Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alexandre Angel
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Re: Her Kind of Man

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit :
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Tu sais nous parler.
Cette photo me rend dingue.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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kiemavel
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Re: Her Kind of Man

Message par kiemavel »

Alexandre Angel a écrit :
Supfiction a écrit :
Tu sais nous parler.
Cette photo me rend dingue.
Elle est évidemment très photogénique la très "Leggy " Janis Paige mais elle est encore bien plus craquante dans le film et plus largement dans les films de cette époque là. Après, dans ceux que j'ai vu - dont Her Kind of Man - il n'y a absolument rien d'indispensable.
Janis, bis :arrow:
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Capture de Her Kind of Man
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Photo dédicacée glanée sur le net (J'attends les miennes)
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Alexandre Angel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Alexandre Angel »

kiemavel a écrit :Elle est évidemment très photogénique la très "Leggy " Janis Paige mais elle est encore bien plus craquante dans le film et plus largement dans les films de cette époque là.
Oui mais là on voit ses pieds (avè la chainette) :oops:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :
kiemavel a écrit :Elle est évidemment très photogénique la très "Leggy " Janis Paige mais elle est encore bien plus craquante dans le film et plus largement dans les films de cette époque là.
Oui mais là on voit ses pieds (avè la chainette) :oops:

On comprend mieux l'une des raisons pour lesquelles certains sont encore plus fans de Tarantino... moi aussi d'ailleurs :mrgreen:
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Alexandre Angel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Alexandre Angel »

assumons
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :Eddie Miller est un chauffeur-livreur à San Francisco. Malhabile avec les femmes, il vit comme un solitaire. Il est parfois pris de violentes pulsions pendant lesquelles, avec son fusil à lunette, il tue des femmes au hasard, tel un sniper. La police est plutôt désemparée face à ses crimes, dont elle ne parvient pas à comprendre les mobiles, jusqu'à ce qu'elle fasse appel à un psychologue qui va les aider à cerner la personnalité du tueur…

Un film aux résonances très contemporaines puisqu'il met en scène un homme malade identifié dès les premières scènes comme détraqué mental par un médecin qui prescrit consciencieusement de l'interner mais il est pris par le feu de l'action des urgences, le manque de place et le laxisme de ses collègues. L'homme est pourtant consentant pour être neutralisé, conscient de ses pulsions violentes. Frustré et maladroit avec les femmes, ces pulsions se concrétisent par des assassinats au fusil à lunette. L'originalité de ce film pour l'époque réside dans son regard empathique pour le tueur présenté comme une victime de lui-même. Le film est également précurseurs des futurs films de serials killers sans motif explicite et sur le désarroi et l'obsession des enquêteurs incapables de se baser sur leur expérience face aux meurtres traditionnels avec préméditation. Un avant goût de Zodiac ou Memories of murders, en quelques sortes.
Vraiment d'accord avec tout ça. C'était un film réellement novateur en ce qui concerne l'approche du serial killer au cinéma, surtout en ce qui concerne le personnage du tueur à la fois pour la manière assez crue avec laquelle scénariste et metteur en scène ont montré les manifestations des troubles mentaux du tueur et ce qui a probablement conduit à ces troubles (la plupart de ses rapports avec autrui sont traumatisants) et la façon dont il est "traité" par les institutions qui devraient prendre en charge ces individus. Je schématise … Sans parler du tueur sniper, sous genre en lui même, qu'il inaugure (je pense)
C'est l'un des meilleurs films de Dmytryk et le plus personnel, avec Donnez-nous aujourd'hui
L'immense Adolphe Menjou est l'inspecteur en charge de l'affaire. Il est excellent à exposer le désarroi face à ce nouveau type de criminel. Plus tard, une discussion entre la police, les directeurs de presse et les politiques sera l'occasion d'entendre des propos qui nous sont très familiers aujourd'hui.. ("Vous avez réduit les budgets de la police",.. "il doit être abattu comme un chien").

Arthur Franz dans le rôle du tueur est très bon pour ce qui est probablement le plus grand rôle de sa carrière.
Pas très fan de Menjou, en général, et je t'avoue que je ne me souviens pas de ma perception de cet acteur dans ce film là à l'époque de la découverte du film (bien avant la sortie de l'excellent DVD SIdonis). En revanche, oui pour Franz, acteur la plupart du temps - dans ce que j'ai vu en tout cas - insipide, voire médiocre. Il n'était pas du tout à ce niveau là d'interprétation dans l'autre film noir dans lequel il tenait le 1er rôle (il était très souvent second couteau ) :
New-Orleans Uncensored de William Castle, assez médiocre rejeton de On The Waterfront.

