Giré consacré au western européen ?
Je viens d'en recevoir un. Je vais m'y plonger prochainement. Je tiens plus, moi qui suis dans une grosse période westerns italiens, je vais le dévorer !
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Re: Le Western italien

Message par ewo »

@Heliurl

Bon, je voulais t'en dire un peu plus sur le western italien. J'ai passé du temps sur une vidéo que j'allais faire découvrir (éventuellement) ici en écrivant des explications complémentaires. Au lieu de préparer ça sur mon mémo par sécurité, j'ai tapé tout mon pavé ici. Évidemment, fausse manip. J'ai tout perdu à l'instant. C'était 22h et quelques quand j'ai commencé...

D'ici demain soir je pense que j'aurai digéré ma connerie abyssale. Et recommencé...
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Re: Le Western italien

Message par ewo »

Avant de commencer cette petite lecture, je vous suggère la visite du site Spaghetti Western DataBase :

https://www.spaghetti-western.net/index.php/Main_Page

Indispensable pour mes recherches d'éditions, d'informations... Et pour m'y retrouver avec les titres italiens, américains, français ou allemands.

- - - - - - - -

Le Western Politique (dit "Zapata") n'est pas forcément le "genre à l'intérieur du genre" qui me vient à l'esprit lorsque j'aborde ce type de cinéma. Et pourtant, l'actualité brûlante sur notre bonne vieille planète m'a donné envie de commencer par lui. Et puis aussi, parce que je fais ce que je veux. Mais en vrai, c'est parce que cette vidéo est l'une (la seule ?) des plus chiadées que j'ai trouvé sur le sujet :

Attention spoils (même si non gratuits et légitimes pour développer le sujet tout le long de la vidéo).
Je conseille fortement à celles et ceux qui n'ont pas vu :

Le grand silence
Colorado
El Chuncho
Le mercenaire

De zapper les passages :

12"32 à 13"52
15"52 à 17"00
24"06 à 24"37
26"10 à 27"20


Bon visionnage.
Concentration recommandée.

"Le Western Spaghetti, un genre (parfois) radical | CINEMA ET POLITIQUE" :



Concernant le terme Western Spaghetti, je ne l'utilise absolument pas personnellement. Je l'ai toujours trouvé "très con" comme le disait Sergio Leone (de qui "tout est parti", fait mis en exergue dans l'ouvrage "Il était une fois... le western européen" de Jean-François Giré, j'y reviendrai (!!!) ).
En dehors de ce détail, je trouve la vidéo très pertinente. Je n'avais pas encore vu certains des films évoqués au moment où j'ai fait cette découverte sur YT.
Très sincèrement, je me fous totalement de l'aspect purement politique. Je me tiens plutôt à l'écart de ce mot dans ma vie. Mais ce qui m'intéresse ici c'est tout simplement la perception de celle-ci dans le cinéma. Et précisément à travers un genre qui représente un héritage sentimental très passionnel chez moi (enfin, peu importe où je suis en fait. Dans la rue, c'est aussi le cas mais je m'égare. Dans ce post. Pas dans la rue. Enfin si parfois mais... bref). Alors oui, c'est un genre où la violence est omniprésente. Parfois poussive, souvent stylisée, elle me paraît indissociable du genre, ici. Et à sa place.

Sa sélection est judicieuse, son analyse me semble juste et son investigation, à saluer. Le cinéma comme axe de réflexion, si c'est pour voir des vidéos de cette qualité, je dis OUI.

Comme je l'expliquais au début de ce post, le Western Politique n'est pas celui qui m'a initié au genre. C'est "Le bon, la brute et le truand" qui s'en est chargé, étant plus jeune. Comme pour beaucoup de personnes. Mais on peut sans doute contester son absence dans la vidéo du dessus. Certes, le ton global du film est différent d'un film emblématique par excellence comme El Chuncho pour évoquer le sujet, mais il y a quand même des scènes qui font indéniablement écho à des évènements politiques.
En 1964, Sergio Leone allait pulvériser, sans le savoir peut-être, avec l'envie, probablement, le Western Américain.
Dans l'ouvrage de Jean-François Giré, on peut lire que le western italien est le premier et le SEUL genre parricide de l'histoire du cinéma. Rien que ça.
Il y aura des centaines et des centaines de films produits par la suite. Jusqu'à ce que les modes changent. En Italie, on appelait cela des "Filones" (courants). Ainsi donc certains réalisateurs s'adaptaient à celui du moment, passant d'un genre à l'autre au gré des attentes.
Pour une poignée de dollars a fait date car il a transgressé le code Hays (code de production du cinéma américain). Pour résumer brièvement :
-Ne jamais montrer le tireur et la victime dans le même plan
-Ne jamais montrer une victime qui se fait achever
-Pas de massacres de masse*/"d'atmosphère de violence généralisée"
("10.000 façons de mourir", Alex Cox, page 70 à 72)

Devinez qui est arrivé et a chié délibérément sur ces trois règles en un seul film ? Bah Serge Lion évidemment !
Le western américain est mort, vive le western italien !

