A la recherche de Miguel Chávez, soupçonné de se livrer au trafic d'armes avec les indiens Yaqui, la patrouille de rurales mexicains conduite par le capitaine Ramón arrive au poste de traite de Chavez et y trouve sa femme Angélica, laquelle nie les accusations visant son mari. Bientôt, un petit groupe de Yaquis arrive à son tour et accuse les Chavez de leur avoir vendu des médicaments toxiques ayant rendus aveugles plusieurs membres de la tribu. Au poste, Ramon trouve bien une cache avec ces médicaments et, n'accordant plus aucun crédit aux propos d'Angelica, d'autant plus que les fusils en possession des Yaquis et les traces de chariots lourdement chargés trouvés à proximité du poste de traite semblent confirmer ses soupçons, il autorise les Yaquis à brûler le poste et force la jeune femme à accompagner la patrouille à la recherche de son époux …
Dane Clark, épisode 3
Massacre, western américano-mexicain, était la dernière production de Robert L. Lippert, Jr. (le fils de, qui fut bien moins prolifique que Robert Sr.), dirigée par un petit spécialiste du western, Louis King, dont c'était aussi le dernier film réalisé pour le cinéma et qui n'y a jamais fait d'étincelles, mais il était écrit par un trio très capable : Fred Freiberger et William Tunberg, pour l'histoire, et D.D. Beauchamp, pour le scénario … Mais on ne peut pas dire qu'ils se soient beaucoup creusés les méninges pour celui ci même si par ailleurs le film possède bien quelques attraits.
Ils avaient fait du personnage central, Angelica (Martha Roth), une intéressante garce comme on en rencontre plus souvent dans le film noir. L'épouse du trafiquant d'armes tentait de diviser la troupe de fédéraux par différents stratagèmes : en tentant de semer le doute sur les intentions de Juan Pedro (Jaime Fernandez), le pourtant loyal éclaireur « prêté » par le chef Yaqui rencontré au comptoir de traite et chargé de les guider vers les dits trafiquants, créant donc de premières dissensions entre Ramon (Dane Clark) et son second Ezparza (James Craig). Et surtout en séduisant ce dernier, lui promettant, en plus de ses faveurs, de faire main basse sur le pactole accumulé par son époux. Pour elle, il tue un de ses hommes, s'enfuit en sa compagnie … mais recule finalement, et ça, les indécis, les faibles, les cojones molassssson, Angelica, elle ne les aime pas ! (la scène où elle lâche – ou plutôt écarte radicalement le « mou » de son chemin - est plutôt sympa)
L'actrice Martha Roth (née italienne mais qui fit toute sa carrière au Mexique), très expressive (trop ?), en faisait beaucoup et la rage inscrite parfois sur son visage, de même que ce visage lui même assez particulier, faisait d'elle une sorte de Mercedes McCambridge méditerranéenne. Par contre, d’aucuns pourraient peut-être trouver qu'elle manquait de charme pour faire ainsi tourner les têtes mais au moins, avec son personnage, les auteurs avaient crée un personnage doté d'une certaine épaisseur, même s'il était mauvais à outrance, ce qui n'était moins le cas avec les deux principaux personnages masculins, tout deux assez mal caractérisés et interprétés mollement par James Craig, et de manière plus surprenante par un Dane Clark, plus effacé que de coutume. Pour lui.
L'affrontement entre les deux hommes, l'un aveuglé par Angelica, l'autre ayant compris son manège et ne la lâchant pas du regard donne tout de même quelques bonnes petites scènes bien dialoguées rendant compte des tensions entre les deux hommes et une petite péripétie (Ramon sauve la vie de son second), trouve son prolongement plus tard puisque c'est sans doute la raison pour laquelle Ezparza refuse d'obéir jusqu'au bout à Angelica. On retrouve le Dane Clark que l'on connaît ça et là dans des accès de violence ou dans les dialogues acerbes qu'il échange avec Angelica mais il reste en retrait par rapport à ce que l'on connaît de lui dans ses meilleurs jours.
D'autre part, dans ses développements le film s'avère assez avare en péripéties, semblant réserver les séquences d'action d'envergure pour le bouquet final (il est vrai, bref, sans doute trop, mais assez spectaculaire). Entre temps, on voit néanmoins de petites choses : le différent entre l'éclaireur indien et Ezparza est clos à la suite d'un bon duel au couteau arbitré par Ramon … et des anicroches retardent la patrouille dans sa tentative d'empêcher la livraison d'armes aux Yaquis en guerre.
Mais la plupart des violences sont commises à contretemps par rapport à la marche de la patrouille. Parfois, celle ci arrive trop tard : les trafiquants d'armes attaquent et massacrent les renforts du Lt. Sandival sur lesquels comptait Ramon ... mais hors champ donc, et Ramon ne peut que ramasser le cadavre de son collègue. Plus tard, elle arrive en fin de bataille et en trop petit nombre pour empêcher le massacre des trafiquants d'armes à leur tour attaqués par les Yaquis … mais on a le temps de recueillir les derniers mots d'un homme qui révèle le lieu où se cachent Chavez et les survivants de sa bande de trafiquants.
C'est le lieu où se termine le récit, dans les ruines d'un fort espagnol puisque c'est entre ses pans de murs en partie effondrés que se cache Chavez et ses derniers hommes. C'est là que les deux camps se rejoignent à la suite d'un coup de force -ou de bluff- de Ramon qui en chemin s'est endurci. Mais la tentative d'alliance entre soldats et trafiquants sera vaine, les époux se montrant jusqu'au bout irrécupérables. Même si une fois de plus, les auteurs ont aussi cédé à la routine (le rachat du bon soldat qui s'était montré faible et fautif), ils ont tout de même eu l'audace de clôturer le film de manière très noire par une bonne séquence spectaculaire, qui bien que filmée de manière assez brouillonne, ne manque pas de force et qui offre un final – au moins - sans concessions (y compris, pour l'image finale de l'éclaireur Yaqui, finalement indifférent au sort des blancs qu'il avait guidé et qui se prépare tranquillement un repas tandis qu’ils sont massacrés)
Quelques qualités et aspects originaux : Ce final. Un bon personnage de femme. Les paysages verdoyants, très boisés, inhabituels et superbes du Mexique (film tourné intégralement à Mexico City et dans la région de Cuernavaca ), bien mis en valeur par Louis King et son chef op. En revanche, le procédé Anscolor a mal vieilli donnant une image rougeâtre marronnasse très prononcée … La distribution mexicaine, et donc des personnages basanés montrés sans condescendance au cours de scènes de bivouacs agréables où notamment les chansons mexicaines offrent une variante aux scènes comparables du western 100 % américain (à l'exception du trio vedette, Clark, Craig, Roth, les deux premiers ne jurant pas trop avec un sombrero sur le crane, la plupart des techniciens et comédiens étaient mexicains). Par contre, Louis King, comme metteur en scène, était très loin d'avoir le talent de son illustre frère. Mais le fait est connu … tout comme sont connus les risques du métier de trafiquant d'armes dans lequel on ne vit guère plus vieux que chez les chasseurs de prime et les pilleurs de banque. Mais ce n'est que justice car : Bien mal Yaqui ne profite jamais (même pas honte, non). Vu en vost
Massacre
- Spoiler (cliquez pour afficher)