Sinon, dans ce sujet, figurait déjà un autre film novateur sur les serial killers (mais moins bons) :
Without Warning ! de Arnold Laven (1952), avec un autre second couteau lui aussi rarement premier rôle : Adam Williams
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par kiemavel »

oui mais alors là il faut s'attendre à ce que supfiction ouvre un sujet sur : Fétichisme et cinéma :wink:
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Whiplash - Lewis Seiler (1948)

Message par kiemavel »

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Whiplash - Lewis Seiler (1948)
Au cours d'un combat pour le titre de champion du monde des poids moyens, Mike Angelo, de son véritable nom Mike Gordon, se rappelle les événements l'ayant entraîné là. L'histoire commence avec sa rencontre avec Laurie, à l'époque où Mike était encore un peintre insouciant vivant sur la côte californienne. Mike pensait simplement récupérer un tableau vendu à Laurie contre son gré par son ami Sam, mais immédiatement Mike tombe amoureux de la mystérieuse jeune femme, laquelle disparaît rapidement en laissant toutefois un mince indice incitant Mike à partir à sa recherche à New-York. Mike la retrouve chanteuse d'un night-club appartenant à Rex Durant dont Mike découvre très vite qu'il est aussi le mari de Laurie …
Dane Clark, épisode 2 :
Beaucoup de qualités … ou au moins de bonnes intentions : Dane Clark en boxeur, on prend … et plus globalement ce milieu pugilistique -qui est ici plutôt bien restitué mais qui est périphérique au cœur du film - puisqu'il a souvent inspiré les scénaristes et donné nombre de chefs d’œuvre. Une héroïne mystérieuse interprétée avec un brin de froideur (de circonstance pour ce rôle) par la superbe Alexis Smith ... et plus globalement une interprétation magistrale. Une photographie superbe … Un zeste d'humour (amené par la voleuse de scène Eve Arden) … qui font d'autant plus regretter les manques : l'anonymat de la mise en scène et les ratés : une certaine artificialité des personnages (l'artiste peintre qui se mue en boxeur de très haut niveau) et surtout quelques développements mélodramatiques quelque peu douteux : surtout tout ce qui touche au frère de Laurie, le docteur Arnold Vincent, homme déchu qui finit par se rachèter d'une faute ancienne qui a brisé sa vie et celle de sa sœur.
Mais le triangle amoureux pourra peut-être déjà déplaire … Le mari, Rex Durant (Zachary Scott), est lui même un ancien boxeur professionnel qui aurait pu prétendre au titre mondial de sa catégorie mais sa carrière avait été brisé par un accident d'automobile qui l'avait laissé paralysé. Pas tout à fait d'ailleurs, puisque l'on apprend par la suite que c'est peut-être l'opération tentée et ratée par le Dr. Vincent (Jeffrey Lynn), le frère de son épouse, qui l'aurait cloué à son fauteuil roulant (le metteur en scène a quant même la présence d'esprit de nous montrer le handicap de Durant, à la fin seulement de sa première apparition). De chirurgien de renom, le Doc. est tombé bien bas puisqu'il est désormais employé comme soigneur de l'écurie de boxeurs de Durant et est devenu alcoolique.
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Or, notre peintre, dans la dèche, mais fier (c'est parce qu'il jugeait le tableau indigne d'être vendu qu'il avait voulu le récupérer chez Mrs. Durant), sitôt retrouvé sa belle, tente de la rejoindre dans les coulisses du Club à l'issu de son numéro et en est empêché par des gros bras. Il en étale un pour le compte, avant d'être assommé par un autre. Comme il s'avère que sa victime est un champion de boxe de très bon niveau, cela pousse Durant - à qui on rapporte la scène - à proposer à Mike (qu'il rebaptisera bientôt Mike Angelo : Michel-Ange, le peintre boxeur :wink: ) - de faire un essai à la salle, essai évidemment concluant.
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A partir de là, se noue une relation fausse et malsaine entre les 3 principaux protagonistes. Dans un premier temps - la méchanceté des estropiés n'étant plus à démontrer - on se dit que Durant – qui a bien sûr compris qu'elle avait été la nature de la relation entre Mike et Laurie – souhaite surtout tenir à l’œil Mike et accessoirement le tabasser par personnes interposés, l'humilier et le rabaisser ainsi aux yeux de Laurie. Puis, il semble sincèrement vouloir faire de lui un champion et l'être lui aussi d'une certaine manière, par personne interposé, puisqu'il devient effectivement le mentor de Mike Angelo, ce dernier devenant les jambes et la vigueur que lui n'a plus … Et à propos de vigueur, on peut évidemment faire le parallèle avec la nature de leur relation respective avec Laurie. Quelque soit sa condition actuelle, Durant est prêt à tout pour garder Laurie mais en l’occurrence les moyens sont aussi de ceux qui vous font détester alors qu’évidemment le salaud est en fait un désespéré. Zachary Scott joue sur tous ces tableaux et il est comme presque toujours remarquable.
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Quant à la relation entre Laurie et Mike, dès leurs retrouvailles, elle est électrique. Elle le rejette d'emblée, lui demandant de repartir d'où il vient en refusant de donner quelque explication à sa fuite et à ses mensonges du temps où ils formèrent un couple éphémère. Lui, muré dans sa colère, s'endurcissant et découvrant sur le ring un exutoire à sa douleur, puis probablement l'ambition, avec peut-être l'idée de la reconquérir ainsi, par sa réussite, refuse de voir les souffrances de Laurie qui semble soumise inexplicablement à un mari malsain et autoritaire. L'ironie de la situation, c'est que les deux hommes vont finir par rivaliser de sadisme à l’égard de Laurie ... La solution viendra du cynique et désabusé ex chirurgien qui révélera la clé de la relation tordue entre Laurie et son époux, prélude à une dernière partie à rebondissements jusqu'à un final spectaculaire et brutal (qui fait un peu sourire en coin le connaisseur à cause du réemploi d'une séquence archi connue des familiers du genre, issue de Kiss of Death). Mais de toute cette dernière partie bien fichue, je ne dis rien …
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Un mot sur les soutiens. Eve Arden qui interprète la voisine New-yorkaise de Mike, pour lequel elle a le béguin mais qui se rend vite compte qu'il n'a d'yeux que pour Laurie est comme toujours formidable. Elle balade dans la grande ville une espèce d’arriéré texan semblant sortir d'un film de Preston Sturges (dans quelques scénettes qui ne jurent pas trop avec l'ambiance générale). Alan Hale joue l'entraîneur irlandais de Mike Angelo. Douglas Kennedy campe un des gros bras de Durant (Costello) et S.J. Sakall est Sam, le patron de bistro ami de Mike où celui ci expose ses peintures.
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Bilan : plutôt un bon film mais une certaine artificialité des personnages et des situations - sentiment fugace et personnel, c'est vrai - me laisse un peu à l'extérieur du film, symptôme qui en général m'atteint surtout avec les noirs MGM (bien évidemment pas tous) : soignés, reposant sur des scenarii solides .. mais – en poussant un peu le bouchon – sans âme, sans style, sans personnalité. vu en vost
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

