Alexandre Angel a écrit : ↑15 mars 21, 16:35C'est relativement courant, dans le cinéma, que des chefs d'œuvre soit tirés de livres médiocres. On voit ça dans le mélodrame, par exemple (et là j'ai l'air malin car je ne parviens pas à trouver des exemples

).
En quatrième vitesse de Mickey Spillane (roman) / Robert Aldrich (film).
Revu
Rambo II : La Mission sur Ciné+. On ressent un net appauvrissement par rapport au 1er du point de vue de l'écriture. Je ne sais pas si c'est dû à l'optique "blockbuster d'action" choisie ou bien à l'absence d'une base littéraire. On se retrouve ainsi avec une structure "mission de sauvetage" basique, avec des méchants manquant cruellement de caractérisation (si ce n'est qu'ils sont très méchants). Je l'avais oublié, mais c'est avec cet épisode que débutent les réponses du protagoniste se voulant humoristiques, mais tombant à plat (même si on n'atteint pas encore les tréfonds de
Rambo III à base de "J'ai vidé quelques chargeurs." et autre "lampe bleu qui fait du bleu"). Néanmoins, tout n'est pas honteux, loin s'en faut (
- The old Vietnam's dead. - Sir, I'm alive. It's still alive, ain't it?).
First Blood avait parfois tendance à plus critiquer la société civile que l'armée (mais c'est discutable), alors que c'est cette dernière qui a transformé Rambo en machine à tuer et l'a envoyé au Vietnam avec pour ordre de tuer dans le doute :
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Rambo : There are no friendly civilians!
Trautman : But I'm your friend Johnny!
Rambo : And I did what I had to do to win! But somebody wouldn't let us win! And I come back to the world and I see all those maggots at the airport, protesting me, spitting. Calling me baby killer and all kinds of vile crap! Who are they to protest me?
Rambo : For me civilian life is nothing! In the field we had a code of honor, you watch my back, I watch yours. Back here there's nothing!
Rambo: First Blood Part II, lui, verse en plein dans le reaganisme revanchard (
malgré la trahison de Murdock), avec sa perpétuation du mythe des soldats américains restés prisonniers des Vietcongs et son Rambo qui donne l'impression de regagner la guerre de Vietnam à lui tout seul. En effet, au début du film, on apprend que notre ex-Béret vert a tué 59 soldats ennemis durant ses 3 années de guerre. Au cours des quelques jours que couvre le long métrage, il en zigouillera 75 (
source) !
Du point de vue de la réalisation, si George Pan Cosmatos n'est pas un foudre de guerre, il emballe très correctement l'affaire et offre même plusieurs plans/moments mémorables (Rambo abandonné, les sangsues, le micro, le camouflage boueux, ...). Etrangement, la photographie de certaines scènes est ultra-floue/lumineuse. On pourrait se dire que cela vise à imiter la moiteur de la jungle, mais ça intervient également dans un combat à l'intérieur d'un hélico en plein vol

. L'aspect mélancolique de la B.O. du 1er s'efface au profit d'un
score bien plus guerrier, parfois trop. L'action prend de l'ampleur d'un point de vue quantitatif (notamment un bateau qui explose un peu facilement...) et Rambo nous montre qu'il constitue bien une armée à lui tout seul.
C'est véritablement de ce film que provient le personnage qui figure dans l'imaginaire collectif (le souvenir de
Laetitia Casta, le
sketch d'Albert Dupontel,
Hot Shots! 2 - mélangé avec
Rambo III). A la révision, l'inspiration que
Rambo II : La Mission représente pour la série de jeux
Metal Gear, notamment
Metal Gear Solid 3 : Snake Eater, est criante (l'infiltration finalement remplacée par de l'action, le saut HALO, le sac à dos perdu, la capture/torture par électricité,
la menace d'énucléation par couteau, le supérieur hiérarchique/chef de mission qui trahit le protagoniste-commando...). Clin d'oeil : Naked Snake critique les couteaux contenant du matériel dans leur manche dans une conversation radio optionnelle !
----- EDIT -----
J'en profite pour poster ce
lien vers l'article de Vanity Fair avec des anecdotes hilarantes à propos de
Rambo III, tirées du livre
The Last Action Heroes: The Triumphs, Flops, and Feuds of Hollywood's Kings of Carnage.