Et des retours que j'ai eu des autres séances, c'est pas beaucoup mieux.

En ordre croissant, ça donne
Firstborn (Aik Karapetian - 2017)
Un homme qui sent mésestimé par son épouse prend sur lui de retrouver l'homme qui les a agressés. Mais leurs retrouvailles se soldent par la mort accidentelle du malfrat.
Attention, purge puissance 10.
Aik Karapetian doit avoir son lecteur DVD en panne et n'a pu en retirer Enemy de Villeneuve. Il en décline donc le héros mollasson mal dans sa peau et pas super épanoui avec sa meuf, une photo sombre et terne qui joue beaucoup sur les noirs, un gros sound disign qui font la pression et bourdonne ou des lents travellings en intérieur qui laissent planer des menaces invisibles. Pour éviter qu'on ne l'accuse de plagiat, il a remplacé l'araignée par une sorte de cerf/loups aux yeux rouges. Pas con !
Bon, sur l'écran, ça donne un scénario d'une idiotie surréaliste où le héros est une invraisemblable tête à claques pour un scénario bourré de rajouts incompréhensibles comme le cabanon du chasseur, le mec à tuer... et tout le film en fait. Le dernier tiers s’engouffre dans le n'importe au point qu'on croit à une parodie (Le come-back du méchant ? le lac gelé ? Non mais sérieux ?!!). Le pire, c'est que c'est d'une prétention vraiment déplacée.
Bitch (Marianna Palka - 2016)
Négligée par son mari égoïste, une femme dépressive commence à sombrer dans la folie. Les aboiements incessants du voisinage la déstabilisent encore plus et elle se prend elle-même rapidement pour un chien.
L'introduction est intrigante et la première moitié assez enlevée grâce à l’abattage de Jason Ritter, génial de muflerie dans le rôle de mari goujat et dont le timing fait des merveilles (son malaise en sortant de la maternelle

The marker (Justin Edgar – 2017)
Enième polar/thriller où un criminel essaie de se trouver une rédemption en sauvant la fille d'une de ses victimes. Ici, il est littéralement hanté par le fantôme de la femme qu'il a tué tandis que le scénario reprend une structure de film noir (le "détective privé" devant trouver une femme). Le script ne tient jamais debout et joue d'ellipses grossières pour noyer les innombrables incohérences. A part ça, c'est terriblement mou et sans la moindre once de personnalité. Même la relation entre le repris de justice et sa victime spectrale est terriblement artificielle pour ne pas dire douteuse.
Pas un étron mais le sentiment de déjà vu est tellement prégnant qu'on trouve rapidement le temps long sans s'intéresser aux personnages.
lowlife (Ryan Prows – 2017)
Enième Tarantinade avec son scénario raconté selon différents groupes de personnages : un catcheur mexicain, la gérante d'un motel, deux amis rattrapés par leur magouille et un sadique trafiquant d'organes.
C'est heureusement compensée par un peu d'originalité et de second degré. Le film alterne adroitement entre séquences décalées (le tatouage nazi, les "absences" du catcheur), des personnages attachants et des moments de violences froides (un peu trop voyeuriste par moment). De plus, on sent une réelle sincérité dans la conception du film qui ne souffre d'aucun cynisme ni calcul. Par contre, le film pâtit d'un méchant décevant à force d'outrance, des liens trop présents dans les relations entre chaque intervenants au point de nuire à sa crédibilité et de nombreuses pistes oubliées en court de route (les explosions de colère du catcheur).
Sympathique mais faut pas lui en demander trop.
Liberation day (Ugis Olte & Morten Traavik – 2016)
Ce documentaire demeure donc pour le moment la bonne petite surprise de ce début d'édition. L'histoire passionnante d'un artiste qui essaie de monter le concert d'un groupe de rock avant-gardiste en Corée du Nord qui fête les 70 ans de la fin de l'occupation Japonaise. Sauf que Laibach, le groupe slovène en question, joue sur les codes et l'imagerie du totalitarisme au point d'avoir été traité de fasciste par plusieurs médias.
Mine de rien, les occasions de découvrir Pyongyang de l'intérieur ne sont pas courantes et ce documentaire permet même d'avoir une vision plus nuancée que les fantasmes qu'on peut y projeter. Bon, ça reste un sacré casse-tête culturels pour les musiciens et l'organisateur qui doivent traiter avec les nombreuses contraintes du pouvoir. Comme les réalisateurs d'ailleurs qui ont subit plusieurs censures durant la conception de ce film.
C'est en tout cas très bien fait, à la fois drôle, instructif et édifiant, avec un excellent montage. Et c'est clair que Laibach possède un univers détonnant avec quelques reprises excellentes inattendues.
Bon, j'espère que la suite du Festival va remonter le niveau. Je vais pouvoir m'épargner pas mal de séance en tout cas : Mise à mort du cerf sacré, replace, Purgatoryo ou Mayhem. Mais Mon mon mon monsters est parait-il très bien (même si les séquences de torture ne me font pas rêver).