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Message par Supfiction »

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JOHNNY STOOL PIGEON (1949)

Réalisation : William Castle
Avec :
Charlton Heston (Dr. Tom Owen), Lizabeth Scott (Helen Curtis), Dianne Foster, Arthur Franz


Ce n'est pas tout à fait le Dan Duryea habituel auquel on est confronté dans ce bon policier. Toujours dur à cuir certes mais derrière lequel se cache un vrai sentimental. Pourtant son apparition mémorable à la fin du premier quart d'heure du film donnait l'occasion d'une entrée impressionante à la Hannibal Lecter. Condamné à perpétuité après avoir été mis en prison par l''enquêteur Howard Duff (George Morton), Dan Duryea (Johnny Evans) constitue le dernier espoir pour remonter la piste de très gros trafiquants de stupéfiants. Duryea est d'ailleurs tout dans la retenue (mais quand faut y aller faut y aller, hein) durant la majeure partie du film. Son jeu est plein de nuances, moins exubérant et laissant le beau rôle à un Howard Duff impeccable et une Shelley Winters particulièrement bien mise en valeur dans ce film. Tony Curtis est également à contre emploi si on peut dire par rapport à ses futurs rôles. Tueur froid et sans scrupule, je crois qu'on n'entend pas le son de sa voix durant tout le film.