*Spoiler à éviter si vous n'avez jamais vu "Pour une poignée de dollars" :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le sort des Baxter est sans équivoque pour moi : c'est symboliquement le western américain qui est "massacré".
Bon par contre il faut évoquer le cas Yojimbo d'Akira Kurosawa. Dans les pages 78 à 81 de son ouvrage, Alex Cox dresse une comparaison solide des scènes des deux oeuvres pour finir de convaincre les personnes qui fermeraient les yeux sur l'évidence du remake. Est-ce que ça a foiré quelque part au moment de la pré-production ? Certainement. Faut pas déconner avec les droits et les œuvres, bordel. Est-ce que cela prive le chef-d'œuvre de Leone d'être le porte-drapeau d'un genre hautement iconique dans l'histoire du 7ème Art ? À mon sens, absolument pas.

Mais revenons à nos coyottes.
Selon moi, sur tous les films cités dans la vidéo, c'est El Chuncho qui illustre le plus merveilleusement et tristement son propos. Avec un final inoubliable, à la résonnance diablement révolutionnaire ! Car il est question de ça. La politique fait naître la révolution. Et la révolution fait renaître la politique. Ça, c'est un avis personnel, à partager ou pas.
Le discours du film est lourd de sens. Sans être lourd.
Et puis, il y a Gian Maria Volonté. Fabuleux.

Ce qui me fascine dans ce genre c'est le dynamitage à proprement (ou salement...) parler des frontières entre le bien et le mal. Tous deux sont partout et oscillent constamment, s'entrechoquent, s'épousent et se déchirent. Est-ce que le western italien voulait systématiquement offrir une morale ? Quién sabe? Ce titre autrement plus évocateur, et surtout original de l'œuvre, en dit long par son interrogation.
Dès lors, on peut envisager que peu importent les avis, seuls comptent les faits. Car l'histoire ne découle-t-elle pas des faits ? Eux-mêmes découlants d'avis ?
Est-ce que la formule interrogative est une facilité, ou bien une évidence ?
C'est le moment de prendre un NurofenFlash !

Ce sera tout pour aujourd'hui. Je termine avec ces petits compléments, sans en chercher avec un i.


Les films cités que j'ai sur mes étagères :

Le dernier face à face - Sergio Sollima - 1967 (Blu-ray Wild Side)
Le grand silence - Sergio Corbucci - 1968 (UHD Studio Canal, blu-ray Eureka)
La mort était au rendez-vous - Giulio Petroni - 1967 (DVD MGM, Blu-ray Explosive Media)
Texas - Tonino Valerii - 1969 (DVD Artus Films)
Colorado - Sergio Sollima - 1966 (Blu-ray Wild Side)
Tire encore si tu peux - Giulio Questi - 1967 (DVD Rimini, Blu-ray 88 Films)
El chuncho - Damiano Damiani - 1966 (Blu-ray Carlotta, Blu-ray Blue Underground)
Le mercenaire - Sergio Corbucci - 1968 (Blu-ray 88 Films)
Compañeros - Sergio Corbucci - 1970 (Blu-ray Blue Underground)
Trois pour un massacre - Giulio Petroni - 1969 (Blu-ray Artus Films)


Les gueules que j'affectionne particulièrement :

Gian Maria Volonté, Tomás Milián, Jean-Louis Trintignant & Vonetta McGee*, Klaus Kinski, Luigi Pistilli, Franco Nero.

*Un petit mot sur ces deux noms. Je n'ai pas vu tous les westerns européens que j'aurais aimé découvrir, mais je peux assurer que c'est bel et bien dans Le grand silence (qui a sérieusement chamboulé mon top avec le temps) que j'ai pu voir sous mes yeux délicatement émus, la scène la plus douce et sensuelle dans un film de ce genre, qui ne doit sûrement pas en compter beaucoup d'ailleurs. La place des femmes dans les westerns est un tout autre débat qui mérite d'exister. Sur une composition généreuse d'Ennio Morricone, la tendresse qui se dégage de ce moment hors du temps contraste comme jaja avec la noirceur qui gangrène l'oeuvre. J'en ai des frissons rien que de l'écrire.


