Grande tristesse également de voir partir cet acteur dont le charisme, la décontraction, la sagesse malicieuse, l'autorité bienveillante auront marqué mes premiers pas de spectateur.
Si je l'ai découvert dans
On ne vit que deux fois, c'est sans doute dans
Jamais plus jamais qu'il m'a le plus accompagné quand j'étais enfant, délicieuse digression non officielle, et pas loin de 2 décennies ajoutées au compteur, n'empêche : toujours la classe et le charme, mais que les années ont rendu plus chaleureux. Je ne savais pas encore qu'il y tirait sa révérence dans la peau du célèbre agent, dans un curieux cocktail (à la cuillère bien sûr) d'élégance et de dérision, que ce soit en luttant contre son cholestérol ou contre le chantage atomique de SPECTRE, ou encore en dansant le tango avec la jeune Kim Basinger ou en terrassant son ennemi avec son urine

. Il arrivait dans un lieu, demandant si les hommes y étaient admis, et se voyait répondre "Certains même plus que d'autres". Il fallait être Sean Connery, et personne d'autre, pour que cette réplique paraisse crédible et fasse mouche. Ca ne m'étonnait donc pas qu'il nous quitte pour une retraite dans les bras de Kim Basinger, mais pas sans m'avoir fait un clin d’œil complice avant le générique.
Il n'y avait que lui pour créer une telle surprise en apparaissant en Richard Cœur de Lion 2 minutes avant la fin du film, et imposer avec évidence en si peu de temps toute la majesté du personnage.
Et puis en vrac, citant Charlemagne sur une plage, parapluie à la main, devant un Indy ému, ou surgissant dans un flash sur son cheval face à un highlander ébahi, ou encore puisant dans ses dernières forces pour lutter contre l'agonie, et transmettre l'horaire cruciale d'un train à son ami Ness, l'une des morts les plus poignantes parmi celles que j'ai pu voir au cinéma.
Et enfin, ma toute première rencontre donc, au détour de sa cinquième reprise aux services secrets de sa majesté, dans
On ne vit que deux fois (mon tout premier Connery, mon tout premier Bond, et encore aujourd'hui un de mes préférés de la série, nostalgie oblige) : abattu au bout de deux minutes dans les bras d'une femme, et honoré de funérailles maritimes dont il se relevait finalement, increvable qu'il était, tout fringant, l'air discrètement espiègle qui faisait toute sa particulière séduction, demandant permission de monter à bord. J'imagine bien son arrivée là-haut de la même façon.