Howard Duff nous gratifie en prime d'une scène d'action finale mémorable à la John McCLane : alors que les vilains semblent l'emporter et s'envoler au lointain, il tente le tout pour le tout et balance sa caisse contre l'avion pour tout faire sauter!

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par kiemavel »

Oui, très bon film. Parmi la quinzaine de films criminels que William Castle tourna avant sa période " thriller horrifique " (à partir de la fin des années 50), c'est surement le meilleur avec Etrange mariage (When Strangers Marry), avec Mitchum.

Le tueur interprété par Tony Curtis, il me semble même qu'on le dit - ou qu'on le croit ? -muet
Film très intéressant aussi en raison des personnalités respectives du flic et du truand car le flic se révèle finalement (malgré la forte impression laissée effectivement par Duryea quand il rentre en scène) moins attachant et sympathique que le voyou. J'avais aussi évoqué ce film à la page 24.

Et accessoirement, il fait partie de la centaine de films sélectionnés dans l'actuel "sondage film noir 2020" proposé dans la section DVD naphta
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Re: Bad for each other (1953)

Message par Supfiction »

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Bad for each other (1953)

Réalisation : Irving Rapper
Scénario : Irving Wallace et Horace McCoy
Photographie : Franz Planer

Avec :
Charlton Heston (Dr. Tom Owen), Lizabeth Scott (Helen Curtis), Dianne Foster, Arthur Franz


The girl is dangerous ?

Disons le d'emblée, la seconde rencontre Lizabeth Scott - Charlton Heston s'avère une franche déception. Bad for each other est un semi-noir qui s'apparente au genre davantage dans l’esprit (un héros de guerre rentre chez lui et cherche son chemin entre le bien et le mal) que dans la forme. Car il n'y a ici ni flingue ni mafieux. Une femme fatale peut-être.
L’intrigue se situe en partie dans le milieu hospitalier à l’instar de The Sleeping City (1950) mais la comparaison entre les deux films s'arrête là.
Le Dr. Tom Owen (Charlton Heston) nous est présenté comme une sorte de chevalier blanc. Colonel décoré de la guerre de Corée, il est de retour dans sa ville minière natale. Apprenant les rumeurs concernant son frère qui a mal tourné durant son absence, il se refuse à accepter ce qu'on lui raconte puis rencontre une belle héritière (Lizabeth Scott). Riche, gâtée et dilettante forcement, elle est déjà deux fois divorcée, ce qui ne l'empêche pas de jeter immédiatement son dévolu sur le beau docteur qui résiste tout d'abord un peu .. mais qui ne tient pas bien longtemps face aux charmes de l'immuablement dangereuse Lizabeth Scott. Il tombe ainsi dans ses griffes sans voir qu'il a une honnête et jolie infirmière dévouée sous les yeux (Diane Foster). Le spectateur aura vite compris la suite.. Après avoir quitté l'armée, le bon docteur se laisse très rapidement aller au luxe et à l'argent facile de la médecine mondaine. La dichotomie entre pratique généraliste de terrain peu rémunératrice et chirurgie business très gratifiante tient donc lieu de corruption morale. Point de malversations ni de gangsters ici comme c'est le cas dans un film noir pur et dur, le film traite de la corruption d'idéaux et de vocations.
Owen devient rapidement quelque peu arrogant et la belle infirmière (Dianne Foster) qui a une trop haute opinion de son docteur démissionne de dépit alors qu'il est nommé partenaire à part en entière d'un riche cabinet de chirurgie privé. Dans ce rôle, Heston s'avère charismatique mais vraiment peu sympathique et même les scènes de séduction avec Scott s'avèrent banales et sans tension aucune. On est au bord de l'encéphalogramme plat dans une ambiance à la Grey's anatomy. Heston n'était-il pas trop puissant et sûr de lui pour incarner un anti-héros de film noir ?

Quant à Lizabeth Scott, on s'attend durant tout le film à ce qu'elle sorte ses griffes et prépare un sale coup mais rien ne vient jamais. Non, point de femme fatale ici (malgré le physique et la voix si sexy de Scott), juste une fille gâtée et consciente de l'être et un docteur qui ne comprend que tard ce que tout le monde avait compris dès le début.
A signaler également au casting, dans le rôle d'un jeune docteur, le fameux Arthur Franz dont on parlait récemment à l'occasion de The Sniper (1952) dans lequel il était très convaincant en serial killer.