Une sélection de thèmes/compositions :

D'Ennio Morricone

Pour Le grand silence :


Pour Colorado :


Pour Le mercenaire :


Pour Compañeros :


De Luis Bacalov (qui a aussi composé pour Le grand duel mais surtout Django de 1966)

Pour El Chuncho :


Et pour aller fouiller un peu plus dans les années fastes du western italien, le point du vue du cinéaste Alex Cox par le biais de son pavé "10.000 façons de mourir", est un agréable moment de lecture. Avec des anecdotes à la pelle et des analyses qui tentent de creuser tout un pan de cette culture en préservant l'équilibre entre sentiments et avis de professionnel. Bon, je ne suis pas toujours d'accord avec lui, mais... Je me battrai pour qu'il puisse s'exprimer. Non ? Ah non...
En fait, je n'lui pardonnerai jamais ses trois lignes sur l'Keoma. Kémalo.



PS : qui que vous soyez, si je me suis planté quelque part, la moindre correction sera bien urbaine de vot' part. Merci.
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Profondo Rosso
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Re: Le Western italien

Message par Profondo Rosso »

Le Grand duel de Giancarlo Santi (1972)

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Philip Wermeer est accusé d'avoir tué Saxon, le patriarche d'un clan puissant de Tucson. Il est poursuivi par les trois fils de Saxon, qui n'hésitent pas à envoyer des tueurs à sa recherche. Alors qu'il est en danger, surgit Clayton, un shérif mystérieusement déchu, qui vient lui prêter main-forte. Ses raisons restent obscures mais celui-ci semble vouloir le contraindre à subir un procès en bonne et due forme face au clan Saxon, en même temps qu'il semble être le seul à connaître la vérité sur le meurtre de l'ex-tyran.

Le Grand duel est un western spaghetti qui se situe au moment où s’amorce le déclin du genre, ne sachant plus trop où aller entre les parodies façon Trinita et les resucées de Sergio Leone. Le Grand duel essaie justement de se montrer plus original et atypique, sans verser dans la dérive rigolarde ou les schémas éculés. Le film marque les débuts à la réalisation de Giancarlo Santi, qui fut justement assistant-réalisateur pour Sergio Leone sur Le Bon, la Brute et le Truand (1966) et Il était une fois dans l'Ouest (1968). Leone l’avait d’ailleurs adoubé, et souhaitait lui confier la réalisation d’Il était une fois la Révolution (1971) qu’il devait seulement produire. Malheureusement, la production ainsi que les stars du film James Coburn et Rod Steiger s’y opposèrent et Leone dut s’atteler au film, Santi ne s’occupant plus que de la seconde équipe. Hormis cette collaboration avec Leone, Santi fut également assistant-réalisateur pour Marco Ferreri (Le Lit conjugal (1963), Le Mari de la femme à barbe (1964) et Marcia nuziale (1966)) ou Luigi Comencini sur Casanova, un adolescent à Venise (1969). Toutes ces influences se ressentent dans Le Grand duel dont Giancarlo Santi cherche par ses choix à vraiment sortir des sentiers battus du western italien.

La culture et le contexte politique de l’époque imprègnent notamment Le Grand duel de façon marquée. Si le visage aquilin ainsi que la présence taciturne de Lee Van Cleef constitue un point de repère attendu (et ce dès sa mémorable première apparition), son allié de fortune joué par Alberto Dentice arbore une allure capillaire et vestimentaire qui évoque davantage un hippie échappé de Hair qu’un personnage de western. La première partie du film enchaîne les situations classiques sur le papier mais traitée de manière décalée dans leur esthétique (les acrobaties de Philip Wermeer (Alberto Dentice) pour échapper à ses poursuivants) que leur finalité, tel le groupe de chasseur de primes aux trousses de Wermeer qui finissent par s’entretuer. Nous laissant longtemps dans le flou quant à ses enjeux, le scénario déroule aussi un argument classique de vengeant mais au traitement tout aussi surprenant. Les vengeurs, vengés et assassins se confondent autour du mystère d’un meurtre que Santi filme dans un flashback en noir et blanc qui se répète pour à chaque fois un peu plus laisser deviner le coupable mais aussi planer le mystère. Cette approche évoque à la fois le récit paranoïaque et le surréalisme du Blow-up de Michelangelo Antonioni (1966), tout en lorgnant sur le film noir.

