Stagecoach to Dancers' Rock Produit et réalisé par Earl Bellamy. Maison de production : Gray-Mac Productions. Distribution : Universal. Scénario de Keneth Darling. Directeur de la photographie : Eddie Fitzgerald. Musique : Franz Steininger
avec Warren Stevens (Jess Dollard), Martin Landau (Dade Coleman), Jody Lawrance (Ann Thompson), Don Wilbanks (Le Major Southern), Dell Moore (Hiram Best), Judy Dan (Loy Yan Wu)
Après un bref arrêt à Tombstone, une diligence reprend sa route vers Fort Yuma avec à son bord 5 passagers, 2 femmes et 3 hommes aux profils très hétéroclites. A l’arrêt suivant, monte à bord un cow-boy silencieux et taciturne qui est en fait un hors-la-loi dont le complice doit intercepter la diligence un peu plus loin. Mais en cours de route, une des deux passagères, une jeune femme d'origine chinoise, tombe malade et bientôt des boutons apparaissent sur son visage. Malgré les propos rassurant de l'autre femme, un futur médecin, une partie du groupe soupçonne la fille d'avoir la variole. C'est cette menace de la maladie qui fait hésiter le complice du voleur voyageant incognito et qui ne se démasque pas durant la tentative de vol de son ami, laquelle se termine en fiasco. Bientôt, profitant d'une nouvelle pose, le conducteur et le garde de la compagnie de diligence redémarrent par surprise, abandonnant les passagers au milieu du désert à l'exception de celui qui sommeillait à l'intérieur...