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Kevin95
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Kevin95 »

A noter que la première rencontre Heston/Scott, Dark City (1950), passe en ce moment sur Paramount Channel et, malgré un scénario tout foufou, c'est plutôt pas mal.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par kiemavel »

Bad For Each Other, oui, c'était pour moi le moins bon des films figurant sur le coffret intitulé : Bad Girl of Film noir, vol. 1, sorti en 2010 aux USA
Les autres titres étaient : The Killer That Stalked New York, Two of a Kind et The Glass Wall

Les films du coffret étaient en vo avec sous titres anglais mais tous -ou la plupart- ont du être diffusés depuis en vost

Dark City (La main qui venge), est largement meilleur sans être un must non plus.
Rappel : ce dernier était déjà dispo dans le coffret / Encyclopédie de Sidonis et il sortira à l'unité en mars
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Without Honor - Crépuscule de Irving Pichel (1949)

Message par kiemavel »

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Un après-midi, dans la vallée de San Fernando, Dennis Williams se rend chez sa maîtresse, Jane Bandle, qui s'inquiète de sa présence alors que son mari, Fred, doit bientôt rentrer à la maison. Il lui annonce que leur liaison a été découverte par un détective et que pour ménager sa famille et soucieux de préserver sa réputation, il a décidé de rompre. A la fois désespéré et sous le coup d'une grande colère, Jane tente de se suicider avec une broche à barbecue. Dennis tente de l’arrêter mais il s'embroche lui même et s'effondre dans la buanderie apparemment mortellement atteint. Le temps que Jane reprenne ses esprits, elle reçoit la visite de Bill, son beau-frère qu'elle avait jadis repoussé, lequel lui annonce que c'est lui qui avait embauché le détective à l'origine de sa rupture avec Dennis et que pour assouvir pleinement sa vengeance, il a convoqué Fred, Dennis et Katherine, la femme de ce dernier, pour que leur liaison éclate au grand jour. Jane tente de s'enfuir mais elle tombe sur son mari qui la ramène chez eux. Tous les protagonistes arrivent à la maison du couple, sauf évidemment Dennis qui se fait attendre …
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Dane Clark, épisode 3.
Without Honor - qui est avant tout un mélodrame féminin - n'est donc que très partiellement un film criminel mais il fait quand même partie d'un tout petit sous genre où le personnage principal est une « femme terrorisée à domicile » (1) . Il y côtoie des films comme Cause of Alarm, Beware, my Lovely ou Jennifer, c'est à dire des films dont l’héroïne n'est pas une « femme fatale » ou une chanteuse de Music-hall, la fille ou la femme d'un disparu, la compagne d'un malfrat ou encore la secrétaire/petite amie d'un privé (liste non exhaustive des principaux types de femmes du genre) mais une « Desperate Housewive » , prétexte à montrer sous un angle critique ou bien finalement moraliste le mode de vie des couples américains des années 40 et 50.

L'histoire se déroule sur un après midi et dans un cadre quasi unique (à l’exception de la courte fugue de Jane et du court épilogue, toute l'action se déroule dans le pavillon du couple) et elle se concentre donc sur un personnage de femme au foyer interprété de manière assez outrée par une Laraine Day, parfois tétanisée par la peur mais le plus souvent toute en tension, torsion de lèvres et yeux exorbités. Elle est d'abord abandonnée par un amant assez lâche (Franchot Tone, dans un rôle forcément très bref, interprète cet amant homme d'affaires qui ne veut pas compromettre son statut social pour une relation -pour lui – pas plus marquante que les précédentes) puis, prise de panique suite à « l'accident », avant qu'elle n'ait pu prendre une décision concernant ce gênant « cadavre dans le placard », elle se retrouve prise au piège dans sa propre maison, d'abord par son beau frère puis par l’irruption de tous les personnages d'un mélodrame étouffant … mais ennuyeux et au final assez raté.
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Il est probablement difficile de faire un film sur des personnages tristes qui semblent traîner un désespoir résigné et silencieux et ici le pourtant très bon et expérimenté scénariste James Poe échoue à construire une histoire prenante avec ses personnages. On se raccroche néanmoins à quelques modestes qualités … Certains des acteurs font de leur mieux : pas le soporifique Bruce Bennett (Fred, le mari de Jane), terne époux que le scénariste a juste pris la peine de caractériser de manière très succincte. On apprend de lui qu'il délaisse sa femme, préférant presque chaque soir jouer aux cartes avec ses amis, dont son frère Bill, plutôt que de … ou de … enfin ce que tout un chacun ferait avec une Laraine Day à la maison.

