La fin du jour (1938)
Un vieil acteur abonné aux roles de seducteurs rejoint une maison de retraite pour commediens. Il y retrouve de vieilles connaissances: un acteur dont il avait séduit la femme il y a 20 ans et qui est morte dans un accident de chasse peu apres et un vieux cabotin excentrique qui a ete l’éternel doublure de Lucien Guitry.
Je n’avais pas trop aimé le film à sa decouverte, pour les memes raisons que certains critiques: trop noir, trop caricatural, excessif. Avec de plus, deux acteurs, Simon et Jouvet, peu encleints à la demi mesure.
Si je considère toujours que ce film n’est pas un chef d’oeuvre de Duvivier ni qu’il fait parti du top 5 incontournable de la décennie fabuleuse du cineaste, on peut le regarder avec plaisir.
Il y a en fait deux axes dans le film qui cohabitent plus ou moins. Le premier est la peinture de la vieillesse comme un naufrage, le renoncement, le poids des erreurs passées,... Dés le generique qui nous montre des petits vieux marchant péniblement, de dos, le ton est donné que le titre du film tres beau par ailleurs resume parfaitement. Cette partie, lucide, est finalement assez tendre et humaine, un exception chez Divivier. Il sait comme toujours capté les visages, les petits riens, les personnages, ...
Le second axe est sur les acteurs et le theatre, vieux acteurs epuises ou has-been, en l’occurence. Duvivier montre aussi ici une grande affection pour ces gens et ce metier qui culmine :
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Lors de l’oraison funebre a la fin du film.
On apprend dans le bonus que Duvivier commença comme acteur mais visiblement n’etait pas doué pour ca.
Il fauf ici bien sur parler des trois monstres sacré qui habitent les trois principales figures du film.
Commencons par Francen: je ne crois pas l’avoir deja vu dans un film. Il est ici tres bon dans le role du « grand » acteur qui n’a jamais connu de succès et qui a ete brissé par la mort de sa femme. Que ce soit face à M. Simon dont il est le souffre douleur ou face à son ancien rival Louis Jouvet, l’acteur est subtil, sensible, juste.
Simon est formidable : c’est la principale raison pour moi de voir le film. Il joue le mythomane joyeu, enfantin qui refuse la vieillesse avec energie. Le role lui vas bien sur comme un gant, il jubile et cabotine. Comme l’ensemble du casting, il est remarquablement servi par les excellents dialogues de Spaak. A un des pensionnaires qui lui fait sèchement remarquer qu’il raconte n’importe quoi il réponds que « s’il ne s’inventait pas de souvenir, il n’en aurait pas » et « Je vous demande pas de me croire, je vous demande de m’écouter ». Tres belle scene. Simon est formidable du debut a la fin.
J’ai plus de mal avec Jouvet, c’est pas la1ere fois. Il a le role de l’eternel tombeur, flambeur, coureur de femmes, ... Il est « trop » finalement. Je pense que ce qui ne fonctionna pas, ce n’est pas le personnage lui meme, finement (sur)joué par Jouvet dans la 1ere partie du film, que la trajectoire que le scenario lui donne. On a franchement du mal a croire à la seduction par ce vieux beau d’une jeunette de 17 ans et ce qui s’en suit.
Je suis allé voir l’age des acteurs par curiosité. Franceur et Jouvert ont tout juste 50 ans. Simon 43 ! On est tres loin de l’age pivot!
C’est donc pleinement pour chacun des roles de composition.
Quant à Madeleine Ozeray qui joue l’ingénue de 17ans, elle en a 30. Ca se voit tout de meme un peu.
Il est bien connu que Duvivier est particulièrement brillant dans les scenes de groupe. Nous en avons encore ici la demonstration avec deux belles scenes dans le film.
Tout d’abord, la revolte des petits vieux, emmenée par un Michel Simon particulierement en verve, ensuite le mariage du vieux couple qui se voit contraint de regulariser une union de 35 ans pour ne pas etre séparé.
Donc quand je me relis, pas mal de bonnes choses dans ce film, gâchées un peu par le cote paroxystique de la fin qui affaiblit le film.
Si je considère que c’est pas un film majeur, c’est aussi parce que les qualités de Duvivier vues ici, on les a vu dans des films precedents où Duvivier prenait plus de risques. Il semble ici rester dans la zone de confort.
Dans le bonus, on a trop court temoignagne excellent de Michel Simon qui explique que, pendant le tournage, le dimanche il allait se bourrer la gueule avec Duvivier et que le retour au plateau le lundi matin etait difficile !