Le scénario de cette toute petite production tournée en 7 jours avait déjà bien servi en 1962, et pourtant, même dans la première partie, le scénariste avait réussi à innover un peu à partir d'une trame générale éculée. Et pourtant, on a déjà vu :
La diligence transportant des passagers aux profils prémédités afin de favoriser les attirances et les oppositions. Puis le fait qu'ils soient ensuite livrés à eux mêmes dans un milieu inhospitalier …
… cet environnement hostile, lui même, avec des périls de différentes natures :
D'abord les Apaches, dont la diligence s’apprête à traverser le territoire et dont on entend beaucoup parler dès le démarrage à Tombstone. Par la suite, on voit bien les dégâts qu'ils peuvent causer (au cours de leur errance piétonne dans le désert, les rescapés tombent sur la diligence des fuyards qui ont été massacrés) et on va voir leurs signaux de fumée, les traces de leur passage … mais au final, on ne les verra jamais à l'écran.
Ensuite, de manière moins habituelle, en raison du rôle joué par le personnel de la compagnie de diligence, deux abrutis racistes et bien lourdingues (le conducteur se promet de se faire la blonde avant la fin du parcours … et il est d'une séquence superbement dialoguée quand, en présence de l’apprentie médecin, lui et celui qu'il prend à juste titre pour son rival, tentent de confronter leur techniques de séduction, le lourdaud et le "raffiné " étaient chacun à leur tour finalement ironiquement repoussés)
Puis, à partir de l'abandon au milieu du désert, le plus attendu chemin de croix : la soif, la faim, la tempête de sable, l'épuisement ... La solidarité des uns, l’égoïsme et l'individualisme d'un autre ; la lutte pour la survie quoi et peut-être même la folie induite … Là, rien de neuf … s'il n'y avait à partir de là, l'interprétation exceptionnelle de Martin Landau, j'y reviendrai.
Et enfin celui représenté par le pistolero et son complice … Une fausse piste, en quelque sorte, puisque le rusé scénariste sut fort bien tirer parti de ce personnage surprenant - très bien campé par Warren Stevens – dont l'attitude va croiser celle de l' ironique joueur professionnel (joué par un sensationnel Martin Landau. Oui, je « redonde ») qui est pourtant, malgré sa complexité et ses sourires déjà inquiétants, d'abord plutôt un personnage positif.
Présentation sommaire des personnages très (trop ?) typés :
Loi Yan Wu : une jeune femme d'origine chinoise, bibliothécaire à San Francisco
Ann Thompson : féru de médecine mais qui est seulement en passe d'intégrer l'Université de San Francisco afin d'y commencer ses études.
Hiram Best : un agent des affaires indiennes râleur, raciste et sexiste
John Southern : un major de la cavalerie qui est en route pour sa première affectation dans l'ouest, à Fort Laramie
Dade Coleman : un joueur tout juste libéré de la prison de Tombstone après y avoir séjourné pour avoir été pris en train de tricher
et donc, au premier arrêt, vient se joindre aux passagers, le hors-la-loi Jess Dollard, le bandit complexe et scrupuleux.
Alors que souvent, lorsque deux femmes sont en présence en pareille situation, elles sont en opposition. A la lecture de ces courts portraits, on comprendra qu'ici ce n’est pas le cas : une malade … et une apprentie médecin, elles sont faites pour se rapprocher … pas trop quand même car c’est contagieux (et la distanciation sociale, bord...) mais il y a du mère Teresa en puissance chez la belle blonde et elle ne lâche pas sa malade aux yeux bridés … laquelle a donc deux « bonnes » raisons d'être détestée par une partie de l'équipage et des passagers : ses origines et sa tête non conforme … puis sa maladie contagieuse dont les confiants disent que c’est la scarlatine ; les méfiants et les hystériques croyant y voir les signes de la Smallpox (la variole)
Je ne rentre pas dans les détails mais le scénariste n'exploite pas tout le potentiel de cette situation et de ces personnages dont l’opposition reste assez schématique ou parfois trop artificiellement spectaculaire en raison de l'interprétation trop voyante de l'acteur jouant le plus raciste et sexiste des personnages, évidemment l'agent des affaires indiennes ... mais c'est aussi probablement que Bellamy savait qu'il avait une seconde partie très forte.
Elle démarre avec la longue marche à travers le désert où rien de révolutionnaire ne se passe mais c’est un passage où Bellamy ou ses assistants avaient bien repéré les lieux de tournage et où le chef opérateur avait particulièrement soigné ses cadres car cette traversée du désert, si elle est sans surprise, est visuellement superbe.
Épuisés par la longue marche à travers le désert, les rescapés retombent sur la diligence avec ses occupants massacrés et les chevaux envolés. Si jusque là, malgré quelques thématiques sortants un peu de l'ordinaire (racisme anti chinois, maladie contagieuse …), on était globalement en terrain connu, à partir de là, rien que pour la prestation de Martin Landau, il faudrait voir le film ...Jusque là, le joueur -réputé tricheur- ironique et provocateur, se moquant des racistes, des imbéciles et des incultes (surtout l’agent aux affaires indiennes et les deux employés de la compagnie de diligences) mais visiblement éduqué, beau parleur, raisonneur et s'exprimant en employant des aphorismes poétiques s'était montré un personnage positif, le seul prenant de manière virulente position en faveur de la chinoise (ses autres appuis, le Major et l'apprentie médecin étant trop « tendres » et pas de taille à luter contre les autres) mais l'épreuve du désert va faire apparaître la noirceur profonde du personnage. On ne sait si c'est un monstre qui cachait sa nature profonde sous un vernis séduisant ; s'il est rendu fou par les épreuves ; s'il est atteint par la maladie à son tour, mais en tout cas, Martin Landau campait là un des plus surprenants et diaboliques salauds de toute l'histoire du genre. Halte aux superlatifs, me dira-t-on ... Non, non, je maintiens mais n'en dis pas plus sinon que la séquence finale est sidérante.

Pour le coup, sans trop chercher, on peut trouver quelques défauts, à commencer par quelques interprètes pas au niveau de leurs camarades : Del Moore (Best) est un peu trop voyant tandis que c'est le contraire pour Judy Dan (la chinoise) et Don Wilbanks (le Major) et d'ailleurs entre les deux une dragouille timide et terne s'amorce assez vite mais c’est pour "l'instant romance" quasiment obligé mais Bellamy n'insiste nullement.
Ensuite, la musique. Celle du générique de début - que l'on entend une deuxième fois - semble avoir 10 ans de retard. Celle du générique de fin est si douce et guillerette que c'en est incongru en raison de ce qui précède. Et c'est à peu près tout ce que je vois. Par contre, je vois la note sur IMDB et je ne comprend pas mais pour autant je n'ai pas envie de lire le gars qui met un 2 ou même un 4 à un tel film. Je méprise

Vu ' à peu près ' en vost (un grand merci à Chip qui m'a orienté sur ce film qui avait échappé jusque là à mon radar

)
Martin Landau avait l'un des sourires les plus flippant qui soit. ici, il a un serpent à sonnette à vous donner

ici , en mode Javier Bardem

Final (spoiler photographique)
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