On est agréablement dérouté, d’autant que la caractérisation de la fratrie Saxon, les grands méchants du film, est à l’avenant. Ils évoquent par leur allure, leur préciosité et tares physiques (le cadet à la peau rongé par la syphilis) une sorte de famille Borgia (ou… Kennedy après le patriarche disparu et tout aussi peu recommandable) transposé dans l’Ouest, prête à toutes les bassesses pour mettre la main sur une précieuse mine d’or. Les séquences étranges les concernant sont légion, comme ce plaisir presque orgasmique ressent par l’un d’entre eux lorsqu’il commet un meurtre, ou ce massacre de masse avec ce visage crispé de plaisir hystérique. Tant que le film en reste à cette bizarrerie, il capte l’attention, tant l’on ne semble jamais savoir ce que nous réserve la séquence suivante. Malheureusement ce qui faisait le plaisir de cette singularité finit peur à peu par constituer un défaut quand le récit se laisse rattraper par la normalité. Pas vraiment de surprise quant au coupable du crime, la caractérisation sommaire de certains personnages secondaires finit par faire tache (la fiancée du frère Saxon qui finit dans les bras de Wermeer sans qu’ils aient eu de réelle interaction) et Santi n’arrive pas à poser son empreinte sur les passages obligés du western spaghetti. Le duel final à un contre trois use d’un pur dispositif à la Sergio Leone sans l’égaler, le transcender ou faire un pas de côté baroque façon Sergio Corbucci, c’est juste du déjà-vu la flamboyance en moins (alors que le fameux flashback en noir et blanc aurait dû faire décoller tout cela) où même le superbe thème de Luis Bacalov (recyclé par Quentin Tarantino dans son Kill Bill Volume 1 (2003) s’avère répétitif. Une petite déception en définitive, tant les promesses d’originalité n’aboutissent pas complètement au final. 3,5/6
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Shinji
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Re: Le Western italien

Message par Shinji »

Je sais que c'est toujours compliqué avec les productions italiennes au casting international, mais je voudrais savoir s'il y a une version du film Le grand Silence où l'on entend Kinski avec sa propre voix ?
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Shin Cyberlapinou
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Re: Le Western italien

Message par Shin Cyberlapinou »

Sur Aguirre Kinski avait demandé un supplément pour la post synchro et Herzog l'avait remplacé par un autre comédien, alors sur un western de consommation "courante" je doute qu'il y ait eu un effort de ce côté là.

N'oublions pas que le public italien n'a jamais entendu les vraies voix de vedettes comme Tomas Milian, Bud Spencer ou Terence Hill (il y a eu la série Don Matteo pour ce dernier, 30 ans après ses années de gloire), je doute fort qu'il y ait une "VO" pour Le grand silence.
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Alexandre Angel
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Re: Le Western italien

Message par Alexandre Angel »

Alexandre Angel a écrit : 3 mai 22, 10:37 Cela a du être discuté quelque part, mais quelqu'un a-t-il un avis éclairé, fouillé et précis :mrgreen: sur l'ouvrage de Jean-François Giré consacré au western européen ?
Shin Cyberlapinou a écrit : 4 mai 22, 12:12 Très, très bonne lecture à l'époque, bien bel objet a priori exhaustif sur le sujet.
ewo a écrit : 1 juil. 22, 21:12 Je viens d'en recevoir un. Je vais m'y plonger prochainement. Je tiens plus, moi qui suis dans une grosse période westerns italiens, je vais le dévorer !
Ah au fait, merci! un an et quelques plus tard :oops:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Shinji
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Re: Le Western italien

Message par Shinji »

Shin Cyberlapinou a écrit : 25 août 23, 07:55Sur Aguirre Kinski avait demandé un supplément pour la post synchro et Herzog l'avait remplacé par un autre comédien, alors sur un western de consommation "courante" je doute qu'il y ait eu un effort de ce côté là.

N'oublions pas que le public italien n'a jamais entendu les vraies voix de vedettes comme Tomas Milian, Bud Spencer ou Terence Hill (il y a eu la série Don Matteo pour ce dernier, 30 ans après ses années de gloire), je doute fort qu'il y ait une "VO" pour Le grand silence.
Merci pour ces précisions. :wink:
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Re: Le Western italien

Message par Shinji »

Je viens de lire que de toutes façons le tournage se faisait sans prise de son par souci d'économies ; je ne sais pas si c'était une généralité ?

Du coup, on peut dire qu'il n'y a pas vraiment de "vo" pour ces films.
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