
Retour pour Eastwood à la question du héros américain, mais cette fois de manière beaucoup plus inspirée je trouve que pour Sully ou 15h17. Le cinéaste trouve le bon angle, pas celui du geste héroïque en lui même, mais la manière dont il et vu par la société. En cela, le moment où Jewell passe de héros à pestiféré, dans un même mouvement de la presse et des forces de l'ordre, est saisissant. Eastwood le traite avec une rapidité et une urgence qui montre de manière assez terrifiante ce que peuvent faire à un homme ces piliers de la société américaine.
Sa manière de présenter Jewell est également intéressante, en en faisant un personnage pas vraiment futé, et sacrément borné, il choisit de ne pas en faire un héros évident, immédiatement aimable du public mais malgré cela en tant que cinéaste, il se bat pour sa dignité (et celle de l'avocat dont la trajectoire est parallèle), dans un geste particulièrement fordien de quête de la vérité et d'une certaine vision de ce que doit être la communauté américaine. Un John Ford moderne, relevé d'un peu de Sidney Lumet, voilà ce que pourrait être cet excellent opus, qui doit aussi beaucoup aux très belles interprétations de Paul Walter Hauser et Sam Rockwell, épatants dans leur rôle respectifs.
Richard Jewell est aussi et surtout un beau témoignage de la vitalité d'Eastwood et de sa mise en scène, très inspiré notamment dans toutes les séquences à Centennial Parc, dans lesquelles il mène l'intrigue tout en captant des destins individuels dans la foule avec beaucoup d'élégance et de pudeur.
90 ans et tout son talent, bravo Eastwood, espérons que cela dure encore !