Comme il n'y a pas que la cinémathèque dans la vie, je me suis laissé tenté par le Centre Culturel de Chine à Paris (CCCP) qui organisait une rétrospective sur les
trésors méconnus du cinéma chinois d'animation avec pas moins de 27 séances en une semaine. C'était leur première rétrospective sur ce thème et ça se sentait avec de gros problèmes de communication (aucune pub par exemple - sans une spécialiste de la Chine dans mes contacts FB, je serai passé à côté), projections de DVDs, certains films à moitié sous-titrés, certains uniquement en VOSTA, certaines séances inversées, gros problèmes de tramage pour les court-contemporains... Mais bon, vu leur moyen et l'équipe restreinte, il faut surtout saluer l'expérience d'autant que l'animation chinoise n'est pas très visibles chez nous à part quelques DVDs de court-métrages ou le long-métrage du le
Roi Singe.
Le programme est disponible ici pour les curieux
http://www.chinesemovies.com.fr/files/F ... ept_14.pdf
J'ai pu faire 5 séances (avec pas mal de classiques du fameux
Studio d'Arts de Shanghai) :
L'ouverture constitué notamment du mignon
Arracher le navet (Jiajun Qian - 1957) sur des animaux de la forêt s'entraidant pour arracher du sol un gros navet pour un graphisme choupinou. Le pinceau magique (Xi Jin - 1955) est un petit bijou en stop-motion pour un joli conte plein de poésie et de magie. Le cerf de aux neuf couleurs (Tielang Dai - 1981) est un autre conte qui possède cependant moins de charme, moins de grâce pour un scénario plus démonstratif est un design moins plaisant. Parmi ceux plus récents,
La danse du lion (Duan Wenkai - 2012) est une comédie très rythmée et assez inventive dans l'esprit des courts Pixar.
Dans l'hommage à WANG Shuchen, j'ai pu voir le long métrage
La légende du livre céleste (1983) qui devait être à la base une coproduction avec la BBC qui se retira finalement du projet qu'elle trouvait trop "Chinois". On sent en tout cas que l'approche du cinéaste était de toucher un public assez large avec pas mal d'humour enfantin plus ou moins subtil et absurde et un folklore local qui se comprend même si on connait pas les bases de la culture chinoise. C'est loin des standards japonais et américain de l'époque mais l'animation tient et la route et il y a plusieurs séquences où Wang se fait vraiment plaisir sur les mouvements et les couleurs. Le rythme est dans l'ensemble très soutenu, un peu trop d'ailleurs car ça tourne un peu rond au bout d'un moment. Mais les personnages sont attachants, la musique réussie et l'univers fonctionne très bien. J'ai préféré ce film à son
Nezha combat le dragon que l'Etrange Festival avait diffusé l'an dernier mais dont l'animation avait vraiment mal vieilli (ce titre fut présenté à Cannes à l'époque en 1979 et rencontra un certain succès et attira donc l'attention de la BBC).
J'ai aussi pu voir deux court-métrages
Choisir une épouse impériale (19987) et
le pont fait d'une seule planche (1988), deux comédies de moeurs sur le ton de caricature qui ne manquait pas de causticité pour une satire bien vue et vraiment amusante (surtout le premier).
Autre hommage avec
Yu Han pour plusieurs court-métrages humoristiques satiriques fort inspirés qui ne manque de pointer du doigt la vanité (
la nouvelle sonnette en 1986 et
les huits immortels et la puce en 1988) ou la société de consommation (
Supersavon - 1986). On trouve d'ailleurs
Les trois moines dans un des DVDs sortis chez nous et dont je ne me rappelle plus.
Je suis moins convaincu par le peu que j'ai vu de l'hommage à Jiaxiang Pu, à savoir 3 court-métrages. J'ai surtout du mal avec le style visuel qui ne touche absolument pas comme
La petite aveugle et les renardeaux (1982) (même si l'histoire reste émouvante) ou
Nuit de pleine lune (2002) à la poésie ratée. En revanche la comédie
planter des arbres (1990) avec son style dépouillée est plus réussi avec 3 bras-cassés incapable de faire leur travail.
Dans les court-métrages consacrés au enfant, j'ai pu voir
le petit renard (Guiyun Ge - 1984), très joli film d'animation en découpage au discours certes naïve mais bien mené avec une graphisme et des couleurs toutes en rondeurs.
Le petite bonhomme de neige (Wenxiao Lin - 1980) est par contre un authentique chef d'oeuvre avec une histoire d'amitié entre une jeune lapine et un bonhomme de neige. C'est simple, poétique, plein de tact et de douceur. La fin est magnifique est m'a presque fait couler des larmes (c'était le cas de ma voisine et une amie chinoise me disait qu'il s'agit de son court préféré).
Au revoir la pluie (Yawen Zheng - 2012) est d'un très haut niveau aussi avec un ambiance à la Ghibli plein d'humour et d'idée poétique même si le scénario n'est pas toujours à la hauteur.
Le berger et la princesse (Lu Yue - 1960) est un autre court en stop motion avec poupées et une jolie réussite dans l'ensemble même si ça ne brille pas par son originalité mais il y a de vraie idée de mise en scène et de montage.
L'enfant de feu (Borong Wang - 1984) m'a assez assommé en revanche pour son style visuel brouillon et pas très agréable ni visible (c'est du découpage articulé) même si l'histoire inspiré d'un conte traditionnel est assez surprenant (quoiqu'il manque de concision).
Enfin
la fontaine aux papillons (Jingda Xu - 1983) est lui aussi inspiré d'une histoire célèbre en Chine (à la base de
The lovers de Tsui Hark). C'est très joli visuellement mais je sais pas, j'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire. La fatigue sans doute. Le réalisateur ne manque pas de style ni d'audace en tout cas.
Voilà, pas mal de ces films sont sur youtube mais souvent sous leurs titres chinois (et donc sans sous-titres même si certains sont dénués de paroles).
L'organisation a commencé un site qui met en ligne au fur et à mesure des fiches sur les films de cette vaste sélection
http://www.cdccparis.fr/index.php/animation