Plus tard, le seul personnage secondaire à intervenir est l'installateur de la télévision commandée par Fred, petit détail évocateur laissant entendre que dans ce couple sans enfants, l'entente et la communication ne risquent pas de s'arranger avec l'arrivée de la petite lucarne. Jane (Laraine Day) est soit prostrée et effarée, soit épouvantée … et le scénariste n'a pas trouvé grand chose pour épaissir le personnage, à part de petites choses au tout début. Quand par exemple son amant fait irruption dans la maison et la trouve en train de préparer le barbecue du soir, elle estvisiblement gênée qu'il la découvre ainsi en cuisinière peu glamour. Elle a donc réappris à séduire mais ses espoirs sont déçus, c'est peu de le dire, puisque son riche amant s'empresse de rompre alors que quand elle apprend qu'un détective a découvert leur liaison, elle est persuadée que cela va être pour le couple l'occasion de la révéler enfin au grand jour, car évidemment il lui a promis le mariage… C'est mince.

En revanche, le jeu tout en retenue d'Agnes Moorehead (l'épouse de Dennis Williams/Franchot Tone) est déjà plus intéressant. Même si dans un premier temps on a du mal à comprendre son détachement face aux révélations de Bill (Dane Clark), son attitude et ses airs de grande bourgeoise hautaine la rendant même un peu antipathique, elle se montre si peu ouverte aux arguments et tentatives de manipulation de Bill qui veut faire exploser tous les couples en présence, et même finalement si magnanime (l'épouse finit par s'adresser tranquillement et avec précaution à la très perturbée maîtresse de son mari à qui elle apprend toutefois qu'elle est loin d'être la première aventure du volage Dennis mais pas pour la heurter, plus probablement davantage pour qu'elle puisse s'en détacher) que le spectateur un peu conciliant et bon public finira peut-être par plaindre celle qui a du surtout, elle aussi, souffrir d'un mariage insatisfaisant mais lui apportant toutefois un visible confort matériel.
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Mais le personnage le plus convaincant est de loin celui du méchant (Bill) dans lequel Dane Clark se montre une fois de plus remarquable, cette fois ci dans un registre assez veule et mesquin. Il faut voir sa fausse bonhomie et ses sourires de petites larves hypocrites quand il se présente chez sa belle sœur ! Celui qui a longuement ruminé sa revanche après avoir été à 18 ans repoussé par Jane un soir où il était ivre, va tenter par tous les moyens de briser le mariage de son frère mais il va montrer son véritable visage dans un final où tout - ou presque - rentre dans l'ordre, au moins en apparence.
Je laisse volontairement quelques zones d'ombre mais celle (Jane) qui aurait du être rejetée revient au centre de l'attention et est même sauvée par ceux qui auraient pu l’abandonner à son sort … et c'est Bill, devenu le paria contre qui tout le monde s'est retourné qui montre son véritable visage, celui d'un homme désespérément seul trouvant son bonheur dans le sabotage du bonheur des autres. A ce titre, la dernière scène, pathétique, dans sa simplicité même, est la plus révélatrice et la plus réussie du film.

Malgré tout, ce film reste quand même selon moi le moins réussi des films criminels réalisés par Irving Pichel. Si Without Honor est très facultatif, ses deux autres essais valent la peine d'être vus : Quicksand (Sables mouvants), 1950 est disponible en DVD chez Bach Films (plutôt un Bach Films des bons jours) et They Won't Believe Me (Ils ne voudront pas me croire) a été diffusé à la télévision chez nous.
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(1) Dans le genre voisin "famille terrorisée à domicile", pour les "classiques, on peut citer : Blind Alley (L'étrange rêve) de Charles Vidor (1939) ou son remake : The Dark Past (la fin d'un tueur) de Rudolph Maté (1948), The Night Holds Terror (Nuit de terreur de Andrew L Stone (1955) ou bien sûr, la même année, The Desperate Hours (La maison des otages)
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